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vous venez de m'expliquer, qui puiffe diminuer la confiance que nous devons avoir en Jésus-Christ, ni lui ôter le titre de feul & unique médiateur.

Mais, Monfieur, les faints qui font dans le ciel entendent-ils les prieres qu'on leur adreffe dans tous les lieux de l'univers ; & s'ils ne les entendent pas, devons-nous les leur adreffer?

LE DOCTEUR.

L'écriture nous apprend que les bienheureux prient pour nous, qu'ils connoiffent nos befoins & les prieres que nous leur faifons. L'archange Gabriel offroit à Dieu les prieres de Tobie, il favoit donc que Tobie le prioit. Jérémie & Onias prioient après leur mort pour les juifs qui étoient en captivité (a); par conféquent ils connoiffoient leur oppreffion. JéfusChrift nous apprend en S. Luc, c. 16, Y. 7, que les anges & les faints qui font dans le ciel fe réjouiffent plus de la converfion d'un pécheur que de la perfévérance de quatre-vingt dix-neuf juftes; ils connoiffent donc la perfévérance des justes, & la converfion des pécheurs.

Mais, dites-vous, comment cela fe fait-il ?

(a) 2. Macch. c. 15.

C'eft ce qu'il n'a pas plu à Dieu de nous révéler , parce qu'il n'eft pas néceffaire que nous le fachions. Il nous fuffit de favoir ce que la foi nous enfeigne, que les faints font nos interceffeurs auprès de Dieu, qu'il eft bon & utile de les prier.

Dieu n'a pas voulu nous manifefter par quelle voie fe forment les connoiffances de nos ames, quand elles font féparées du corps; mais nous ne pouvons pas douter qu'elles n'en aient, fur-tout les ames faintes qui regnent avec Dieu dans le ciel, & qui favent fans doute, par fon pouvoir, tout ce qui peut les intéreffer & entretenir leur union avec nous, qui forme, comme je vous l'ai déja dit, la communion des faints, exprimée dans le fymbole.

LE PROTESTANT.

Mais, Monfieur, c'eft que les catholiques portent à l'excès leurs expreffions, leurs profternations, & c'eft ce que nos miniftres leur reprochent : ils femblent adorer les faints comme ils adorent Dieu.

LE DOCTEUR.

Non, Monfieur, généralement parlant, les catholiques n'excedent point en ceci. Ils entendent tous la fainte églife s'écrier, en s'adreffant à Dieu dans fes offices publics, fes proceffions folemnelles : Ayez

pitié de nous, tandis qu'ils difent feulement en invoquant les faints: Priez pour nous.

Il n'en eft point d'affez groffier pour dire dans fa priere: Vierge fainte, S. Pierre, S. Paul, c'est vous qui m'avez créé, qui m'avez racheté. D'ailleurs les pafteurs catholiques inftruifent les fideles fur ce point, & rien n'eft plus clair que ce qu'enfeignent à ce fujet le concile de Trente & le catéchisme qu'il a fait compofer.

LE PROTESTANT.

Voyons à préfent, Monfieur, ce qui concerne le culte des images des faints & de leurs ftatues. C'eft, ce me femble, l'article que les proteftans ont eu particuliérement en vue, lorfqu'ils ont accufé les catholiques d'idolâtrie. Auffi ont-ils prétendu que l'honneur que vous rendez aux images eft défendu par le premier précepte du décalogue.

LE DOCTEUR.

Le crime des idolâtres défendu par le premier précepte du décalogue, confiftoit en ce que les idoles qu'ils adoroient étoient de fauffes divinités, & qu'ils mettoient en elles leur confiance; mais pour nous, nous n'adorons que le vrai Dieu.

.. Si nous honorons les faints, nous ne prétendons pas les élever au deffus de la

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condition des créatures; nous les prions feulement de nous obtenir de Dieu, au nom & par les mérites de Jésus-Christ, les graces dont nous avons befoin. Nous honorons les images de Jéfus-Christ & des faints; mais nous croyons ce que l'églife a toujours cru, & ce qu'enfeigne le concile de Trente, Seff. 25, qu'il n'y a dans les images aucune divinité ni vertu pour laquelle on doive les révérer ; que nous ne pouvons leur demander aucune grace ni mettre en elles notre confiance, comme les gentils mettoient autrefois la leur dans les idoles ; & que tout l'honneur que nous rendons aux images, fe rapporte aux originaux qu'elles repréfentent. Vous voyez par-là fi l'on peut nous taxer d'idolâtrie.

L'honneur qu'on rend à une image fe rapporte naturellement à l'objet qu'elle repréfente, par la raison même que l'image ou ftatue n'en eft qu'une représentation; tout comme le mépris qu'on fait d'une image, retombe fur l'objet qui eft repréfenté; d'où je conclus qu'il faut honorer les images qui repréfentent des chofes faintes, & que cet honneur fe rapportant aux chofes repréfentées, il ne peut avoir rien de repréhensible; à moins qu'on n'attribuât aux images une efpece de divinité ou de vertu, telle que les païens en attribuoient à leurs idoles; ce qui eft bien

éloigné de la penfée des catholiques. Les ftatues & les images font les livres des fimples; elles inftruifent même ceux qui ne favent pas lire, & font naître dans leurs ames différentes idées & affections fuivant les différens objets qu'elles repréfentent. L'image de Jésus-Chrift crucifié nous rappelle le fouvenir de celui qui nous a aimés jufqu'à fe livrer à la mort pour nous racheter. Ce fouvenir que la préfence de l'image rend encore plus vif nous porte à des fentimens d'amour & de reconnoiffance envers notre Sauveur à qui il en a tant coûté pour expier nos crimes.

Le tableau d'un faint pénitent nous avertit de ce qu'il a fait pour fatisfaire à la justice divine & gagner le ciel.

L'image d'un martyr & de l'instrument de fon fupplice nous rappelle ce que lui a fait fouffrir fon amour pour Jéfus-Christ, & ce que nous devons fouffrir plutôt que de perdre le don précieux de la foi.

La représentation du faint homme Job affis fur le fumier, fouffrant avec une patience héroïque des douleurs qu'on ne peut exprimer, nous attendrit & nous encourage à fouffrir les maux de cette vie avec une entiere réfignation à la volonté de Dieu.

Les ftatues & les images dont les catholiques ornent leurs églifes font donc autant

de

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