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Rome, qui ne s'accommoderoit pas de fes

maximes.

Cependant le livre fut imprimé en 1671, & auffitôt traduit en plufieurs langues; il fut approuvé par plufieurs évêques & cardinaux, & même par un bref du pape, du 4 janvier 1679; enfuite par l'affemblée du clergé de France, en 1682.

Le miniftre Noguier & un anonyme l'attaquerent. Ils s'accordoient à dire que M. Boffuet atténuoit & adouciffoit la doctrine de l'églife romaine. Qu'il fembloit fe relâcher, fe rapprocher; qu'il abandonnoit les fentimens de fon églife & qu'il entroit dans ceux des Réformés.

M. Boffuet donna une nouvelle édition de fon livre; il y ajouta un avertissement dans lequel il rapporte les approbations des évêques, des cardinaux & du pape qui avoient reconnu dans fon Expofition de la foi, la doctrine de toute l'églife catholique. Il y prouva que fi les proteftans n'avoient pas cru la trouver dans fon livre, c'eft que la plupart d'entre » eux qui ne connoiffent notre doctrine. » que par les peintures affreufes que leur » en font leurs miniftres, ne la reconnoif» fent plus quand elle leur eft montrée » dans fon naturel....qu'accoutumés à » la forme hideufe & terrible qu'on lui » donne dans leurs prêches, ils croient

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» que

» que les catholiques qui l'expofent dans » fa pureté naturelle, la changent & la » déguifent, & plus on la montre telle » qu'elle eft, plus ils la méconnoiffent, » & ils s'imaginent qu'on revient à eux » quand on les défabufe de leur préjugé..... » parce qu'ils ne peuvent fe perfuader » qu'une doctrine que fa feule expofition » leur rend moins étrange, foit la doc» trine que leurs miniftres leur repré» fentent fi pleine de blafphêmes & d'ido«<lâtrie. (a).

Il ajoute, pag. 65, que par un effet des préjugés, fon traité de l'expofition a paru aux prétendus réformés « un livre plein » d'artifice qui ne faifoit qu'adoucir & >> atténuer les fentimens catholiques, » mais qu'ils doivent voir que tout l'ar» tifice de ce livre eft de démêler les » fentimens qu'on a imputés à l'églife, » d'avec ceux dont elle fait profeffion, » comme tout l'adouciffement qu'il ap» porte dans la doctrine eft de lui avoir » ôté le mafque affreux dont les miniftres » la couvrent ».

Si les proteftans ont accufé M. Boffuet d'infidélité dans fon expofition de la doctrine catholique, ils en ont pareillement accufé nos autres controverfistes, &

(a) Avertiffement, page 6, 14 & 17.

K

,

fpécialement le célebre miflionnaire M. Goulde, qui fit paroître en 1700 un ouvrage très-clair & tres-folide, intitulé La véritable croyance de l'églife catholique. L'auteur d'une réponse qui avoit pour titre, Antidote contre la lettre d'un miffionnaire touchant la croyance de l'églife catholique, prétendit auffi que M. Goulde favorifoit tantót les calviniftes, tantôt les luthériens tantôt les catholiques; & qu'affurément le pape n'approuveroit pas ce qu'il avançoit fur plufieurs articles. M. Goulde dont l'ouvrage avoit été approuvé en 1700, & enfuite en 1710 par M. l'évêque de Poitiers, répondit en 1717 à cet antidote par un autre ouvrage intitulé Preuves de la doctrine catholique, qui fut réimprimé en 1745 avec celui de 1710 par ordre du clergé de France.

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Il eft certain que M. Boffuet & M. Goulde ont exposé la doctrine catholique dans l'exacte vérité. Ils n'avancent rien d'eux-mêmes. Ils ne difent que ce qu'ils ont puifé dans les monumens publics de notre croyance. Le concile de Trente a décidé avec tout le détail & toute la clarté poffibles les points contestés entre les catholiques & les proteftans. Les explications & les décifions renfermées dans les actes de ce concile, & dans le catéchifme compofé depuis par fon ordre,

fubfifteront toujours. Les décifions de ce concile font regardées par tous les catholiques comme autant d'articles de foi, & par conféquent comme une regle invariable de leur croyance. Quiconque n'expoferoit pas la doctrine catholique telle qu'elle eft, feroit aifément convaincu de faux, & porteroit bientôt la peine de fa témérité. Auffi les docteurs de la réforme, en accufant M. Boffuet de n'avoir pas exactement expofé la doctrine de l'églife catholique, difoient en même temps qu'il n'éviteroit pas la cenfure de fa communion, tant ils étoient perfuadés que dans l'église catholique on ne s'éloigne pas impunément de ce qui a été décidé.

LE PROTESTAN T.

Je fens bien, Monfieur, que les controverfiftes catholiques ne peuvent pas expofer les points de doctrine qui ont été une fois décidés par l'églife, autrement qu'elle ne les a fixés, puifque c'eft fa déci fion qui regle leur croyance, & que s'ils s'en écartoient, on ne manqueroit pas de les confondre en la leur oppofant: ainfi c'en eft affez fur ce point, ce me semble.

LE DOCTEUR.

Parlons donc à préfent des points fur lefquels les prétendus reformés & les

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catholiques perfiftent dans des fentimens contraires : ce font ceux qui concernent le culte des faints, l'euchariftie, les autres facremens, le purgatoire, les indulgences, les ufages & les cérémonies de l'églife catholique.

Mais j'ai auparavant une question à vous faire ne vous refte-t-il aucun doute fur tous les articles que nous avons difcutés enfemble jufqu'à ce moment? Ce que j'ai principalement à coeur, c'eft de ne rien laiffer en arriere : parlez-moi avec une entiere ouverture de coeur; auriez-vous encore quelque difficulté à me proposer?

LE PROTESTAN T.

Non, Monfieur, vous m'avez prouvé trèsclairement que l'églife catholique romaine eft feule l'églife de Jéfus-Christ, parce que c'eft celle qui l'a eu pour fondateur, & qui a pour conducteurs des miniftres envoyés de fa part, parce qu'elle eft la feule qui ait les quatre caracteres & les différentes propriétés que doit avoir l'églife de Jefus-Chrift, & qu'enfin elle peut feule rendre la foi des fideles entiere & certaine.

Mais il eft un article lié avec ceux-là & dont vous m'avez parlé, fur lequel il me refte quelque difficulté dans l'efprit, parce que j'en ai entendu parler à nos ministres

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