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eft mon juge; c'est-à-dire, il n'appartient qu'à lui de me connoître tel que je fuis (a)? Nous lifons dans l'eccléfiaftique : L'homme ne fait s'il eft digne d'amour ou de haine (b). Et dans le livre des proverbes : Qui peut dire, mon cœur eft pur & je fuis exempt de péché? (c)

C'est la doctrine que le concile de Trente a fi clairement expofée en ces termes : Tout comme un homme pieux ne doit pas douter de la miféricorde de Dieu, des mérites de Jésus-Chrift, de la vertu & efficacité des facremens de même quiconque réfléchit fur lui-même, fur fa foibleffe & fon peu de dif pofition , peut toujours craindre de n'être pas en état de grace, puifque perfonne ne peut favoir avec certitude de foi s'il a reçu la grace de juftification (d).

Nous pouvons encore moins être certains que nous ferons fauvés. Nous devons l'efpérer avec une humble confiance en la miféricorde divine; mais quand même nous ferions certains, à n'en pouvoir douter, que nous fommes en état de grace, nous ne ferions pas certains que nous pérsévérerons jufqu'à la mort. Et comment pourrions-nous en être affurés tandis que

(a) Cor. 4, 4

(b) c. 9, v. I.
(c) c. 20, v. 9.

(4) Concil, trid, Seff, 6, cap. 9.

Papôtre S. Pauldifoit: Je traite durement.mon corps, & je le réduis en fervitude, de peur qu'après avoir prêché aux autres, je ne de-vienne moi-même un réprouvé (a)..

Nous fommes affurés que Dieu ne nous abandonnera jamais de lui-même; mais. nous devons toujours craindre que nousmêmes nous ne l'abandonnions, en rejetant fes infpirations & les pieux mouvemens qu'il excite en nos coeurs.. Il a voulu tempérer par cette crainte falutaire la con-fiance qu'il infpire à fes enfans, parce que, comme le remarque S. Auguftin, telle eft notre infirmité dans ce lieu de tentations & de périls, qu'une pleine fécurité produiroit en nous le relâchement & l'orgueil, au lieu que cette crainte nous rend plus vigilans & fait que nous nous, attachons à Dieu avec une humble dépendance..

Enfin la doctrine de Luther & de Calvin révolte la raifon même; fi pour être juftifié il fuffit de croire fermement qu'on l'eft, un homme vicieux en confervant toujours cette croyance feroit toujours jufte.

LE PROTESTAN T..

Je me fouviens, Monfieur, qu'un jour on fit en ma préfence cette objection à un

(a) 1. Cor. 6. 9, V. 279

de nos miniftres; mais il n'en parut point embarraffé, il répondit que la foi qui juftifie devoit être une foi vraie & fincere & qu'elle ne le feroit pas fi elle n'étoit jointe à la douleur d'avoir offenfé Dieu, & aux autres bonnes difpofitions. Il nous fit obferver à ce fujet ce qu'enfeigne notre catéchifme de 1770: lifez la 1770: lifez la page 82.

D. Ne fuffit-il pas pour être fauvé d'avoir la foi?

R. La foi fuffit pour être fauvé, quand elle eft réelle & fincere ; mais on n'a pas une telle foi quand on ne pratique pas les bonnes œuvres.

LE DOCTEUR,

Je fais que vos docteurs ont employé ce correctif pour couvrir ce qu'il y avoit d'odieux dans leur doctrine & les conféquences qui en résultent; mais en fe rapprochant ainfi de la croyance des catholiques ils font tombés en contradiction avec eux-mêmes, ou ils enfeignent une fauffeté manifefte.

S'ils entendent comme nous , que le pécheur ne peut être justifié, à moins qu'outre la foi il n'ait d'autres difpofitions diftinguées d'elle: ils fe contredifent en difant d'ailleurs la foi fuffit pour la

que

juftification.
S'ils entendent que

la foi renferme effen

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Ces deux héréfiarques avoient foutenu 1o. que pour la juftification du pécheur, il ne fe faifoit en lui aucun changement intérieur ; que la tache de fon péché n'étoit point effacée, & que la rémiffion de ce péché confiftoit feulement en ce que Dieu ceffoit de le lui imputer. 2°. Que les juftes n'avoient point de juftice intérieure; mais que Dieu leur imputoit celle de JéfusChrist; en un mot, que toute leur justice étoit celle de Jésus-Chrift même.

L'églife catholique enfeigne, au contraire :

1°. Que par la juftification il fe fait dans le pécheur un changement intérieur, & que la tache de fon péché eft réellement effacée.

2o. Que fon ame eft purifiée & fanctifiée; qu'elle reçoit les dons de la grace que Dieu répand en elle, & qui la rendent agréable à fes yeux; par conféquent que les juftes ont une juftice qui leur eft propre, qu'ils font juftifiés par les mérites de Jéfus-Chrift, mais que la justice de Jéfus-Chrift n'eft pas la leur. Or cette doctrine enfeignée par le concile de Trente, eft fondée non feulement fur la tradition, mais fur l'écriture.

1. L'écriture nous enfeigne que par la juftification la tache du péché eft réellement effacée. Il eft vrai qu'en faifant

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