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miféricordes: or un pécheur peut avoir la foi fans ces difpofitions, & par conféquent file fyftême dont nous parlons étoit vrai, il pourroit obtenir le pardon fans avoir aucune de ces difpofitions...

Mais fi la doctrine des proteftans ne s'accorde pas avec la raison, elle s'accorde encore moins avec la croyance chrétienne. Confultons l'écriture elle va nous apprendre ce que Dieu exige du pécheur avant de lui pardonner. Ecoutons ce qu'il dit par la bouche du prophete Joël: Convertiffez-vous & venez à moi (a): or comment doit fe faire cette converfion ce retour à Dieu ? Eft-ce uniquement par la foi? Non. Convertiyez-vous de tout votre cœur, par les jeûnes, par les larmes, par les gémillemens. Il ne fuffit pas de déchirer vos vêtemens, brifez vos cœurs.

Ifaïe promet aux pécheurs, de la part de Dieu, le pardon de leurs crimes; mais à quelle condition? Ceffez, leur dit-il, de faire le mal, apprenez à faire le bien, affiftez Popprimé (b).

Daniel confeille à Nabuchodonozor de racheter fes péchés par des aumônes. (c). Si Jean-Baptifte prêche dans le défert, il annonce aux Juifs la rémiffion des pé

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chés, & il les avertit de fe préparer par une fincere pénitence (a).

Mais écoutons Jéfus-Chrift lui-même: S. Matth. rapporte qu'il commença à prêcher & à dire: Faites pénitence, car le royaume des cieux eft proche (b).

S. Paul difoit aux Athéniens (c): Dieu annonce aux hommes qu'il faut que tous, en tous lieux, faffent pénitence.

Comment voyons-nous dans l'écriture que les pécheurs rentrent en grace avec Dieu ? Que font les Ninivités pour écarter les maux dont le prophete Jonas les menace? Ils prient, ifs jeunent, ils implorent la miféricorde du Seigneur.

Magdeleine obtient la rémiffion de fes péchés par l'ardeur de fa charité. Beaucoup de péchés lui font remis, dit JefusChrift, parce qu'elle a beaucoup aimé (d

Le publicain prioit dans le temple, il en fortit juftifié mais comment obtint-il le pardon de fes péchés? Ce fut par fon humilité & fa contrition. Ah! feigneur, difoit-il en frappant fa poitrine, n'ofant lever les yeux ni s'approcher vers le haut du temple, feigneur, faites-moi miféricorde, je fuis un grand pécheur. (e)

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Les juifs convertis par la premiere prédication de S. Pierre dirent aux apôtres: •Nos freres, que faut-il que nous faffions? S. Pierre leur répondit: Faites pénitence, &que chacun de vous foit baptifé afin que les péchés vous foient remis (a).

Si l'écriture attribue la juftification à la foi, elle l'attribue auffi à d'autres difpofitions. L'apôtre S. Paul dit dans l'épître aux romains que la foi juftifie; mais il ajoute dans la même épître que l'efpérance nous fauve. Spe falvi facti fumus (b).

Mais ce qu'il eft bien important d'obferver, c'eft que les proteftans qui font profeffion de, ne croire que ce qui est dans l'écriture, n'ont jamais pu y trouver un texte qui enfeignât que la foi fuffit pour la juftification. Luther n'en pouvant découvrir aucun en fit un de fon chef. Voyant que l'apôtre S.Paul avoit dit dans fon épître aux Romains (c): Nous croyons que l'homme eft juftifié par la foi fans les œuvres de la loi,(c'eft-à-dire, de la loi de Moïse): il ajouta au mot foi, le mot feule. Par-là il faifoit dire à S. Paul que l'homme eft juftifié par la foi feule. Les théologiens catholiques lui ayant reproché cette fal

(a) Act. c. 2, v. 36. 37.
(b) Rom. c. 8, v. 24.
(c) c. 3, v. 28.

fification, il donna pour toute réponse dans une lettre qu'il écrivit à un de fes amis, que telle avoit été fa volonté, ajoutant: Je ne me repens que d'une chofe, c'eft de n'avoir pas ajouté deux autres mots, en traduifant fans toutes les oeuvres des autres loix, afin que l'on vit que l'homme eft juftifié fans aucune œuvre de quelque loi que ce puiffe être (a).

Si Luther favoit faire des textes quand il n'en trouvoit point en fa faveur, il favoit auffi retrancher de l'écriture ce qui étoit contraire à fa doctrine."

On voit fur-tout dans l'épître de S. Jacques, que la foi ne fuffit pas pour nous justifier, Vous voyez, dit-il, c. 2, v. 24, I. vous voyez, mes freres, que l'homme eft juftifié par les œuvres & non pas feulement par la foi.

S. Auguftin croit que S. Jacques écrivit cette lettre pour empêcher que quelqu'un, faute de bien faifir le vrai fens de l'épître de S. Paul aux romains, n'en prît occafion de dire que la foi fuffit fans les œuvres (b). Luther ne fachant que répondre à l'épître de S. Jacques, prit le parti de la retrancher de la bible. Cependant Calvin & tous les Calviniftes l'ont toujours regardée comme

(a) Luth. opera. Edit. de 1561. tom. 5, pag. 144.
(b) S. Aug. lib. de fide & opera. cap. 19.
ΙΑ

canonique, & maintenant elle eft reconnue pour telle dans toutes les fectes de la réforme, ainfi qu'elle l'a toujours été dans Féglife catholique.

Il eft donc faux que la foi fuffife pour la juftification, fi l'on entend par la foi ce qu'on a coutume d'entendre, c'est-à-dire, la croyance des myfteres & de toutes les vérités révélées.

Mais fi les proteftans entendent que P'homme eft juftifié parce qu'il croit fermement l'être; fi c'eft à cette croyance qu'ils. donnent le nom de foi, & fi c'eft cette prétendue foi qu'ils regardent comme fuffifante pour la juftification, leur erreur eft encore bien plus groffiere, & ils ne peu-vent plus alléguer aucun texte de l'écriture, parce que non feulement il n'y en a pas un feul qui enfeigne que cette prétendue foi eft fuffifante; mais il n'y en a pas un qui la mette au rang des difpofitions. à la juftification. Au contraire l'écriture nous enfeigne en termes formels que nous ne devons ni ne pouvons croire avec une entiere certitude que nous fommes juftifiés, ou que nous ferons fauvés.

Comment pourrions-nous être affurés que nous fommes en état de graçe, tandis que l'apôtre S. Paul dit: Encore que ma confcience ne me reproche rien, je ne fuis pas juflifié pour cela, mais c'est le feigneur qui

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