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» que cette même écriture interprétée par » vos propres lumieres.

» Or fi vous n'avez pas la foi ou plu» tôt puifque vous ne l'avez pas, com»ment vous fauverez-vous, fi vous ne » venez la chercher en vous réuniffant à » l'églife catholique romaine? >>

Eh bien, Monfieur, ce catholique raifonne-t-il jufte, & que trouverez-vous à lui répondre ?

LE PROTESTAN T.

Rien, Monfieur, je fuis convaincu de vos raifons, je ne puis plus m'en défendre: ce n'eft que par l'autorité de l'églife qu'on peut s'affurer du vrai fens de l'écriture, fur une grande multitude de fes textes fur lefquels on difpute, & par conféquent ce n'eft que par cette autorité qu'on peut avoir une foi certaine : cependant cette foi certaine est néceffaire pour être fauvé, & puifqu'elle ne peut fe trouver que dans l'églife romaine, il faut rentrer dans fon fein.

Mais pour établir de plus en plus cette néceffité de l'autorité de l'églife, pour déterminer le vrai fens de l'écriture, ne pour riez-vous pas me rapporter quelques textes de l'écriture même ; il me femble que ce feroit là une preuve péremptoire contre les proteftans, qui reconnoiffent

tous hautement que c'eft cette écriture qui doit déterminer & fixer la croyance.

LE DOCTEUR.

Ah! Monfieur, fur ce point les textes abondent dans les livres de l'un & de l'autre teftament.

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Les anciens prophetes ont tous annoncé, en parlant de l'église de Jéfus-Christ, qui devoit fuccéder à la loi de Moïfe, qu'elle fubfifteroit toujours, pour conduire les fideles au ciel par la foi, & par conféquent qu'elle auroit les moyens de rendre cette foi certaine.

« Quand le rédempteur de Sion fera » arrivé » dit Ifaïe » voici l'alliance que »je ferai avec eux, dit le Seigneur; » mon efprit qui eft en vous, & mes pa» roles que j'ai mifes dans votre bouche » ne fortiront point de votre bouche, » ni de la bouche de vos enfans ni » de la bouche des enfans de vos enfans, jufques dans l'éternité (a).

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Dans tout fon chapitre 54, il avoit déja parlé de l'églife de Jéfus-Chrift, & après lui avoir promis de l'édifier en ces termes, « J'arrangerai moi-même toutes » les pierres pour vous rebâtir, & vos » fondemens feront des faphirs.. » Vous ferez fondée dans la juftice, &

(a) Ifaïe, 59. 20.

» ceux qui vous étoient autrefois étran»gers fe joindront à vous. » Il termine tous ces traits par ces paroles mémorables: » Toute arme, forgée contre vous fera bri» fée, & vous jugerez en jugement toute » langue qui ofera vous réfifter (a). »

Voilà donc l'églife de Jésus-Chrift chargée d'enseigner, affurée de conferver la parole de Dieu dans toute fa pureté jusqu'à la fin du monde, & établie juge des langues & de la doctrine.

Mais c'eft fur-tout dans le nouveau teftament que les textes fe préfentent en foule.

Et d'abord S. Pierre dans fa feconde épître, renverse en entier le faux fyftême que ce foit l'écriture qui doive affurer notre foi.

« Il y a dit-il » dans les lettres de » Paul notre très-cher frere, quelques » endroits difficiles à entendre, que des >> hommes ignorans & légers détournent » à de mauvais fens, auffi-bien que les » autres écritures pour leur propre » ruine (b). »

L'écriture fainte eft donc obfcure, on peut fe méprendre fur l'intelligence de fes textes, & par conféquent il faut une autorité diftinguée d'elle, qui en détermine avec certitude le fens.

(a) Ifaïe, 54. 17. (b) 2. Pet, 3,

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En effet, que porte l'acte même de la fondation de l'églife, que je vous ai déja plufieurs fois cité ?

« Allez », dit le Sauveur parlant à ses apôtres, & en leur perfonne à tous ceux qui devoient leur fuccéder jusqu'à la fin du monde, « Allez, ENSEIGNEZ TOUS » LES PEUPLES, les baptifant au nom du » Pere, & du Fils, & du Saint Efprit » LEUR APPRENANT à obferver tout ce » que je vous ai commandé. »

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Il ne dit pas, allez & portez-leur mes mais allez, enfeignez les, appre

livres, nez-leur.

Or, l'effence même de l'enfeignement ne confifte-t-elle pas à expliquer ce qu'on enfeigne, à en développer, à en fixer le véritable fens ?

Si le maître qui enfeigne, préfente un livre, & que ce livre ait quelque obfcurité, n'eft-ce pas à lui à l'interpréter ?

Mais qu'ont-ils à annoncer, ces grands prédicateurs & leurs fucceffeurs jufqu'à la fin du monde? les vérités les plus fublimes, les dogmes les plus oppofés à la raifon humaine. A qui s'adreffent-ils? à des inconnus, à des fauvages, à des barbares fimples, groffiers, illitérés? & par conféquent à quoi doivent-ils s'attendre? à des réfiftances de leur part, à des répliques, à des questions: & comment les résou

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dront-ils ces questions? comment fixeront-ils la croyance de leurs auditeurs, fi ce n'est par l'autorité de l'églife?

Suppofons par exemple, qu'un miffionnaire foit allé, après le quatrieme fiecle, annoncer la foi chrétienne à des idolâtres : » Que nous dites-vous, ministre du Dieu » fuprême,» lui auront-ils répliqué dès fon premier difcours, « vous nous an» noncez un feul Dieu, & vous voulez >> nous baptifer au nom de trois ? ce pere, » ce fils, ce faint efprit, dont vous nous » parlez, font-ils donc une même chose, "font-ils un feul & même Dieu ?

» Oui », leur aura-t-il répondu, « ces >> trois perfonnes font un feul & même "Dieu; Jésus-Chrift l'a ainfi prêché fur » la terre, la fainte écriture qu'il nous » a laiffée le confirme, & l'églife qu'il a » fondée, à qui il a promis fa perpé»tuelle affiftance, l'a expreffément dé-» cidé. » Une telle réponse aura levé leurs doutes, & fixé leur croyance.

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Mais s'il étoit allé leur dire, au contraire, « Le pere, & le fils forment-ils » un feul Dieu? c'eft une difficulté qu'il » ne m'appartient pas de réfoudre; on en - a vivement difputé, & cette difpute a » partagé l'univers : voici le moyen de » vous en éclaircir: Jéfus-Chrift a laiffé » des écritures à fon églife, & il veut

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