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à vaincre & des préjugés à détruire; parmi eux il s'eft trouvé des efprits indociles opiniâtres, attachés à leurs idées, qui par orgueil ou par d'autres motifs fecrets, ont difputé & contefté. L'églife dès fon berceau en fit la funefte épreuve : les actes des- apôtres nous apprennent (a), que Simon le magicien, étant converti tomba bientôt dans une erreur monftrueufe; il s'imagina qu'il pouvoit obtenir à prix d'argent les dons du Saint Efprit; il en vint enfuite jufqu'à combattre ouvertement la doctrine de faint Pierre, qui le confondit publiquement à Rome.

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Diotrèphes, qui tenoit un rang diftingué dans l'églife (b), pouffa la témérité jufqu'à refufer de communiquer avec l'apôtre faint Jean,'& jufqu'à chaffer de l'églife ceux qui fuivoient fa doctrine.

On appella dès-lors ceux qui s'oppofoient en quelque point à la doctrine prêchée par les apôtres, hérétiques, c'està-dire d'une doctrine oppofée à celle de l'églife. Les Apôtres les traiterent comme des ennemis de Jéfus-Chrift, & faint Paul écrivant à Tite, évêque de Crète, lui dit : Evitez celui qui eft hérétique après l'avoir repris une ou deux fois, fachant que quiconque eft dans cet état eft perverti" & qu'il

Actes, 8. 18.

(8) Aass 3. Ep. 1. 9.

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peche, étant condamné par son propre jugement (a).

Si quelqu'un, dit l'apôtre faint Jean, vient à vous & ne fait pas profeffion de cette doctrine que je vous ai enfeignée, ne le rece-. vez pas dans votre maison, & ne le faluez point, car celui qui le falue, participe à fes mauvaifes actions (b).

Le nombre de ces hérétiques augmenta tellement dans la fuite que dès le fecond fiecle faint Irenée, évêque de Lyon, dans fes livres des héréfies, en réfute un grand nombre, Cerinthe, Ebbion, Bafilide, Marcion, Carpocrates, les Gnoftiques, &c. & dans les fiecles qui fuivirent, il leur en fuccéda une multitude d'autres.

Cependant que firent les apôtres, & après eux les évêques leurs fucceffeurs, pour confondre ceux qui s'étoient écartés de la vérité & fixer la croyance des fideles ?

Nous lifons dans les actes des apôtres c), que s'étant élevé une divifion de fentimens far la néceffité de fuivre les obfervations légales prefcrites par Moïfe, les apôtres & les prêtres s'affemblerent à Jérufalem, & qu'après avoir long-temps conféré, ils déciderent ce point impor

(a) Tite. 3. 10%
(b) Joan. 10.
(c) Act. 1. ch. 5.

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tant de croyance & de pratique; & ce qui eft bien remarquable, c'eft que pénétrés des promeffes que leur divin maître leur avoit faites ils e tellement convaincus que le Saint Efprit préfidoit à feur décifion, qu'ils l'énoncerent en ces termes: Il a femblé bon au Saint Efprit & à nous, &c. Vifum eft Spiritui fanéto & nobis, &c. Ce premier concile de la fainte églife, a fervi de modèle à tous les autres.

Dans tous les fiecles il y a eu des héréfies, & il y en aura toujours fuivant cette parole de faint Paul: » Il faut qu'il y ait » des héréfies; Oportet hærefes effe (a). Qu'ont fait les évêques fucceffeurs des apôtres ? ce qu'avoient fait leurs maîtres; ils fe font affemblés; ils ont difcuté les articles qui avoient donné lieu aux divifions & aux fchifmes. Ces affemblées ont été quelquefois compofées, feulement des évêques des pays où l'erreur avoit commencé à paroître, & alors elles ont été appellées des conciles particuliers : mais lorsque les divifions fe font trouvées répandues dans une grande partie de l'églife, on a formé des affemblées générales qu'on a appellées conciles œcu méniques.

L'évêque de Rome convoque à cẹs

(a) 1. Cor, 11. 19.

conciles tous les évêques, dont il eft le chef par fa qualité de fucceffeur de faint Pierre que Jéfus-Chrift avoit établi chef des autres apôtres. Ces évêques s'affemblent en nombre plus ou moins grand, felon que les circonstances le permettent; ils difcutent, ils examinent, & affiftés de l'Efprit faint, fuivant les promeffes de Jéfus-Chrift, ils jugent, ils frappent d'anathême & retranchent du fein de l'églife ceux qui ne fe foumettent pas de cœur & d'efprit à leurs décifions. C'eft ainfi qu'au quatrieme fiecle l'héréfie d'Arius, qui nioit la divinité de Jéfus-Chrift, fut profcrite l'an 325 par le concile œcuménique tenu à Nicée; enfuite l'héréfie de Neftorius au troisieme concile général tenu à Ephese l'an 431, & c'eft ainfi que l'églife a condamné les autres héréfies qui fe font élevées dans les fiecles fuivans.

Or ce que l'églife a fait à l'égard de tant d'héréfies, elle le fit au XVI fiecle à l'égard de celles de Luther & de Calvin dont nous avons à préfent à parler.

Martin Luther naquit en Allemagne dans le fein de l'églife catholique : il embraffa la vie religieufe dans l'ordre de faint Auguftin; il enfeigna la théologie, il prêcha & s'acquit beaucoup de réputation par fon efprit & fon éloquence. Mais jaloux de ce que le Pape avoit choisi des

Dominicains préférablement aux religieux de fon ordre, pour prêcher certaines indulgences, il fe laiffa aller à l'impétuofité de fon caractere; il avança des propofitions contraires à la doctrine de l'églife, & elles furent condamnées par le pape Leon X.

Il eut pour principaux difciples Melanthon & Bucer, nés comme lui dans le fein de l'églife romaine.

Zuingle & Calvin marcherent fur les traces de Luther; ils adopterent en grande partie fes erreurs, auxquelles ils en ajouterent de nouvelles ; & comme ils ne s'accordoient pas fur plufieurs points, ils formerent des fectes différentes, qui furent bientôt répandues dans plufieurs contrées de l'Europe. Voilà ce qui donna lieu au concile œcuménique de Trente, où les erreurs de ces hérétiques furent difcutées & profcrites.

Il est donc arrivé dans l'églife, à l'égard de l'héréfie de Luther & de Calvin, ce qui étoit arrivé à l'égard des héréfies précédentes. Leurs auteurs étoient tous nés dans le fein de la véritable églife, qu'ils avoient auparavant reconnue pour leur mere: mais au lieu de fe foumettre à fes décrets, ils fe font révoltés contre elle & ont formé différentes fectes, où ne confervant que les points de religion qu'il

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