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que croit l'églife: mais comme tout fidele eft obligé de fe foumettre à l'autorité de cette église, il ne fauroit y avoir des dogmes qu'on puiffe contefter, quoiqu'on fache qu'ils ont été décidés par elle, fans être hérétique, & fans encourir la damnation éternelle.

Mais ce que les catholiques représenterent fur-tout aux prétendus réformés, ce fut que cette diftinction leur deviendroit inutile, parce qu'il ne leur feroit pas poffible de déterminer avec certitude quels articles étoient fondamentaux, & quels autres ne l'étoient pas.

En effet cette fixation les jeta dans le plus grand embarras. Comme il leur importoit fort de fe ménager une fociété plus, nombreuse, cet intérêt les portoit à diminuer le nombre des articles fondamentaux, afin de fe trouver d'accord avec une plus grande quantité de fectes; mais parlà même, plus la fociété devenoit étendue, plus elle fe trouvoit monstrueuse, par l'alliage des opinions les plus oppofées les unes aux autres.

D'un côté il ne paroiffoit pas poffible d'exclure du corps Luther lui-même fondateur de la réforme, & les luthériens fi attachés au dogme de la préfence réelle, ni de réunir avec eux en communion eccléfiaftique les facramentaires dont le

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nombre augmentoit tous les jours, [ parce qu'il eft bien plus aifé à l'efprit humain de ne pas croire que de croire ce dogme ineffable: ] cependant cette alliance diffociée fe fit, & les prétendus réformés en dévorerent l'abfurdité. Quoique la célébration de la cêne réuniffe la croyance du point de doctrine le plus capital, l'administration du facrement le plus augufte, & le fceau le plus facré de communion entre les fideles, l'on vit affis à la même table & fur la même ligne, des hommes dont les uns croyoient recevoir le corps de Jésus-Chrift, & les autres feulement un morceau de pain.

D'un autre côté les fociniens renverfoient les fondemens du chriftianisme, en combattant le myftere même de la fainte trinité, l'incarnation du verbe, l'éternité des peines de l'enfer, &c. Ils s'appuyoient principalement fur la diftinction des articles fondamentaux, & non fondamentaux: » Les calviniftes, » difoient-ils, « fou» tiennent qu'au moins les articles fon»damentaux font clairement exprimés » dans l'écriture; il faut donc en con»clure,» pourfuivoient-ils, « que la » divinité de Jéfus-Christ, son incarna» tion, la divinité du Saint Efprit, l'éter»nité de l'enfer, &c. ne font pas des ar»ticles fondamentaux, puifque bien loin

» d'être clairement dans l'écriture, ces » articles ont donné lieu à de fi grands dé» bats dans l'église. »

Cependant il importoit de ménager ces fociniens, qui fe montroient avec un parti puiffant; d'autres en impofoient auffi par leur nombre & leur crédit.

Dans ces circonftances les uns augmen toient le nombre des articles fondamentaux, les autres le diminuoient; les fondateurs même de la réforme, Luther, Melancton, & tant d'autres, varioient fuivant la diverfité des tems & l'intérêt du jour. Calvin fier & févere, comptoit beaucoup de ces articles fondamentaux. Zanchius, difciple de Zuingle, fe fixa à ceux qui étoient contenus dans le fymbole des apôtres. Le miniftre Claude en articula quatre qui concernoient la juftification, le culte des faints, l'eucharistie, & l'autorité du pape. George Callixte, luthérien célebre, les avoit réduits aux deux derniers. Enfin toutes les fectes fe font enfuite prefque accordées à ne regarder comme fondamental, que le feul point de l'oppofition au pape. On peut voir ce qu'écrit à ce fujet M. Le Fevre dans fon ouvrage intitulé Motifs invinci bles, &c. depuis le commencement jus qu'à la page 87.

Sans entrer à cet égard dans un plus

grand détail, & fans relever l'avantage que donne aux catholiques cette difcordance énorme entre les proteftans, je m'en tiens à l'objet de notre conférence, & voici comment je raisonne.

Ce qu'il y a de plus effentiel à un proteftant qui entreprend, fuivant fes principes, de fixer & d'affurer fa foi, par la difcuffion qu'il fait de l'écriture, c'est de bien difcerner les articles fondamentaux d'avec ceux qui ne le font pas or il lui eft impoffible de faire ce difcernement par l'écriture; la raifon en eft bien fimple, c'eft que l'écriture n'en parle pas.

1o. Elle n'annonce nulle part qu'il y ait des articles fondamentaux, qu'on foit fpécialement obligé de favoir & de croire pour être fauvé, & qu'il y en ait d'autres non fondamentaux, dont la croyance foit indifférente pour le falut.

2o. Elle n'enseigne en aucun endroit, en rapportant quelqu'une des vérités révélées, que celle-là foit, en particulier, de l'un de ces deux ordres, fondamentale ou non fondamentale. Un protestant ne peut donc pas foutenir que l'écriture contient tout ce qui eft néceffaire pour régler fa foi.

LE PROTESTANT.

Je ne fuis pas furpris, Monfieur, que les deux principes dont vous venez de

me parler ne foient pas dans l'écriture, s'ils font faux comme vous le dites, parce que l'écriture ne peut rien contenir que de vrai. Je conviens que votre raisonnement renverse le fyftême des proteftans, en montrant qu'ils fe contredisent euxmêmes, en foutenant d'une part que tout ce qui eft néceffaire pour régler la foi, fe trouve dans l'écriture, & en avançant de l'autre pour régler la leur, deux principes qui ne s'y trouvent pas.

Voudriez-vous bien m'expliquer à préfent quel eft le troifieme principe qu'ils reconnoiffent de même, quoiqu'ils ne puiffent pas le fonder fur l'autorité des livres faints?

LE DOCTEUR.

Cet article eft plus général encore que les deux premiers, parce qu'il s'applique aux proteftans & aux catholiques.

Dès les premiers fiecles de l'église il s'éleva de grandes difficultés fur le difcernement des livres faints, véritablement infpirés de Dieu, d'avec ceux qui ne l'étoient pas. Plufieurs hérétiques inférerent des textes qui favorifoient leurs erreurs, dans des ouvrages qu'ils donnerent comme émanés des apôtres, quoiqu'ils euffent été compofés par d'autres auteurs; on imputa fpécialement à S. Paul des lettres qu'il

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