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de myftere impénétrable à la raifon humaine : les anabaptiftes foutiennent précifément le contraire. On lit dans l'évangile: Quiconque croira & fera baptifé, fera sauvé. Il fembleroit donc que la foi actuelle, dont les enfans font incapables, eft une difpofition néceffaire pour le baptême : fans la tradition ce point feroit donc au moins douteux.

2°. Le mot baptifer fignifie plonger, & en effet S. Jean Baptifte, & enfuite les apôtres conféroient ce facrement dans les premiers fiecles de l'églife, par immersion, c'eft-à-dire, en plongeant le baptifé dans l'eau. Depuis long-tems cet ufage eft changé, & pour baptifer on fe contente de verfer un peu d'eau fur la tête de celui qu'on' baptife, ce que l'on appelle effufion. Ces deux cérémonies font fort différentes l'une de l'autre; par où fera-t-il certain, fans la tradition, que cette effufion d'un peu d'eau fur la tête confere le baptême auffi validement que l'immerfion?

3o. Les proteftans croient comme nous que les chrétiens ne font point obligés de s'affujettir aux obfervances légales prefcrites par Moïfe, par exemple de s'abftenir de la chair des animaux étouffés : cependant l'écriture n'enfeigne nulle part que ces viandes nous foient permifes: au contraire, les apôtres défendirent expref

fément d'en manger, comme on le voit au chapitre XV de leurs Actes (a). Par où pouvons-nous favoir, fans la tradition, que cette prohibition ne fut faite que par une espece de déférence que devoit avoir l'églife naiffante pour la fynagogue, que cette défense ne devoit pas durer toujours? Et qui auroit pu déterminer le tems où elle devoit ceffer de former une obligation?

LE PROTESTANT.

Les exemples que vous me citez, Monfieur, font frappans croyez-vous qu'il y ait d'autres articles que les prétendus réformés foient obligés de reconnoître aujourd'hui, comme néceffaires à favoir pour avoir une foi entiere, & qui cependant ne foient écrits dans aucun des livres qui forment le corps de l'écri ture fainte

LE DOCTEUR.

J'avois réfervé pour les derniers, trois articles principaux & plus effentiels que tous les autres, au moins pour les protef tans, parce qu'ils font le fondement de leur fyftême fur la foi chrétienne : ces articles cependant ne fe trouvent nullepart dans la fainte écriture, ce qui démontre de plus en plus que cette écriture ne

(a) Act. chap. XV. v. 29.

peut fuffire, même felon leurs principes, pour réunir tous les points de croyance. Voici le premier.

Les docteurs catholiques en traitant la question qu'ils appellent fondamentale, établiffent comme un dogme capital, que c'est l'autorité de l'églife qui doit fixer la croyance des fideles fur toutes les vérités révélées, parce qu'elle eft l'interprete infaillible de l'écriture & de la tradition.

Les prétendus réformés foutiennent au contraire que c'est l'écriture qui doit feule régler la foi, au moyen de la difcuffion que chaque particulier peut faire lui-même du véritable fens de fes différens textes.

C'eft fans doute là le point de doctrine le plus effentiel, puifque fa décifion entraîne celle de tous les autres. Je n'entreprendrai pas de le traiter ici, parce qu'il formera l'objet de notre premier entretien: il me fuffit d'obferver à préfent que, tandis que les catholiques apportent, pour établir leur fentiment, des textes de l'écriture fans nombre, les protestans n'en ont encore pu citer aucun pour prouver -le leur.

LE PROTESTAN T.

Je conviens au moins, Monfieur, que je ne me rappelle point d'avoir entendu

nos miniftres prouver ces propofitions par

l'écriture.

LE DOCTEUR.

Voilà donc un article de doctrine, de la plus grande importance, que les prétendus réformés profeffent hautement, & que cependant [ contre leurs propres principes] ils ne fauroient trouver dans l'é

criture.

En voici un fecond dont la difcuffion n'eft pas moins importante.

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Lorfque Luther, Zuingle, Calvin, se furent féparés de l'églife romaine, ils fe trouverent divifés de fentimens fur un grand nombre d'articles de croyance, & leurs difciples fe font, en conféquence, partagés, comme on le fait, en une mul titude de fectes diverfes.

C'étoit une fuite néceffaire de leur commun principe dès qu'ils entreprenoient de fixer leur foi par la difcuffion qu'ils faifoient eux-mêmes de l'écriture, ils interprétoient cette écriture, & fixoient leur croyance' fuivant leurs idées, l'opinion d'aucun homme n'ayant droit de l'emporter fur celle d'un autre homme.

Cependant, il étoit de leur intérêt le plus fenfible, & de l'intérêt de ceux qu'ils entraînoient dans leur parti, de fe tenir unis enfemble, & de faire au moins une

efpece de corps, pour s'oppofer avec plus de fuccès à l'églife romaine fi redoutable pour eux par fa majeftueufe unité : pour cela ils imaginerent un fyftême dont les conféquences font enfuite retombées fur eux & les ont accablés.

Ils diftinguerent des articles de croyance fondamentaux, qu'il falloit, difoient-ils abfolument favoir & croire pour être fauvé, & d'autres non fondamentaux que non-feulement l'on n'étoit pas obligé de connoître, mais fur lefquels on pouvoit avoir des fentimens différens fans expofer fon falut.

Les docteurs catholiques s'éleverent contre cette distinction nouvelle, qui ne peut avoir lieu dans les vrais principes, parce que c'eft l'autorité de l'églife [comme je vous le ferai voir dans notre premier entretien qui doit régler la croyance des fideles, & non la difcuffion que cha cun peut faire de l'écriture; ainfi lorfque l'église a porté une décifion fur quelque point que ce foit, il faut croire ce point décidé, parce qu'il faut fe foumettre à l'autorité de cette églife. Il est bien vrai qu'il y a des dogmes principaux que tous les fideles font obligés de croire d'une foi diftincte & explicite, & d'autres qu'il fuffit aux fimples de croire d'une foi implicite, en croyant généralement tout ce

que

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