la Ville, à la place de larges foffés devenus des cloaques, on jouira d'une agréable promenade & d'un air épuré, lorfque les cloaques feront defféchés.

Plus de 20 Villages devoient guet & garde au Château, & y avoient droit de retrait, en 1370.

ANTIQUITÉ : TRAITS HISTORIQUES:
SIÉGES.

Cette Ville, dans sa situation actuelle, est affez moderne: elle fubfiftoit, felon la tradition du pays, à une lieue plus loin entre le Doubs & la Saone, dans un endroit appellé le vieux Seurre. C'étoit une caftramétation dont on voit encore la place couverte de bois & les foibles veftiges des foffés. On peut lui appliquer le mot de Lucain:

Etiam periêre ruina.

Le temps a dévoré jufqu'aux débris de Seurre. Son nom celtique, Surrugium, annonce assez fon antiquité. Le P. Fodéré avance, fans preuves, que Céfar y campa pour s'oppofer au paffage des Helvétiens. Ce lieu ayant été détruit par les Barbares, peut-être par les Sarrafins en 731, ou par les Normands au IX. fiécle, les Habitans fe bâtirent à S. Georges où les grands Auguftins furent établis dès le XIve. fiécle. Des Pêcheurs s'approcherent de la Saone, & ont donné naif

fance à Seurre au xo. fiécle. Les Sires de Vienne qui en étoient Seigneurs au XI. fiécle, accorderent des franchifes & le droit de Commune, en 1278.

La devife de la Ville étoit Loyale & Seurre, encore écrite fur le buffet d'orgue; elle fut fortifiée en 1440, & environnée de murs très-épais en brique, & bientôt après brûlée par les ennemis du Duc Charles en 1473, & tellement dévaftée, qu'il n'y reftoit pas 40 feux en 1479. Le Bourg de St. Georges ayant été détruit pour réparer la Ville, elle fe repeupla. Le Maréchal Philippe de Hocberg lui donna 8 faulcons de fonte, en recommandant de garder cette belle artillerie : 2 piéces en furent conduites à Dijon par ordre de Louis de la Trimouille, en 1513.

François Ier. qui regardoit cette place comme une clef du Royaume, fit ajouter à fes fortifications une grande terrasse à l'eft, qui étoit la plus belle qui fut en France, dit le P. Fodéré, avec 4 boulevards aux 4 coins & 2 plate-formes. » Il y plaça du canon, » force arquebufes à croc, une grande piéce » quarrée à 48 calibres en 4 rangs, ap» pellée orgue de guerre, & y établit garnifon. » Le Général Lannoy tenta en vain d'en faire le fiége; la trouvant trop bien difpofée, il tourna fes efforts du côté d'Auxone, où il ne réuffit pas mieux, en 1526.

Le Capitaine Laperle, Ligueur, natif de

Pême, fe rendit Maître de Seurre, dit Gabriël Breunot, le 12 Février 1595, après avoir tué proditoirement 15 des principaux Habitans avec le Maire Claude Morandet & Philibert de Ponthoux. Leur projet étoit d'imiter les Beaunois en fe délivrant des Ligueurs. Mais ils furent prévenus, & devinrent la victime de leur fidélité. Il eût été à fouhaiter que le Confeiller Breunot nous eût confervé le nom de ces braves Citoyens, qui perdirent la vie en cette occafion.

Le Capitaine la Fortune (Jérôme Rouffi), Italien rufé, créature de Mayenne, tint cette Ville, fous le joug de la Ligue, 3 ans, après la reddition des autres places, avec une poignée de Soldats Italiens & 4 perfides François. Ce fcélérat déterminé s'empara des deniers royaux, défola les environs, pilla Corgengoux dont il enleva les cloches, furprit le Château de Longepierre, fit des prifonniers jufqu'aux portes de Dijon & de Beaune il commit tant de défordres, que les Elus Généraux, en Mars 1596, impoferent 2000 écus pour conftruire un fort à Pouilli-fur-Saone, & en Février 1597 or donnerent d'élever 2 autres forts, l'un à Chamblan, l'autre à St. Georges, pour arrêter fes brigandages: enfin, il en coûta 5000 écus qu'il se fit compter à Besançon, pour le faire retirer, en 1598. On a longtemps fait à Seurre une proceffion en mé

moire

moire de cette délivrance. Henri IV y mit pour Gouverneur N. de Champeron. Le fléau de la pefte en 1596, & la difette extrême de l'année fuivante, dépeuplerent la Ville.

La garnifon s'étant déclarée ouvertement pour le Prince de Condé, emprifonné au Havre par Mazarin, le Roi vint en perfonne pour la réduire fous fon obéiffance. Il envoya de Dijon, le 16 Mars 1650, la fommer de fe mettre à fon devoir : mais le Commandant Royer de St. Micaut, Lieutenant Colonel de Bourbon, & les autres partifans de Condé, répondirent qu'ils ne fe rendroient qu'en la préfence du Roi; encore furent-ils affez hardis pour lui fermer les portes, & tirer quelques volées de canons fur fes troupes.

Le Comte de Tavanes qui s'y étoit enfermé avec 2000 hommes d'Infanterie & 500 chevaux, fit arborer fur les remparts un drapeau blanc, femé de têtes de mort, avec cette infcription, vincere aut mori : réfolution qu'il foutint mal, puifqu'après 15 jours de tranchée ouverte, il capitula, & le Roi nomma pour Gouverneur le Marquis de Roncheroles, & donna des Lettres patentes qui accordoient abolition du paffé.

Les Habitans les méritoient, puifqu'au commencement des troubles, au nombre de 400, ils avoient député à Millotet, Avocat Général, grand Royaliste, pour fe dé

faire de leur garnison, & recevoir un Commiffaire de la Cour. Mais les intrigues du 1er. Préfident Bouchu, créature du Prince, arrêterent le zèle de Millotet, & la bonne volonté des Citoyens qui donnerent une marque de fidélité, en avertiffant Millotet de tout ce qui fe paffoit.

Cette malheureuse Ville ne jouit pas longtemps des douceurs de la paix; car 2 ans après elle se vit encore expofée aux horreurs d'un nouveau fiége.

La garnifon, toujours attachée à Condé, ayant le Comte de Bouteville à fa tête, ravagea le plat-pays par fes courses, & fit contribuer tous les Villages à fix lieues la ronde. La Tour de Serville fe diftingua par fes exploits, plus digne de brigands que de guerriers: il dévasta les Châteaux de Thoify & Cuifery, brûla Ranci & Molaize.

Le Duc d'Epernon, à la priere des Elus, mit le fiége devant cette Ville avec 4500 hommes, le 8 Mai 1653; quoique très-forte, elle fut attaquée fi vigoureufement, qu'elle fut réduite à capituler un mois après, faute de vivres. Les Royalistes eurent cent hommes de tués, parmi lefquels on regretta le Baron de Beon, qui poffédoit en Breffe 4 Baronnies. Le Régiment d'Uxelles Cavalerie, fe diftingua, ainfi que les Capitaines la Guiche de Sevignon, le Baron de la Clayte, Tenai de St. Christophe, N. de la Garde.....