admire fur fes bords rians les riches tableaux, les payfages gracieux, que le miroir de fest eaux reproduit & perpétue le long de fon cours. Les nombreux bateaux qui la couvrent, montent & defcendent, arrêtent les yeux agréablement. Mais une partie des avantages de cette Ville fe trouvent compenfés par les mauvaifes qualités de fon air humide, pefant, fujet à des altérations dangereufes, & par celle de fes eaux qui lui font envier un bien. fouvent très- ordinaire dans les lieux les moins habités. L'air eft encore moins pur & fouvent infecté dans quelques quartiers, parce qu'on y tue les chevaux fous les murs même; des Manufactures répandent, dans des rues étroites, de mauvaises odeurs, comme celles des Chandeliers, Corroyeurs, Tainturiers, Huiliers. J'emprunte ces réflexions d'un bon mémoire compofé par feu M. de Loify, habile Médecin, qui les fit inférer dans le Journal des Savans, Févr. 1768. Il fe plaignoit auffi des Boucheries qui infectoient pendant l'été, & de l'abus dangereux des inhumations dans les Eglifes; abus que la sagesse du Roi a depuis peu profcrit dans tout le Royaume. La Ville vient d'acheter & faire fermer un vafte terrein près des Capucins, destiné à cet ufage on lit fur le portail, ager fomni. 1777. M m iij Les eaux de puits font mauvaises. La Ville s'est élevée par des décombremens rapportés le fol n'eft formé que de terres noires & pourries, qui fe trouvant mélangées de quantité de matieres fécales, ne filtrent que des eaux mal-faines & corrompues; auf reconnoît - on qu'à leur furface elles font graiffeufes & épaiffes. L'eau de fource en trop petit volume pour les Habitans, se trouve placée à l'extrêmité du fauxbourg de St. André; elle est meilleure prife à la citadelle, parce que dans fon trajet elle eft gâtée, 10. par le lavage & le favonage; 2°. les canaux de conduite en plomb, qui touchent à fleur de terre, l'échauffent & l'altérent avant qu'elle parvienne à la fontaine publique. L'eau de Saone eft la meilleure, la plus faine, mais avec la précaution de la faire dépofer dans des cruches, ou dans une fontaine artificielle où elle filtre à travers plufieurs couches de fable. N. Reverdy, très-bon Artiste, mort en 1776, propofoit de conduire à Chalon, pour 20000 livres, les eaux limpides & faines de Givry, & d'établir un réservoir fur le tertre de Taifé; mais on préféra de tirer l'eau de la Saone près du pont par des machines compliquées qui ont coûté le triple, & qu'on a été obligé de détruire dix ans après. Les étrangers employerent utilement les talens de cet habile homme, dédaignés dans fa patrie. Son frere eft Greffier de la Maîtrise des Eaux & Forêts. On compte en cette Ville 9000 perfonnes, compris les Maifons religieufes, env. 930 maisons : les baptêmes année com. vont à 320. Ses armoiries font 3 cercles d'or en champ d'azur; avant la réunion à la Couronne, le champ étoit de gueules. ILLUSTRES CHALONNOIS. S. ARIGE, Arigius, fils d'Aprocafius & de Sempronie, Curé de Moroges pendant 14 ans, fit paroître une vertu fi éminente, que Gontran l'élut, en 579, au Concile de Chalon, Evêque de Gap à la place de Sagittaire qui y fut dépofé. Il affifta aux Conciles de Valence & de Mâcon, vifita les tombeaux des Apôtres à Rome, & fut lié d'amitié avec St. Grégoire, qui lui écrivit plufieurs fois. Il mourut en 604. Les Huguenots ont difperfé fes reliques. Le P. Sirmond a donné fa vie tirée du manufcrit d'un Auteur contemporain. On la trouve dans l'ill. Orband. 2 vol. p. 27. JEAN BOUVOT, né en 1558, fameux Avocat, engagé dès fa naiffance dans le calvinisme, mourut à Chalon en 1636. Son Recueil de divers Arrêts du Parlement de Di jon, avec fon Commentaire fur notre Coutume, lui ont fait honneur. Cependant le P. Bouhier l'accufe d'avoir puifé en mauvaise fource, & d'avoir recueilli fes Arrêts avec plus de travail que de Jugement. Il fut enterré dans la cave de fa maifon, aujour. la Juftice Confule. près l'Hôtel de Ville. Ayant perdu un procès qu'il croyoit jufte, il mit au deffus de fa porte, nunquam lis. S. CÉSAIRE, une des plus brillantes lumieres de l'Eglife de France, l'oracle de fon fiècle, l'ame des, Conciles, naquit en 470 à Chalon, non en Provence, comme l'avance l'Auteur de Marfeille favante en 1728. De Moine de Lerins, il fut élevé fur le fiége d'Arles en 501, & y mourut en 542. La régle de S. Céfaire eft la plus ancienne que l'on fache avoir été faite pour les Religieufes cloîtrées (vers 514), à la priere de fa fœur, l'Abbeffe Ste. Céfarie. Il feroit difficile, difent les Auteurs de la France Littéraire, t. 3, où ils donnent la vie & la lifte des écrits de notre Saint, de trouver quelqu'un parmi les Peres latins de ce fiécle, qui ait eu un plus grand fond d'érudition; & ils le regardent comme l'Auguftin de l'Eglife Gallicane. SALOMON CLERGUET, Avocat, Maire, bon Poëte latin, député aux Etats de Blois en 1588, inhumé à la Cathédrale en 1632. Outre quelques pièces de vers imprimées, Philibert de la Mare avoit en mff. un recueil de fes poéfies in-4°. de 35 pages; ce qui lui fait plus d'honneur encore, c'eft qu'il mérita par fa fidélité au Roi, d'être emprisonné par le Duc de Mayenne en 1594. CELSE-HUGUES DÉCOUSU, né en 1480, d'une ancienne famille, ami de Chaffeneuz & fon collégue d'études à Turin, habile Jurifconfulte, a laiffé différens ouvrages, ainfi que Claude Découfu. La maifon de leurs ancêtres, mort en 1455, étoit alors proche la porte du Change. J. Découfu étoit Echevin en 1559. HUGUES DONEAU, né en 1527, reçut le bonnet de Docteur en Droit en 1551 à Bourges, où il enfeignoit lors du maffacre de la St. Barthelemi : comme il avoit embraffé les nouvelles opinions, il eût péri fans le zèle de fes difciples qui l'accompagnerent armés hors de la Ville, d'où il fe réfugia à Genève. Il profeffa le Droit à Heidelberg, enfuite à Leyde, à Altorf où il mourut en 1591, & fut enfeveli dans le Temple. Ses écoliers lui érigerent un beau monument, avec une épitaphe rapportée par le P. Niceron & par Teiffier qui l'appelle Dɔnel : on y lit: Nulli Jurifconfultorum noftri fæculi fecundus; Deo & hominibus carus. |