jardin de M. Galand; une autre ruinée près du Collège à gauche, &c. La tour Saudon fubfifte encore, partie de celle de Montaigu de Marcilli, &c. C'eft derriere le chœur de St. Georges & de l'Hôtel de Rully, qu'on voit les morceaux les mieux confervés, & les murs revêtus comme ceux d'Autun, qui annoncent une conftruction romaine. On y remarque l'incrustation de 3 cordons diftanciés & verniffés, qui peuvent avoir donné lieu aux 3 orles dorés, d'où certains romanciers ont donné à Chalon le nom faftueux d'illuftre Orbandale.

Les fortifications au delà des tours & des murs, confiftoient en plufieurs tours avancées : le clocher des Carmes eft conftruit fur une de ces tours. On a détruit depuis peu la tour Lubert ou Lambert, près du Bureau des Carroffes. Vis-à-vis le pont, en démoliffant des mafures, on a découvert deux aqueducs.

Cette Ville, malgré fes ruines multipliées, s'étendit encore. Sa fituation agréable, le zèle de fes Habitans enrichis par le commerce, les bienfaits des Princes qui en aimoient le féjour, la firent renaître de fes cendres, encore plus éclatante. Elle eut des fauxbourgs confidérables avant que François Ier. enfermât dans la nouvelle enceinte celui de Saint Jean de Maizel; & avant la construction de la citadelle par Charles IX,

celui de Saint André s'avançoit depuis les Jacobines au delà de la citadelle: plus loin celui de St. Alexandre, où l'on voyoit l'hô pital de St. Eloy, le Bourg & l'Eglife de S. Croix jufqu'au delà de St. Jean des Vignes. Le Connétable de Bourbon ruina en partie ces Fauxbourgs, en 1514, pour fortifier Chalon il reftoit encore à celui de Sainte : Croix 27 chefs de famille en 1566, & 47 à Saint-André.

Un large bras de la Saone environnoit les fauxbourgs à l'oueft. Il étoit tiré 2 1. plus haut près de Gergy, paffoit au bas de Saffenay, de Criffey & de St. Jean des Vignes, refte de l'ancien Bourg de S. Alexandre, & fuivoit le bas de la prairie: on l'appelloit le foffé de Chalon, creufé pour la défense de la place; plufieurs même le regardent comme un ouvrage romain, ou celtique felon d'au

tres.

Les Habitans de Saffenay ayant détourné l'eau de ce canal par un foffé de 30 pieds de large qui rentroit dans la Saone, eurent ordre de le boucher & de le combler, à peine d'être déclarés rébelles au Duc en 1418. Ce foffé étoit auprès du Crót Mortreuil, où les Chalonnois ont droit de pêche, par acte de 1435, contre les Habitans de Criffey.

Ce canal couloit entre S. Jean-des-Vignes & le pâquier Mariange, & fut curé en 1465: delà entre le Bourg St. Croix & l'Abbaye

de S. Pierre, traverfoit le pâquier Gloriette, & rentroit dans la Saone au delà du fauxbourg St. Jean de Maizel, où il s'appelloit la Roye Peruffot, à préfent la Grange Frangey; le foffé de Ste. Marie n'étoit que le déchargeoir du bras de la riviere.

L'ancien Chalon fermé de deux enceintes, avoit 4 portes éloignées chacune de 200 toifes des vieux murs; la 1'e. se nommoit la Barriere ou grande porte de Pontet, fituée au foffé fur le bras de la Saone, & fortifiée de 2 bonnes tours, dont la derniere fut démolie en 1457. La 2o. dans la haute enceinte, s'appelloit la petite porte du Pontet, depuis la porte de Beaune. C'eft par-là que les Evêques faifoient leur re. entrée, prêtoient ferment entre les mains des Echevins de conferver les droits & priviléges des Habitans; pendant cette cérémonie on tenoit la porte fermée, qui ne s'ouvroit qu'après le ferment: ainfi fut reçu Philibert de Vienne en 1408. Louis Guillard, pour éviter le cérémonial, traverfa la prairie, & entra par la portelle de la Motte, tandis que les Echevins l'attendoient.

La 3o. dite du Châtel ou de Gloriette, n'étoit plus qu'une fauffe porte en 1570, & murée en 1604. La 4. celle de Maizel proche la Saone, qui, tombant de vétuité en 1490, fut changée en 1545, & portée à 150 toifes de la riviere; elle fut encore murée en 1585

comme trop étroite & mal placée. La nouvelle n'a été finie qu'en 1603. Maintenant 4 portes, celles de Beaune, de Lyon, de S. Marie, & la porte orientale de S. Laurent.

Pour communiquer à celle-ci on avoit conftruit un pont de bois : il en est fait mention en 1224. Il étoit tombé fous le Duc Jean, qui permit de faire fabriquer 1000 marcs d'argent fin à la Monnoie de SaintLaurent, pour être employés à la conftruction du pont. Philippe le Bon donna 3001. en 1422. Il ne fut fini en pierre qu'en 1508. On y voyoit les armes de Louis de la Tremonille, Gouverneur de Bourgogne, & de Philippe Chabot-Brion, Amiral de France. Ce diftique latin eft fur une pierre au milieu du pont, à droite.

Quem cernis rigido conftructum marmore pontem,
Antè fatifcebat lignea congeries.

ANCIENS HOTELS.

Chalon ayant été long-temps le féjour des Rois de Bourgogne, des Comtes du Pays, & étant voifin de Germoles, où les Ducs des deux races fe plaifoient beaucoup, les grands Seigneurs avoient leurs Hôtels en cette Ville, pour être à portée de leur faire la cour.

Gontran avoit fon palais au Châtelet, qui devin celui de Charles le Chauve, où ce Prince faifoit battre monnoie.

Il est fouvent parlé de la TOUR de VerDUN, où les Seigneurs du lieu réfidoient au XII & XIII. f. On croit qu'elle étoit derriere le cloître où eft la tour de Rolin, que St. Julien appelle la maifon d'Emery, d'une Terre du Chancelier, & dit avoir été la tour du Blé, cédée à Rolin: un de fes héritiers la vendit à Jean Tifferand, Cons1. au Parlement.

Les DAMAS, Sires de Marcilli, avoient la tour de Marcilli, à laquelle étoit attaché le titre de Vicomte, confervé par le P. JeanBernard de Saffenay. Bernard du Tarte, fon auteur, en vendant la tour à la famille Roneaux en 1733, se réserva la Glebe du fief de la Vicomté, à laquelle eft attaché un terrier compofé de plufieurs redevances & droits feigneuriaux : Jacq. Callard de Théfut acquit cette tour & le jardin des héritiers

Roneaux en 1774.

Les Sires DE MONTAIGU, puînés de la Maifon de Bourgogne, avoient leur Hôtel à la tour de Montaigu près S. Georges. Guille. de Montaigu reconnoît en 1283 que fa maifon étoit fief de S. Pierre. A cette tour étoit attaché le patronage de la Collégiale de St. Georges, qui des Paillart, des Ducs de Longueville & de Nemours, avoit paffé à la Baronnie de Chagni; maint. à l'Evêque depuis Henri Felix (V. ci-dev. p. 477 in fine).

L'HOTEL SAUDON, demeure des anciens