le chanvre, le vin, le fer, en un mot, tout ce que le fol de fon pays lui refuse, ou qui n'eft point l'objet de fon induftrie. Ce port eft le plus confidérable de la Saone; mais il n'eft pas facile de dire au jufte, remarque M. Antoine, pag. 239, quelle eft l'étendue de fon commerce; parce que les voitures de la ferme en font une bonne partie, notamment pour les marchandifes en balle & en barique quant aux autres denrées, on peut compter, dit-il, fur l'expédition de 400 bateaux par année, dont le plus grand nombre en bois, charbon, foin, bled..... l'épicerie tirée de fource, la commiffion des vins, font encore 2 branches de commerce intérieur fort confidérable. L'able ou ablette, petit poiffon à écaille argentine, eft fort commun dans la Saone. On enleve l'écaille, & après l'avoir lavée & préparée, on l'envoie à Paris pour couvrir les grains de perles de collier. On la vend 15 à 18 liv. la livre, 25 il y a 20 ans, lorfqu'une feule femme avoit le fecret de la préparation. Préfentement prefque tous les Pêcheurs favent la préparer. Près de S. Jean-de-Maizel eft une fabrique de cette efpèce, où j'ai vu dix mille grains de verre creux devenir en un jour brillans & argentés. On nomme la liqueur argentine tirée de ce poiffon, effence d'orient. Cette matiere brillante ne fe trouve pas feulement & fur les écailles de l'able; la membrane qui enveloppe l'eftomac & les inteftins, en eft toute parfemée. On a tué fur la Saone, vers le bastion Il tombe quelquefois en hiver dans la ANTIQUITÉS. Chalon a été renverfé tant de fois, com me on l'a vu, qu'à peine y reste-t-il quelques veftiges d'antiquités. Le P. Bertaut dans fon illuftre Orbandale, nous a confervé les deffeins de plufieurs ftatues de Mercure, Vénus, Laocoon, qui font perdues. Sur la grand place eft une belle colonne de granit, d'environ 12 pieds de haut, trouvée au Pontet (l'ancienne porte d'Autun), fur laquelle on a élevé une Croix. Aux murs de ..... la citadelle, du côté du nord, on a incrusté une figure de femme, qui tient une corne d'abondance & des fleurs; fur le mur d'un autre baftion eft celle de la fortune; dans le bastion de St. Jean près l'ance. porte, eft celle de la prudence. On juge par la quantité d'urnes, de lacrymatoires, lampes fépulcrales deffinées par le P. Berthaut, & trouvées fur le chemin de la citadelle, que c'étoit-là jadis le cimetiere des Gaulois & des Romains, comme il l'a été des premiers Chrétiens. On voit encore au jardin du Major un vieux tombeau en forme d'auge. Dans l'emplacement de la Juftice Confulaire étoit un refte de temple de Diane avec fes attributs, nymphes, chaf feurs, levriers enchaînés; tout fut brifé en conftruifant cet Hôtel. Ainfi l'ignorance gothique d'un Architecte, en ouvrant en 1759 les fondations d'un corps avancé, joignant les anciens murs près l'Hôtel de Rully, brisa une corniche de 21 pieds, caffée en deux parties, dont la frife fculptée annonçoit un ouvrage romain, & bâtit fur le folide où vraisemblablement étoit un portique ou un temple. Dans le voisinage, fur la même ligne, plufieurs colonnes ont été enterrées dans les fondations des maifons nouvelles, conftruites par les Chanoines de S. Georges, en 1768; plus loin, des maifons fe font trouvees à double voûte; en creufant à 12, 15 pieds, on découvrit des poutres & d'autres matériaux; ce qui prouve le bouleversement de Chalon. On peut joindre ces traits d'indifférence, pour la belle antiquité, à ceux que j'ai rapportés fur Autun (t. 3, p. 464). Quinze petits dieux pénates ou laraires en bronze, trouvés à Fragne en 1762, & remis à M. le Comte de Caylus, qui les eftimoit du temps d'Augufte; un temple à Melecey gravé dans l'illuftre Orbandale & dans D. Montfaucon; quantité de médailles du haut Empire découvertes aux environs de Chalon; 4 grandes voies qui d'Autun, de Langres, de Lyon & de Befançon aboutiffoient à Chalon; des urnes à Mercurey, à Sens près Sennecey; un large tombeau avec une belle infcription rom. à St. Loup de Varenne (V. ce Village); quantité d'autres déterrés à St. Martin-des-Champs, à S. Jean-des-Vignes, à Montbogre, à Saint-Valerin, à Cules & dans les Villages de la Côte, tout annonce que ce pays étoit habité du temps des Celtes & des Romains. Le nom de Caballo-dunum donné à Chalon dans la notice de l'Empire, femble marquer que cette Ville, du temps des Empereurs, étoit fituée fur une petite éminence, & que elle s'étendit enfuite jufqu'à 100 pas de la Saone. On croit pouvoir défigner,à vue des lieux, l'ancien Caftrum ou Opidum, qui formoit un ovale au fud, depuis la porte au Change où exiftent 2 groffes tours à moitié mafquées, baignées jadis par le bras de la Saone, commençoient les murs qui fuivoient jufqu'aux prisons. Le Châtelet, Caftellum, eft conftruit fur ces vieux murs, qui continuoient derriere le cloître du Chapitre & le Palais épifcopal jufqu'au Collége, & delà continuant jufques aux petites Boucheries, où quelques tours à moitié rafées avoifinent les Jacobines. On voit encore les restes de la porte d'Autun, fur lefquels eft une ftatue de S. André, Patron d'une Paroiffe détruite, dont la rue montoit à S. Pierre. Le choeur de S. Georges, l'Hôtel de Rully, ont été bâtis fur les anciennes murailles, ainfi que partie de l'Eglife du Séminaire, près de laquelle on en apperçoit de gros morceaux de murs qui vont jufqu'aux belles tours rondes en boffage, prifes par quelques-uns pour l'entrée du palais de Gontran, qui augmenta l'enceinte en briques entre l'Evêché & le fauxbourg Ste. Marie. Ces murs étoient foutenus par des tours épaiffes, à la distance de 80 à 100 pieds chacune on en voit encore quelques-unes à moitié démolies. J'en ai remarqué deux dans la cave & le jardin d'une maison du Chapitre, joignant le trege pratiqué dans le même mur; une autre à la petite porte cloître; une dans la rue du Châtelet; 2 au du |
