» abord fameux du commerce; ce fut la de» meure des Eduens, le magafin de Céfar, » la retraite des armées impériales, le fé» jour des Papes, le fiége des Rois de Bourgogne, & la maifon des Comtes.

» Au contraire la Ville de Nuits porte un » vrai nom de calamité, malheurs & afflic» tions; n'a aucune marque d'antiquité, pour » n'avoir été qu'un abergement & un Vil» lage. »

L'Auteur paroit très-piqué de ce que les Nuytons oferent dire en pleine audience, que Chalon étoit fitué fous le figne de la Vierge, figne féminin, fans force & fans vertu. Il prétend que Saint-Jean-de-Lône eft fous l'écreviffe, qui eft un figne cornu, humide, nocturnal, féminin, aquatique, froid, feptentrional, mobile, flegmatique.

» Les antiquités de Nuits, dit-il, font plus » obfcures que la nuit même.»

Malgré ces belles raifons, les deux Villes gagnerent leur caufe, & eurent rang par provifion à l'élection avant Chalon, parce que leur droit de Commune étoit plus ancien. Nuys l'ayant reçu en 1212, St.-Jeande-Lône en 1252.

Les Maires de Chalon Elus aux Etats, ont été Nic. Julien en 1580, Jacq. de Mucie en 1608, Edme Julien en 1639, Benoît Julien en 1661, Jean Noirot en 1706, LouisFrançois Gauthier en 1742 : le Maire actuel, François Noirot, fera Elu dans 5 ans.

PRIVILEGES DE LA VILLE.

L'Avocat Durand fit en 1604 un petit recueil des priviléges accordés à Chalon par les différens Souverains, & dont plufieurs n'ont plus lieu.

1o. L'exemption de taille & exactions indues, par Hugues IV en 1234, moyennant 15 f. par an, payables par les plus riches: c'eft le même Prince qui accorda le droit de commune avec 4 Echevins & 8 Prudhommes.

2o. Celui d'élire un Capitaine en temps de guerre, donné par les Ducs, confirmé par

Louis XII en 1505.

3o. Celui d'acquérir & pofféder Terres & Seigneuries en fief & franc-aleu, fans payer finance, octroyé par Louis XII en 1509 & par Henri II en 1553.

4o. Celui de chaffer à cors & à cris, de pêcher dans la Saone à 3 1. de distance, concédé par Hugues IV: ce droit eft renouvellé chaque année par une pêche publique.

5o. Les enfans de Chalon pouvoient être reçus fans enquêtes en tout Monastere où la Nobleffe étoit requife.

5°. La franchise des péages, tant à Chalon qu'à 3 1. la ronde, par titre de 1221, 1289, confirmé par le Roi Jean en 1361, par le Duc Philippe en 1402, & par plufieurs Arrêts

& Sentence, notamment par celle du Juge Royal de S. Gengoux en 1445, contre Jean de Vienne, Baron de Buxi & de Chagni; & par Arrêt de 1582 contre Guillaume de Gadagne, Sg. de Verdun. Les Ducs avoient à Chalon 3 fortes de péages, le rivaige, le tentiers & l'avalage, dont les Habitans font déclarés exempts en 1474, ainsi que de la buchaille pour entrée du bois, par Sentence de 1485, & de l'entrée des vins par une autre de 1598.

7o. Ils ne peuvent être mis en prison pour forfait, s'ils ont du bien pour garantir le corps, & que le forfait ne foit pas puniffable par la mort.

8°. Le droit d'inquilin qu'on leve fur le louage des maifons appartenantes à ceux qui ne font pas Habitans. La tour de Marcilli en fut exempte par traité avec les Echevins en

1400.

9o. La franchife des foires dont ont parlera. Les monnoies étrangeres y avoient cours fans diftinction. Les Marchands forains pouvoient tefter, & n'étoient fujets à aucun droit d'aubaine.

Ces priviléges ont été confirmés par Louis XI en 1477, par Louis XII étant à Chalon en 1500, par François Ier. 1516, Henri III 1574, Henri IV, 1595, & par Louis XIV, 1644.

JEU DE L'ARQUEBUSE, compofé de 24 Chevaliers, a rendu le grand Prix en 1653, en 1678, 1700 & 1728, dans le pâquier Gloriette, près de la place d'arme & de la citadelle. La Ville a joui de ce pâquier propriétairement & fans contradiction jusqu'en 1729, que les Bénédictins de S. Pierre l'ont voulu troubler par un procès encore pendant au Confeil du Roi. L'emplacement actuel de l'Arquebufe appartient à la Ville, qui l'a conftruit à fes frais.

LE JEU D'ARBALÊTE, fort ancien, dans le preau des halles à l'oueft, fut détruit en 1360, & tranfporté plus près. Il fut encore renverfé en 1494, & rétabli en 1526. Les Chevaliers vendirent leur place en 1666, pour 4000 liv. aux Vifitandinės, & fe bâtirent au bout du preaú du côté de la Ville. Cet Exercice a ceffé.

Il y avoit auffi dès 1427 UN JEU DE L'ARC dans le pâquier Gloriette, au delà du bras de la riviere il fut rafé en 1564. La Ville accorda un autre emplacement derriere le cimetiere & les Cafemates de la Motte. Mais les Minimes depuis s'étant plaint de l'incommodité que les Chevaliers leur caufoient durant les Offices; on leur donna en 1605 un 3. endroit entre la place de l'étape & le canal Gloriette ils l'échangerent avec les

Urfulines pour la place voifine où ils font maintenant. Le Jeu du Piftolet a été réuni à celui de l'Arc.

A cette occafion je dois rappeller que Jacques de Lalain tint à Chalon un grand pas d'armes en 1449, comme Pierre de Beaufremont avoit fait à la Charme de Marcenai, cinq ans auparavant. Peut-être n'étoit-il pas content de fa Dame, qui ne lui avoit pas donné l'emprise d'amour, (comme écharpes bracelets, cordons, &c.); car il fit peindre fur fon pavillon, à côté de la Vierge tenant fon Fils, le portrait d'une Dame richement vêtue, qui avoit la mine d'une pleureufe, verfant des larmes qui tomboient dans une fontaine, fur laquelle une licorne étoit affife. On y voyoit 3 targes; la 1re. blanche, pour la hache; la 2de, de couleur violette, pour l'épée; la 3. noire, pour la lance; toutes femées de larmes bleues : d'où la Dame fut nommée, la Dame de Plors, & la fontaine, la fontaine de Plors (Pleurs).

Pierre de Chandios, Gentilhomme Bourguignon, qui avoit touché la targe blanche, parut dans la lice, armé de toutes pièces, le baffinet en tête, & la cotte d'armes fur les épaules, & difputa devant le Juge d'armes le prix à J. de Lalain. Charles, Duc d'Orléans, & Marie de Cleves fa femme, furent témoins de ce tournoi, ainfi que Jean de Crequi, qui revenoit de la Palestine. C'est

alors