norum, appellée Cloccarium, d'où on a fait clocher. Cette maifon devenue fort riche & fuperbe en fes bâtimens, étoit comme une fortereffe entourée de murs & de foffés. L'Abbé y fit même élever, en 1280, une groffe tour quarrée qui fubfifte encore, & que le Duc Robert vouloit faire abattre. Le Roi Philippe le Bel céda à ce Prince la garde de cette Abbaye en 1285. Elle fut pillée par les Calvinistes en 1562, & changée l'année fuivante en citadelle par ordre de Charles IX. Les Moines difperfés ayant refufé le Château de Germoles, dans la crainte d'y être infultés par les Huguenots, fe réunirent en la Commanderie de S. Antoine, dont la maison leur fut adjugée par le Roi; mais fur l'oppofition des Antonins, ils fe retirerent chez les Carmes. Après avoir tenté en vain de s'unir au Chapitre de St. Vincent, ils fe déterminerent à bâtir une Eglife, qui fut confacrée par Pontus de Thyard en 1580. Čette Abbaye fut unie à la Congrégation de St. Maur en 1662, fous l'Abbé Claude Efpiard, dont le frere, Jacques Efpiard, étoit Grand Prieur, & les Religieux tous Nobles. Leur Noviciat étoit à Chapeze, Terre aliénée moyennant une redevance de 255 1. & unie à celle de Cormatin. Les Bénédictins, en 1692, jeterent les fondemens d'une nou velle Bafilique, dédiée en 1713 par Franç. Madot. Comme ce Monaftere a été bâti fur le terrein de la Ferté, l'Abbé paie à celuici 60 1. de redevance. Depuis S. Loup dont on conferve le chef, on compte 49 Abbés jufqu'à Edme Stoupie, Chanoine de Liége. Le 1er. Abbé Commendataire fut l'Evêque André de Poupet, Ambaffadeur du Roi en 1492. Guillaume Filatre, Chalonnois, Moine de S. Pierre, devint Evêque de Verdun, Abbé de S. Bertin, Chancelier de la Toifon d'Or, en 1440, Ambaffadeur du Duc à Rome, où il le fervit utilement. La tombe de N. de Chatenay, Abbé de St. Pierre, mort en 1551, fut trouvée, en 1742, lors des réparations, à un des baftions de la citadelle, & transférée dans la nouv. Eglife. L'Abbé Robert reçut de Clément V l'usage de la croffe & de la mitre, en 1306. Les Evêques, à leur premiere entrée, étoient défrayés à Saint Pierre avec toute leur fuite, pendant un jour & une nuit : mais l'Abbé les obligeoit de jurer de conferver les priviléges & exemptions de l'Abbaye. Le Bourg de Saint Pierre, aux Moines, avoit 1. d'étendue, & renfermoit la rue Meraux & celle des Gagneurs, la rue Pavée. (gr. chemin d'Autun) : les climats de ce territoire, dénommés dans les manuels, font la Grange la Grange-l'Evêque, les Corvées, les Moirot, la Chamelle, le Clos-Rond, le Cloufeau, le Croz-Tapin, les Noyers-Bridoles, l'Argillet, la Croix-Lenoble & le Sabbat des Juifs. On trouve encore dans prefque tous ces climats des fondations de bâtimens & des matieres qui dénotent l'existence d'un ancien & gros Bourg. Le Village de la Marre remplace à préfent le Bourg St. Pierre, & la citadelle renferme l'Abbaye & partie de la rue les Laiche. Le magafin de l'artillerie eft en la place de l'Eglife. On y entroit par un pont-levis, & fur un pont dormant au logis de l'Abbé. On fit, par ordre du Roi, des remparts au nord autour de l'Abbaye, en 1546, & on prit 80 ouvrées de vignes du clos de l'Abbé pour la citadelle & les foffés, en 1566. Cet ancien Bourg étoit réduit à 6 Habitans en 1639, & avoit pris le nom de la Marre. Ce ne fut qu'après la deftruction en grande partie du Bourg de Ste. Croix, qu'il changea fon nom en celui de St. Alexandre. Le Bourg de St. Pierre ne fut compris dans le rôle des impôts de Chalon, que poftérieurement à 1527, fous le nom de St. Alexandre, enclos en la nouvelle Ville, comme le porte le billet des Elus, 1580, pour le diftinguer de l'ancien Bourg, connu feulement fous le nom de Saint-Jean-des-Vignes, dont l'Evêque eft Seigneur. L'ABBAYE DE LANCHARE. Ce ne fut pendant long-temps qu'un Prieuré de St. Benoît, fondé au XI. fiécle à Lanchare, Village entre St. Gengoux & Brancion, pour des Chanoineffes nobles, qui dépendoient du S. Siége. Mais Olivier de Matreuil fit reconnoître fon droit de vifite & de correction, par Sentence du Bailli de Mâcon, vers 1396. La Prieure, Marguerite de Germoles, obtint de Robert II, en 1303, la Juftice de Lanchare, démembrement de la Baronnie de Brancion. On croit que les Sires de Brancion & d'Uxelles font les Fondateurs de ce Prieuré. Celui du Puley lui fut réuni. La Prieure de Puley, pour marque de fa dépendance, étoit obligée d'aller, deux fois l'année à Lanchare, affifter l'Archiprieure: (Voy. le Pulley en Charolois). On compte à Lanchare onze Prieures depuis 1245 jufqu'en 1611, parmi lesquelles on voit Marguerite de Germoles en 1248, Huguette de Nanton en 1404, la premiere dont l'élection fut ratifiée par l'Evêque de Chalon, Claudine de Tenarre, Marguerite Buffeul, Ifabelle & Enarde du Blé. Marie du Blé-d'Uxelles, premiere Abbeffe, transféra fa Communauté à Chalon en 1626: Marie-Charlotte de Nagu-Varenne fà niéce, lui fuccéda en 1662, enfuite Charlotte Bouton de Chamilli en 1684, Françoife Damas de la Clayette en 1686, Louife-Fr. de Chatenay de St. Vincent en 1692, MarieConftance Lantin en 1731, Marie-Anne de Saulx-Tavanes depuis 1752. : PAROISSE S. 1o. ST. VINCENT. L'Autel de cette Paroiffe eft à la Cathédrale, & fon baptiftere, orné de figures anciennes, date de 1370. Le Bénéfice, à portion congrue, eft du Patronage du Chapitre il lui fut uni en 1416, du confentement des Paroiffiens, à condition qu'il fourniroit 12 Confeffeurs. Le Doyen, Etienne de Semur, en étoit Curé en 1419, & en même temps Chanoine de Lyon & de Cambrai, par un abus trop commun en ces temps d'ignorance. Nicolas de Véres, en uniffant à la Cure la Chapelle du Châtelet, enclavée dans les prifons royales, obligea le Curé de fournir à la Cathédrale le luminaire dont les Evêques étoient chargés auparavant; ce qui fut approuvé par Clément VII, réfidant à Avignon en 1384: mais le Curé a été déchargé de cette fourniture par traité de 1775, homologué au Parlement, en réfervant les droits refpectifs du Chapitre & du Vicaire perpétuel. |