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Bourgogne, où il étoit fort aimé. Toute la Province fembla refluer à Paris pour le féliciter & s'offrir à lui. Ses partisans firent chanter le Te Deum à Dijon : ( V. 2o. vol. p. 77). Les autres Villes ne furent pas plus fages. A Chalon, Jacques de Neucheze & le Marquis d'Uxelles témoignerent la part qu'ils prenoient à cet événement. L'Evêque prêta fon carroffe à une fociété de jeunes gens, qu'on appelloit les Gaillardons : ils y placerent un tonneau qu'ils promenerent ainfi par la Ville, forçant tous les paffans de boire à la fanté du Prince, criant que la liberté alloit ramener le fiécle d'or.

Cependant d'Uxelles, auquel Condé avoit tenu peu de compte de fes réjouiffances, gagné par Millotet, commanda le Régiment de Navarre au fiége du Château de Dijon, qui fe rendit en 12 jours. Il fe trouva de même au 2d. fiége de Seurre, & contribua à fa reddition par fes 2 Régimens, en 1653.

Je finirai l'historique de Chalon par deux traits qui font honneur à cette Ville : le 1er. eft le tableau des mœurs des Chalonnois au xve. f. tracé par S. Julien.

Chacun, dit-il, affiftoit dès le matin aux prieres publiques, & ne manquoit jamais les Dimanches à la Meffe paroiffiale. Les vieillards, auffi refpectés qu'à Lacédémone, étoient les peres de la jeuneffe, qui les vifitoit & les confultoit en tout. Une femme

qui eût fait tache à fon honneur, ne trouvoit plus de place parmi les Dames honnêtes, & étoit exclue de toute bonne compagnie. L'ufure y étoit inconnue. Tous les Chalonnois fe traitoient de coufins, & la Ville ne paroiffoit qu'une famille.

Les procès étoient rares : à peine y avoitil 6 Avocats; au lieu que du temps de cet Historien on en comptoit plus de 40, & tant d'autres Gens de plume qu'on les tient, dit-il, pour un tiers de la Ville. Le Greffe du Baille. ne rapportoit que 100 l. La Police étoit fi bien obfervée en cette Ville, qu'on eût dit que chacun y étoit logé par Fourriers, felon la différence des profeffions. Les rues étoient diftinguées par Métiers. On voyoit la rue des Cloutiers, des Chaudronniers, des Tonneliers, celle des Rôtiffeurs, des Prêtres, des Nobles; le refte étoit pour les Bourgeois, les Marchands & autres qui travaillent fans ennuyer du bruit de leur voifinage.

Le fecond trait eft récent. Les Officiers municipaux, touchés de la mifere publique, ayant formé le projet de faire un apprcvifionnement de bled à Marfeille, voulurent auparavant confulter le corps des Négocians; en conféquence ils s'affemblerent le 9 Avril 1771, & après avoir agité divers moyens, ce Corps, de fon propre mouvement, offrit de fournir tous les bleds dont on pourroit avoir befoin, à fes propres rifques, & fans

aucuns intérêts pour les avances & emprunts qu'il feroit obligé de faire. Une propofition fi généreuse fut acceptée avec les louanges qu'elle méritoit, & confirmée par une délibération unanime. Les Magiftrats ont eu foin de tout rembourfer aux Marchands. Cette action mérita les éloges du Miniftere même, confignés dans une lettre du Contrôleur Général à M. Amelöt, Intendant, du 23 Avril 1771 : la voici.

» MONSIEUR,

<< Les Négocians de Chalon-fur-Saone » méritent toutes fortes d'éloges rien en » effet n'eft plus louable que le zèle d'hon» nêtes Citoyens qui aident de leur crédit » & de leurs reffources leurs Compatriotes, » & qui travaillent avec autant de géné»rofité au foulagement des peuples. Vous » pouvez, Monfieur, leur faire favoir que » je n'ai pas laiffé ignorer au Roi leur dé» fintéreffement: vous voudrez bien les af» furer de fa fatisfaction..

» Je fuis, &c. Signé, TERRAY. »

Voilà les véritables amis des hommes, & non ces nouveaux docteurs qui barbouillent tant de papier pour perfuader que la difette vaut mieux pour nous que l'abondance, & que tout eft bien, quand tout eft cher.

COMTES DE CHALON.

Le district des Autunois étant trop étendu, chaque Ville principale qui dépendoit de leur Cité, devint le chef-lieu d'un canton féparé, gouverné par un Comte & un Vicomte. Dès le vre. fiécle, le Chalonnois eut fes Comtes particuliers, d'abord amovibles, & enfuite héréditaires, fous les derniers Rois Carliens.

GALLUS eft le premier dont l'Histoire faffe mention fous Gontran.

ADALARD, fous le Roi Pepin, lequel avec Artalde, autre Comte du Pays, défit Chilpéric, Comte d'Auvergne.

WARIN ou GUERIN, que Duchefne regarde comme le Chef de la Maifon de Vergy, fe diftingua par fon zèle actif, en délivrant Louis le Débonnaire de la prifon & de la tyrannie de fes trois fils. Lothaire l'aîné, Prince cruel & vindicatif, vint affiéger Chalon qu'il réduifit en cendres, malgré les loix de la capitulation. Le Comte, en récompenfe de fa fidélité, obtint du Roi l'Abbaye de St. Marcel avec celle de Flavigni, & mourut en 856.

THÉODORIC fut nommé par Charles le Chauve, le 1er. entre les Comtes qu'il mit auprès de Louis le Begue, lorfque paffant, en Italie, il lui confia l'administration du

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Royaume en 877. Celui-ci étant monté sur le trône, fit Théodoric fon Miniftre & fon Confident. Il gouverna l'Etat pendant la minorité de Louis le Jeune, qu'il fit conronner en 880. Après avoir défait les Saxons révoltés, il périt en Frize dans une 2de, bataille contre eux.

MANASSÈS DE VERGY, dit le Viel, le plus puiffant Seigneur de Bourgogne, l'ami du Duc Richard, Comte de Chalon, d'Auxois & de Beaune, Fondateur de l'Abbaye de St. Vivant où il fut inhumé: (Voy. St. Vivant, tom. 3, pag. 209). Ses exploits contre les Normands lui mériterent, & à fes defcendans, le furnom de Preux. Son frere Valon, Evêque d'Autun en 893, fut honoré du titre de glorieux Prélat, furéminent Pontife, Savant aux chofes divines & humaines.

VALON DE VERGY affifta à l'Ordination de fon oncle Hervé, Evêque d'Autun, en 919, fit reftituer, par fon oncle Renaud, la fortereffe de Mont-St.-Jean au Roi Raoul, & mourut fans enfans en 925.

GILBERT fon frere, outré de ce qu'Edme, femme de Raoul & foeur d'Hugues le Grand, lui avoit enlevé le Château d'Avalon, membre de fon Comté d'Auxois, quitta la Cour, & fut caufe de la guerre & des ravages que ce Prince & Hugues le Grand firent dans la Bourgogne, en 933 & 941 : (Voy. tom. ¡er. pag. 123). Il mourut à Langres en 956.

Sa fille

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