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feaux de chaffe. Mais par la jalousie du Duc d'Orléans, frere du Roi, Philippe fut congédié de la Cour, & exclus du voyage d'Avignon. Voilà l'origine des funeftes divifions des Maifons de Bourgogne & d'Orléans, qui remplirent fi long-temps le Royaume de confufion & de carnage.

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Les ennemis de Philippe le Bon s'étant emparés de Tournus en 1422, vinrent infulter Chalon mais la préfence du Duc, une forte garnifon dans le Bourg de St-Jean-de-Maizel, la bonne contenance des Habitans, les firent. retirer.

Ils ne furent pas fi heureux fous Louis XI. Ce Prince les punit cruellement de leur attachement au fang de Bourgogne. Ayant pris le parti de l'héritiere du dernier Duc Charles, tué à Nanci en 1477, ils furent affiégés par Georges de la Tremouille, Sire de Craon, Gouverneur de la Province.

Cet homme violent les traita avec la derniere inhumanité : il fit périr les principaux Bourgeois, jeta les autres dans les chaînes, dont ils ne pouvoient fe délivrer que par le facrifice de leurs biens. S'il en trouvoit 3 ou 4 ensemble, il les précipitoit dans la Saone. Le Doyen Jean de Jully, après la perte de fes meubles, fouffrit celle de fa liberté, & gémit 3 ans dans la prifon : les Chanoines craignant un pareil fort, prirent la fuite. Le Bailliage fut taxé pour la garnison,qui vivoit

à difcrétion comme dans un pays ennemi, à 1404 écus d'or par femaine, montant par an à 69348 écus. Verdun, Beaune, Semur, Saulieu, Montcenis, effuyerent le même trai tement. C'eft ainfi que Louis XI cherchoit à gagner les cours des Bourguignons, traités fi doucement par leurs Ducs.

La difgrace de Craon, la nomination de Charles d'Amboife de Chaumont, & fur-tout la paix avec Maximilien d'Autriche, époux de Marie de Bourgogne, confolerent les Villes pillées par l'avare Craon.

Charles VIII, entrant à Chalon, fut revêtu d'un furplis & d'une aumuffe de Chanoine, par l'Evêque André de Poupet, en 1494 ce Monarque, après les avoir portés quelque temps, les remit à Pierre de Roffet, de la Maifon d'Amarin en Dombes, pour avoir la Ire. Prébende vacante, comme due à fon entrée. Les Bourgeois, habillés en robes rouges, furent au devant de lui. Jean Simon, Avocat du Roi, le complimenta : le Capitaine, Claude de Brancion, fit tapiffer les rues, & les orna de théatres où l'on jouoit divers myfteres & moralités. Dans un pavillon richement paré, étoit une belle fille (N. Beuverand), qui préfenta au Roi un cœur d'or du poids de cent écus.

La fimplicité, dit le P. Perry, n'est pas contraire à la piété. La Ville affligée du flux de fang, pour arrêter les fuites d'un mal fi

contagieux, ordonna » qu'on feroit une bou»gie auffi longue que le circuit des murs, » pour être allumée devant l'Autel de Saint » Vincent, durant la Meffe à fix heures, & » les Dimanches à celle de Paroiffe. »

La pefte continuant fes ravages, on réfolut en 1495 de mettre fus le jeu & myftere du glorieux ami de Dieu, M. St. Sébastien, pour icelui jouer, le plutôt que faire fe pourra, bonnement; & afin que la chofe puiffe venir à effet, feront élus douze perfonnages. Trente Bourgeois firent ferment à l'Hôtel de Ville d'accepter les perfonnages qui leur feroient donnés, de les repréfenter & de s'habiller à leurs frais, fous peine de 10 l. d'amende. On en nomma d'autres pour dreffer le théatre examiner la poéfie, & exercer les Acteurs. Je crois que la piéce fut compofée par Jacques de Mortieres, Chanoine de St. Georges, mort en 1524.

Louis XII, au retour de la conquête du Milanois, vint à Chalon, où il fut reçu avec le même appareil; on lui offrit 42 tonneaux du meilleur vin de Givry. Ce Prince étoit adoré de ses sujets. Lorfqu'il traversa notre Province, les payfans abandonnant leurs travaux, bordoient les chemins, les couvroient de verdure, & faifoient retentir l'air d'acclamations. Après l'avoir vu dans un endroit, ils couroient, à perte d'haleine, pour le mieux contempler une feconde fois. Ceux

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qui pouvoient parvenir à toucher fa mule, fa robe ou fes bottes, baifoient leurs mains d'une auffi grande dévotion, que s'ils euffent touché une relique. Ceux au contraire qui ne marquoient pas le même empressement, étoient accablés par les autres de malédictions. » C'eft lui, s'écrioient-ils, qui fait >> regner la justice parmi nous, qui féconde » nos moiffons, qui nous a préfervé des pille»ries des gens d'armes, & qui, le premier, » nous a fait goûter les douceurs de la paix » & de la concorde: » (Voy. S. Gelais).

L'ancien Chalon fut augmenté fous François Ier, à fon paffage en 1521. Les fortifications, faites par fes ordres, renfermerent les Fauxbourgs de St. Jean & de St. André. Henri II les continua: la porte de Beaune, finie en 1552, porte les armes de ce Prince, avec celles de Diane de Poitiers, & au deffous celles de Claude de Lorraine Duc d'Aumale, Gouverneur de la Province.

Charles IX fit conftruire en 1563 la citadelle en la place de l'Abbaye de S. Pierre, pour tenir, dit S. Julien, la Ville en fubjection & les Habitans en cervelle. C'étoit auffi pour les garantir de l'invafion des Huguenots, qui, l'année précédente, s'étoient rendus maîtres de cette place. Les maux qu'ils y cauferent, font écrits, dit l'Auteur de l'illuftre Orbandale, dans le Calendrier françois, en caracteres de feu & de fang.

Quelques Habitans, infectés des erreurs de Calvin, introduifirent deux Miniftres, Lamotte & Duprey, qui dogmatifoient dans une maifon fituée en la rue aux Fevres. Le nombre des fectaires s'accrut bientôt, & ils oferent faire leurs prieres fur le pont de Saone, dans la place de St. Vincent & du Châtelet. Ayant appris que leurs freres de Lyon s'étoient emparés des Eglifes en Mai 1562, ils s'enhardirent à en faire autant à Chalon. Ils commencerent par chaffer les Carmes, firent le prêche dans leur Eglife, & en celle de St. Jean, pillerent enfuite celle de St. Pierre, & renverferent les Autels. Maîtres de l'Arcenal, ils ouvrirent les portes à Monbrun, logerent fes foldats chez les Chanoines, & profanerent la Cathédrale, dont ils enleverent le tréfor. L'Abbaye de St. Marcel éprouva de même leur fureur impie. Les cendres du Roi Gontran, celles des Saints Evêques ne furent point refpectées. La coupe du Dicu vivant, teinte du fang de fes vrais adorateurs, devint celle du foldat facrilége.

Sur la marche de Gafpard de Tavanes, qui défit la Cavalerie huguenotte, Monbrun s'échappa de Chalon; fon arrière-garde fut taillée en pièces, & le Miniftre J. Guillotat fut pendu avec deux autres boute-feux.

Le Temple des Huguenots étoit vis-à-vis de l'Eglife de St. Marie, de l'autre côté de la Saone: Henri de Condé le fit démolir en

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