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& faifoient une espèce de pâte avec des racines & une poudre tirée d'une montagne qu'il ne nomme pas. La contagion de 1585, de 1636, rendit les Villes défertes.

Rien de fi lamentable que le tableau de la mifere affreufe de ce Pays en 1708, 1709 & 1710, présenté aux Etats Généraux de Bourgogne, & dont j'ai copie imprimée. On y voit qu'en 1709, de cinq parties des Habitans il en périt trois par la faim. On y véquit dé glands & de racines de fougere. 400 Métairies refterent incultes & abandonnées. Des Hameaux entiers y devinrent déferts.

Qu'on juge de la dépopulation caufée par le grand hiver fur l'état fuivant. Charolles, qui avoit 986 Communians, n'en avoit plus que 600 à la fin de l'année; Suin de 300 plus que 95 il y mourut 235 perfonnes, & 138 abandonnerent le pays. A Changy 142 morts, à Viry 358, à Martigni 314, à Bragni de 309 Communians, il n'en refta que 19; à Genouilli que 60, à Parai que 626, & il Y en mourut 860, &c.

Des années plus heureuses, la culture affidue des terres, les défrichemens, vingt ans de paix au commencement du regne de Louis XV, le commerce ranimé par les routes ouvértes en 1752, ont rétabli ce pays, & doublé depuis la population: on compte à préfent à Charolles, à Paray, à Digoin, au moins

1500 Communians, à Suin 700, à Changi 340, à Viry 430, &c.

Ainh à proportion des autres endroits, comme on le verra dans la Description particuliere qui va fuivre. Pour en faire comparaifon, je citerai quelquefois le nombre des Habitans impofables en 1679, extrait de la vifite faite en Charolois par l'Abbé de Théfut, Elu du Clergé, & par N. Julien, Secretaire en Chef des Etats; & d'après celle faite d'ordre des Elus par M. Varenne en 1751, dont j'ai copie.

Ce dernier a porté l'attention jusqu'à marquer la quantité, la qualité, le produit des terres, prés, vignes; le nombre des Habitans, des Laboureurs, des veuves, des enfans, des charrues, des bœufs même, la cote de chacun, la dime & les Décimateurs. Qu'on juge d'après cet expofé combien MM. les Elus font inftruits de toutes les facultés pour afféoir les impofitions felon leur équité connue, & fi mon ouvrage, en indiquant feulement les feux & les Communians, peut faire le moindre tort, Ce que j'ai cru devoir remarquer ici pour guérir certains efprits méticuleux, qui fous un prétexte frivole ont craint de me communiquer le nombre même des Communians: mais graces au Ciel, la lecture des 2 & 3e. vol. a diffipé des craintes fi mal fondées.

COMMERCE,

COMMERCE, HISTOIRE NATURELLE, ANTIQUITÉS.

Les nouvelles routes que les Etats ont fait tracer d'une Ville à l'autre, ont vivifié cette contrée, auparavant fauvage, inabordable, ombragée d'épaiffes forêts, fans communication que par la Loire, & ont ranimé le commerce. Quatre grands chemins aboutiffent à Charolles, à Paray, à Digoin, dont l'heureufe fituation fait un port très - fréquenté.

Le principal commerce eft en bois, bled, porcs, boeufs fur-tout renommés dans le Royaume, qu'on vend aux Lyonnois, quelquefois aux Parifiens & aux Dijonnois; en poiffons qu'on envoie dans des bafcules à Paris par la Loire & fur le canal de Briare.

Les fers forment une autre branche de commerce, & fe fabriquent à Geugnon, à Perreci, au Verderat & à Prétin près de Charolles; mais ce n'eft que du fer de fenderie, excepté en la derniere forge où l'on commence à faire du fer marchand : le Maître de Forge du Verderat espére auffi en fabriquer depuis la découverte de la mine des Aports. La mine en général eft affez abondante dans ces lieux; le charbon commun; mais faute d'eau, on eft obligé de chommer l'été.

Tome IV.

B

On a conçu les plus grandes efpérances pour les forges du Charolois, à l'occafion.de la nouvelle maniere de préparer le charbon de terre de Montcenis. Les épreuves faites en 1776 fous les yeux de M. le Comte de Buffon & de plufieurs Maîtres de Forge, ont donné du fer d'excellente qualité, fondu avec ce foffile: M. de Lachaize en a fait dreffer un procès-verbal. Ce charbon ainfi employé ménagera le bois qui deviendra un objet précieux pour le commerce extérieur.

La Manufacture de faïance établie à Digoin, qui occupe plus de 50 Ouvriers, & qui a de la réputation, a été autorisée par Arrêt du Confeil en Août 1776: la terre eft fine & abondante. On voit à Geugnon un canal d'un quart de lieue fur l'Arroux, femblable à ceux de Flandres, & une éclufe pour laiffer paffer les bateaux. On se plaint feulement des droits qu'on y perçoit. Ce Bourg eft renommé par la pêche du faumon depuis Mars en Juillet,

Les navets de Baubry & de Suin sont excellens & de la même qualité que ceux de Saulieu. Les pays de montagnes font fablonneux, maigres, & les Habitans pauvres. On y voit quelques châtaigniers & des pins. Le célèbre Naturalifte Commerfon dit qu'en voyageant dans le Charolois en 1755, il vit avec plaisir la châtaigne d'eau (trapa natans); que les rivages de la Loire lui offrirent le Sefamoïdes, le Senecio Abrotani folius (l'Auz

ronne), le Cortufa Mathioli, l'Ormunda Regalis, lui furent préfentées dans les montagnes & les bois de cette contrée.

Les meilleures carrieres font à Hautefond, à Bragni, à Lugni, à Charolles, à Saint-Vincent. L'Eglife du Prieuré de Parai a été bâtie de la pierre de Romai. On a tiré des meules à Martigni, à Saint-Romain-fous-Gourdon, qui fe vendoient au loin en 1570. On en tire encore des Bois-Francs entre SaintValier & Blanzy, qu'on vend à Chalon, & quelques-unes autour du Mont-St.-Vincent.

Les prairies, fur-tout le long de l'Arconce, de la Guye, font excellentes. On a coupé quantité de bois, efferté les endroits, & il y vient une herbe fine & touffue, propre à engraiffer les beftiaux. La mortalité de 1715 en fit périr pour plus d'un million & demi: même perte en 1746.

Dans les Paroiffes de Suin, Verôvre & Dompierre, on trouve de l'efpèce de criftal de roche. Je n'ai vu dans le Charolois que deux cabinets d'hiftoire naturelle le premier, bien compofé, au Château de Courcheval; l'autre moins riche, chez le Curé de Viry. Mais pour l'honneur des Lettres, je dois dire que j'y ai trouvé plufieurs Bibliothéques bien fournies; telles que celles des Seigneurs de Sevignon, de Saillant, de Fautrieres, de Monceau; celles du Curé de

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