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maintenues dans cet ufage par Arrêt de la Cour. Les mâconnoifes font actuellement en procès fur ce fujet avec les Etats du Mâconnois.

Ce qu'il y a de fingulier, c'est que dans le Brionnois proprement dit, la plupart des Paroiffes font de deux refforts différens, ou pour un tiers, ou pour la moitié : ce qui combat l'opinion de ceux qui ont quelqu'intérêt à dire que la Coutume de Bourgogne doit régir tous ces lieux fans aucune différence; & leur prouve au contraire que le Droit Romain a été, de temps immémorial, le droit commun dans cette partie du Erionnois.

Pour ne pas confondre les ufages, les lieux, leur reffort ni leur fituation, il convient de divifer le Brionnois en trois parties, qu'on peut appeller le haut, le moyen

& le bas Brionnois.

La partie fupérieure eft la plus orientale, entrecoupée de colines & de bois; c'est la plus riche en beftiaux, à cause de fon terroir excellent en pâturage. Oyé & S. Chriftophe font dans le centre: la Baronnie de Semur, l'Abbaye de St. Rigaud & toutes les Paroiffes détachées du Bailliage de Mâcon, occupent le reste.

Le moyen Brionnois eft au deffous, & s'étend fur la rive droite de la Loire, depuis l'embouchure du Sornin jufqu'à Digoin.

Là font fitués Marcigni, Anzi-le-Duc, Arci, Vindecy, Lhopital, le Pont-à-Mailli, le Bourg de Digoin & plufieurs autres Seigneu ries. Cette feconde partie n'étoit prefque au xe. fiéc. qu'une vafte forêt : celle de la Cray de Putieres, le Bois-Dieu, la Broffe de St. Yan, én font de bons restes.

Le bas Brionnois eft de l'autre côté de la Loire, en tirant du fud au nord, depuis la Baronnie de l'Epinaffe jufqu'au deffous du péage. Cette troifiéme partie eft peut-être la moindre en comparaifon des deux autres plus fécondes en grains, vins & beftiaux : elle ne laiffe pas d'avoir fes avantages dans une affez grande étendue de bois de haute futaie & de taillis où il fe trouve des pâturages, dans un bon nombre d'étangs, & dans le commerce des Charpentiers en bateaux, qui travaillent fur ce rivage depuis le port de Bouétaffon en la Paroiffe de Briennon, jufqu'à Givardon qui eft dans celle de Cée.

La Loire dans cette étendue de fon cours reçoit le Sornin, la Teffone près Briennon, la Rivoliere au bas d'Yguerande, le ruiffeau de Rhodon & l'Arfel au deffous de l'ancien port des Brenons, l'Arfon en la Paroiffe d'Artaix, le Beffon entre Yguerande & S. Martin-du-Lac, le Merdaffon aux prairies de Marcigni, Merdin & Cachera en la Paroiffe de Baugy, la riviere de Bourg-le-Comte au deffus d'Avrilli, l'Arconce au bas du Pont-à

169 Mailli, l'Arroux entre Digoin & la MotteSaint-Jean.

Si le voisinage de la Loire eft favorable au commerce des bois, des vins, des grains & du poiffon qu'on fait defcendre dans le Berry, le Nivernois, l'Orléanois, à Paris même, elle fait acheter bien cher cet avantage aux Riverains, par les fréquentes inondations dont elle couvre leurs terres. Elle fe précipite des Cevenes & des montagnes du Forez avec une extrême rapidité, & roule fes eaux avec tant d'inconftance, qu'elle fe creufe un lit aujourd'hui à la distance d'un demi-quart de lieue du canal où elle couloit hier. Par - tout elle laiffe un gravier ftérile ou de profondes ravines qui fe rempliffent d'eau à la fonte des neiges, ou au temps des grandes pluies. Des champs ainfi ruinés ne fe cultivent plus; ou s'ils fe rétabliffent un peu, lorfque la riviere fe retire, ce n'eft qu'après avoir rendu inutiles ces campagnes pendant plufieurs années, & avoir détruit les bornes anciennes des Juftices & des dîmeries, fource féconde de procès pour les Seigneurs & les Décimateurs.

La plaine des deux côtés du grand chemin de Marcigni à Parai ne s'enfemence que de feigle qui vient très - beau, lorfque les engrais peuvent fuffire à cette campagne immenfe. Ce qui fe cultive autour des habitations fe met en chanvre ou en légumes. Les

Les terres à froment qui font la richeffe des Cultivateurs, font entre la plaine & la riviere appellées les Champs-Bons, qui ne font que des fédimens dépofés par la Loire pendant une longue fuite d'années. Point de prés ou très-peu le long de la rive droite de la Loire, quoi qu'en dife Garreau, fi ce n'est peut-être quelque délaiffement où la Loire a rapporté de nouvelles terres. Le propriétaire laiffe en pâquiers, comme ceux de Vindecy & de l'Aiguillon, cette reftitution de fon ancienne poffeffion, n'ofant l'enfemencer, dans la crainte de voir fon travail périr à la premiere inondation : il a même raifon de ne point avoir de prés fi voifins de la Loire. Je me fuis affuré du fait par moi-même, en parcourant les bords de ce fleuve pendant les vacances de 1776 & 1777. Les prés que l'on trouve en quelques cantons, comme à Vindecy & à Lhopital-leMercier, font pour la plupart de mauvaise qualité, & ne produifent que du jonc le fond en eft couvert de mouffe qui n'eft utile qu'aux Charpentiers en bateaux.

Les meilleures prairies font le long de l'Arconce, du ruiffeau Mertaffon & de celui de la Blayne. Celle de Sarri, au Seigneur, a 126000 toifes de fuperficie, & on y embouche 125 bœufs. La plus grande partie de ces bœufs gras fert à l'entretien des boucheries de Lyon, & fait le plus riche commerce

de cette contrée, où tout, jufqu'aux montagnes, fe convertit en prairies. Les forêts qui la couvroient, il y a 50 ans, font coupées & changées en riantes prairies. Le commerce en bled, en beftiaux, se fait en certains cantons, mais non dans tout le Brionnois. Les vins font fort communs : les meilleurs à Semur & à St. Martin-du-Lac, font les premieres années rudes & groffiers; ils acquierent dans la fuite de la douceur, mais peu d'agrément, n'ayant ni ce feu, ni ce montant qui rendent un vin de bonne qualité en Bourgogne: mais on eft à portée des vins du Mâconnois, du Beaujolois, de St. André d'Apchon & de Renaifon, qui font encore plus voifins.

La pierre d'Yguerande eft la plus eftimée, la plus dure, & propre à recevoir le poli: celle de Chenou, Paroiffe de Baugy, eft bonne, mais moins belle; celle d'Anzi eft tendre & géliffe; celle de Semur, la blanche fur-tout, eft dure, fe polit, & n'est point géliffe. On trouve dans la Paroiffe de Jonzye de la pierre de gris d'ardoife, tendre d'abord, qui fe durcit à l'air, fe polit, & a le froid du marbre: au même endroit, quantité de pétrifications, ainfi qu'à Brian. Â Chenou, terre violette, marneufe, qui renferme des cornes d'ammon de toute grandeur, & dont quelques-unes paroiffent fous une forme

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