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QUATRE ANCIENNES BARONNIES.

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C'est ici le lieu de rechercher l'origine des quatre anciennes Baronnies du Charolois, dont on a parlé. Les Comtes de Chalon, d'Autun, de Mâcon, d'Auxois, étoient les grands Vaffaux des Rois, des Ducs, qui ne les avoient d'abord inftitués que comme Gouverneurs de ces Pays, Ces Comtes trouverent le moyen, dans les temps d'anarchie, fous le regne foible des derniers Carlovingiens, de fe rendre héréditaires. Ils accompagnoient le Prince dans la tenue de fes grands Jours ou Parle

mens.

Ils convoquoient à leur tour les Barons de leur reffort à la Cour, ou aux Affifes qu'ils tenoient deux fois par an, pour juger les différends de leurs Vaffaux. Le Comte de Charolois appelloit à fes Jugemens le Baronnage de fes Etats, c'est-à-dire, les Chevaliers qui poffédoient dans cette petite Province des Terres ou Châtellenies confidérables, dont dépendoient trois ou quatre Paroiffes. Le Chevalier donnoit à fa Terre la prééminence de Baronnie, parce qu'il étoit Membre de ce qu'on appelloit en ce temps-là Baronnage. Le titre de Baronnie, une fois imprimé à une Terre par la qualité de fon poffeffeur, fubfiftoit en faveur des enfans.

Le Charolois ayant eu des Comtes particu

liers pendant 128 ans, jufqu'au Duc Philippe le Hardi, ces Princes compoferent leur Baronnage des quatre plus grandes Seigneuries de cette Province, qui appartenoient alors aux Sires de Vaudrey, Damas, Digoine & Dio, Seigneurs de Mont-Saint-Vincent, Lugny, Digoine & Joncy. Leurs quatre Terres devinrent des Baronnies par la qualité des Seigneurs. Il n'y a jamais eu d'autre érection de la part du Comte, que l'admiffion de ces puiffans Terriens au Baronnage, & à la place qu'ils tenoient à sa Cour, lorfqu'il rendoit en public la juftice à fes fujets.

Par exemple, la Terre de Lugny fut le partage de Renaud-Damas de Coufan, du chef de fa mere Dauphine de Lavieu, dont il fit hommage au Duc en 1263. C'étoit le 5. aïeul d'Alix de Damas-Coufan, mariée en 1430 à Euftache de Levis, 8°. aïeul du Comte de Levis-Lugny. Eustache, par ce mariage, devint Baron de Lugny, parce qu'il étoit Chevalier & de naiffance à prendre rang au Baronnage. Son fils jouiffoit de cette prérogative lors du traité de 1477, fait par les Etats de Bourgogne avec Louis XI; & il a tranfmis le titre de Baron à fa poftérité. C'est aujourd'hui la feule des quatre anciennes Baronnies qui n'ait point changé de Seigneur depuis près de quatre fiécles.

RAVAGES, GUERRES, LIGUE.

Le Charolois fut ravagé par Waifre, Duc d'Aquitaine, qui porta le fer & le feu jufqu'à Chalon, dont il fut chaffé jufqu'au delà de la Loire par Pepin en 761. Les Auvergnáts y firent des courfes au xe. fiécle, & furent repouffés par le Comte Lambert, & défaits auprès de Challemoux (Calamoffa Villa in pago Burbunenfi). Il donna au Prieuré de Perrecy, en reconnoiffance de fa victoire, plufieurs héritages, & entr'autres une Terre appellée, Gentiliaca Villa in loco Reftenefo, qui m'eft inconnue, & quelques meix à Curdin, à Viefvigne & à Monceau. Il fut aidé dans cette expédition par un Chevalier nommé Letaldus, qui périt à l'action, oncle de Telinde, Seigneur de Gourdon, & par Bernard fon coufin.

Ce Pays fut expofé aux courfes des grandes compagnies d'Ecorcheurs, toujours marquées par le fang & le pillage, & fur-tout pendant les guerres des Ducs Jean & Philippe le Bon contre les Orléanois & le Dauphin Charles VII.Les troupes de ce Prince en furent chaffées par Louis de Chalon, Prince d'Orange, par Jean de Digoine, Jacques de la Baume, les Seigneurs de l'Aubefpin, Toulongeon, la Trimouille & de Bar, en 1418.

Après la mort violente du Duc Jean, l'année fuivante, les Armagnacs fe jeterent dans

le Mâconnois, prirent le bois Sainte-Marie avec les Châteaux voifins, & mirent le fiége devant Marcigny, que le Maréchal de Cottebrune les obligea de lever. Il fit rompre tous les bateaux qu'ils avoient au port de Digoin, dont ils fe fervoient pour entrer dans le pays, ou pour en fortir quand ils étoient pourfuivis. Deux mois après, des gens d'armes & de trait firent encore des courfes jufqu'à Charolles, enleverent le bétail, & rançonnerent les payfans.

Ce Pays, ainfi que le Brionnois, fut fouvent le théatre de fanglantes exécutions & d'un brigandage affreux pendant les guerres civiles, fous Charles IX, Henri III & Henri IV. Prefque tous les Bourgs & les Châteaux furent pris, repris & ruinés. Le Château d'Arcy foutint deux fiéges, & fut détruit en partie, ainfi que celui d'Anzi-le-Duc, de Selorre, de Dondin, d'Artus, de Digoin. Le Comte de Tayannes affiégea & prit le Fort de la MotteTernant en Mai 1591; & le Chapitre fut difperfé.

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L'Eglife de Baubry fut incendiée, & le Village pillé par l'Amiral de Coligni. Vantoux défit les Calviniftes au pont de Joncy en 1567. Les Reîtres commandés par Cafimir & & le Prince de Condé,logerent à Anzy-le-Duc, à Parai, à Marcigni, faccagerent Semur, & cauferent beaucoup de dommages en 1576. Le commerce fut interrompu, la culture

négligée; les paysans fe cachoient dans les forêts; il n'y avoit plus de fûreté fur les chemins: ce n'étoit par-tout, dit un Mémoire manufcrit du temps, que volerie, pillages, faccagemens de Villes & de Châteaux par les Royaux, comme par les Ligeux. Dieu y boutte fin, & nous Jauve des garnemens !

Ces malheurs ne finirent que quand Henri IV, le vainqueur & le pere de ses sujets, eut terraffé l'hydre de la ligue, &, comme un foleil levant, eut diffipé les nuages obfcurs qui couvroient la face de la France. Il rendit le Charolois par le Traité de Vervins en 1598 à Philippe II. Voilà tout ce que la vaste politique du Roi d'Espagne retira des frais immenfes qu'il avoit faits pour brouiller notre Royaume. Tel fut le fruit des 114 millions employés à fes inutiles projets, & dont une grande partie fut prodiguée pour entretenir la divifion & la guerre en France.

· ́`· PESTE, FAMINE, DÉPOPULATION.

Aux fléaux de la guerre fe joignit celui de la pefte & de la famine : on verra à l'article Parai que la pefte fuit fi violente en Charolois, que de cent perfonnes il n'en reftoit pas douze en 1347. Pierre Turrel, dans son Période du Monde, page 25, nous apprend qu'en 1531 lés Charolois fe nourriffoient d'herbes,

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