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l'armée a été, dit-on, rejeté dans un comité militaire composé de M. l'archevêque de Vienne, de M. l'archevêque de Bordeaux et de M. le comte de Saint-Priest.... Ce dernier ministre est à ce qu'on assure, l'âme du parti autrichien.» (Révolutions de France et de Brabant, n. 8.)

« On assure, disait Carra, le 15 mars, qu'il existe déjà un traité entre la cour des Tuileries et le nouveau roi de Hongrie, pour l'aider à remettre sous l'infâme joug autrichien les provinces belgiques: des manœuvres très-actives ont lieu entre les ministres français et les cours de Madrid et de Naples. Des escadres espagnoles croisent dans la Méditerranée et dans le golfe de Gascogne; les commandans des forts sur les côtes de Provence, et surtout à Marseille, font des préparatifs de guerre. La milice nationale de cette ville maritime n'a point d'armes, et on les lui refuse; le roi n'a point encore accepté le décret constitutionnel sur l'organisation de l'armée, quoiqu'il y ait près d'un mois que ce décret est rendu.... Si les Espagnols ou les Napolitains entrent ou débarquent dans nos provinces, nous leur enverrons d'abord les décrets de l'assemblée nationale, traduits dans leur langue, puis, s'ils insistent et ne viennent pas boire à la liberté universelle, en prenant notre cocarde, nous enverrons leurs extraits mortuaires à leurs parens. Quant aux Belges, nous les défendrons.... Quant à notre armée, nous l'organiserons par le sentiment du patriotisme et par le magnétismede la fraternité........ Amis! redoublons de courage, d'activité, de surveillance et de patriotisme. Une nation comme la nôtre, de 30 millions d'individus, ne peut pas périr. Ce sont ses ennemis qui périront. (Annales patriotiques.)

Extrait d'une lettre de Turin du 12 mars. Il est arrivé ici depuis quatre jours, une personne de Paris, chargée de présenter au comte d'Artois un projet pour opérer une contre-révolution... Pour l'exécution de ce projet on voudrait que le comte d'Artois tâchât d'engager le roi de Sardaigne à prendre fait et cause en fournissant une armée de 25,000 hommes.... On propose de plus, que le roi de Sardaigne cautionne un emprunt de plusieurs mil

lions, et que le roi de Naples soit engagé aussi à fournir de l'argent, ainsi que le roi d'Espagne.... Quand on se serait assuré de Lyon, le roi serait invité à s'y rendre.... L'auteur du projet propose, en même temps, d'engager les princes d'Allemagne qui ont des droits en Alsace, d'y entrer avec dix à douze mille hommes.... Je sais que le comte d'Artois, dans le premier entretien, a dit qu'il ne voulait point de guerre civile, qu'il était bien ici, et qu'il voulait auparavant voir les choses. Or, bien positivement, il n'a donné aucune réponse; et s'il la donne, je la saurai.... >

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Extrait d'une lettre d'un autre correspondant de Turin du, 13 mars. « Je vais vous donner aussi clairement que je pourrai, l'exposition d'un plan apporté de Paris en grande hâte, par L. C. D.... de la part de D. M. D.... et compagnie, et dont L. M. est auteur. Ce nom est assez imposant pour qu'on se tienne sur ses gardes. (Suivent les détails déjà connus.) Le roi sera enlevé de Paris, et conduit à Lyon.... Je n'ai pas vu ce plan, mais la signora m'en a fait part.... Ces deux lettres furent rendues publiques par l'Observateur dans son n° 89. Dans un numéro suivănt, il dénonçait la présence d'un régiment de chasseurs à cheval, caché à Rambouillet; et un conciliabule aristocratique au château de Tury.

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Extrait d'une lettre du premier de ces correspondans déposé le 22, au comité des recherches. C'est M. Maillebois qui a donné le plan de la contre-révolution.... Le prince de Condé est nommé géné ralissime. Le roi de Sardaigne fournit des secours d'hommes et d'argent, le roi de Naples, trois ou quatre millions; le duc de Parme, deux millions.

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Vers la fin du mois de mars, l'alarme était devenue générale dans le parti patriote, et les espérances extrêmes dans celui de l'opposition. Des groupes commencèrent à se former au PalaisRoyal, sur les boulevards, aux Champs-Elysées; mais la principale cause de ces rassemblemens était la misère et le manque du numéraire. Ce qui le prouve, c'est qu'ils commencèrent par des attroupemens que nécessitaient les négociations des billets de

T. V.

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la caisse d'escompte. Une réunion de plusieurs milliers d'ouvriers alla chez Bailly demander du travail. On menaça de piller la caisse d'escompte. Les jeunes gens s'armèrent de cannes, et cou- ́ ́ rurent Paris par bandes. La violence de la colère politique donna une nouvelle ardeur à ces groupes. On pense bien que la force publique ne resta pas inerte; elle intervint pour dissiper ces réunions. Il y eut quelques arrestations.

Le 28 mars, la Chronique de Paris annonça la conspiration de M. Maillebois. Il avait été dénoncé par son secrétaire et un valet. Il s'était enfui le 22, au château de Tury où il résidait. Son projet avait été porté à Turin par M. de Bonne.

< Rien de plus certain que les détails de cette nouvelle conspiration de Maillebois, dit Desmoulins. Au moment où le projet eut été adopté à Turin, on devait répandre un manifeste qu'on engagerait M.... et M.... (sans doute Mounier et Malouet, ou bien J. F. Maury) à rédiger.... Alors, Maillebois avait un plan sûr, disait-il, pour amener le roi et sa femme à Lyon sans encombre. Quel pouvait être ce projet d'enlèvement? l'exécution me paraît difficile? Le vieux général s'était-il adressé à Cagliostro ou plutôt à Blanchard? car je ne vois qu'un ballon qui eût pu sauver les risques....

› Voilà cinq ou six conspirations consécutives : la conspiration des sacs de farine, la conspiration des sacs d'argent, la conspiration Broglie ou Bezenval, la conspiration Augeard, la conspiration Favras, la conspiration Maillebois.

› ... A CES CAUSES ET AUTRES, à ce nous mouvant, en notre qualité de procureur-général de la lanterne, et de notre certaine science, pleine puissance et autorité, requérons dans chacun des 83 départemens la descente comminatoire d'une lanterne au moins..

On commençait à parler beaucoup du club des Amis de la constitution, scus le nom de club de Jacobins. Il jouissait déjà d'une grande réputation et d'une grande influence; car parmi les dépu tations de province qui venaient présenter des adresses à l'assemblée nationale et à la commune de Paris, il y en avait déjà un

grand nombre qui allaient présenter leurs hommages aux Jaco bins. La grande députation de la Bretagne et de l'Anjou réunis alla chez eux lire une adresse et fraterniser.

Messieurs, leur dit-elle, ceux qui nous ont envoyés nous ont dit: <Dans tous les lieux où vous trouverez des citoyens et des amis de la liberté, allez, en notre nom, leur présenter notre pacte comme un signe d'alliance et d'amitié, et comme le gage le plus précieux de notre estime et de notre dévoûment.

Dites aux Français de tous les âges et de tous les pays, que nous les conjurons de se coaliser avec leurs frères de la Bretagne et de l'Anjou; dites-leur qu'une fédération générale est le seul moyen d'affermir la révolution, d'établir une surveillance active dans toutes les parties du royaume et de dissiper les projets audacieux des mécontens et des rebelles. »

Les journaux firent mention de cet événement; ils nous ap prennent aussi que plusieurs des discours qui furent lus à la tribune de l'assemblée nationale, entre autres, celui de Duport sur la justice, celui de Robespierre sur le marc d'argent, avaient été approuvés aux Jacobins. A l'imitation de Paris, il se formait dans un grand nombre de villes des sociétés des Amis de la constitution. Dès qu'elles étaient établies, elles se donnaient réciproequment avis de leur existence et ouvraient une correspondance. Un journal de l'époque dit qu'on compte sur elles pour soutenir par la parole, la révolution que la garde nationale défend par les armes. «Il est, disait l'Observateur, comme tout le monde sait, deux partis ouvertement opposés dans l'assemblée nationale. Les uns cherchent avec ardeur l'intérêt public; les autres cherchent avec ardeur l'intérêt particulier, c'est-à-dire, le malheur général. Les premiers s'assemblent aux Jacobins. C'est là qu'ils se réunissent avec tous les amis de la constitution pour discuter les bonnes lois à décréter, et préparer les moyens de les faire adopter. Les derniers s'assemblent depuis peu aux Capucins (ce sont ceux que plus haut nous avons vu s'appeler impartiaux). C'est là qu'ils veulent discuter les lois décrétées; c'est là qu'ils veulent établir le foyer de la guerre civile. Ils ont cru séduire le

peuple, en rendant leur assemblée publique, en permettant à chaque particulier de faire ses observations, et en donnant à tous les assistans voix délibérative. Dimanche dernier, une foule de patriotes s'y sont rendus, non pour écouter ces hommes dontils connaissent les mauvais desseins, mais pour les siffler et les huer comme ils le méritaient. C'est en yain qu'ils ont réclamé justice et liberté. Vous nous avez donné voix délibérative, leur dit un des assistans; la majorité ne veut point que vous teniez votre assemblée; la minorité doit céder. Leurs efforts seront vains, la majorité sera toujours du côté des bons citoyens. » (Observateur, n° 110.)

AVRIL 1790.

De mois en mois nous voyons l'opposition changer de méthode, mais persister dans sa résistance aux tendances révolutionnaires. Elle ne cède sur aucun détail; elle ne reconnaît pas même le fait accompli. Ainsi, lorsqu'un décret qui attaque ses prétentions a été rendu, bien que le principe général d'où il résulte que tel ou tel privilége est aboli, soit clairement posé, elle chicane sur les moyens d'exécution; ainsi, l'assemblée est obligée de revenir encore, et à plusieurs fois, sur les biens du clergé, sur les droits. féodaux, etc., questions qui paraissaient cependant définitivement résolues. Ce que le côté droit fait dans le corps-législatif, chaque individu le fait partout où il a voix ou puissance; rien, en un mot, de ce qui lui déplaît ne s'exécute que par la force. Evidemment l'aristocratie ne croyait point à la solidité de la révolution; elle avait confiance dans le succès de quelqu'une de ces nombreuses et secrètes menées qu'épiait la défiance publique, et dont tant de conspirations avortées avaient révélé quelque partie. Ainsi, elle cherchait à gagner du temps, et à empêcher une réalisation dont les effets eussent été à jamais acquis, si elle cût été achevée.

Nous attirons l'attention de nos lecteurs sur ce fait, qui n'est que le résumé de tous les événemens que nous avons racontés, et que nous trouverons encore. Il faut, pour comprendre la co

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