Abbildungen der Seite
PDF
EPUB
[ocr errors][merged small]

UNIVERSELLE.

VILLE (JEAN-IGNACE DE LA), diplomate, naquit vers 1690. Ayant achevé ses études avec succès, chez les Jésuites, il embrassa la règle de saint Ignace, et parcourut d'une manière brillante le cercle ordinaire de l'enseignement. Cependant il ne voulut pas s'engager par des voeux irrévocables, et rentra dans le monde, emportant l'estime de ses confrères, dont il ne cessa jamais d'être l'ami. L'abbé de La Ville joignait à des connaissances variées un esprit très-insinuant et toutes les qualités propres à le faire réussir, récepteur des enfants du marquis de Fenelon, neveu de l'archevique de Cambrai il l'accompagna dans son amb

V

nistère des affaires étrangères. En 1746, il remplaça l'évêque de Bazas, Mongin (V. ce nom), à l'académie française. Sa réception fut retardée de quelques mois; et Bignon, qui remplissait les fonctions de directeur, lui témoigna les regrets de l'académie d'avoir vu différer le moment auquel il devait y venir prendre place. Cependant il n'avait aucun titre littéraire ; et l'académie, qui possédait alors des hommes tels que Montesquieu et Voltaire, ne pouvait pas, attacher une grande importance &quisition de l'abbé de La Ville. Lorsque les attaques contre les, Jésuites devinrent plus menaçantes, l'abbé de La Ville employa tout son

de Hollande, devint ensuite sou.serà la défense de ses anciens crétaire, et en 1744 lui seda dans la place de ministre plénipotentiaire près des États Généraux. Il justitia la confiance qu'on venait de lui accorder, en terminant heu reusement plusieurs affaires importantes qui demandaient du tact, de la finesse et de la discrétion. Plusieurs abbayes, entre autres, celle de Lersay, furent la récompense de ses services; et, à son retour en France, il fut nommé premier commis au mi

confers. Ayant, dit M. de Flassan, la correspondance d'Italie, il tachait de donner aux dépêches concernant les Jésuites la tournure la plus favorable; mais ses lettres étaient refondues à son insu, en sort que ses réponses se trouvaient souvent contraires à celles qu'il attendait. Ne soupçonnant pas d'où cela pouvait venir, il disait, avec bonhomie et surprise, au duc de Choiseul : Ces gens-là ne nous entendent pas; et le

Mais l'abbé de La Ville eut la prin-
cipale part à la rédaction des Me-
moires touchant la possession et les
droits respectifs des couronnes de
France et d'Angleterre en Améri-
que, Paris, 1755, 4 vol. in-4°. ;
1756, 8 vol. in-12. Il fut aidé dans
ce travail par le ministre Silhouette
(V. ce nom), et par La Galissonie-
re. Il a traduit de l'anglais : État
présent des possessions de S. M.
britannique en Allemagne, Paris,
1760, in-12.
W-s.

VILLE (Le chevalier ARNOLD DE
LA). V. RANNEQUIN, XXXVII, 77-
VILLE (DE). Voy. VILLA et DE-

VILLE.

ministre lui répondait: Mais il me paraît pourtant qu'ils ont assez bien saisi la chose. On sent combien l'étonnement de l'abbé de La Ville de vait amuser le duc de Choiseul (Hist. de la diplomatie française). Depuis quarante ans l'abbé de La Ville ne cessait de servir utilement l'état. On créa pour lui la charge de directeur des affaires étrangères, qui le plaçait immédiatement après le ministre; et il fut presque en même temps nommé évêque in partibus du titre de Tricomie. Il ne jouit que peu de mois de ces nouveaux honneurs, et mourut le 15 avril 1774, dans un âge très-avancé. Suivant M. de Flassan, il était au-dessous de sa réputation VILLEBÉON (PIERRE DE NEcomme diplomate; il écrivait avec MOURS, plus communément DE), grâce; mais ses dépêches reposaient chambellan et ministre d'état du roi plus souvent sur des raisonnements Louis IX, naquit vers l'an 1210. vagues et des considérations politi- Deuxième fils d'Adam de Villebéon, ques, que sur les principes du droit surnommé le Chambellan, parce des gens, qu'il ignorait (ibid.). Il fut qu'il fut le premier de sa famille reremplacé par Gérard de Rayneval, vêtu de cette charge, il en fut pouraux affaires étrangères, et à l'acadé- vu lui-même à la mort de Gautier III mie française par Suard, dont le son frère aîné (vers 1238), et se discours de réception, écrit nécessai- concilia tellement les bonnes grâces rement dans un style d'éloge, a serdu saint roi, par sa piété et sa pruvi de texte jusqu'ici à toutes les no- dence, que malgré sa jeunesse on le tices sur cet académicientro a tre d'état. Il fut un des ve dans les Dictionnaires. L'abbé croises. Suivirent ce prince en Goujet lui attribue, mais peut-être 249.dans son expédition d'Égypte, à tort, l'Avertissement qu'quite se signala dans presque toutes en tête des OEuvres spirituelles. de les affaires qui eurent licu. Il se disFénelon, Paris, 1740, 4 val. in: 12 lg principalement au siége de (Voy. la Table du Dictionnaire Belin, auquel il fut employé en des anonymes, par Barbier). C'est 1253 avec le comte d'Anjou, le également par erreur que Grimm Connétable et plusieurs autres sei(Correspondance littéraire, pre- gneurs, pendant que le reste de l'armière partie, tome 11, pag. 41) mée faisait le siége de Sidon. Revele fait auteur du Mémoire contenant nu en France l'année suivante avec le précis des faits, pour répondre le roi, il lui plut encore davantage, aux observations envoyées par les et s'acquit, avec une confiance sans ministres d'Angleterre, Paris, 1756, bornes, une autorité qui équivalait in-4°. et in-12; cet ouvrage est de presque à celle de premier ministre. Moreau, l'historiographe de France. Rien ne se décidait sans son avis, et

[ocr errors]

c'est lui qui fit toutes les dispositions préliminaires, pour l'accord que le roi conclut entre les comtes de Luxembourg et de Bar. Son pouvoir et son crédit étaient tels, que même des princes du sang recherchèrent son alliance; et la dame de Montmirel sa sœur, devenue veuve de son premier mari, épousa en secondes noces Robert, comte de Dreux. Au reste, Villebéon ne se servit de son autorité que pour seconder les vues paternelles du roi toujours occupé de maintenir la paix parmi les puissances chrétiennes, de faire fleurir la justice dans ses états, et d'extirper les abus qui s'étaient fortifiés sous l'administration des rois de la seconde race. Louis IX ayant résolu de porter une seconde fois la guerre chez les infideles (1270), son ministre le suivit encore. C'est alors que ce monarque, forcé par les vents contraires de s'arrêter près de Cagliari en Sardaigue, fit son testament, et institua pour exécuteurs de ses dernières volontés, conjointement avec Philippe son fils aîné, depuis roi de France sous le nom de Philippe-le-Hardi, Villebéon, Odon, archevêque de Rouen, et Bouchard, comte de Vendôme. Louis continua son voyage et vint aborder sur les côtes de Tunis. Villebéon donna dans cette guerre de nouvelles preuves d'intrépidité, et, accompagné seulement de trente hommes, défit un escadron de l'armée ennemie qui faisait une reconnaissance. La mort de Louis iX, arrivée peu de temps après, fit abandonner une entreprise qui avait commencé sous les plus brillants auspices; mais Villebéon ne revit point la France. Il mourut quelques jours après son maitre, autant du chagrin de l'avoir perdu, que de la dyssenterie qui ra

vageait le camp des croisés. On transporta son corps en France avec celui du roi et ceux du comte Alphonse, comte d'Eu, et d'Isabelle d'Aragon, femme de Philippe-leHardi; et il fut enterré à Saint-Denis aux pieds de saint Louis. Gau- . tier IV son neveu, fils de son frère Gantier III, hérita de la charge de chambellan qu'il avait rendue une des plus illustres de la couronne, et qui resta long-temps comme héréditaire dans la famille des Villebéons.

P-OT.

VILLEBRUNE (JEAN-BAPTISTE LEFEBVRE DE), helleniste et orientaliste, naquit à Senlis vers l'an 1732, et s'adonna d'abord à l'étude de la médecine, à laquelle il joignit celle des sciences naturelles et des sciences exactes. Il fut même reçu docteur dans la faculté de médecine, et exerça, du moins à ce qu'il paraît, pendant plusieurs années. Enfin, il prit le parti d'abandonner cette profession, et s'appliqua avec l'ardeur qui le caractérisait à la connaissance des langues. Sa mémoire, qui était des plus heureuses, et ses dispositions naturelles le servirent si bien, qu'il devint également habile dans presque tous les idiomes connus de l'Europe et de l'Asie. Il en connaissait treize, tant anciens que modernes, sans compter la langue française. Aussi fut-il nommé professeur de langues orientales au college de France, et ensuite (1796) conservateur à la bibliothèque nationale, en remplacement de Chamfort. Il paraît qu'il ne joua aucun rôle pendant la révolution, et que même il en désapprouva les excès avec assez de franchise. Le 18 fructidor an v (1797), il fut proscrit par le Directoire, pour avoir proclamé, dans une Lettre im- ' primée, la nécessité d'avoir en Fran

ce un seul chef; il séjourna successivement dans plusieurs départements. Enfin il se fixa à Angoulême, où il occupa, jusqu'à la clôture de l'école centrale, la chaire d'histoire naturelle et ensuite celles d'humanités et de mathématiques. Ce qui acheva de le décider à vivre ainsi au fond d'une province éloignée, fut moins encore l'avantage d'une place médiocrement lucrative qu'il eût obtenue facilement en toute autre ville dela France, que le ressentiment profoud qu'avaient laissé dans son cœur plusieurs querelles littéraires. Il faut convenir, au reste, qu'il n'eut jamais raison dans ces discussions qu'avaient amenées les prétentions excessives ou prématurées de son orgueil, et qu'envenimaient bientôt ses réponses acerbes et hautaines aux observations qu'il eût fallu réfuter. Lefebvre de Villebrune avait beaucoup de lecture, de la sagacité, même de la persévérance au travail; mais il lui manquait cette justesse de pensées qui sait partout discerner le vrai du faux, le certain da probable, et cette patience par laquelle on envisage un objet sous toutes les faces, pour donner à un ouvrage le dernier degré de perfection. On lui reprocha, et c'était à juste titre, des inexactitudes, des lacunes et des fautes; et il s'en offensa, au lieu de rendre grâces aux aristarques ou de profiter de leurs avis. Il est malheureux qu'un savant aussi capable de produire un ouvrage monument, s'il fût resté à la source des lumières, et s'il eût mis à ses travaux le soin convenable, se soit cr obligé de se confiner dans un département, à cent lieues de Paris. Il y vécut environ dix ans, à-peu-près oublié des érudits de la capitale et apprécié par peu de personnes. Outre ses appointements comme professeur,

7

il avait obteņu, à la sollicitation du préfet de la Charente (Rudler), une pension de cinq cents francs; et cet administrateur, qui cherchait sans cesse à améliorer le sort de Lefebvre de Villebrune, avait écrit au ministre de l'intérieur, pour qu'on le mit à même d'exister sans l'assujetir au travail pénible d'une classe, lorsque celui-ci mourut à Angoulême, le octobre 1809, âgé de soixante-dix-sept ans. Il avait publié environ quatre-vingts ouvrages relatifs aux arts, aux sciences, à la médecine et à la politique, les uns composés par lui-même, les autres dont il ne fut que traducteur ou même éditeur. Nous ne citerons que les principaux: I. Les Nouvelles de Cervantes, trad. nouv., avec des notes, Paris, 1775, 2 vol. gr. in8°. II. La Deuxième guerre punique, poème de Silius Italicus, trad. en fr., etc., Paris, 1781, 3 vol. in12. III. Dictionnaire des particules anglaises, Paris 174, in-8°. IV. Manuel d'Épictète et Taleau de Cebès, avec un traduction çaise et des notes, Paris, Didot jeune, an III (1795), 2 vol. in 18. Il avait donne auparavant une édition grecque de cet ouvrage, mais sans y joindre l'opuscule de Cebès, sous le titre d'Epicteti enchiridion græcè, c notis, etc. V. Les Aphorisme: les Prénotions oaques d'Hippocrate, Paris, 1786, pet. in-8°. Il avait aussi publie precédemment le texte grec, Paris, 1779, in-12. VI. Les Mémoires de

[ocr errors]
[blocks in formation]
« ZurückWeiter »