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obstacles à vaincre, les moyens à employer pour parvenir au but. Elle devient un principe d'explication pour toutes les conduites particulières de Dieu sur vous, pour les circonstances diverses où il vous place, les différents états intérieurs ou extérieurs par lesquels il vous fait passer, les rencontres qu'il vous fait faire, les relations qu'il vous crée, les épreuves qu'il vous envoie, les croix qu'il vous impose. Elle est le soleil de votre firmament et la boussole de votre navire. C'est bien plus qu'une lumière, c'est un soutien, c'est un aiguillon, c'est une force, une vertu, une onction, une grâce. Telle est du reste toute lumière qui vient de Dieu elle est comme Dieu lui-même qui, étant splendeur et vérité, est en même temps bonté et puissance. L'œil de Dieu qui nous illumine, c'est toujours la main de Dieu qui nous porte ou nous pousse, et au fond c'est toujours son cœur qui nous aime. Comment d'ailleurs une lumière comme celle dont je vous parle ne serait-elle pas un secours puissant? Que montre-t-elle en effet, que montre-t-elle partout, au commencement, au milieu, à la fin? L'amour de Dieu pour vous, l'amour qui est Dieu, vous créant spontanément en vous-même, vous créant gratuitetement et divinement dans le Christ', vous appelant, vous conduisant, vous sanctifiant, vous béatifiant ? N'est-ce pas fait pour encourager? Qu'est-ce qui encouragera une créature si ce n'est d'être aimée jusque-là par son Créateur et de le savoir et de le sentir?

Cependant cette notion générale de votre état ne peut pas vous suffire, et nous devons en venir à des vues plus particulières.

Vous savez toutes qu'il y a trois ordres dans la hiérarchie angélique et qu'il y a trois chœurs dans chaque ordre. Il y a aussi trois états dans l'Église, le clergé, les religieux et les

Ephes., 1, 10.

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séculiers; et dans le clergé, il y a les évêques, les prêtres et les ministres. De même dans la Religion proprement dite, il y a les contemplatifs, les actifs et les mixtes, et enfin il y a, dans chacune de ces catégories, des instituts divers ayant chacun son but, sa forme, sa constitution, son esprit, son œuvre et son nom qui d'ordinaire signifie tout cela.

Vous avez lu cent fois ce qui est écrit du Christ dans le psaume où sont chantées ces noces dont parle l'Apocalypse et dans lesquelles l'Évangile déclare que consiste le mystère du royaume de Dieu1: Myrrha, gutta et casia a vestimentis tuis in domibus eburneis, in quibus delectaverunt te filiæ regum in honore tuo: « La myrrhe, l'aloès et le cinnamome découlent de vos vêtements et embaument les maisons d'ivoire où les filles royales, les princesses qui sont vos épouses travaillent à vous réjouir et à vous honorer ». Vous faites partie, Mes Sœurs, de ces vêtements du Christ; vous adhérez à Dieu par le Christ; vous êtes dans ces maisous de pureté, d'innocence et de lumière qu'embaume le Fils de Dieu; vous êtes ces nobles filles, ces filles du Père céleste, qui vous employez toutes aux délices et à la gloire de Jésus. Mais quel parfum particulier exhale cette portion de vêtement que vous formez à Notre-Seigneur ? Est-ce la myrrhe, est-ce l'encens, est-ce le baume? Quelle est la grâce propre de votre Institut, l'influence de Jésus en vous, la nuance du rayon qui est la lumière de votre Congrégation, votre raison d'être dans l'Église, votre idée divine, votre théorie, votre mystère; ce qui forme, pour ainsi parler, votre essence surnaturelle, et ce qui constitue votre esprit? Il est très-important de le savoir pour arriver à des pratiques certaines, à des actes réguliers, à des travaux féconds, enfin à un parfait ajustement de votre vie et de vos œuvres aux conceptions divines.

'Matth., XXII, 2.- Psalm. xliv, 9.

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Il me semble que tout cela est exprimé par ce beau nom d'Assomption qui est devenu votre nom propre. L'Église de la terre commence le ciel et en suit déjà les lois. Là haut le nom dit l'être. Tout est vrai dans la gloire : tout y ressemble à Dieu : Dieu a un nom plein d'être. Mais tandis que le nom personnel de Dieu dérive de ce qu'il est, le nom que Dieu nous donne en nous prédestinant est la cause de ce que nous sommes et la loi de ce que nous devons être. Il dit notre forme idéale et devient le programme de notre vie. C'est un nom à réaliser; et ce nom céleste librement réalisé par nous sous l'influence royale de la grâce, c'est la gloire.

Or, si la douce Providence de Dieu s'étend à tout, aux oiseaux, aux herbes, aux cheveux de notre tête, pensez si elle s'étend à la formation et au baptême des ordres religieux! Tenez donc pour certain que Dieu vous a lui-même donné votre nom d'Assomption. C'est ce qu'il s'agit de méditer et, s'il plaît à Dieu, de comprendre. Je vous dirai donc comme je le pourrai ce que le Saint-Esprit me donne d'aper cevoir de votre mystère, de votre esprit et de votre œuvre, et d'abord de votre mystère.

I

L'Assomption est le dernier mystère de la vie terrestre ou historique de la très-sainte Vierge. Dans son fond, c'est l'épanouissement suprême de ce que la main de Dieu a semé de grâces divines dans cette incomparable créature. Vous savez ce qu'en raconte une tradition universelle adoptée

par la sainte Église. Marie venait de mourir, non pour le devoir à cause du péché, mais parce que la mort tient à la condition radicale de la chair: Pro conditione carnis 1. Elle était morte aussi, parce que sa destinée et sa volonté étant de suivre Jésus pas à pas, dès que Jésus avait daigné descendre dans la mort, il était nécessaire qu'elle aussi y descendît. Les Apôtres l'ensevelirent. Revenus après trois jours, ils trouvèrent le tombeau vide, et il leur fut révélé que la sainte Mère de Dieu avait été enlevée au ciel selon le corps, au milieu d'une multitude d'anges et parmi des concerts célestes. Il n'y a pas à douter que l'auteur des Cantiques n'ait prophétisé et décrit ce mystère en disant : Quæ est ista quæ ascendit de deserto, deliciis affluens, innixa super dilectum suum * ? « Qui est celle-ci qui s'élève du désert, enivrée « de délices, appuyée sur son bien-aimé ? »

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Mais c'est une loi absolue du royaume de Dieu que le dehors n'y est jamais que l'effet et le signe du dedans. Saint Clément de Rome raconte, en ses Épîtres, qu'interrogé par les Apôtres sur le temps où adviendrait le royaume de Dieu, Notre-Seigneur leur répondit : « Quand deux seront devenus « un et que le dehors sera comme le dedans 3. » Cela se vérifie très-particulièrement dans la très-sainte Vierge, qui est la plus vraie, la plus sincère de toutes les créatures, et qui, plus que toute autre, mérite d'être appelée : Royaume de Dieu. Omnis gloria filiæ Regis ab intus". « Toute la gloire « de cette fille du Roi est d'abord au dedans », et c'est de là qu'elle rayonne. Il s'ensuit que son Assomption visible n'était que la conséquence et la déclaration d'un état intérieur et d'une véritable Assomption spirituelle. Il y a plus: c'est qu'encore qu'entre la Conception Immaculée et la glo

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* Cuni duo erunt unum et quod foris ut quod intus. Epist. II, ad Corinth.

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cap. 12. Psalm. XLIV, 14.

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rification suprême de cette créature bénie, il y ait eu des progrès qui ne se peuvent pas mesurer, il est très-vrai de dire que, vu l'excellence de sa grâce originelle et l'union si parfaite où cette grâce la mettait avec Dieu; vu l'étonnante élévation, le dégagement, la pureté, la liberté, la sainteté que cette union divine produisait dans son âme ; vu aussi sa fidèle et totale correspondance à la grâce, Marie a été positivement assumée dès son origine et qu'elle a vécu assumée. Elle est née sur une cime: Fundamenta ejus in montibus sanctis'. Elle est née tout à fait en haut, dans le ciel ; et encore qu'elle touchât la terre par les pieds, ayant une vie terrestre très-réelle, au fond elle menait une vie toute céleste « Voici que je vis, dit saint Jean, un grand signe << dans le ciel, la femme qui est revêtue du soleil et qui a << la lune sous les pieds 2. »

Le type de cela est en Jésus dont Marie est le miroir. Au fond c'est l'Incarnation du Verbe de Dieu qui est la véritable Assomption de notre pauvre nature. La première créature assumée, c'est la très-sainte humanité de Jésus. Le mot d'Assomption est consacré en théologie pour signifier l'acte merveilleux et saint par lequel le Verbe incréé prend possession de la nature humaine et l'élève à sa vie propre en devenant sa personne. Marie fut le lieu et le moyen de cette première et toute divine Assomption. C'est elle qui librement fournit au Verbe cette nature qu'il daignait prendre. Cette contribution volontaire à ce mystère de grâce est le grand acte de la vie de Marie et le trait principal de sa physionomie spirituelle. C'est pour être Mère de Dieu qu'elle existe, qu'elle est ornée de tous les dons, enrichie de toutes les grâces et que le privilége devient sa loi.

Or, vous comprenez bien que, dès le premier moment de son existence, cette humanité de Jésus a vécu dans cet état

⚫ Psalm. LXXXVI, 1. — Apoc., XII, 1.

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