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Montmort donna une seconde édition de l'Essai d'analyse sur les jeux de hasard, Paris, 1713 ou 1714, in-4°.; elle est augmentée de sa curieuse Correspondance sur cette matière, avec Jean et Nicol. Bernoulli. On a encore de lui un Traité des suites infinies, que Taylor, son ami, fit imprimer dans les Transactions de 1717, avec une addition. Il travaillait à une Histoire de la géométrie; et l'on regrette que ce qu'il en avait fait soit perdu. Voy. son Eloge, par Fontenelle, Hist. de l'acad. des sciences, 1719. W-s. MONTPENSIER (FRANÇOIS DE BOURBON duc DE), connu aussi sous !e, nom de prince Dauphin, parce qu'il était dauphin d'Auvergne, naquit en 1539. Il était fils de Louis II de Bourbon, duc de Montpensier, et montra de bonne heure qu'il avait hérité de la valeur et des vertus de ses ancêtres. Il se signala au siége de Rouen, en 1562, et aux batailles de Jarnac et de Montcontour, en 1569. Il obtint, en 1574, le commandement d'une des trois armées chargées d'agir contre les protestants; il pénétra dans le Dauphiné, enleva quelques places au brave Montbrun, mais fut obligé de lever le siége de Livron. Il passa en Flandre à la suite du duc d'Anjon, et contribua à rallier les débris de l'armée, après la déroute d'Anvers (V. ANJOU, II, 187), Honoré de la confiance de Henri III, il fut envoyé par ce prince en Angleterre, pour solliciter des secours contre la Ligue; et après l'horrible attentat de Jacques Clément, il fut l'un des premiers à reconnaître les droits incontestables de Henri IV à la couronne. Il se distingua, en 1590, aux batailles d'Arques et d'Ivri, soumit Avranches, et mourut à Lisieux, le 4 juin 1592, laissant un fils unique, nommé

Henri, qui lui succéda dans le duché de Montpensier. C'était un prince généreux, compatissant, et exact à remplir ses promesses. Il haïssait la flatterie; et lorsque des courtisans lui rappelaient les succès qu'il avait obtenus : : « Oui, disait-il; mais dans d'autres occasions, j'ai commis des fautes. » W-s.

MONTPENSIER (CATHERINEMARIE DE LORRAINE, duchesse DE), fille du duc de Guise assassiné devant Orléans, était née en 1552, et fut mariée, en 1570, à Louis II, duc de Montpensier. Cette princesse était boiteuse; et l'on dit que la haine furicuse qu'elle manifesta contre Henri III venait de ce que ce monarque l'avait raillée à ce sujet : mais il est plus probable qu'elle ne put lui pardonner la mort de ses frères; et en effet, ce n'est que depuis la tenue des états de Blois qu'on la retrouvé dans toutes les conspirations qui se succédèrent contre l'état ou centre la personne du roi. Elle ent des prédicateurs à ses gages pour insulter ́ Henri III en chaire; et elle poussa l'audace jusqu'à tenter de le faire enlever. Il se contenta de lui dorner l'ordre de sortir de Paris; mais elle n'obeit point, et continua de se montrer publiquement avec les ligueurs les plus forcenés: elle portait ordinairement à sa ceinture des ciseaux d'or, et elle répéta plusieurs fois que ces ciseaux lui serviraient a tondre frère Henri de Valois. Les succès qu'obtenait son frère, le duc de Maïenne, augmentèrent encore son exaltation. La reine lui en ayant fait un jour des reproches : « Que voulez-vous, répondit-elle ; je ressemble à ces braves soldats qui ont le cœur gros de leurs victoires. » Elle sauta au col du premier qui lui annonça que Henri III venait d'être assassiné, et

l'on assure que dans son délire elle s'écria: « Je ne suis marrie que d'une chose, c'est qu'il n'ait pas su avant de mourir que c'est moi qui ai fait le coup: » paroles horribles, et qui ont donné lieu de conjecturer que c'était elle qui s'était chargée de séduire Jacques Clément, et qu'elle avait tout sacrifié pour y réussir (Voy. le Journal d'Henri III, la Satire Menippée et les autres écrits du temps). Elle monta en carrosse avec la duchesse de Nemours, sa mère, et parcourut les rues de Paris criant: Bonne nouvelle! et distribuant aux passants des écharpes vertes. Cette princesse resta ensuite enfermée dans Paris, s'exposant à toutes les horreurs du siége, pour affermir, par ses discours et par son exemple, les habitants dans leur rebellion. En apprenant que les portes avaient été ouvertes aux troupes du nouveau roi, elle fut consternée, et demanda s'il n'y avait pas quelqu'un qui pût lui donner un coup de poignard dans le sein. Cependant Henri IV, en arrivant, lui envoya le bonjour, la faisant assurer qu'il la prenait sous sa protection particulière; et, dès le soir même, ce bon prince la reçut, et joua aux cartes avec elle. La duchesse de Montpensier, habile à dissimuler, feignit de se réconcilier sincèrement avec le roi. Henri IV lui ayant demandé si elle n'était pas bien étonnée de le voir à Paris : « Je n'eusse, répondit - elle, desiré qu'une seule chose, c'est que M. de Maïenne, mon frère, vous eût abaissé le pont pour y entrer. Ventresaint-gris, repliqua le roi, il m'eût fait possible attendre long-temps, et je ne fusse pas arrivé si matin. »> En 1595, le bruit s'étant répandu que le parlement voulait faire rechercher les auteurs de tous les dé

a

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sordres commis pendant la Ligue, la duchesse de Montpensier conçut une si grande frayeur qu'elle alla se réfugier auprès de Catherine de Bourbon, qui habitait alors le château de Saint-Germain. Elle se rassura cependant, et revint à Paris, où elle mourut d'un flux de sang, le 6 mai 1596, à l'âge de quarantecinq ans, sans postérité. Lestoile remarque, dans son Journal, qu'il fit ` cette nuit-là un grand tonnerre, et ajoute qu'il devait avoir rapport à son esprit malin, brouillon et tempétueux. W-s.

MONTPENSIER (ANNE-MARIELOUISE D'ORLÉANS, connue sous le nom de MADEMOISELLE, duchesse DE), naquit à Paris, le 29 mai 1627, de Gaston, duc d'Orléans, et de Marie de Bourbon, héritière de la maison de Montpensier. Elle fut tenue sur les fonts par la reine Anne d'Autriche et par le cardinal de Richelieu. Une des singularités les plus remarquables de l'histoire de Mlle. de Montpensier, c'est la quantité de mariages qu'elle souhaita ou qui lui furent proposés. Ces projets d'établissement occupèrent une partie de sa vie, et eurent la plus grande influence sur sa conduite. Elle sortait à peine de l'enfance, et Louis XIV était encore au berceau, qu'on la nourrit dans l'idée qu'elle serait l'épouse du jeune roi. La reine-mère elle-même la confirma dans cette flatteuse espérance; et la princesse, après l'avoir conservée bien longtemps, ne se vit pas obligée d'y renoncer sans éprouver de la douleur et du ressentiment. Pendant près de vingt ans, Mademoiselle se flatta d'être un jour reine de France. Elle n'eût pas été tant occupée de ses projets d'alliance, si Louis de Bourbon, comte de Soissons, ne fût pas

mort en gagnant la bataille de la Marfee (1641). Gaston l'avait destinée à ce prince, compagnon de son exil. Depuis, Anne d'Autriche voulut unir Mademoiselle au cardinal infant, son frère, gouverneur-général de la Flandre: la mort de ce prince, en 1642, mit fin à la négociation. Trois ans après, le roi d'Espagne, Philippe IV, devint veuf, et il fut question de lui faire épouser Mademoiselle: Anue et Mazarin abusèrent le duc d'Orléans et sa fille, par des promesses qui n'eurent aucun résultat. Un émissaire secret du roi d'Espagne fut arrêté et emprisonné. C'est alors que la jeune princesse se convainquit du peu de desir que le premier ministre, malgré ses protestations de service, avait de lui être véritablement utile: elle en conçut une haine qu'elle jura de satisfaire, lorsqu'elle en trouverait l'occasion; et les troubles qui menaçaient la puissance du cardinal lui promettaient de sûrs moyens de venMadegeance. Dans le même temps, moiselle crut, à plus d'une reprise, épouser l'empereur; elle sacrifia à cet hymen, qui ne pouvait flatter que son ambition, le prince de Galles, depuis roi d'Angleterre, Charles II. Ses espérances furent trompées; il en fut de même de son union avec l'archiduc Léopold, frère de l'empereur, auquel on prétendait procurer la souveraineté des Pays-Bas. Enfin, on voulut encore faire épouser Mademoiselle au duc de Savoie. La carrière de cette princesse avait été remplie par des intrigues relatives à ses projets d'alliance, lorsque les troubles de la Fronde éclatèrent. Par devoir, elle resta d'abord fidèle à la cour; cependant son esprit fier, élevé, entreprenant, l'avait fait rechercher des Frondeurs. Son humeur remuante et son ressentiment au

vre;

raient pu la porter à les écouter. Au mois de janvier 1649, lorsque la cour quitta Paris, elle hésita à la suiil fallut des ordres exprès de son père et de la reine, pour l'y décider. Elle fut la seule princesse pour laquelle les rebelles conservèrent du respect: ils lui accordèrent plus d'une fois ce qu'ils refusaient à la reine; ct, certains que, dans le fond, Mademoiselle leur était entièrement dévouée, ils ne balancèrent point à se servir d'elle pour gagner à leur parti des personnes attachées à la cour. Une première paix suivit cette première insurrection. La reine ne voulut pas rentrer aussitôt dans la capitale: Mademoiselle s'y rendit, et fut l'objet des égards les plus empressés. La tranquillité ne fut pas de longue durée; mais les chefs des partis avaient changé : le prince de Condé s'était brouillé avec la cour et les Frondeurs; il en était devenu la victime. Monsieur s'étant uni à la reine ct an ministre, sa fille ne pouvait que l'imiter; d'ailleurs clle avait voué, sans raison il est vrai, la haine la plus décidée au prince de Condé, et elle était heureuse de le voir persécuté. En 1650, elle accompagna la cour, lors du voyage de Guienne. Dans les perpétuelles variations des affaires, les intérêts de chacun ne demeuraient pas long-temps les mêmes. Le cardinal ne sut pas ménager ses allies; il se sépara des Frondeurs, et Mademoiselle se vit de nouveau recherchée par les ennemis du ministre. Dans ce temps, la reine et Mazarin lui témoignaient la plus grande confiance; ils lui demandaient souvent son avis. Cette princesse, douée d'un esprit élevé et propre aux gran-des choses, placée alors entre deux partis, jugeait, avec plus d'impartialité que ceux qui appartenaient à l'un

ou à l'autre, ce qui se faisait et ce qu'il était utile de faire; aussi donna-t-elle plus d'une fois de bons conseils. Les prévenances de la reine et du ministre avaient pour but de ga gner Mademoiselle et Gaston, qui s'éloignaient tous les jours du cardina!: cette division forma un parti à Mademoiselle, au milieu de la cour; les mécontents et les amis de son père se rassemblaient en grand nombre autour d'elle. La jeune princesse, née avec une haute ambition, fut flattée de jouer un rôle ; elle s'y habitua facilement, et ne voulut plus le quitter. Monsieur se déclara bientôt contre Mazarin; Mademoiselle, dont l'amour pour son père n'était point encore diminué, partagea ses sentiments; d'ailleurs elle n'oubliait pas les mauvais procédés du cardinal à son égard: elle conserva cependant des liaisons avec la cour, et ne se brouilla ouvertement que lorsque Monsieur fit cause commune avec le prince de Condé, contre la reine et le ministre. On en vint bientôt à la guerre civile. Le roi, qui était allé visiter le midi de la France, voulut s'approcher de Paris. Gaston envoya sa fille à Orléans, vers le milieu de mars 1652, afin de maintenir cette ville dans son parti, et empêcher l'armée royale de s'en emparer. Comme les gens du roi demandaient à entrer, lorsqu'elle arriva devant les portes, les habitants hésitaient s'ils la recevraient. C'est alors que, visitant extérieurement les remparts, Mademoiselle trouva une vieille porte qui n'était pas gardée; elle entra, non sans peine, par une petite ouverture qu'on parvint à y pratiquer. Reçue presque de force dans la ville, elle y commanda souverainement, et empêcha qu'on n'y admit aucun des gens de l'armée du

roi. Elle y resta six semaines, et revint à Paris qu'entouraient l'armée royale et celle des révoltés. Les applaudissements de toute la Fronde signalèrent son entrée dans la capitale; on la proclama l'héroïne de son parti: elle y obtint une grande importance, en s'attachant, par son caractère ferme, audacieux, ceux qui se défiaient de la pusillanimité si connue du duc d'Orléans. L'influence de Mademoiselle ne tarda pas à être augmentée par un service inappréciable qu'elle rendit à son parti. Îl se donna le 2 de juillet, dans le faubourg Saint-Antoine, un combat sanglant: le prince de Condé, inférieur en nombre, fut battu, et ses soldats forces de se retirer jusqu'aux portes de la ville: c'en était fait d'eux, si Mademoiselle, qui depuis long temps avait perdu son antipathie pour Condé, et qui dans ce moment oublia quelques nouveaux griefs qu'elle avait contre lui, ne fût venue à son secours. Il n'y avait guère que des étrangers qui combattissent contre le roi ; le peuple de Paris était las de la guerre et de la rebellion; le duc d'Orléans se tenait inactif par lâcheté, le parlement par crainte, beaucoup de particuliers par politique: aussi Condé était abandonné, et on lui refusait les portes de la ville, lorsque Mademoiselle, par ses démarches, décida les bourgeois à les lui ouvrir, et sauva son armée (1). Le même jour, la princesse vint à la Bastille; le gouverneur promit de lui obéir, si elle Ini montrait un ordre de Monsieur: elle l'obtint, et en profita pour faire

(1) Il y a nne petite lacune daus les Mémoires de Mademoiselle, à l'époque du 2 juillet elle ne do que les détails de ce qui se passa à la fin de cette jource.

tirer quelques coups de canon (1) sur les troupes du roi, qui poursuivaient les rebelles, et elle assura par-là l'entrée de ces derniers dans Paris. C'étaient-là les derniers efforts d'une faction qui s'éteignait. Chacun voulait le repos, et cherchait à se l'assurer en négociant avec la cour. L'incendie et le massacre de l'hôtel - deville, qui suivirent de près le combat du 2 juillet, et que Mademoiselle contribua beaucoup à faire cesser, dégoûtèrent pour toujours le peuple des troubles et de ceux qui les entretenaient. Monsieur fut des premiers à faire son accommodement; et cet homme lâche, ne trouvant point alors des sentiments qu'il n'avait jamais eus pour sa fille, l'abandonna tout-à-fait : jaloux d'une conduite qui accusait la sienne, et qu'il n'avait approuvée qu'avec peine, il la condamna, redoutant que des actions hardies ne le compromissent. Dans ces conjonctures, Mademoiselle craignit pour sa liberté et se cacha; puis, sortant de Paris, elle se retira dans des châteaux éloignés, chez des personnes qui lui étaient attachées. Rassurée plus tard de ce côté, elle s'en alla dans sa terre de Saint-Fargeau, et continua d'entretenir des intelligences avec le prince de Condé, qui s'était joint aux Espagnols. Réduite, contre son gré, à une vie tranquille, l'activité de son esprit se porta vers l'étude. Elle nous apprend qu'elle se mit à lire beaucoup, et à écrire quelques morceaux qu'elle se plaisait à voir imprimer sous ses yeux. C'est dans ce temps que, d'après l'avis des personnes qui l'entouraient, elle commença les Mémoires qu'elle nous a

(1) On sait que Mazarin dit en les entendant Ce canon-la vient de tuer son mari.

laissés. Une cour peu nombreuse, mais bien choisie, était rassemblée à Saint-Fargeau; et ce fut pour l'amusement de cette société distinguée, que Ségrais composa ses Nouvelles françaises. L'exil de Mademoiselle fut encore occupé d'une manière moins agréable, par les démêlés qu'elle eut avec son père, touchant ses intérêts. Ce prince, qui n'avait pour elle aucune tendresse, qui traversa plus d'une fois les projets d'établissement dont elle faisait sa plus grande affaire, et qui voulait que l'immense fortune de sa fille aînée fût partagée par ses autres enfants, lui suscita une foule de difficultés; mais on doit l'excuser un peu, et attribuer en partie cette conduite à ceux qui le dirigeaient. Enfin, ces différends furent apaises; et Mademoiselle, réconciliée avec son père, eut la permission de retourner à la cour. Elle la rejoignit sur les frontières, en août 1657. Après une absence de quatre ans, elle fut très-bien reçue; et comme ses projets de mariage devaient faire la plus grande occupation de sa vie, on lui parla dans ce temps d'épouser Monsieur, frère du roi, plus jeune qu'elle de douze ans ; mais il n'en fut pas long-temps question. On lui proposa plusieurs petits princes, qu'elle refusa, puis le fils du prince de Condé. Ce qu'il y a de singulier dans cette dernière alliance, outre la disproportion d'âge, c'est qu'on avait pensé plus d'une fois au mariage de Mademoiselle et du prince de Condé lui-même, et que ce bruit se renouvelait chaque fois que la princesse de Condé éprouvait quel

que

maladie. Une négociation plus importante fut celle du mariage de Mademoiselle avec le roi de Portugal. C'était à la fin de 1662.

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