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établiffement ne réuffiffe pas en Bourgogne; il a d'ailleurs quelques inconvéniens qui ont fait dire à Sully, qu'il s'oppofa autant qu'il put à l'établissement des mûriers en France. Quoi qu'il en foit, Dijon, Belley, Bourg, ont des métiers. en bas de foie, pour employer celle du Pays. Les foies qu'on recueille en Bugey font trèsbonnes, & fe vendent à Lyon. C'est leur bonté qui engagea M. de Fleury à établir une trèsbelle Manufacture à Pont-de-Veyle, où il y a quarante métiers en foieries façon d'Angleterre, & fix en fauteuils façon des Gobelins. A Nantua il y a une Manufacture pour tordre les foies & pour les filer.

Les Manufactures de toilerie que nous paroiffons avoir préférées aux autres, parce qu'elles foutiennent la culture du chanvre, & qu'en fe fubdivifant à l'infini dans les campagnes, elles y font une reffource de plus dans les faifons. mortes pour les travaux de la terre, ont encore cet avantage que leurs rebuts & les chiffons de linge ufé, s'emploient aux Papéteries, dont il y a un nombre confidérable dans la Province. Nous avons déjà rappellé les caufes de la fupériorité de nos chiffons, fur ceux des autres Pays; cependant nos papiers ne confervent pas cette prééminence des matieres premieres nous avons plus de trente Papéteries & deux Cartonneries, fans compter la belle Papéterie à cylindre, d'une feule piece établie 'directement à la fource de la Vouge, Bailliage de Nuys, par la protection des Etats. Cette belle machine exige une defcription particuliere que

l'on verra dans une differtation féparée, fur les Papéteries, relativement aux avantages qui peuvent réfulter à la Province, de cette branche de commerce, dont le débit eft prodigieux.

On fent dans quels détails immenfes il faudroit fe jeter, fi on vouloit parcourir fuceffivement, & avec quelque étendue, les différens genres d'industrie & de commerce cultivés en Bourgogne, comme la Mégifferie, la Chapellerie, &c. les Fayanceries, à la tête defquelles eft la belle Fayancerie d'Aprey, les Verreries, les Tuileries, les Poudreries & Salpêtreries, &c. la Manufacture des glaces établie à Rouelle, celle des montres, à Bourg, &c. Nous nous fommes contentés de parcourir rapidement les principaux objets du commerce, & les branches les plus utiles, réfervant les autres, pour la defcription particuliere des lieux, foit pour des differtations féparées lorfqu'elles mériteront d'être approfondies. Nous n'avons qu'un fouhait à former pour le commerce de la Bourgogne, c'eft de fupprimer enfin les entraves qui le gênent, & d'augmenter les débouchés & la facilité du tranfport, par la construction du Canal de jonction des mers, tant de fois propofé; c'est alors qu'on verroit la population s'accroître avec les richeffes, en portant les travaux de l'industrie au plus haut dégré de perfection.

foit

SECONDE PARTIE.

La Bourgogne confidérée comme Pays d'Etats.

L'UN des Privileges les plus précieux de la

Province, confifte dans la poffeffion qu'elle a confervé de régler fon adminiftration économique, & la répartition des impôts, foit dans une Affemblée générale du Clergé, de la Nobleffe & du Tiers-Etat, foit par des Députés ou Administrateurs tirés de ces trois Ordres & qui font connus sous le nom d'Elus Généraux.

Les Etats de Bourgogne, formés fur le modele des anciens Etats Généraux du Royaume, dans lesquels les Députés de cette Province tenoient le premier rang après le Prévôt de Paris, ont leur origine fuivant Gollut & quelques autres Auteurs, dans les anciennes Affemblées que les Germains & les Gaulois tenoient au mois de Mars, ou aux Placités ou Plaids qui étoient en ufage fous la feconde Race.

St. Julien de Balleure (Hift. des Bourguignons, pag. 63.) affure que les Etats de Bourgogne «fe trouvent fondés en titres & conventions » faites, non-feulement avec Carloman, fils de » Louis - le - Begue, lorfqu'ils lui adhérerent au » préjudice de Bofon, qui s'intituloit Roi de » Bourgogne, mais encore avec le Roi Robert,

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quand ils laifferent Landry, Comte d'Auxerre, » pour fuivre le parti de Henri, fils aîné du »Roi: ce qu'ils firent pour l'avantage du Pays » & le renouvellement de leurs Privileges; mais » fur-tout confirmation des Etats, & pouvoir » des Elus d'iceux. Il ajoute, page 64, qu'ils » ont acquis cet établiffement au prix de leur » fang, & qu'ils l'ont toujours confervé avec » tant de peines, diligences & dépenfes qu'il leur » a été poffible ». Ce Privilege fut fans doute l'un de ceux de la Province que le Roi Robert confirma avec ferment, en prenant folemnellement poffeffion du Duché en 1015.

Les Etats firent fouvent des remontrances très-fortes fur les impôts dont le Prince demandoit l'établiffement. Îls répondirent au Duc Ro. bert II, qui vouloit établir la Gabelle, qu'ils ne pouvoient acquiefcer à cette innovation; mais que la Nobleffe offroit fon épée pour la défense du Royaume. Dans une Affemblée extraordinaire, ils confentirent de payer à ce même Duc le dixieme des revenus pendant deux ans, aux conditions qu'il s'engageroit à faire fabriquer la monnoie néceffaire au Pays, & d'en entretenir le titre & le prix fixe.

Le Roi Jean, tuteur de Philippe de Rouvre, ayant propofé en 1355 l'impofition de la Gabelle déjà établie dans les autres Provinces, les Etats lui firent la même réponse qu'ils avoient faite au Duc Robert. Après la mort de fon pupille, ce Roi ayant réuni la Bourgogne à fa Couronne, donna, le 25 Octobre 1361, des Lettres-Patentes, par lefquelles il confirma les Privileges des Habi

tans,

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tans, & voulut que les Etats & Sujets de ce Duché demeuraffent en leurs franchises & libertés. Philippe-le-Hardi, fon quatrieme fils, auquel il remit le Duché de Bourgogne, les approuva de nouveau, par Lettres datées de Gray, le 11 Novembre 1384.

Ce fut fur la pourfuite des Etats, que la Coutume fut rédigée par écrit, de l'autorité de Philippe le Bon, en 1439.

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Le Duc Charles ton fils, qui, fuivant l'expreffion de St. Julien de Balleure (Hift. p. 68.) ne mefuroit toutes chojes qu'à l'aune de fes volontés, fit propofer aux Etats tant de nouveaux fubfides, que toutes les Chambres en étoient étonnées mais les Etats firent réponse aux Commiffaires du Prince: dites à Monfeigneur le Duc, que nous lui fommes très-humbles & obéiffans Sujets & ferviteurs; mais que quant à ce que vous nous avez propofé de fa part, il ne fe fit jamais, il ne peut fe faire, & il ne fe fera pas: Petits compagnons, ajoute l'Hiftorien, n'euffent pas ofé tenir ce langage.

Ce Prince ayant été tué devant Nancy, les trois Ordres arrêterent, avec les Ambaffadeurs de Louis XI, les articles de leur foumiffion. Ils portent, « que les Etats ayant vu les Lettres du » Roi, aux bonnes Villes de Bourgogne, ont » déclaré, tant en leur nom, que celui de tous les Sujets du Duché, vouloir entiérement » obéir au Roi..... offrant de remettre en fa » main le Duché, avec les Comtés & Terres y » enclavées..... à condition que les trois Etats » jouiront de leurs privileges, à toujours, fans y Tome I. Ff

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