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liorée par la culture annuelle & les eaux plu viales. Si l'on veut creuser un peu bas le terrein, on eft arrêté par l'eau, dont le niveau eft ordinairement à quinze ou feize pieds; c'eft par cette raifon que les Villes d'Auxonne, St. Jeande-Lône, Seurre, Chauffin, &c. font conftruites en brique ou en bois : l'éloignement des carrieres, la chereté du tranfport des pierres & des pavés n'en permettant pas l'ufage, ce n'eft que dans les Villes qui font le long de la Côte, & plus à portée des carrieres, que l'on emploie communément la pierre à bâtir & les pavés d'échantillon.

Toute la pente de la Côte & de l'arriere-Côte n'offre que des carrieres de pierres à bâtir, ou propres à être employées dans les ouvrages polis, comme tables, cheminées, &c. On s'eft d'abord fervi, pour bâtir dans la Capitale, des carrieres de Chenôve & d'Afnieres, qui font à la fuperficie de la terre; tous nos anciens édifices, même les tours & les murs de Dijon, décrits par Grégoire de Tours, & les monumens trouvés après leur démolition, en fcnt foi: ces pierres font d'un blanc pâle, pleines, entieres & tendres; mais en même temps elles font fujettes à geler, à s'étonner, à fufer en leurs pare mens & à s'affaifer fous le poids des conftructions; inconvéniens qui les ont fait abandonner. La pierre d'Afnieres étant d'un grain plus fin, a été réfervée pour les Statuaires. Les carrieres de pierres dures, propres à bâtir, n'ont été ouvertes que bien poftérieurement à caufe de feur profondeur; elles font près des

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Chartreux on nomme pierre franche celle qu'on en tire; elle eft fupérieure en qualité à toutes celles des carrieres du Pays; elle forme une maffe continue à environ quarante pieds de profondeur, & à plus de cent pieds en terre, fans aucun joint. Sous ce banc énorme, on a trouvé un autre banc de pierre qui approche beaucoup de la nature du marbre, mais qui eft extraordinairement dure, qui fe taille bien, qui reçoit parfaitement le poli, & qui a le fond blanc carminé, taché de couleur jaune antique.

Toutes les différentes carrieres de Dijon gelent, à la réserve de ce dernier banc, fi on les emploie tout de fuite, parce qu'elles n'ont pas encore fué les eaux dont elles font imprégnées : la gelée concentrant ces eaux dans l'intérieur de la pierre avant qu'elles ne s'écoulent par les délits horizontaux, la fait éclater. Il fuffit donc que cette pierre foit expofée à l'air feulement trois femaines, dans les temps fecs pendant l'Eté, pour qu'elle réfifte toujours fans altération, fans qu'il foit befoin d'observer de la pofer fur fon lit de carriere, comme quelques-uns le prétendent.

Il y a une infinité d'autres carrieres le long de la Côte, comme à Marçannay, Couchey, Fixin, Brochon, Gevrey, Vougeot, Nuys, Corgoloin, Premeaux, la Doué, &c. Leur couleur en général, eft d'un rouge vineux, piqué de blanc, & leur nature eft à peu près la même ; elles different toutes des précédentes, en ce qu'elles ont la couleur & prefque la qualité de porphyre, fur-tout celle de Fixin, qui mérite la préférence fur toutes les autres, & à laquelle

il ne manqué que d'être vitrifiable, pour avoir toutes les qualités du vrai porphyre des Anciens, dont elle à la couleur, les taches blanches, le grain, la fineffe & le poli; toutes ces pierres font peut-être les meilleures du Royaume, par leur dureté & par le beau poli dont elles font fufceptibles, comme on peut s'en convaincre pat les différens ouvrages auxquels on les emploie, tels que des retables, autels, marches, pilaftres, vases, cheminées, parements, obėlifques, &c. &c.

On diftingue encore les carrieres de Baillyfur-Yonne, d'Anftrude & d'Arconfey en Auxois, d'Agey, d'Iffurtille, de Tournus, de Tify-enAuxois, dont on voit un bel efcalier à Fontainebleau, &c. &c.

Toutes les pierres que nous venons d'indiquer, font calcaires; les pierres à chaux, les marnieres, les crayons, ne font pas rares en Bourgogne, & fe trouvent fouvent à la fuperficie, ainfi que les glaifieres.

La variété infinie des terres fourniroit encore un long article; comme les terres à briques, qui font le long de la Saône & du Doubs, les terres à pipe, qu'on trouve dans le territoire de Verdun, les veines d'excellente marne qu'on rencontre le long du cours de la Brenne & des côtés de Saffres, la terre crayeufe d'entre Aifeyle-Duc & Châtillon, celle qu'on nomme airenne ou anvinne dans le Comté de Bar-fur-Seine, les terres graffes, blanches & favonneules de Lucenay-l'Evêque, de Cordeffe, qui feroient d'un fi grand fecours pour fertilifer les terreins les plus

ingrats, les terres bitumineufes & vitrioliques d'Epinac, Sully, &c. &c.

Nous avons auffi l'avantage de pofféder plufieurs carrieres de plâtre; celles de Mémont, de Montbar, & fur-tout celle de Decife, font les plus renommées à l'occident de la Paroiffe de Berzé-la-Ville en Mâconnois, on en voit une au fond de laquelle on a tiré de grands morceaux d'albâtre.

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Les pierres à mettre en oeuvre ne font pas les feules richeffes que la Bourgogne poffede en ce genre; plufieurs Cantons renferment des carrieres de marbre & d'albâtre, qui ne manquent, pour être plus célebres, que d'être mieux connues; nous en devons la premiere découverte à M. le Comte de Buffon, vers 1740. On avoit même établi à Dijon & à Beaune, fous la protection des Etats, divers Magafins d'ouvrages en marbre, mais ils ne fe font pas foutenus; nous renvoyons le détail de ces carrieres à la Defcription des lieux où elles fe trouvent.

Obfervons feulement que les plus beaux marbres, breches & albâtres, fe trouvent à SaintRomain, à la Rochepot & à Savigny, Bailliage de Beaune, & que Madame la Comteffe de Rochechouart a dans fon Château un riche Ca❤ binet d'hiftoire naturelle, pavé de trentre-cinq fortes de marbres de Bourgogne, prefque tous nuancés de couleurs différentes. Ceux tirés de Diou, Paroiffe de Semur en Brionnois, de Gilly,

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& de la Foffe près de Bourbon-Lancy, font d'un gris de fouris, veinés d'un peu de blanc & de jaune, qui peut leur donner le nom de faux portor; ils font d'un grand débit; on vient d'en paver l'Eglife de Notre-Dame de Paris. On trouve dans l'Auxerrois un lit peu épais de lumachelle dont on pourroit former de trèsjolies tables; la belle brocatelle de Bar-fur-Seine, à fond gris & bleu, eft remplie d'aftroites & de coquillages très-petits, dont la tranche fémitransparente forme des deffeins & des accidens curieux. Nous pourrions encore citer la pierre noire de Nolay, celle de Vitteaux, le marbre noir de Framayes en Mâconnois, le marbre blanc de Solutré dans le même Pays, &c. &c.

Toutes ces pierres & marbres font de nature calcaire, & on n'en voit point de vitrifiable, excepté dans le Morvand, l'Autunois & le Charolois, où prefque toutes les montagnes font de grais & de granit, en maffe ou en délitefcence; c'eft pour cette raifon que les pierres y tiennent de la nature du caillou ou du quartz, & qu'il s'y trouve de la pierre meuliere. M. le Comte d'Aligny en a fait exploiter une carriere à Manlay dans l'Autunois, avec fuccès.

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Il n'eft pas rare de rencontrer du jafpe, de l'agathe & du talc dans le même pays; la Bourgogne fournit dans cette partie, que l'on peut regarder comme le Monde ancien, & où les montagnes femblent tenir à la conftitution primitive du globe terreftre, du granit presqu'auffi beau que celui d'Egypte, on en peut juger par deux groffes colonnes qui foutiennent la Tri

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