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vans ont pensé que la colonne de Cuffy, au Bailliage de Beaune, étoit un monument de cette victoire.

Sacrovir fe réfugia d'abord à Autun; mais craignant d'être livré aux vainqueurs, & d'éprouver le fort de Vercingentorix, il alla fe renfermer avec quelques amis dans une maison de campagne, voifine de cette Ville, qu'on croit être Cordeffe, où il fe donna la mort, & fes amis, après avoir mis le feu à la maison, s'égorgerent les uns les autres.

Les Eduens défavouerent l'action de ce téméraire ; elle fut regardée à Rome même, comme la faute d'un Particulier, & n'eut aucune fuite. Caïus, furnommé Caligula, fucceffeur de Tibere, enchérit encore fur fa cruauté & fa rapacité. Il paffa dans les Gaules (an de J. C. 39) fous prétexte de faire la gerre aux Allemands; mais en effet, pour piller cette Province, après avoir épuifé l'Italie. Etant à Lyon, il imagina un moyen fingulier d'amaffer beaucoup d'argent: ce fut de vendre, à l'encan, des meubles qu'il avoit fait apporter exprès de Rome. Il y mettoit lui-même un prix exceffif, fur lequel il falloit enchérir. Mais ce moyen n'ayant pas fuffi à fes profufions, il fit apporter les Regiftres du dénombrement des Gaules, & ordonna le maffacre des Citoyens les plus opulens, pour s'emparer de leurs richeffes; Verecundatus, que l'on croit être le même qui avoit eu le Sacerdoce du Temple d'Augufte, fut du nombre des profcrits. Il établit dans ce même Temple des combats d'éloquence grecque & latine. (an de J. C. 40).

Les vaincus étoient obligés de fournir le prix aux vainqueurs, & de faire fon éloge. Ceux qui avoient le plus mal réuffi, étoient condamnés à effacer publiquement leurs écrits avec une éponge, ou même avec la langue à moins qu'ils ne préféraffent d'être punis à coups de férule, ou jetés dans le Rhône.

Ce Prince ayant été poignardé à Rome, après un regne de quatre ans dix mois & quelques jours, Claude fon oncle, (Tiberius - Claudius Nero-Drufus), né à Lyon, fut élevé à l'Empire. Il accorda fa faveur aux Autunois, dont il fit entrer plufieurs dans le Sénat.

Leur Cité, relevée par cette diftin&tion, demeura paifible tant que l'Empire ne fut point troublé, mais Rome, après l'extinction de la famille d'Augufte, ayant été affervie, tantôt à un Maître, tantôt à un autre, les Provinces éprouverent le même fort & fe donnerent au plus puiffant, ou plutôt à celui qui fe présentoit le premier.

Ces troubles qui fubfifterent encore fous le regne de Vitellius, infpirerent à un Boyen de la lie du Peuple, nommé Maricus, l'audace d'exciter dans fon pays une fédition, dont il porta bientôt la peine.

Ayant pris le titre de vengeur de la liberté des Gaules, il parvint à fe faire fuivre de huit mille hommes qu'il avoit féduits par fes preftiges. Mais les Eduens ayant armé leur jeuneffe, poursuivirent Maricus à l'aide de quelques cohortes romaines, qui fe joignirent à

eux,

& diffiperent aifément des troupes levées

à la hâte & mal armées. Le Chef de la rébellion, pris dans le combat, fut expofé aux bêtes dans l'amphithéatre; & parce qu'elles ne le toucherent point, le Peuple le crut invulnérable: mais il fut maffacré fous les yeux de Vitellius, qui ne fit faire aucune recherche de fes complices. (Tac. Hift. liv. II. n. 61).

La mort de Vitellius marquée par l'incendie du Capitole, produifit un changement dans les Gaules, & porta les Peuples à la révolte en l'an 70. Les Druydes leur faifoient regarder l'embrafement du Capitole comme un préfage de la deftruction de la grandeur Romaine, & leur annonçoient que l'Empire de l'Univers alloit paffer entre les mains de la Nation Gauloife. (Tac. Hift. IV. c. 54). Les Lingons, dont Lucain vante la bravoure, animés par ces prédictions flatteuses, prirent les armes : ils élurent pour Général leur compatriote Julius Sabinus, qui fe prétendoit defcendu de Jules - Céfar, & fe joignirent à ceux de Treves, commandés par Clafficus& J. Tutor. Mais les Autunois & les Séquanois, loin de prendre part à leur rébellion, armerent pour la défenfe de l'Empire, défirent Sabinus & le forcerent à difparoître. Il demeura neuf ans caché dans un tombeau, où fes amis & fa femme Eponine le nourrirent fans le découvrir. Ayant été furpris & conduit à Rome avec fa femme, il fut préfenté à Vefpafien : cette Héroïne Gauloife fe jeta aux pieds de l'Empereur & lui dit : « J'ai nourri ces deux enfans dans » une caverne, comme une lionne les petits, » afin que nous fuffions plufieurs pour vous » demander

» demander grace ». Le Prince fut touché de ce spectacle attendriffant, jufqu'à répandre des larmes mais la politique l'emportant fur la benté ordinaire de fon coeur, il la condamna elle-même à la mort avec fon mari, & conferva les enfans. Plutarque dit que fon regne ne vit rien de plus odieux & de plus tragique ; & cet Auteur rapporte à la condamnation de ces deux illuftres Gaulois, les malheurs qui arriverent depuis à Vefpafien & à fa famille.

Les Lingons dans la fuite firent leur paix avec Domitien, fils de Vespasien, en lui envoyant foixante mille hommes pour foutenir les Romains contre les incurfions des Barbares: la fidélité des Autunois fut récompensée par l'établissement d'une Fabrique de cuiraffes dans leur Ville, & d'une autre de fleches à Mâcon, dont la notice de l'Empire fait mention.

C'est au milieu de ces orages que la lumiere de l'Evangile vint dans nos contrées diffiper les ténebres du Paganifme; elle nous fut apportée d'orient, felon une tradition conftante & immémoriale, par des hommes apoftoliques, difciples de St. Polycarpe. Le Vivarez fut d'abord éclairé par Andeole: fes trois autres compagnons, Benigne, Andoche & Thyrfe, trouvant l'Eglife de Lyon déjà floriffante par les prédications de Pothin & d'Irenée, s'avancerent jufqu'à Autun cette Ville, par le féjour des Romains, étoit comme le centre de l'idolâtrie elle avoit un fi grand nombre de temples & d'autels, qu'on peut appliquer aux Eduens le Tome I.

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mot fublime de Boffuet; chez eux tout étoit Dieu, excepté Dieu même.

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Ces Envoyés du Seigneur jeterent les premiers germes de la Foi ils furent fécondés par le fang du jeune Symphorien, & par les travaux des Amateur, des Rhetice & des Caffien. Andoche & Thyrfe reçurent la couronne du martyre à Saulieu, & Benigne, à Dijon, vers 178, fous l'Empire de Marc-Aurele.

Sous celui de Severe, qui avoit été Gouverneur de Lyon, & qui défit l'armée d'Albinus dans la plaine de Trévoux en 197, le feu de la perfécution fut très-violent à Lyon; il y périt en 202 un fi grand nombre de fideles, que St. Eucher les appelle un peuple de Martyrs, & qu'une ancienne épitaphe en vers Léonins, rapportée par Colonia, les fait monter à dix-neuf mille.

Le fang de nos premiers Apôtres (1) fut une Semence de Chrétiens; bientôt chaque Ville eut fon Pasteur & fon Martyr; ainfi Châlon fe glorifie d'avoir été inftruite par St. Marcel, immolé à la fureur des Payens à Hubilac, où depuis fut bâtie l'Abbaye de fon nom : Befançon reçut la Foi des Martyrs Ferreol & Ferjeux,

(1) Quelques Hiftoriens prétendent mal-à-propos que St. Denis fut le premier Apôtre des Gaules, puifqu'on n'établit fa miffion qu'au troifieme fiecle, fous le Pape Fabricien (vers 246); tandis que la Foi avoit été annoncée à Lyon, Autun, Langres, Dijon, Befançon, dès le fecond fiecle.

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