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de Bourgogne, dit « que c'étoit la plus fiere »Armée qu'on pût regarder; la richeffe des habillemens, la fomptuofité des équipages & » la multitude des charriots, étonnoient: mais » peu de bonnes armes, encore moins de bons » Guerriers: pendant trente ans de paix, la » jeune Nobleffe avoit été élevée à l'ombre du » repos; la présomption & le courage tenoient » lieu d'expérience. (Ph. de Comines.)

La réponse du Comte de Charolois à Chartier, Evêque de Paris, que lui avoit député le Roi, donne une étrange idée du Monarque. L'Evêque reprochoit au Comte d'avoir pris les armes contre Louis, fans intérêt. Dites à votre Maître, répondit le Comte, « qu'on a toujours trop de » motifs contre un Prince qui fait employer le » fer & le poison, & qu'on eft fûr en marchant » contre lui, de trouver bonne compagnie en » chemin au refte, je n'ai pris les armes contre lui, qu'à la follicitation des Peuples, de la Nobleffe & des Princes: voilà mes >> complices ».

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Mais tous ces grands préparatifs & ces menaces fi fieres fe terminerent en 1465, à la bataille de Monthery, dont chacun s'attibua l'a vantage: il y eut heaucoup de fang répandu; le champ de bataille refta aux Bourguignons mais la victoire (1) ne fut à perfonne, & cette journée ne décida rien.

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(1) Du côté du Roi, un Officier s'enfuit jufqu'à Lufignan, fans repaître; & du côté du Comte, un homme

Après la bataille, l'impétueux Charles s'avança trop vers Paris , pour conférer preíque

feul avec Louis XI. Le Comte de Saint-Pol voulut engager Thibaut de Neuchatel à foutenir le Prince. « Parce que le fils eft un imprudent » répondit Thibaut, dois-je hafarder les Trou» pes que fon pere m'a confiées » ? Le Comte de Charolois revint affez confus de fon impru dence; il craignoit les reproches du Maréchal qui lui dit : « Bon & loyal Chevalier, vous êtes le maître de vous perdre ; mais rien ne m'o»bligera d'expofer les Troupes pour fatisfaire » vos fantaifies; quand vous ferez mon Souve» rain, je n'examinerai rien, & je vous obéirai ». (Ph. de Comines.)

L'intrigant Louis XI. en divifant les Princes ligués, conjura l'orage (1); il força le Prince Bourguignon de quitter la France, en lui fufcitant des ennemis à Liege & à Dinant. Ces deux Villes payerent chérement leur déférence aux ordres du Roi; car leur armée fut taillée en pieces en 1466, leurs privileges brûlés, & Dinant abandonnée au pillage pendant huit jours: le commerce de cuivre avoit rendu cette Ville riche & infolente: fes Habitans avoient pendu

délicat s'enfuit à bride a battue jufqu'au Quefnoi; ces deux n'avoient garde de se mordre l'un & l'autre, dit Comine's.

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(1) Par le Traité de Conflans dit Comines les Princes butinerent le Monarque, & le mirent au pillage. Comme le Peuple y fut oublié, on appella la Ligue des Princes, la Ligue du mal public.

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en effigie le Comte de Charolois, fur le faux bruit de fa mort à Monthery.

Un feul trait peint les moeurs des Gendarmes de ce fiecle: «Durant la guerre du bien public, » arriverent à Paris deux cents Archers, fous » la conduite du Capitaine Mignon; derriere » eux à cheval huit femmes folles & péche» reffes, & un Moine noir leur Confeffeur ». Chr. S. Denis). Les prifonniers étoient vendus publiquement; plufieurs Calabrois furent achetés fix fols fix deniers chacun.

Louis XI. ayant impofé un droit fur le fel de Salins, le Duc défendit à fes Sujets de le payer: il envoya en même temps Chimay à Paris, pour fe plaindre de plufieurs infractions au Traité d'Arras. Le Roi dans un moment d'humeur, demanda fi le Duc étoit d'un métal différent des autres Princes: « Il faut bien, répondit l'En» voyé avec fermeté, puifqu'il vous a reçu & » protégé, quand perfonne n'ofoit le faire ". Le Comte de Dunois (M. Villaret dit le Comte de Dammartin) ayant marqué à Chimay, combien il étoit étonné d'une telle hardieffe avec un Prince fi abfolu: « Si j'avois été à cinquante » lieues, répondit Chimay, & que le Roi eût » parié de mon Maître, comme il vient de faire, »je ferois revenu pour lui répondre, comme » j'ai fait ».

Lonis, frappé de la fermeté de Chimay, & encore plus de la vérité de fa réponse, fe tut, & ôta la Gabelle; mais il augmenta les Tailles, & leva, pendant vingt ans, quatre millions fept cent mille livres, qui vaudroient aujourd'hui

vingt-fix millions cent onze mille cent liv. tandis que Charles VII. n'avoit levé que dix-huit cents mille francs, qui, felon M. Bonami, reviendroient à feize millions fix cents foixante mille livres. Mém. Acad. tom. 32. p. 197. in-4°.

Philippe perfuadé qu'un Etat ne tire pas moins de luftre & de fecours des Lettres que des Armes, fonda une Univerfité à Dole pour les deux Bourgogues; protégea celle que Jean, Duc de Brabant fon oncle, avoit établie à Louvain en 1420, & fut le premier qui rappella les Mufes & les Gens de Lettres dans fes Provinces, felon le témoignage de MM. de Sainte-Marthe, ( Maison de France, t. 1. p. 890). En 1459, il convoqua les trois Etats de Comté du Bourgogne à Salins, pour la publication des Coutumes du Pays : le Duché lui doit auffi la rédaction de fa Coutume en 1459 (1).

Protecteur éclairé des Arts, il fit fleurir l'induftrie & le Commerce dans fes Etats; ce fut pour la Flandre fur-tout, fi fertile de fon fonds, une fource intarriffable de richeffes. A l'entrée du Duc à Gand, un fimple Bourgeois fit couvrir le toit de fa maifon de lames d'argent; toutes

(1) Noms de ceux qui furent nommés par le Duc pour rédiger les Coutumes: Ferry de Cluny, Official d'Autun, depuis Abbé de Flavigny, Evêque de Tournai & Cardinal, mort à Rome en 1483. J. de Baufremont, Seigneur de Mirebeau; J. George, Maître des Requêtes; Guill. de Sercey, Bailli de Châlon; Pierre Baudot, Geoffroi de Thoifi, Bailli d'Auxois; J. de Vandeneffe, Doyen de Vergy!!!

les rues décorées de représentations muettes, amuferent tellement le Prince, qu'arrêté à cha que pas, il ne fe rendit que très- tard à fon Hôtel. Il exerça les talens de Jean Vaneyk, Peintre de Bruges, qui trouva le fecret de la peinture à huile, & fit exécuter les tableaux de fa compofition à fes manufactures de tapifferies établies dans les Pays-Bas, les feules alors qu'il y eut en Europe. On en montre encore à Gand, à Bruxelles, à Tournai, de très bien confervées.

Mais les richeffes introduifirent le luxe ; & la Nation vit difparoître cette fimplicité de moeurs, le plus bel héritage de fes ancêtres. Philippe devint chauve fur fes vieux jours; les jeunes gens fe faifoient rafer, & portoient dés perruques & de grands chapeaux, pour lui complaire & lui reffembler.

Ce Prince aimant le fafte, les deux fexes fe dif putoient de fomptuofité dans leurs habillemens; les fimples Bourgeois, & même les domestiques, avoient des veftes & des culottes de velour. La coëffure des femmes étoit fort exhauffée. Leurs fouliers fe terminoient en pointe, & les talons en étoient fi hauts, qu'à peine pouvoient-elles marcher. Elles portoient un voile de foie qui, rattaché à la ceinture, s'ouvroit en defcendant & formoit une longue queue. Elles avoient quitté les larges ceintures qui diftinguoient autrefois les conditions, & chacun fe chargeant à l'envi de galons & de broderies, les rangs & les naiffances furent confondues.

Les révoltes fréquentes des Flamands, le caractere

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