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bifcum. Sur la troifieme, qui eft très-belle, le Prince paroît affis fur un Trône avec une couronne de Comte fur la tête, tenant de la main droite une épée, de l'autre un écuffon, avec le lion Belgique & la même légende; au revers, Chriftus vincit, Ch. regnat. (Journ. Encyclopéd. Février 1773 page 129.)

JEAN-SANS-PEUR.

Ce Prince, né à Dijon en 1371, fuccéda à l'âge de trente-cinq ans aux vaftes Etats de Philippe; il les augmenta des Comtés de Hainault, de Hollande & de Zélande, par fon mariage avec Marguerite de Baviere, qui fe fit à Cambray en 1385, & auquel le Roi affifta. Son premier foin, après avoir fait hommage pour la Bourgogne, fut de payer les dettes les plus preffées de fon

pere.

Le Duc révoqua la défense faite à fes Sujets de transporter des bleds dans les pays étrangers; il rendit le Commerce libre par une Ordonnance donnée à Montreal, fur les représentations des Etats.

Ses Peuples furent déchargés d'une nouvelle impofition, que la mauvaise adminiftration des Finances, pendant la maladie du Roi, avoit occafionnée; ce qui lui gagna l'affection de fes Sujets. Il fe concilia celle des François par fes exploits contre les Anglois, qui affiégerent l'Eclufe; il leur en fit lever le fiege, les mit en fuite & reprit Gravelines, dont ils s'étoient emparés; il les eût même chaffés de Calais

dont il avoit deffein de former le fiege, s'il n'eût été traversé par des intrigues de Cour.

Jean avoit un puiffant ennemi dans la perfonne du Duc d'Orléans. Leur diffention qui éclatoit en toute renconte, finit par la plus funefte catastrophe. Comme le Duc d'Orléans, que Brantome appelle un grand débaucheur de Dames, & même des plus grandes, revenoit à huit heures de fouper chez la Reine de l'Hôtel Barbette, il fut lâchement affaffiné par Raoul d'Octonville, Gentilhomme Normand, & Ecuyer du Duc, le 29 Novembre 1407. « Je nomme » ce méchant homme, dit l'Hiftorien le Gendre, afin que fa mémoire foit en horreur dans » tous les fiecles ».

Le Duc de Bourgogne cachoit fa joie fous une indignation apparente: « Onques, s'écrioit»il, ne fe perpétra en ce Royaume un fi mau» vais ni fi traître meurtre ». Mais voyant le Prévôt faire des informations juridiques, il avoua à fon oncle qu'il étoit l'auteur de cette action. Le Duc de Berry friffonna à cette affreuse confidence, répandit un torrent de larmes, & s'écria: Je pers aujourd'hui mes deux neveux!

Le Duc craignant d'être arrêté pour ce crime, fortit précipitamment de Paris, & y revint peu de temps après, accompagné de mille hommes d'armes. Jean Petit, Docteur Normand, chargé de faire fon apologie devant les Chefs de l'Etat, entreprit de prouver par douze argumens en l'honneur des douze Apôtres, que le Duc avoit fait une action louable, en se défaisant d'un Tyran; il conclut qu'on devoit récompenfer l'au

teur de l'affaffinat, « à l'exemple des rémuné»rations qui furent faites à Monfeigneur Saint » Michel l'Archange, pour avoir tué le Diable, » & au vaillant homme Phinées, qui perça » Zambry »>.

Cette extravagante apologie révolta l'affemblée; mais le Confeil du Roi, plus intimidé que perfuadé, accorda au Duc des Lettres d'abolition, qui furent regardées comme le moyen le plus propre à calmer les efprits.

On tenoit alors le Concile de Conftance. Ce Prince craignant que la Doctrine de fon Défenfeur n'y fût condamnée, chargea Jean de Saulx Abbé de Moutier-Saint-Jean, & Guillaume de Vienne, fes Ambaffadeurs à cette célebre affem

blée, de gagner les efprits en fa faveur. Ils diftribuerent plus de deux cents écus d'or à plufieurs Maîtres en Divinité (Théologiens); plus de cinquante queues de vin de Beaune, de Nuys & de Pommard, aux Cardinaux, avec de la vaiffelle d'or & d'argent. (D. Planch. tom. 3. pag. 404.)

Raffuré fur les fuites de ce meurtre, le Duc marcha au fecours de Jean de Baviere, Evêque de Liege, fon beau-frere, affiégé devant Maëftricht par fes Sujets; il les attaqua dans leur pofte, les défit & laiffa vingt-quatre mille Liégeois fur le champ de bataille. Cette victoire éclatante, qui ne coûta à Jean que cinq cents Bourguignons, valut au Duc le furnom de Jeanfans-Peur. Elle lui donna un nouveau crédit à la Cour, où la Ducheffe d'Orléans l'avoit fait déclarer ennemi de l'Etat ; la Garde même & le

Gouvernement du Dauphin, lui furent confiés. Après différens fuccès dans la guerre que le firent les Orléannois & les Bourguignons, on conclut à Auxerre un Traité folemnel de paix entre les Princes affemblés dans la Salle capitu. laire de la Cathédrale, & préfidés par le Dauphin, en 1412. Des jeux, des fêtes & des feftins annoncerent au Peuple une réconciliation fincere ; on crioit hautement : Gloria in excelfis Deo; ancienne acclamation alors en ufage, de même que celle de Noël. Les Ducs réconciliés parurent montés fur le même cheval, s'embrafferent, mangerent ensemble, & ne fe pardonnerent pas.

La funefte bataille d'Azincourt, où périrent les deux freres du Duc de Bourgogne & la fleur de la Nobleffe Françoise, rendit ce Prince fenfible aux malheurs de l'Etat, qu'il vouloit venger à quelque prix que ce fut. Il leva des troupes, leur affigna le rendez-vous à Châtillon pour aller à Paris, & delà s'oppofer aux ennemis de la France. Mais comme on craignoit encore plus fa préfence que celle des Anglois, le Confeil

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(1) On trouva fur le champ de bataille trois mille éperons dorés. Philippe, fils du Duc Jean, fans les ordres précis de fon pere, vouloit fe trouver à cette bataille, & eut, dit Monstrelet, de la déplaifance de ce que fes Gouverneurs, les Sires de Roubais & de la Vieuville le retinrent, & bien en print. Un Auteur contemporain affure avoir oui dire à Philippe, plus de cinquante ans après, qu'il ne pouvoit fe confoler d'avoir perdu une fi belle occafion d'employer fa valeur au fervice de fa Patrie.

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du Roi lui défendit de paffer outre. Malgré cette défenfe, il s'avança jufqu'à Lagny en Brie, où il confuma deux mois en négociations inutiles fans ofer approcher de Paris. Cette lenteur qui ne lui étoit pas ordinaire, lui fit donner le fobriquet de Jean de Lagny, qui n'a point háte. Il effuya au Parlement affemblé avec la Cour des Pairs, une autre mortification qui lui fut encore plus fenfible.

Le Duc de Lorraine, quoique banni du Royaume pour crime de félonie, ofa reparoître ; & fous la fauve-garde du Duc de Bourgogne, vint braver Charles VI. jufqu'au milieu du Tribunal de la Nation. Jean Juvenal des Urfins, Avòcat du Roi, indigné de cet attentat, le jette aux genoux de Charles VI. le conjure de ne pas permettre qu'on méprise ainfi les Ordonnances de la Cour..... & voyant le Duc Jean s'avancer en courroux, tenant le Lorrain par la main, il fe leve & dit à haute voix : «< De par » le Roi, que tous fes bons & loyaux Servi»teurs fe rangent de fon côté, & que les en» nemis du repos public fe joignent au Duc de » Lorraine ». Ces mots furent un coup de foudre; tous les Seigneurs pafferent auprès du Roi; le Duc de Bourgogne lui-même, entraîné par l'exemple, quittant la main de fon protégé, fit comme les autres. Le Duc de Lorraine, refté feul, fut obligé d'avoir recours aux larmes & aux proteftations, pour obtenir fon pardon du Roi. (Hift. de Charles VI. par J. Juvenal des Urfins, in-4°. pag. 311. édit. 1614.)

Nous voudrions pouvoir diffimuler que Jean

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