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Robert mourut à Vernon-fur-Seine en 1305, & fut enterré à Cîteaux dans la Chapelle de St. George. Il avoit prévu toutes les difficultés qui pourroient naître après fa mort entre fest enfans, par les fages difpofitions de fon teftament, fait au Château de Brazey en 1297, & par trois codicilles qu'il y ajouta. Sa femme Agnès, fille de Saint Louis, lui furvécut vingtdeux ans. Elle mourut à Villaine en Duesmois, & fut inhumée auprès de fon mari. Elle n'avoit eu en dot que 10000 liv. tournois, qui ne feroient aujoud'hui que 185150 livres. (Mémoire Acad. des Infer. tome 32.)

Le Duc en eut neuf enfans, dont huit lui furvécurent; 1o. Jean, mort avant fon pere; 2o. Hugues & Eudes fes fucceffeurs ; 4°. Louis, Prince d'Achaïe & de Morée,mort au Château de Duelme; 5o. Robert, marié à Jeanne de Châlon, qui lui apporta le Comté de Tonnerre, mort fans enfans en 1234; 6°. Blanche, mariée à Edouard, fils d'Amédée, Comte de Savoie, inhu-, mée aux Cordeliers de Dijon; 7o. Marguerite, qu'époufa Louis Hutin, fils aîné de Philippe-leBel; 8°. Jeanne, mariée à Philippe de Valois; 9o. Marie, femme d'Edouard, fils du Comte de Bar.

Sous le Duc Robert commença la mode bizarre des fouliers à la poulaine, du nom de l'Ouvrier. La pointe en étoit plus ou moins longue, felon la qualité de ceux qui les portoient. Elle étoit, pour les riches, au moins d'un pied & demi, & de deux ou trois pour les Princes. Le bec en étoit recourbé & orné de cornes,

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de griffes, ou de quelques autres figures grotefques. Cette chauffure, contre laquelle les Prédicateurs s'efcrimerent, fut en vogue jusqu'à Charles V. qui eut peine à l'abolir.

En 1294 une Loi fomptuaire défendit de donner au grand mangier (au foupé), plus de deux mets, & un potage au lard, fans fraude, & au petit mangier (au dîné), plus d'un mets & un entre-mets. Au jour de jeûne, on ne devoit fervir que deux potages aux harengs, & deux

mets.

HUGUES V.

Hugues encore mineur à la mort de fon pere, gouverna les Etats fous la tutele de la Ducheffe Agnès fa mere. Les premieres années de fon regne furent agitées par les conteftations. qu'il eut avec Robert de Decize, Evêque de Châlon, & Hélie, Evêque d'Autun, au fujet des vexations dont fe plaignoient réciproquement les Officiers du Duc & ceux des Evêques. On convint d'Arbitres, & tout fut pacifié.

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Ce Prince confirma en 1313 les privileges & franchifes de la Commune de Dijon. La même année, Philippe-le-Bel le créa Chevalier avec fon frere Eudes. Il fut enfuite fiancé à Jeanne fille de Philippe-le-Long, Comte de Poitiers depuis Roi de France; mais il mourut avant la folemnité des noces, au Château d'Argilly, en 1315, & fut réuni au tombeau de fes peres à Citeaux. Ses Sujets le regretterent à caufe de fa douceur & de fa bienfaisance.

La treve de Dieu, établie en 1041, & la quarantaine le Roy, ordonnée par Philippe-Augufte, ou par St. Louis, n'abolit point les guerres privées. Philippe-le-Bel fe vit forcé de les profcrire par fon Ordonnance de 1303. La Nobleffe ne le foumit qu'à regret à une Loi qui lui ôtoit un droit qu'elle regardoit comme un de fes plus beaux privileges. Celle du Duché de Bourgogne, des Evêchés d'Autun & de Langres, s'adreffa en 1315 à Louis Hutin; lui repréfenta que depuis le regne de Saint Louis, on avoit donné plufieurs atteintes à leurs franchises, libertés & coutumes anciennes, & le pria d'avoir égard à leurs griefs. Le Roi les écouta favorablement ; & le fixieme article de fa réponse porte, << que les Nobles puiffent & doi»vent ufer des armes quand leur plaira, & » qu'ils puiffent guerroyer & contre-gagier. Nous

leur octroyons les armes & les guerres, en » la maniere qu'ils en ont ufé & accoutumé » anciennement; & fe de guerre ouverte, lis » uns avoient prins fur l'autre, il ne feroit » tenu de rendre. » ( Ordon. de nos Rois, 2 vol. in-fol. p. 6, & tome 1. p. 555. Ainfi fe perpétua encore pendant ce fiecle l'ufage barbare qui fit verfer tant de fang, & occafionna tant de défordres.

L'Ordre des Templiers, qui avoit plufieurs Commanderies en Bourgogne, telles que Voulaines-les-Temples, aujourd'hui grand Prieuré de Champagne, Pontaubert, Fauverney, &c. fut fupprimé au Concile de Vienne, par Clément V. en 1311. Leurs richeffes & leur or

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gueil avoient attiré aux Chevaliers l'envie des Grands & la haine des Peuples. Leur GrandMaître Jacques de Molay, Bourguignon, fut brûlé vif avec les principaux de fon Ordre, dans l'ifle du Palais, le 10 Mars 1313, malgré les proteftations de leur innocence qu'ils firent fur le bûcher.

EUDES IV.

Eudes prit poffeffion du Duché, auffi-tôt après la mort de Hugues V. malgré les prétentions de Louis fon frere, qu'il fut appaifer par l'augmentation de fon apanage. Après la mort de ce Prince, Eudes vendit fa Principauté d'Achaïe & le Royaume de Teffalonique, à Philippe Prince de Tarrente, pour la fommme de 40000 livres.

Louis Hutin étant mort fans enfant mâle, le Duc prétendit que le Royaume devoit appartenir à Jeanne fa niece, fille du Roi défunt : mais Philippe-le-Long, Régent du Royaume, gagna les Grands, & il fut arrêté dans une Affemblée des Pairs, que la Loi falique ne permettoit pas aux femmes d'hériter de la Couronne de France. C'eft la premiere fois que dans notre Hiftoire il foit fait mention de cette Loi. (Voyez le Préfident Henault). Philippe pour calmer le Duc, lui donna en mariage Jeanne de France fa fille aînée, héritiere par fa mere des Comtés de Bourgogne & d'Artois. En effet, Eudes recueillit cette riche fucceffion en 1329, à la mort de fa belle-mere.

Ce Prince profita de la tranquillité dont il commençoit à jouir, pour élever un monument digne de fa piété. Il fonda en 1332 une Chartreufe dans fa maison de Fontenay près Beaune, où il venoit de tenir les Grands-Jours; il la dota de grands biens, & lui accorda plufieurs privileges. Il fe bâtit dans la fuite un petit logement à côté de l'Eglife, où il affiftoit à l'Office, & communioit fous les deux efpeces, par un privilege de Clément VI.

Robert d'Artois, qui s'étoit appuyé de faux titres, pour difputer ce Comté à la Ducheffe de Bourgogne, fut condamné par le Roi dans fon Lit de Juftice, en 1330, & banni hors du Royaume. Il fe retira vers Edouard, Roi d'Angleterre, qu'il engagea dans fes querelles, & commença une guerre qui dura, à diverfes reprifes, plus de cent ans. Les Flamands, révoltés de nouveau, fe joignirent aux Anglois, qui avoient déclaré la guerre à Philippe de Valois. Le Duc de Bourgogne accourut au fecours de fon Roi avec quarante-deux bannieres, contre Edouard qui affiégeoit Tournai en 1340. « Le » Duc, dit Paradin, faillit hors de St. Omer, » avec fes Bourguignons, contre l'ennemi, de » telle furie, qu'ils fembloient tous des lions » affamés, courant à la curée. Quatre mille en» nemis périrent dans ce furieux choc, & le » Comte Robert d'Artois y perdit fon heaume » & fa banniere, que le Duc apporta comme » trophée de fa victoire ».

Philippe de Valois fe confioit tellement en ce Prince fage & expérimenté, qu'il lui permit de

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