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Citeaux, Jean-le-Chroniqueur, de Beze & Hugues de Flavigny, dont la Chronique eft eftimée mais St. Bernard les furpaffa tous par la fublimité de fon génie, par la douceur de fon ftyle & la folidité de fa doctrine: ces qualités l'ont fait regarder comme la merveille de fon fiecle, la gloire de la Bourgogne, & le dernier pere de l'Eglife.

EUDES III.

Eudes ne prit le titre de Duc qu'après la mort de fon pere, en 1192, quoiqu'il eût gouverné deux ans le Duché pendant fon absence. Les commencemens du regne de ce Prince furent marqués par des actes de bienfaifance & de libéralité envers les Religieux de St. Benigne. Il obligea en 1193, Othe, Comte de Bourgogne, à lui faire honmage pour le Comté de Mâcon. L'année fuivante il époufa Mahaud, fille d'Alphonfe, Roi de Portugal, & veuve de Philippe d'Alface, Comte de Flandre; mais ayant été obligé de s'en féparer pour caufe de parenté, en 1198, il époufa l'anné fuivante Alix de Vergy; ce nouveau mariage occafionna un traité avec Hugues, pere d'Alix, auquel il donna la charge de Sénéchal de Bourgogne, pour lui & fes héritiers, & la Terrede Mirebeau, en échange pour celle de Vergy. Après ces arrangemens, Eudes fe mit à la tête de la quatrieme Croifade, avec Boniface de Montferrat, & Baudoin, Comte de Flandre, en 1202; mais ils ne fuivirent pas leur premier projet ;

projet; ayant conquis en chemin l'Empire Grec, ils le donnerent à Baudoin, & ne penferent plus à la Palestine.

Le Duc fonda à fon retour le Val-des-Choux, Chef d'Ordre dans la forêt de Villers-le-Duc; l'Hôpital de Dijon eft encore un monument de fa pieufe libéralité. Il affranchit Beaune en 1203, & lui donna le droit de Commune. Voulant auffi en établir une à Châtillon en 1208, Robert, Evêque de Langres, s'y oppofa; il en vint même jufqu'à excommunier ceux qui en étoient membres. Ce ne fut qu'après beaucoup de négociations que ce Prélat leva ces cenfures, redoutables aux plus puiffans Princes. Le Clergé regardoit alors l'établiffement des Communes comme odieux, en ce qu'il diminuoit fon autorité; on voit même l'Abbé Guibert les nommer exécrables, execrabilibus communiis. ( Ord. de nos Rois, tome 11, préf.)

L'année fuivante Eudes, fur l'invitation d'In nocent III. fe croifa contre les Albigeois avec Hugues de Nevers. Il fe rendit en Languedoc, où ces hérétiques étoient répandus, & contribua beaucoup aux avantages qu'on remporta fur eux. La fageffe de fa conduite fait préfumer qu'il détefta les scenes fanglantes qui fe passerent à Beziers, à Carcaffonne & à Lavaur, en présence du Légat & d'Arnaud, Abbé de Cîteaux, depuis Archevêque de Narbonne. C'est au milieu de ces horreurs que naquit l'inquifition depuis fi odieuse en France.

Une cause plus jufte rappella le Duc au fecours de fon Souverain. Philippe-Augufte étant Tome I.

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entré en guerre contre le Comte de Flandre & l'Empereur Othon IV. demanda du fecours au Duc de Bourgogne, & lui confia l'avantgarde de fon armée. Eudes juftifia le choix du Roi par des prodiges de valeur. Ayant été renversé de fon cheval, il couroit rifque de perdre la vie, lorfque fes braves Bourguignons, écartant les ennemis qui l'accabloient de toutes parts, lui donnerent le temps d'en monter un autre. Il fondit alors fur les Impériaux, & les mit en déroute. Cette victoire éclatante remportée le 27 Juillet 1214, près le Village de Bouvines, mit le comble à la gloire de Philippe, affura la paix à fon Royaume, & le fit refpecter de fes Vaffaux. Le cri de guerre du Duc étoit, Montjoye au noble Duc, ou Montjoye St. Andrieu, à caufe de St. André que nos Princes avoient choifi pour leur Protecteur.

La réputation que le Duc s'étoit acquife par fa piété & fes largeffes envers les Eglifes, lui mérita en 1215 une diftinction honorable, qui n'étoit accordée alors qu'au Pape, aux Rois de France & à quelques puiffans Princes. Le Chapitre de St. Martin de Tours le nomma Chanoine; titre dont jouirent fes fuccceffeurs jufqu'à Philippe-le-Bon. La même année Innocent III. lui permit d'avoir auprès de lui trois ou quatre Chanoines de fa Chappelle de Dijon, qui feroient tenus préfens aux Offices du Choeur.

Ce Prince fe difpofoit à paffer de nouveau en Palestine au fecours des Chrétiens, loríque la mort le furprit à Lyon en 1218. Aimé de

tous fes Sujets pendant fa vie, il fut pleuré de tous après la mort. Les Croisades avoient déjà enlevé deux Souverains à la Bourgogne. Il ne faut pas fe diffimuler que fi ces guerres faintes furent malheureufes, & firent périr la principale Nobleffe du Royaume, il en réfulta des avantages réels. On peut voir dans la belle introduction à l'Hiftoire de Charles-Quint, par Ro hertfon, l'influence heureufe qu'elles eurent fur le Gouvernement, les mœurs, les Sciences, les Arts, le Commerce & la liberté des Citoyens. On apporta des Croifades quantité de reliques qui enrichirent plufieurs Eglifes. Nous leur devons auffi l'ufage des moulins à vent, & la mode de fe vêtir d'habits longs. Ces avantages furent balancés par un mal affreux qui infecta l'Europe. La lepre qu'on avoit apportée de ces pays chauds, devint fi commune, que, felon le teftament de Louis VIII. en 1226, il y avoit deux mille Léproferies dans fes Etats, quoique ce Roi ne poffédât que le tiers de la France. Non-feulement chaque Ville avoit un de ces Hpôitaux, mais encore tous les Bourgs & les gros Villages.

Eudes n'eut de fa femme Alix de Vergy qu'un fils qui lui fuccéda, & deux filles, dont l'aînée époufa Raoul II. Comte d'Eu. Alix, la feconde, mourut en 1266, & fut inhumée à Cîteaux.

HUGUES IV.

Alix de Vergy, mere & tutrice du Duc, âgé de fix ans, prit les rênes du Gouverne

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ment. Elle maintint les droits de fon fils, & s'occupa uniquement du bonheur de fes Sujets. Perard, p. 411, rapporte que cette Princeffe fut reçue Chanoine de la Ste. Chapelle, après avoir donné le faint baifer à tous les Chanoines, en figne de fraternité. Elle reçut en 1218 l'hommage de Humbert,Sire de Beaujeu, pour les Terres de Belleville & autres qui relevoient du Duché. Son amour pour la paix lui fit prévenir en 1225 une guerre prête à s'allumer entre le Duc & le Dauphin Viennois, dont elle acheta les prétentions fur Beaune & Châlon. Après la majorité de fon fils, Alix fe retira à Prenois, qui lui avoit été affigné pour fon douaire. Elle y faifoit valoir deux charrues à bœufs & un troupeau de cinq cents moutons. Elle mourut en 1251, après trente-trois ans de veuvage, & fut inhumée à Cîteaux près de fon mari; les Jacobins de Dijon la regardent comme leur Fondatrice.

Hugues eut à peine atteint l'âge de fa majorité, qu'il confirma en 1228 la Commune de Dijon, & les privileges que lui avoient accordés fes prédéceffeurs. La même année il fit la guerre à Thibaut, Comte de Champagne, contre la foi du traité d'alliance conclu avec lui: il entra à main armée fur les Terres du Comte, & les ravagea. Il reçut enfuite l'hommage de Guillaume de Vergy pour le Château de Mirebeau, & le rendit lui-même à l'Evêque de Langres, pour ce qu'il poffédoit à Châtillon-fur-Seine ; il affifta, vers le même temps, au Sacre de Louis. IX. comme premier Pair de France.

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