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SIXIEME ÉPOQUE.

La Bourgogne Duché-Pairie, fous les Ducs de la premiere Race royale, depuis 1032 à 1361.

ROBERT I.

HENRY Ier. parvenu à la Couronne, confirma en 1032 le teftament de fon pere, qui donnoit le Duché de Bourgogne à Robert fon cadet. Il lui céda ce Duché pour en jouir en pleine propriété, & paffer à fes héritiers, fucceffeurs & ayant caufe. Ce font les termes du titre qui eft au tréfor des Chartres de la Couronne.

Voyez Garrau, page 36). On peut remarquer à ce fujet que les fils de France, jufqu'à Phi lippe-Augufte, pofféderent en propriété les portions d'héritages qui leur furent données par nos Souverains, pour les dédommager des anciens partages du Royaume, qui fe faifoient entre les freres fous les deux premieres Races de nos Rois.

Le regne de Robert, furnommé le Vieux, Chef des Ducs de la premiere Race royale, n'offre rien de remarquable dans fes commencemens. Le Duché avoit beaucoup perdu de fon éclat pendant les guerres du Roi Robert contre Othe Guillaume, & les Grands avoient

profité de ces troubles & de l'abfence de Henry, dernier Duc, pour fe rendre indépendans & s'emparer des Domaines du Duché. Robert s'occupa, les premieres années, à faire revivre fes droits, & à rentrer dans les poffeffions. Mais fes Commiffaires ayant mis trop de dureté dans l'exécution de fes ordres, on fe plaignit de toutes parts. La crainte d'une révolte engagea le Duc à plus de modération; & fur un nouvel examen, il rendit les fonds ufurpés par les Officiers, & déchargea les Propriétaires des droits injuftes qu'ils avoient voulu en exiger. C'eft ce qui a donné lieu à la plupart des Chartres qui nous font reftées de ce Prince: fes Sujets eurent beaucoup à fouffrir fous fa longue & violente adminiftration.

Le Duc fit une guerre continuelle à Raymond, Comte d'Auxerre, dont il vouloit envahir le Domaine. Ce Seigneur perdit la vie dans un combat livré à Seignelay en 1040, & laiffa fon pays en proie au Duc Robert. Mais Guillaume, fils du Comte, qui par fon mariage avec Hermengarde, venoit de réunir au Comté d'Auxerre, ceux de Nevers & de Tonnerre, fe mit en état de venger par les armes la mort de fon pere, & de recouvrer fon patrimoine.

Robert lui oppofa fon fils aîné, qui brûla, en 1057, la petite Ville de St. Brix, l'une des meilleures terres du Comté. Cent dix Habitans réfugiés dans l'Eglife du lieu, périrent par les flammes. Il femble que le Ciel voulût punir l'auteur de cette barbarie, par une mort prématurée. Ce jeune Prince fut tué la même année par des Auxerrois qu'il avoit maltraités,

Le Duc fon pere fe porta à des excès encore plus déshonorans, en affaffinant de fa propre main Dalmaffe de Semur fon peau-pere. Preffe par fes remords, il effaya de réparer fon crime en fondant l'Eglife Notre-Dame de Semur-enAuxois, où il choifit fa fépulture. On y voit encore fur le Portail des bas-reliefs qui repré fentent cet événement. (Voyez Semur).

Le Roi Henry Ier, avant de mourir, prit des précautions pour ôter la régence de fes Etats au Duc Robert, dont il craignoit le trop grand crédit, & la donna à Baudoin, Comte de Flandre. Robert fit de vains efforts pour s'en emparer, & mourut à Fleurey-fur-Ouche, après un regne de quarante-cinq ans, en 1075, d'un accident tragique & honteux que l'Hiftoire ne rapporte pas.

Ce Prince avoit eu d'Hélie de Semur, quatre enfans; Hugues & Henry, morts avant leur pere; Robert & Simon, dont parle Duchesne: Alderalde ou Hildegarde, & Conftance. Henry fon fecond fils, laiffa de fa femme Sibille, fille de Renaud, Comte de Bourgogne, & d'Alix de Normandie, plufieurs enfans, Hugues & Eudes, qui furent fucceffivement Ducs de Bourgogne; Robert, Evêque de Langres, mort fous l'habit religieux à Molefme, où l'on voit fon tombeau, & Henry mort au fiege d'Eftorga en 1112. Duchefne, tome 1, page 274, fait cet Henry Comte de Portugal, & Chef de la Maison régnante. Cette opinion a été combattue par un de nos Affociés, qui a prouvé que ce Prince fe fit Moine à Cîteaux; & que Henry, Roi de Portugal,

étoit de la Maifon des Comtes de Bourgogne, & frere de Raymond de Bourgogne-Comté, Roi de Caftille. ( Voyez Merc. de Fran. Avril 1758, 2e. vol.)

Ce fut fous le regne du Duc Robert, que Hugues de Semur, premier Abbé de Cluny fit bâtir le Monaftere de Marcigny, pour des filles, en 1056, & que St. Robert jeta les premiers fondemens de l'Abbaye de Molefme en

1075.

On rapporte auffi à ce même temps l'ufage des noms propres, pour diftinguer les perfonnes & les familles; jufques-là on ne les avoit employés que très-rarement.

HUGUES I.

Hugues, petit-fils de Robert, gouverna la Bourgogne avec tant de fageffe & de douceur qu'il fit oublier les violences de fon aïeul. Robert-le-Vieux avoit difpofé de la Province en faveur de Robert & de Simon, fes deux fils cadets; mais Hugues, fils de Henry leur aîné affembla les Seigneurs & les Officiers du Duché, & fe fit reconnoître au préjudice de fes oncles. Il commença fon regne par jurer à St. Benigne, entre les mains de Rainal, Evêque de Langres, de conferver les privileges de la Province, en 1075.

Il convoqua l'année fuivante, à Beze, les Barons de fes Etats. Frappé des malheurs arrivés fous fon prédéceffeur, par l'abus de l'autorité, il voulut les prévenir, dit Boulainvillier, tome 3,

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page 104, en difpenfant par une Loi folemnelle, fix d'entre les hauts Barons, de l'obéiffance qui lui étoit due, en cas qu'il lui arrivât de faire violence à la liberté des affemblées, ou qu'il manquât aux ufages communs. Il fe foumit même à leur correction par la voie des ar mes, & les autorifa à convoquer la Nobleffe, & à faire marcher les Communes pour maintenir l'ordre public. « Tant étoient en ce temps» là, ajoute St. Julien de Bal. toutes les voies ou» vertes pour obvier & étouffer la tyrannie, & » defir de retenir les Princes en leur devoir, » obéiffance & ferment, foi & prud'hommie ».

L'Hiftoire ne nous dit pas quels furent les fix Barons auxquels on attribue une autorité fi extraordinaire; mais quoiqu'un tel privilege paroiffe aujourdhui plus propre à troubler une Province, qu'à la conferver en paix, il n'y en a point cependant qui nous préfente une fuite de Gouvernemens plus tranquilles, que la Bourgogne à cette même époque. Hugues jouit conftamment de la paix dans les Etats. Il ne les quitta que pour paffer en Espagne, au fecours de Dom Sanche, Roi d'Arragon, dont le pere avoit été détrôné & écorché par les Sarrazins. Le Duc, accom pagné de fa principale Nobleffe, battit les Infideles, rétablit Dom Sanche fur le trône de fes peres, & s'acquit autant de gloire par fes armes, qu'il s'étoit fait de réputation par fes

vertus.

Ayant perdu à fon retour Sibille, ou Yolande de Nevers fa femme, dont il n'avoit point d'enfans; dégouté du monde, touché d'ailleurs

de

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