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ler à la Cour, parce que dans l'expédition militaire d'Aquitaine, on lui avoit tout enlevé, & qu'il avoit perdu dix chevaux dans le voyage de Bourgogne qu'on lui fit faire. Cependant, ajoute-t-il, à l'égard des dons annuels, ils font tous prêts. Le Prince quelquefois difpenfoit de cette contribution pour caufe de pauvreté. Une Chartre de Charles-le-Chauve, fixe le nombre des Chanoines d'Autun, fuivant leurs fonds, & ordonne qu'on n'exige d'eux ni cens, ni fervice, ni préfens, tant que leur bien n'augmentera pas. (Baluze, t. 2. p. 1142.)

Les droits payés au Seigneur à caufe de la voyerie, viatura, font défignés par ces expreffions, pulveraticum, fomaticum, rotaticum, vultaticum, themonaticum, rivaticum, pontaticum, cefpitalicum, faltuaticum vel falutaticum.

Lorsqu'en voyageant à cheval, ou à pied, on ne faifoit impreffion que fur la pouffiere, on payoit fimplement le droit de pulvérage, pulveraticum. Tranfportoit-on des fardeaux fur des bêtes de fomme ou de charge, on devoit le droit de fommage, fomaticum. Les voitures qui n'alloient que le pas des chevaux, payoient le droit de rouage, rotaticum. Celles qui couroient rapidement, celui de vultage, vultaticum, dérivé de volvere. Si la voiture avoit un timon, on payoit le droit de timonnage, themonaticum, & celui de rivage, de pontage, de cefpitage de forage. Si elle paffoit fur le rivage, fur un pont, entre des haies ou dans une forêt, &c. Au refte, tous ces droits n'étoient pas des taxes injuftes, arrachées à la foibleffe des Particuliers

par l'ufurpation des Seigneurs. Ce n'étoit fouvent qu'un dédommagement de l'obligation impofée au Seigneur, non-feulement de veiller à l'entretien des chemins & des ponts, mais encore de prendre fous fa fauve-garde les paffans; dès qu'ils entroient fur fon territoire, il répondoit de leurs perfonnes, de leurs effets, depuis le lever jufqu'au coucher du Soleil. ( Droit public de France par M. Bouquet, 1er. vol. in-4°. P. 14. & 15. 1756.

CINQUIEME ÉPOQUE. La Bourgogne fous les Ducs Bénéficiaires, depuis l'an 880, à l'an 1033.

L A foibleffe du Gouvernement françois fous les defcendans de Charlemagne, le pouvoir des grands Vaffaux, les ufurpations des Comtes & des Seigneurs, confirmées par la fameufe Ordonnance de Charles-le-Chauve à Kiercy-furÖife, en 877: la permiffion qu'eurent les hommes libres de fe choifir tels Seigneurs qu'ils voudroient, & de pofféder des Fiefs, donnerent lieu à des établissemens qui augmenterent autant le crédit des Particuliers, qu'ils diminuerent la puisfance royale.

La Monarchie françoife & l'Empire, ne devinrent bientôt que de grands Fiefs, dont les chefs n'avoient qu'un vain titre de fuzeraineté

fans puiffance. Les derniers Rois Carliens de la feconde race, ne poffédoient que Laon & Soilfons. L'arbre, dit Montefquieu, avoit trop étendu fes branches, & la tête s'étoit féchée. On en peut dire autant des racines qui portent la nourriture à l'arbre politique. Le Peuple ne formoit plus de claffe dans l'Etat. Il n'y avoit plus que des Seigneurs & des Efclaves. On vit la plupart des grands Seigneurs fe rendre Propriétaires des Provinces dont ils n'avoient été que Ducs ou Gouverneurs. Quelques-uns même, comme Bofon, Duc de Provence & de Bour gogne cisjuranne, & Rodolphe, Comte de la Bourgogne transjurane, oferent prendre le titre de Rois, & formerent de nouvelles dinafties dont l'hiftoire n'appartient pas à celle du Duché de Bourgogne. D'ailleurs, ces nouveaux Royaumes furent de courte durée, & perdirent jufqu'à leur nom, qui ne s'eft confervé que dans le Duché & le Comté de Bourgogne.

Sous les regnes vigoureux de Pepin & de fon fils Charlemagne, la Bourgogne, qui faifoit partie de l'Empire françois, étoit régie, comme les autres Provinces, par des Ducs arbitraires & révocables, qui avoient fous eux des Comtes, des Vicomtes, &c. Ces Ducs appellés auffi Patrices ou Recteurs, fous la premiere race de nos Rois, pouvoient réfigner leurs dignités à leurs parens ou à leurs enfans. On en a la preuve dans Amalgaire, Duc de la baffe-Bourgogne, fous Dagobert I. qui laiffa en mourant fon Gouvernement à fon fils Audalric. (Chron. Befuen. p. 491.) Mais il falloit l'agrément du Souverain,

qui le refufoit rarement, à moins qu'il n'eût des fujets de mécontentement contre le défunt réfignant, ou contre l'héritier fucceffeur. Cet ufage fe fortifia tellement, fur-tout depuis le Capitulaire de Kiercy-fur-Oife, en 877, qu'on voit le Duché de Bourgogne paffer, fans interruption, des peres aux enfans, ou aux plus proches héri tiers, depuis Richard-le-Jufticier, jufqu'au pere de Hugues Capet. Ainfi le Duché de Bourgogne peut être regardé à cette époque comme héréditaire, fans cependant l'être autrement que par conceffion, ce qui diftingue ces Ducs bénéficiaires, des Ducs héréditaires de la race royale des Capétiens, qui eurent le Duché en propriété.

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Samfon, Duc de la baffe-Bourgogne fous Charlemagne, ayant été tué en 778, à la fameufe retraite de Roncevaux, Hugues, frere de Drogon & fils naturel de Charlemagne, fut nommé Duc ou Gouverneur en fa place. (V. Duchefne, Hift. des Ducs de Bourg. p. 187. & Auteur des geftes de Charlem.) Il fut en même temps Abbé de St. Bertin, & premier Notaire ou Secretaire de Louis-le-Débonnaire fon frere, & rendit de grands fervices à Charles-le-Chauve fon neveu, dans la guerre d'Aquitaine, où il fut

tué en 844.

L'Auteur de l'Abrégé hiftorique, qui eft à la tête de la defcription de Garreau, prétend, p. 24, que Robert-le-Fort, Comte d'Anjou, Chef de la Race royale des Capétiens, ayant époufé la fille de Hugues I. fut nommé Duc de Bourgogne après fon beau-pere, & qu'il

Du

pre

tint ce Duché jufqu'à fa mort, en 856. Hugues, dit l'Abbé, frere de l'Impératrice Judith, mere de Charles-le-Chauve, fuccéda, felon quelquesuns, à Robert-le-Fort, dans le Duché de Bourgogne, & remporta, comme lui, de grandes victoires fur les Normands. Les raifons par lesquelles Dom Plancher veut que ces Ducs foient fuppofés, n'ont pas paru affez fortes à tous les Auteurs, pour les écarter du nombre des Ducs bénéficiaires de Bourgogne. (V. Duch. Hift. des Ducs).

Richard, dit le Jufticier, Comte d'Autun eft le premier que Dom Plancher met au rang des Ducs bénéficiaires de Bourgogne. Quelques Auteurs prétendent qu'il étoit fils de Robertle-Fort; mais Duchefne, appuyé de l'autorité des Annales de St. Bertin, nous apprend qu'il étoit fils de Bavin, Boves ou Buvin, Comte d'Ardennes & frere de Bofon, qui fe fit couronner Roi de Bourgogne & de Provence. Richilde leur foeur, avoit fu captiver le cœur de Charles-le-Chauve, qui l'époufa en 870. Telle fut la fource de l'élévation des beaux-freres du Monarque. Dom Mabillon, Ann. t. 3. p. 200. rapporte une Chartre de l'an 877, dans laquelle Richard prend déjà le titre de Duc de Bourgogne, & fait donation à l'Abbaye de St. Benigne, de quelques biens fitués à Gevrey.

La fidélité du Duc Richard pour la Maifon régnante, & pour les petits-fils de fon bienfaiteur, parut dans tout fon éclat aux dépens de fa propre famille. Son frere Bofon, élu Roi de Vienne & de Provence en 879, entra à main armée dans le Duché de Bourgogne. Ri

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