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baron de Lagarde les poursuivit et ayant réussi à les atteindre, il leur coula 2 bâtiments.

1573. La marine fut totalement négligée en France depuis le règne de Henri II jusqu'à celui de Henri IV (1610). Les successeurs du premier de ces deux rois, occupés par les troubles intérieurs du royaume, songèrent peu à disputer l'empire des mers aux autres puissances maritimes. Aussi, de 1557 à Louis XIII, l'histoire ne mentionne-t-elle que deux expéditions maritimes de quelque importance.

La première de ces expéditions fut le siége de la Rochelle, sous Charles IX, en 1573, siége pendant lequel il n'y eut pas, à proprement parler, de bataille navale et qui fut terminé par l'élection du duc d'Anjou au trône de Pologne.

1581. L'autre affaire maritime eut lieu en 1581, sous le règne de Henri III. Après la mort du cardinal Henri, Catherine de Médicis renonça à ses prétentions à la couronne de Portugal, mais elle appuya celles de D. Antoine, duc de Portugal. Ce prince ayant exprimé le désir de se retirer à Terceire, l'une des îles Açores, la France arma une flotte de 60 bâtiments qui l'y transporta avec un corps de 6,000 hommes. La ville de Villefranche de l'île SaintMichel fut facilement prise par le corps expéditionnaire. Une flotte espagnole de 50 gros navires, 5 petits et 12 galères, sous les ordres du marquis de Santa-Cruz, ne tarda pas à être signalée. Le 26 juillet, après plusieurs jours d'hésitation, les deux flottes s'avancèrent l'une contre l'autre. Léon Strozzi commandait les Français; Brissac était son vice-amiral. On se canonna d'abord vigoureusement; mais le vent qui était très-variable, contrariant constamment les combattants, ils en vinrent à l'abordage. Le suc

cès du combat fut longtemps douteux. En abordant un galion qui ne put être enlevé, Strozzi reçut une blessure dont il mourut. Le bâtiment que montait Brissac eut promptement des avaries telles, que le vice-amiral se vit dans la nécessité de porter son pavillon sur un autre; le premier coula peu de temps après. La grosse artillerie des Espagnols finit par avoir raison des bâtiments français: 8 furent pris ou détruits. Les pertes de ces derniers s'élevèrent à 2,000 hommes y compris 600 prisonniers que Santa-Cruz fit mettre à mort, sur l'ordre qu'il prétendit avoir reçu du roi d'Espagne, de traiter les Français comme des pirates.

On fut unanime à attribuer cette défaite à la mésintelligence et à l'indiscipline qui régnèrent à bord des bâtiments français, dont un fort petit nombre prirent part au combat.

1589. Lorsque Henri IV monta sur le trône, la marine était dans l'état le plus déplorable, et le prince se trouva de suite exposé aux insultes de ses voisins. On sait comment le baron de Rosny fut traité par le vice-amiral anglais qui vint le prendre à Calais pour le conduire à sa cour en qualité d'ambassadeur de France, et comme le sire de Vic, vice-amiral et gouverneur de Calais, qui l'accompagna à quelques lieues en mer, fut obligé de baisser le pavillon français devant l'amiral anglais qui menaça de le couler à fond s'il ne le faisait pas.

Il n'y eut pas jusqu'au duc de Toscane qui, s'étant emparé des îles et du château d'If, sous prétexte d'empêcher qu'ils ne tombassent au pouvoir des Huguenots, refusa de les rendre lorsqu'on les réclama.

Henri IV tenta, comme François Ier, de créer un corps de marine nationale en France. Cet essai n'eut pas de suite et, à la mort de ce monarque, la marine tomba dans un anéantissement tel, que les États-Généraux crurent devoir demander un armement permanent.

1620. Toujours rebelle et comme indépendante de→ puis que Charles IX était entré en composition avec elle, la ville de la Rochelle était non-seulement l'asile des protestants, mais encore le refuge de tous les mécontents du royaume. Le 28 novembre 1620, elle s'érigea en République, imposa des taxes aux pays voisins, leva des troupes et déclara la guerre aux catholiques. Louis XIII fit alors investir la ville; mais les Rochelais n'en désolant pas moins les îles voisines et les côtes de l'Aunis et de la Bretagne, il les bloqua par mer avec cinq bâtiments construits en Hollande et armés à Dieppe. Ces bâtiments furent dispersés par un coup de vent et deux d'entre eux furent jetés à la côte.

1621.- Un an plus tard, pendant le mois de novembre 1621, les trois bâtiments qui avaient continué le blocus de la Rochelle furent attaqués par 10 bâtiments rochelais; un d'eux fut capturé et un autre coulé.

1622. — L'insuccès de la première tentative du blocus de la Rochelle nécessita un armement plus considérable que celui qui avait été jugé d'abord suffisant. Le 22 octobre 1622, le duc de Guise arriva devant ce port avec 35 bâtiments et 10 galères. Cette flotte était divisée en 3 escadres. Timoléon d'Épinay, seigneur de Saint-Luc, était placé comme vice-amiral à l'avant-garde; le sieur de Manty avait été désigné comme contre-amiral à l'arrière-garde et le duc de Guise s'était réservé le commandement du corps de bataille. Le 26, Emmanuel de Gondy, comte de Joigny, général des galères, reçut l'ordre d'aller attaquer la flotte ennemie qui comptait 39 navires sous les ordres du rochelais Guitton. Le mouvement des galères détermina l'appareillage immédiat des Rochelais. On se canonna quelque temps à distance; mais le duc de Guise, voulant enga

ger une affaire générale, plaça ses galères de front et les fit soutenir par l'escadre du vice-amiral de Saint-Luc. Les Rochelais qui s'étaient tenus devant Saint-Martin de Ré, s'étendirent jusqu'au Plomb et, après avoir gagné le vent par une manœuvre habile, ils partagèrent leurs navires en 3 divisions et acceptèrent franchement le combat. A 3 heures de l'après-midi, ils assaillirent l'escadre du vice-amiral de Saint-Luc. Quelques-unes des galères du roi parvinrent à regagner le dessus du vent et attaquèrent l'ennemi en flanc. Le duc de Guise ayant voulu imiter cette manœuvre avec son vaisseau, fut enveloppé par plusieurs navires rochelais. Après une lutte acharnée, désespérant de vaincre sa résistance, ceux-ci lui lancèrent deux brûlots qui l'accrochèrent et mirent le feu aux voiles et aux cordages. Satisfaits de ce résultat, les Rochelais se retirèrent, laissant l'équipage du vaisseau français travailler librement à éteindre l'incendie. Le combat cessa à la nuit. Les Rochelais avaient perdu 10 navires et plus de 1000 hommes. 20 autres navires s'étaient jetés au plain pour ne pas couler à fond (1).

Quoique la paix eût été signée à Montpellier le 22 octobre, et que les deux partis en eussent probablement connaissance, le duc de Guise et les Rochelais voulurent essayer de nouveau leurs forces. Le 27, ces derniers étaient mouillés à Aiguillon, vis-à-vis la Fosse de l'Oie, au milieu des bancs et des roches; ils n'avaient plus que 30 bâtiments; la flotte royale, au contraire, avait été augmentée de 10 navires de Brouage amenés par le marquis de Rouillac. Le sieur de Saint-Luc conserva le commandement de l'avant garde; le chevalier de Razilly fut placé à l'arrièregarde et le duc de Guise prit la direction du corps de bataille. Le marquis de Rouillac reçut le commandement d'une escadre légère composée des sept plus grands bâti

(1) Boismélé, Histoire générale de la marine.

ments de l'armée. Placé au vent du corps de bataille, il devait assister les corps qui seraient trop pressés par l'ennemi et ramener les fuyards. Tous les bâtiments avaient ordre de laisser tomber l'ancre lorsqu'ils ne trouveraient plus assez d'eau pour naviguer avec sécurité. Le sieur de Saint-Luc devait alors prendre la gauche du duc de Guise avec son escadre; le sieur de Razilly, doubler sur la gauche de celle-ci avec la sienne, et le marquis de Rouillac, se placer à la droite du duc de Guise. L'armée française mouilla à portée de canon de l'ennemi, l'entoura comme dans une enceinte et le foudroya avec une artillerie bien servie. 12 navires seuls échappèrent; les autres furent presque tous coulés.

ANNÉE 1625.

L'établissement de la marine en France était réservé au cardinal Richelieu. Ce ministre put se convaincre, en assiégeant la Rochelle, que, sans marine, il lui serait impossible d'atteindre au degré de supériorité qu'il rêvait pour la France.

Les protestants français avaient souvent sujet de se plaindre; le gouvernement n'exécutait pas de bonne foi le traité de Montpellier; les engagements pris étaient éludés. En exigeant la démolition des fortifications élevées pendant la guerre dans les places réformées, il avait promis, de son côté, de raser le fort Louis, bâti à quelques centaines de mètres des murs de la Rochelle et du canal qui y conduisait. Les Rochelais ne purent obtenir la réalisation de cette promesse, fort importante pour eux, et ils regardèrent l'obstination du gouvernement à ce sujet com

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