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Le commodore anglais Moore ayant, ainsi que je le dirai plus loin, effectué un débarquement dans la baie du Fort-Royal de la Martinique, la position du vaisseau de 74° le Florissant et des frégates de 32 la Bellone et l'Aigrette. qui se trouvaient sur rade, ne tarda pas à devenir fort critique. La sortie fut résolue, et elle fut effectuée le 16 janvier, à l'entrée de la nuit. Le blocus de la baie était malheureusement trop bien établi pour que ces bâtiments pussent passer sans être aperçus. Le Florissant, capitaine de Maurville, fut joint, entre la Guadeloupe et Montserrat, par le vaisseau anglais de 64 le BUCKINGHAM, capitaine Tyrrel, et la corvette de 14 WEAZLE, capitaine Boles. On se battit avec acharnement de part et d'autre. Criblé et coulant bas d'eau, le Florissant amena son pavillon à la nuit. Les avaries du vaisseau anglais avaient porté principalement sur la mâture et le rendaient incapable de faire de la voile; le capitaine de Maurville ne tarda pas à s'en apercevoir. Mettant à profit l'avantage que les circonstances lui donnaient, il fit route et, grâce à l'obscurité, il perdit bientôt le BUCKINGHAM de vue.

Le capitaine de Beauharnais, qui était sorti de Fort-Royal, avec la frégate de 32 la Bellone, le 16 janvier, en même temps que le vaisseau le Florissant et la frégate l'Aigrette, parvint à se soustraire à la poursuite des Anglais et fit route pour l'Europe. Le 24 février, à 7h du matin, en vue du cap Finistère, la Bellone fut chassée par les frégates anglaises VESTALE de 32°, capitaine Samuel Hood, et TRENT de 28, apitaine Lindsay, qui se rendaient en Amérique avec le ontre-amiral Holmes; la VESTALE atteignit la Bellone. Le cmbat, commencé à 11 de l'après-midi, continua jusqu'à 5'30". A cette heure, la frégate française avait perdu son grad mât et son mât d'artimon, et il ne restait qu'un seul offier pour seconder le capitaine : le pavillon fut amené. Le ernier mât de la Bellone s'abattit avec le pavillon. La

VESTALE était très-maltraitée et avait perdu ses trois mâts de hune. La Bellone prit le nom de REPULSE dans la marine anglaise.

La Bellone portait 28 canons de 8

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La frégate l'Aigrette parvint à soustraire sa marche aux recherches de l'ennemi.

Le 6 juin, au moment où elles allaient entrer à Toulon, les frégates de 24° la Pléiade et l'Oiseau, capitaines de Mouy et Moriès, furent chassées par l'escadre de l'amiral Boscawen et forcées de demander protection aux batteries des Sablettes, de Saint-Elme, et de Faubregas. Le chef d'escadre de Laclue, qui commandait une division sur rade, fit de suite renforcer les équipages des frégates et l'armement des batteries par des marins de sa division. La précaution était sage. La position choisie par les capitaines des frégates françaises n'effraya pas, en effet, l'amiral anglais, et il détacha le vaisseau CULLODEN de 74°, capitaine Smith, CONQUEROR de 70, capitaine Barker, et JERSEY de 60, capitaine Harland, pour s'embosser sous les batteries. L'attaque de ces vaisseaux fut vive; elle n'eut cependant pas de succès et, à 51 du soir, la brise étant entièrement tombée, l'amiral anglais envoya des embarcations pour les retirer du feu; ils avaient, d'ailleurs, de nombreuses avaries: le CULLODEN, entre autres, avait perdu son mât de perroquet de fougue et sa grande vergue. Dans cette cir constance, les deux frégates durent leur salut au feu éner gique des batteries de terre; l'escadre anglaise s'éloigna t elles purent entrer à Toulon.

Les nombreuses constructions de navires de flottille que l'on faisait au Havre n'étaient pas sans jeter quelques inquiétudes de l'autre côté du détroit. Le 29 août, les Anglais bombardèrent ce port, mais sans résultats. Ils le tinrent ensuite bloqué par une escadre aux ordres de l'amiral Rodney, qui avait déjà jeté des bombes sur la ville un mois auparavant.

La conquête de l'île Royale ne satisfit pas longtemps l'ambition de l'Angleterre. La France possédait dans les mers des Antilles des colonies qui lui portaient ombrage, et, entre autres, celle de la Martinique, qui était pour elle un objet de convoitise d'autant plus grande que cette île est dotée d'une des plus belles rades qui se rencontrent dans ces mers. Aussi fut-ce devant la Martinique que le commodore Moore parut le 15 janvier de cette année. Les troupes des vaisseaux et des transports qu'ils accompagnaient, débarquées dans la baie du Fort-Royal, marchèrent de suite sur la ville; mais, battues dans plusieurs rencontres, elles durent se rembarquer le 17.

Cet échec, dû en grande partie à la spontanéité avec laquelle les habitants avaient pris les armes, ne découragea pas le commodore anglais; il se dirigea sur la Guadeloupe dont il espérait avoir raison plus facilement. En passant, il canonna les batteries de Saint-Pierre de la Martinique. Arrivée le 22 devant la Basse-Terre de la Guadeloupe, la division anglaise lança des boulets incendiaires sur la ville. pendant la nuit; le lendemain, elle attaqua les forts. Le bombardement recommença le soir. Le 24, les troupes furent mises à terre dans le Nord de la ville, et elles y entrèrent sans rencontrer d'obstacles: la garnison s'était retirée dans l'intérieur de l'île. Le commodore anglais ne s'était pas trompé. La conquête de la Guadeloupe fut faite en quelque sorte sans qu'on lui opposât de résistance, et le gouverneur capitula le 2 mai, précisément au moment où

des renforts lui étaient apportés par l'escadre de 9 vaisseaux et 3 frégates du chef d'escadre Bompard. En apprenant la reddition de l'île, cet officier général ne débarqua pas même les troupes qui étaient à bord de ses vaisseaux, et il retourna en France.

La capitulation de la Guadeloupe entraîna celle des Saintes, de Marie-Galante et de la Désirade.

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ANNÉE 1760

Revenons aux vaisseaux et aux frégates dont les capitaines, peu soucieux du résultat de la bataille engagée dans la baie de Quiberon, avaient cherché un refuge dans la Vilaine, pour se soustraire à une perte qu'ils regardaient comme inévitable. Le ministre de la marine n'ayant pu faire que ces capitaines, qui n'avaient pas hésité à demander un abri à une rivière dans les eaux de laquelle jamais vaisseau n'avait flotté jusqu'alors, consentissent à sortir, avait ordonné le désarmement de ces vaisseaux dans le haut de la rivière. Mais, espérant obtenir de l'amour-propre de ces officiers ce qu'il n'avait pas cru devoir exiger d'eux comme une obligation, il offrit le commandement des vaisseaux aux officiers qui voudraient les sortir de la rivière. Ce moyen réussit. Les demandes qui lui furent adressées par plusieurs officiers de la Compagnie des Indes allèrent au cœur des officiers de la marine royale, et le lieutenant de vaisseau de Ternay demanda et obtint le commandement du vaisseau le Dragon; le vaisseau le Brillant fut donné au lieutenant de vaisseau Hector. Quelque efficace qu'eût été le procédé auquel il avait eu recours, le ministre crut lui donner encore plus de force en nommant au commandement du Robuste et du Glorieux deux officiers de la Compagnie des Indes, MM. Dufresne Marion et Duhoux Desages. Ces armements furent poussés avec activité, et lorsqu'ils furent terminés, les 4 vaisseaux descendirent jusqu'à Tréhiguier, mouillage distant de 2 milles de l'embouchure de la rivière. Ce mouvement fit manquer le but que le lieutenant de vaisseau de Ternay s'était proposé en désarmant. Les Anglais, qui se tenaient dans la baie de Quiberon, eurent bientôt connaissance des 4 vaisseaux français, et 9 des leurs furent promptement en observation à l'entrée de la

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