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Français furent grandement décriées. On accusa le lieutenant général de Court d'avoir laissé ses vaisseaux trop longtemps inactifs; et, bien qu'il eût prouvé qu'il avait fait à l'avant-garde le signal de virer, une heure après le commencement du combat, et qu'on dût dès lors admettre que ce signal n'avait pas été aperçu, il fut démonté de son commandement.

La France avait supporté avec une résignation des plus grandes les affronts et les exactions dont sa marine était l'objet de la part de l'Angleterre depuis plusieurs années. Les bâtiments de guerre étaient attaqués, ses navires de commerce étaient capturés sans qu'aucune déclaration de guerre eût justifié une semblable conduite. La dignité nationale l'emporta enfin sur l'apathie avec laquelle le roi Louis XV acceptait les actes inqualifiables de ses voisins d'outre-Manche. Le combat qui venait d'être livré devant Toulon détermina ce changement; le 15 mars, la France déclara la guerre à l'Angleterre.

Une armée navale de 26 vaisseaux, escortant des transports chargés de troupes, sortit de suite de Brest et de Rochefort, sous la conduite du chef d'escadre de Roquefeuil, et se dirigea sur l'Irlande pour rétablir le prince Édouard sur le trône le maréchal de Saxe commandait en chef. Mais un coup de vent dispersa les vaisseaux, et cette nouvelle tentative d'expédition en Irlande n'eut pas de suite.

De son côté, l'Angleterre confiait au vice-amiral Sir Charles Hardy la conduite d'un convoi qui se rendait dans la Méditerranée sous l'escorte de 11 vaisseaux. Obligé de relâcher à Lisbonne, le vice-amiral anglais fut bloqué par 14 vaisseaux aux ordres du chef d'escadre Rochambeau. Ce blocus fut de courte durée; le chef d'escadre français le leva et se rendit à Cadix, en apprenant qu'une armée de 20 vaisseaux hollandais, commandés par l'amiral Bacherest, et 14 vaisseaux anglais, sous les ordres de l'amiral Sir

John Balchen, était sortie de Spithead pour se mettre à sa recherche. Cette armée combinée parut devant le Tage, le 9 septembre et, après avoir escorté le convoi à Gibraltar, elle retourna en Angleterre. Dispersés par un violent coup de vent, le 3 octobre, presque tous les vaisseaux firent de graves avaries. Le VICTORY, sur lequel l'amiral Balchen avait son pavillon, fut séparé de l'armée et on n'en entendit plus parler.

L'annonce de l'arrivée prochaine d'un riche convoi de la Havane détermina le gouvernement français à envoyer à sa rencontre 16 vaisseaux et 4 frégates qui étaient réunis à Toulon, sous le commandement du chef d'escadre Gabaret. Cet officier général reçut l'ordre de rallier l'escadre espagnole à Carthagène, ou le chef d'escadre Rochambeau à Cadix. Le vice-amiral Rowley, qui avait pris le commandement de l'armée anglaise de la Méditerranée, se mit à la poursuite des vaisseaux de Toulon; mais, informé de la sortie de l'escadre de Cadix, il se borna à les faire observer. Le coup de vent qui avait été si funeste au VICTORY dispersa l'escadre de Toulon et celle de Cadix; la première s'était emparée des corvettes anglaises de 20 canons SOLEBAY, capitaine Bury, SEAFORD, capitaine Prye et GRAMPUS de 16, capitaine Collins.

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Quoique la situation des affaires maritimes de la France fût déplorable, les Anglais n'obtinrent cependant pas, cette année, des succès proportionnés à leur puissance.

La corvette de 20 canons l'Éléphant, capitaine Sellet, fut prise, le 20 février, par les vaisseaux anglais CHESTER et SUNDERLAND, dans sa traversée de la Louisiane en France.

A la fin du mois de mars, la corvette de 20 canons la Panthère, capitaine Kéruzoret, fut prise à l'entrée de la Manche par la division du vice-amiral anglais Martin.

De leur côté, les Anglais perdirent la frégate de 40 canons ANGLESEA, capitaine Jacob Elton, qui fut capturée, le 22 avril, par le corsaire de 50 canons l'Apollon. Et plus tard, les corvettes de 20 canons FALCON et BLANDFORD furent prises, ainsi que les corvettes WOLF et MERCURY de 14, les deux premières aux Antilles, les autres dans les mers d'Europe.

Le vaisseau de 64 canons le Vigilant, capitaine de Maison

fort, qui portait des munitions et des approvisionnements à Louisbourg, fut pris, le 19 mai, au moment où il allait atteindre le port, par une division anglaise aux ordres du commodore Warren.

Le 21 mai, le capitaine chevalier de Caylus, qui commandait une division aux Antilles, dirigea une expédition contre l'île anglaise de l'Anguille. Cette attaque fut sans résultats.

Le capitaine Macnémara du vaisseau de 80 canons le Magnanime, escortant avec le vaisseau le Rubis un convoi de plus de 200 navires qui se rendait aux Antilles, fut chassé sous la Martinique, le 31 octobre au matin, par 14 vaisseaux anglais et cinq autres bâtiments de moindre force, aux ordres du vice-amiral Towsend: 30 navires du commerce furent pris ou brûlés (1), Le Rubis, qui s'était échoué à la côte, auprès d'une batterie, fut vigoureusement canonné, mais sans succès, par plusieurs vaisseaux ennemis.

Le vaisseau anglais de 70 canons NORTHUMBERLAND fut

(1) M. de Lapeyrouse place cette affaire en 1746 et la raconte différemment dans son Histoire de la marine française. Il a soin d'avertir ses lecteurs qu'il ne l'a pas trouvée dans le dossier du capitaine Macnémara et qu'il n'a pu se procurer ni le nom des bâtiments ni celui des capitaines, mais il omet de dire à quelle source il a puisé les détails qu'il donne. D'après lui, plusieurs des vaisseaux dispersés de l'escadre du lieutenant général d'Enville seraient allés mouiller à Saint-Domingue où le capitaine Macnémara attendait une occasion favorable pour sortir avec un fort convoi. Profitant de l'arrivée de ce renfort, cet officier, jusque-là partagé entre la crainte de l'ennemi et celle de la fièvre jaune, se décida à faire sortir ses navires en deux divisions. La première, dont il prit le commandement en personne, se dirigea au Nord; l'autre gouverna au Sud. Le vice-amiral anglais Towsend, qui bloquait le port, se mit à la poursuite du convoi du Nord avec 11 vaisseaux, et 4 de ses meilleurs voiliers l'atteignirent à quarante lieues de Saint-Domingue. Après un combat de plusieurs heures, l'ennemi, ne pouvant faire plier aucun vaisseau français, serra le vent et laissa le convoi continuer sa route. Dès que le vice-amiral anglais avait été

pris, dans le courant de cette année, par 3 vaisseaux fran

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prévenu que ses chasseurs avaient joint les Français, il avait renoncé à les poursuivre et il faisait route pour aller reprendre sa croisière, lorsque le hasard lui fit rencontrer le convoi qu'il ne chassait plus et il attaqua à son tour les vaisseaux français. Le combat fut long et opiniâtre. Quatre contre sept : c'était une lutte inégale et glorieuse, dit M. de Lapeyrouse. Deux vaisseaux furent pris; les autres résistèrent toujours; une partie des marchands fut capturée.

Les invraisemblances de ce récit doivent inspirer des doutes sur l'authenticité des documents auxquels il a été emprunté.

Si je suis, parfois, en contradiction avec M. de Lapeyrouse, ce n'est pas par un esprit préconçu de critique. La partie technique de l'Histoire de la marine empruntant au caractère d'officier de vaisseau de son auteur une valeur spéciale qu'on ne saurait accorder au même degré aux écrits des historiens qui sont étrangers à la marine, j'ai cru devoir indiquer les motifs des divergences d'qpinion qui pourraient jeter des doutes sur l'exactitude de ma relation, (1) Beatson, Naval and military memoirs, etc.

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