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officier général fit lancer contre Dunkerque des machines incendiaires qui furent sans effet. Il bombarda ensuite Calais.

Au commencement du mois de mai 1694, le maréchal de Tourville sortit de Toulon et se dirigea sur la côte de la Catalogne avec l'armée navale qu'il commandait; il y fut rallié par une division partie de Brest avec le lieutenant général de Châteaurenault. Il avait ordre de seconder les opérations du duc de Noailles dans ce pays et, en même temps, de s'opposer aux tentatives que l'ennemi pourrait faire dans la Méditerranée. Une partie de la Catalogne était conquise et la campagne allait être terminée par la prise de Barcelone, lorsqu'on apprit l'entrée d'une armée navale anglo-hollandaise dans la Méditerranée. L'amiral Russell faisait route, en effet, pour Barcelone, avec une partie des vaisseaux qui opéraient sur les côtes de France. La saison paraissant trop avancée pour entreprendre le siége de Barcelone dans de semblables conditions, le maréchal de Tourville reçut l'ordre de rentrer à Toulon.

La frégate de 30 la Bouffonne, capitaine Laroche Vezansay, était partie de La Rochelle pour escorter la flûte l'Espérance qui portait des approvisionnements à Cayenne. Favorisés par le vent, ces deux bâtiments arrivèrent en quelques jours au point qui avait été fixé pour leur séparation, et la frégate fit route pour rentrer au port. En passant à l'Ouest, le vent, d'abord contraire, fit espérer au capitaine Laroche un retour aussi prompt que l'avait été la première partie de son voyage. Mais une telle chance eût été un grand hasard, vu le nombre considérable de croiseurs que l'Angleterre et les États-Généraux entretenaient dans le golfe de Gascogne. Le 28 octobre, au point du jour, 6 bâtiments furent aperçus, mais la brume les eut bientôt soustraits à la vue du capitaine de la frégate

française. Le temps s'éclaircit à midi et l'on put alors distinguer facilement 6 bâtiments de guerre qui hissèrent le pavillon des Provinces-Unies, et dont le plus faible portait 30°. 3 atteignirent la Bouffonne et commencèrent l'attaque; la riposte ne se fit pas attendre et tous les coups arrivaient à leur but, car c'était à portée de pistolet que les Hollandais avaient ouvert le feu. La mousqueterie et les canons français faisaient merveille, et les 3 bâtiments ennemis se laissèrent culer pour réparer leurs avaries. Les 3 derniers prirent leur place et continuèrent le combat. Cependant, ceux qui s'étaient éloignés ne tardèrent pas à revenir à la charge. Un d'eux se plaça sur l'avant de la Bouffonne, le second par sa hanche de tribord, et l'autre par son travers du même bord. La lutte, du côté des Français, prit alors une vigueur nouvelle. Quoique fatigué par quatre heures de combat, l'équipage de la frégate française suffisait cependant à tout. De part et d'autre, les mâts, les vergues et les manœuvres étaient hachés. Un des bâtiments ennemis tenta un abordage: il fut repoussé. Un autre se présenta il eut le même sort. Il y avait six heures que l'on se battait lorsque la nuit vint mettre un terme à cette lutte héroïque. La Bouffonne ne manoeuvrait plus : ce furent par conséquent les ennemis qui s'éloignèrent. Un d'eux s'obstina cependant et se plaça sous le beaupré de la frégate à laquelle il envoya une bordée d'enfilade. Mais une fausse manoeuvre le mit un moment par le travers de la Bouffonne et une volée heureuse l'obligea à la retraite. Les pertes de la frégate française étaient grandes. Quoique tous blessés, capitaine et officiers étaient restés à leur poste. La Bouffonne entra à la Rochelle le 13 novembre. Son grand mât s'était abattu le lendemain du combat.

Une brume épaisse et le mauvais temps avaient séparé le Téméraire, capitaine Descoyeux, de la division du baron de Paille avec laquelle ce vaisseau était sorti du cap Fran

çais de Saint-Domingue et se rendait en France. Constamment contrarié par le temps, le capitaine Descoyeux se vit dans la nécessité de réduire la ration de vivres, alors que son vaisseau était à peine à la hauteur des Bermudes. Enfin, après une navigation des plus pénibles pendant laquelle le nombre des malades avait atteint un chiffre considérable, le Téméraire arriva sur les sondes, mais pour y recevoir un coup de vent qui, dans la nuit du 7 décembre, détermina une forte voie d'eau. Toutes les poudres furent mouillées, à l'exception de quelques gargousses; les soutes à biscuit furent inondées et l'on ne put préserver que quelques sacs. Le Téméraire fut mis à la cape sous la grande voile; la misaine avait été déchirée et emportée par le vent. Cependant le temps devenait de plus en plus mauvais et les pompes ne franchissaient plus. Le mât de misaine ne tarda pas à céder à la violence des coups de tangage; en tombant, il entraîna le beaupré, la grande vergue, la vergue du grand hunier et défonça le passe-avant à tribord. Toute la nuit fut employée à se débarrasser des débris de mâture qui billardaient le bord. Cette opération était à peine terminée, que 3 navires furent aperçus au vent. Lorsqu'ils furent à demi-portée de canon, le Téméraire hissa son pavillon; celui de la Grande-Bretagne se déploya à la corne des 3 étrangers : c'étaient la frégate de 48° ENGLAND et deux navires du commerce. A 8" du matin, le Téméraire ouvrit son feu sur la frégate. Celle-ci évita de se placer par son travers et se tint tantôt sur son avant, tantôt sur son arrière. La nuit fit cesser le combat. Les pompes n'avaient pas cessé de jouer à bord du vaisseau. Le 9 au jour, le vaisseau anglais de 60° MONTAIGU rallia l'ENGLAND, et, à 8", il joignit son feu à celui de la frégate, mais il prit poste de l'autre côté du Téméraire. Peu de temps après, le capitaine Descoyeux eut la mâchoire fracassée par une balle. Obligé de quitter le pont, il fut remplacé par le lieutenant chevalier de Rollon. Deux heures plus tard, cet officier etait tué et remplacé, à son tour, par le lieutenant de

Beaumont. Le capitaine Descoyeux qui, malgré son état, n'avait cessé de donner des ordres, craignit de voir son équipage faiblir faute de chefs et, par suite, de direction: il fit reconnaître tous les garde-marines comme officiers. Épuisés par la longueur de la lutte, les deux anglais se laissèrent culer. Le capitaine dn MONTAIGU envoya un canot à bord du Téméraire et fit dire au capitaine que, s'il voulait se rendre, il aurait égard à sa défense honorable; que, dans le cas contraire, il allait l'aborder et qu'il ne serait fait quartier à personne. L'officier anglais rapporta un refus à son commandant. Le capitaine Descoyeux se fit alors monter sur le pont. Une seconde embarcation vint renouveler les offres et les menaces du capitaine anglais. L'équipage du vaisseau français commençait à éprouver quelque effroi. Le capitaine Descoyeux assembla les officiers et les maîtres en conseil. Tous furent d'avis que, dans l'état où était le Téméraire, on pouvait accepter une capitulation honorable. On demanda qu'aucun Français ne fût dépouillé ni fouillé, et que l'équipage entier fût renvoyé en France. Ces propositions furent acceptées. Le Téméraire ne put arriver en Angleterre ; les capteurs se virent forcés de le livrer aux flammes.

BATIMENTS PRIS, DÉTRUITS OU NAUFRAGÉS
pendant l'année 1694.

Français.

Téméraire (vaisseau). . . Pris par un vaisseau et une frégate.

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Le 18 janvier 1695, les vaisseaux le Trident de 42o, capitaine comte d'Aulnay, et le Content de 54, capitaine comte Duchallard, furent chassés, entre le cap Bon de la régence de Tunis et l'île de la Pantellerie, par les 6 vaisseaux anglais PLYMOUTH, CARLISLE de 60°, Falmouth, NEWCASTLE de 56°, SOUTHAMPTON et AVENTURIER de 50°, placés sous le commandement du capitaine James Killegrew. Le vent soufflait de l'Ouest. Vers 2 de l'après-midi, le PLYMOUTH joignit et attaqua les vaisseaux français; une heure plus tard, le FALMOUTH était en position de le soutenir. Démâté de son petit mât de hune, le premier de ces vaisseaux se retira au commencement de la nuit; son capitaine avait été tué : c'était le commandant de la division; le second vaisseau ne tarda pas à imiter la manœuvre du PLYMOUTH. Mais le reste de la division ennemie avait eu le temps d'arriver et le Trident succomba bientôt : son capitaine avait perdu la vie. Tous les efforts des Anglais se portèrent alors sur le Content. Ce vaisseau combattit toute la nuit et le jour suivant; la chute du grand mât et du mât

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