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ANNÉE 1691.

L'année 1691 fut peu fertile en événements maritimes. Dans l'Océan, le vice-amiral de Tourville sortit de Brest avec 69 vaisseaux, dans les derniers jours du mois de juin. Ses instructions lui enjoignaient d'attaquer un riche convoi de navires anglais et hollandais qu'on savait être parti de Smyrne, et de préserver les côtes de France d'agressions qu'on soupçonnait les Anglais de vouloir diriger contre elles. Cette croisière, qui dura une cinquantaine de jours, n'eut pas tout le résultat sur lequel on comptait. Aucune insulte ne fut faite au territoire, mais le convoi échappa; Tourville rentra à Brest dès qu'il eut acquis la certitude de son passage. Un vaisseau de 50°, la MARIE-ROSE, la frégate CONSTANT WARWICK et 4 autres navires de ce convoi furent les seules prises de la campagne.

Diverses croisières établies, plus tard, de l'Irlande au détroit de Gibraltar, furent également inhabiles à intercepter les convois dont le ministre de la marine avait conçu l'espoir de s'emparer.

Le capitaine Jean Bart, sorti de Dunkerque avec une petite division de frégates pour inquiéter le commerce des Hollandais dans les mers du Nord, aperçut, le 27 juillet au soir, 4 navires escortés par un vaisseau anglais de 40° et un second de 50. La journée était trop avancée pour commencer une lutte que l'obscurité de la nuit pouvait

mandée par le vice-amiral Papachin. Cette assertion me paraît entachée d'inexactitude. L'historien anglais que j'ai cité n'eût pas plaidé la cause du commandant en chef, comme il l'a fait, s'il avait pu laisser la responsabilité de cette affaire à un étranger.

contrarier. Le lendemain, dès qu'il fit jour, Jean Bart attaqua le vaisseau de 40° et le força d'amener son pavillon après une heure de combat. L'autre vaisseau et les navires marchands furent également enlevés.

Peu de jours après ce combat, Jean Bart rencontra une flotte de pêcheurs hollandais. Il enleva à l'abordage deux vaisseaux de 40° qui l'escortaient et s'empara d'une partie des navires pêcheurs.

Le bombardement d'Oneille, celui de Barcelone et celui d'Alicante sont les seuls faits de guerre qui eurent lieu dans la Méditerranée.

Le 9 mars, le vice-amiral d'Estrées sortit de Toulon afin de seconder les efforts de Catinat qui assiégeait Villefranche. Cette place ayant été prise le 5 avril, la division navale se rendit devant Oneille. Le vice-amiral d'Estrées somma de suite la garnison; les canons de la citadelle répondirent à cette sommation. Les vaisseaux ripostèrent, et des bombes furent lancées sur la ville. Un coup de vent préserva Oneille d'une destruction complète, en forçant la division à aller chercher un abri aux îles d'Hyères. Le commandant en chef y reçut l'ordre de se porter sur la côte d'Espagne, et de bombarder les villes principales pour en obtenir une contribution. La division était alors composée de 4 vaisseaux, 5 frégates, 3 galiotes à bombes et 26 galères; celles-ci étaient sous les ordres du chevalier de Noailles. Le 8 juillet, le vice-amiral d'Estrées bombarda Barcelone; plusieurs quartiers furent incendiés : c'est à peine si cette ville riposta. L'escadre, renforcée de 8 vaisseaux et de 10 tartanes, prit ensuite la route d'Alicante; contrariée par le vent, elle n'arriva que le 22 devant ce port. Le commandant en chef somma immédiatement le gouverneur de payer une contribution, sous peine de voir la ville réduite en cendres. Pour toute réponse celui-ci fit tirer sur les chaloupes qui portaient les ancres au moyen

desquelles les galiotes devaient se haler; ces bâtiments ripostèrent à 41 de l'après-midi. Le feu de la ville fut d'abord assez bien nourri; mais quelques bombes firent abandonner les batteries, et, ainsi que le dit le commandant en chef dans son rapport, à partir de ce moment, les galiotes demeurèrent aussi tranquilles que dans un simple exercice. Le bombardement continua jusqu'au 24 sans interruption; ce jour-là, l'état de la mer força de le suspendre. Le gouverneur n'ayant pas voulu répondre aux nouvelles propositions qui lui furent faites, le bombardement recommença et dura jusqu'à l'épuisement entier des munitions; on était au 27. L'incendie de la ville était général. « On peut s'as« surer, écrivait le commandant en chef au ministre, que « cette ville, qui a brûlé pendant cinq jours et cinq nuits, << est bien châtiée; et si un pareil exemple n'intimide pas << les autres, il ne faut plus espérer de tirer de l'argent, par «< ce moyen, de quelque endroit que ce puisse être. » Le châtiment était complet, en effet, mais Alicante ne donna pas d'argent. Le 29 au matin, 17 vaisseaux espagnols, 2 galères et plusieurs brûlots furent signalés arrivant avec des vents d'Ouest; à la côte, la brise soufflait faible de l'E.-N.-E. Le vice-amiral d'Estrées donna l'ordre aux galères de prendre les galiotes à la remorque et fit appareiller les vaisseaux. Les Espagnols les chassèrent, mais le lendemain on les avait perdus de vue. L'escadre française se dirigea sur les Baléares, où elle trouva l'ordre de rentrer en France.

BATIMENTS PRIS, DÉTRUITS OU NAUFRAGÉS
pendant l'année 1691.

50 MARIE-ROSE..

1 vaisseau de 50c.

1 vaisseau de 40.

ANGLAIS.

Prise par une escadre.
Pris par une division.

CONSTANT-WARWICK (frégate). . Prise par une escadre.

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Vers le milieu de l'année 1692, Louis XIV voulut tenter un nouvel effort en faveur de Jacques II, qui s'était encore réfugié en France. Une armée de 12,000 hommes fut réunie sur le littoral de la Manche, et le port de Brest reçut l'ordre de tenir prêts tous les vaisseaux en état de prendre la mer; Toulon devait fournir un contingent de 13 vaisseaux. Malheureusement le 18 mai, à la sortie du détroit de Gibraltar, ces derniers furent assaillis par un violent coup de vent qui jeta deux vaisseaux à la côte, sous Ceuta, et désempara tellement les autres qu'ils ne purent arriver à Brest avant la fin du mois de juillet. C'était trop tard; l'armée navale de l'Océan avait mis sous voiles. Le roi de France, ayant été informé de la sortie de l'armée navale d'Angleterre, avait ordonné au vice-amiral de Tourville de prendre la mer avec les 45 vaisseaux et les 7 brûlots qui étaient réunis à Brest, en lui enjoignant de poursuivre les Anglais avant leur jonction aux Hollandais, et de les combattre forts ou faibles, et quoi qu'il pût en arriver. Cet ordre était de la main du roi. Des vents très-frais de la partie du N.-E. retinrent les Français à l'entrée de la Manche

et permirent aux Hollandais de se réunir à l'armée anglaise, le 25 mai.

Quelques mots expliqueront le motif de l'ordre envoyé au commandant en chef de l'armée française. Le roi détrôné, Jacques, avait donné à Louis XIV l'assurance qu'à la vue de l'armée française, plus de la moitié des capitaines et des équipages des vaisseaux anglais se joindraient aux Français pour combattre ceux qui resteraient fidèles au roi Guillaume de là cet ordre de combattre l'ennemi fort ou faible. Mais Guillaume d'Orange avait eu connaissance de ce complot, et il avait fait arrêter immédiatement les capitaines qui l'avaient formé. L'infériorité numérique de l'armée française depuis la jonction des deux armées ennemies nécessita dès lors l'annulation du premier ordre, et des bateaux furent expédiés de Barfleur pour prescrire au commandant en chef de l'armée navale de ne pas combattre avant l'arrivée des renforts qui lui étaient annoncés. Ces embarcations cherchèrent vainement l'armée française qui était retenue à l'entrée de la Manche par les vents contraires, et le commandant en chef, qui n'était pas initié aux secrets d'État, dut se conformer aux ordres qu'il avait reçus.

Le 29 mai, à 4" du matin, l'armée anglaise, dans laquelle on put compter 99 voiles, fut aperçue sous le vent. Le temps était brumeux et la brise soufflait faible du S.-O. Le cap La Hague, extrémité occidentale de la presqu'île du Cotentin, restait à 21 milles dans le Sud. Le vice-amiral de Tourville assembla de suite les officiers généraux en conseil : tous furent d'avis qu'il ne fallait pas combattre. Le commandant en chef leur montra les ordres du roi : il ne restait plus qu'à obéir. Chacun retourna à son bord, et, à 10, Tourville laissa arriver sur l'armée ennemie qui était en bataille, les amures à tribord, le petit hunier sur le mât. Vers 11" 30", il fit tenir le vent aux mêmes amures que l'ennemi, et, chaque chef d'escadre se plaçant par le travers de l'officier général qui lui correspondait dans la ligne anglo-hollandaise, le combat s'engagea à portée de fusil.

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