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embarcations pour gouverner. A 5h, la plupart des vaisseaux hollandais étaient hors d'état de combattre; quelques-uns étaient rasés comme des pontons; les Anglais se faisaient retirer du feu par leurs canots. La canonnade continuait cependant encore, et elle ne cessa que lorsque les deux armées furent hors de portée de canon. Cela tarda peu, car le commandant en chef de l'armée française ne s'aperçut pas que les vaisseaux ennemis avaient laissé tomber une ancre en conservant toutes voiles hautes, et les siens furent drossés par le courant.

Le vaisseau hollandais FRISLAND avait été pris et incendié par le Souverain; un autre vaisseau avait été brûlé et un troisième coulé (1). Les deux contre-amiraux hollandais avaient été tués.

Quelques-uns des vaisseaux français avaient de grandes avaries. La poupe du Terrible avait été emportée par l'explosion d'une bombe. Le Fleuron et le Modéré, coulant bas d'eau, avaient été obligés de se retirer du feu.

Le vice-amiral de Tourville n'abandonna pas les avantages qu'il venait d'obtenir. Profitant de la marée et des folles brises qui s'élevèrent, il poursuivit les vaissaux ennemis. Pour échapper, les uns se jetèrent à la côte, d'autres furent détruits par leurs propres équipages. Le lieutenant général de Villette-Mursay parvint à en atteindre 7 qu'il livra aux flammes; il en força 4 autres à s'échouer. A quelques jours de là, on en brûla 2 autres, 1 anglais et 1 hollandais.

L'armée française mouilla à Torbay le 1er août; le chevalier de Noailles l'y rejoignit avec les galères. Le 5, un petit corps d'armée, composé d'un détachement de chaque vaisseau, débarqua à Tinmouth sous la direction du viceamiral d'Estrées; on s'empara d'une batterie qui fut détruite; 12 vaisseaux eurent le même sort. L'armée navale

(1) Au dire de Campbell, Lives of the British admirals, les Anglais perdirent 1 vaisseau et les Hollandais 5.

reprit ensuite la mer, brûla encore 5 vaisseaux et mouilla, le 17, dans la baie de Bertheaume.

Des plaintes nombreuses s'élevèrent, en Angleterré, sur la conduite de l'amiral Herbert. Les Hollandais l'accusèrent de les avoir sacrifiés. Cet officier général fut mis à la Tour de Londres et traduit devant une cour martiale qui l'acquitta honorablement : il fut cependant remplacé par l'amiral Russel dans le commandement de l'armée navale.

Voici ce que dit Campbell au sujet de cette bataille : << L'arrivée inattendue de cette formidable armée française dans la Manche jeta un grand effroi en Angleterre et décida l'amiral Herbert à prendre de suite la mer avec les vaisseaux qui étaient prêts, laissant aux capitaines des autres l'ordre de le rejoindre dès qu'ils le pourraient. Le ralliement se fit chaque jour et le commandant en chef put bientôt disposer de 34 vaisseaux anglais et de 22 hollandais. Ce nombre ne lui paraissait cependant pas encore assez élevé pour livrer bataille lorsque, le 3 juin, il reçut l'ordre de combattre afin d'éloigner les Français dont la présence sur les côtes d'Angleterre faisait craindre un mouvement jacobite. C'est alors que l'amiral Herbert laissa arriver; mais ses dispositions étaient mal prises et les Hollandais se battaient déjà depuis une heure lorsqu'il se présenta au feu avec le corps de bataille. » D'après l'auteur anglais, l'armée française comptait 78 vaisseaux et 22 brûlots. Il prétend aussi que les pertes des alliés s'élevèrent en tout à 3 vaisseaux hollandais brûlés pendant la bataille, 3 brûlés à la côte et 1 vaisseau anglais de 70° incendié par son propre équipage. Il dit que 3 navires de pêche furent seuls détruits à Tinmouth. On voit que les additions anglaises sont loin d'être d'accord avec les additions françaises.

La défense des droits de l'ex-roi d'Angleterre Jacques II avait déterminé Louis XIV à envoyer un secours de 7,000 hommes en Irlande au commencement de cette

année. Ces troupes, dont le commandement avait été donné au comte de Lauzun, avaient pris passage sur 36 vaisseaux aux ordres du lieutenant général d'Amfreville. Cet officiergénéral les avait débarquées à Corke, vers le milieu du mois de mars, et il était retourné de suite à Brest. Le résultat de cette nouvelle tentative est connu : les troupes françaises furent défaites à Limerick.

Peu de jours après sa rentrée, le vice-amiral de Tourville reçut l'ordre d'envoyer une partie de ses vaisseaux à Corke pour recueillir les débris de cette expédition. Cette opération ne présenta aucune particularité.

Dans les premiers jours du mois d'avril 1690, le viceamiral anglais Killegrew reçut l'ordre de se rendre devant Toulon avec une division anglo-hollandaise pour surveiller les armements de ce port. Assaillis en route par une série de mauvais temps, les vaisseaux ennemis firent de nombreuses avaries et, renonçant momentanément à remplir sa mission, le vice-amiral anglais relâcha à Cadix; il y reçut l'avis que 6 vaisseaux étaient sortis de Toulon. Cette nouvelle lui fit reprendre de suite la mer. Le lendemain 11 avril, ayant appris par les capitaines de quelques vaisseaux qui se rangèrent sous son pavillon, qu'une division française avait été vue dans la baie de Tétouan, sur la côte septentrionale du royaume de Maroc, il se dirigea de ce côté avec 12 vaisseaux anglais et 5 hollandais. Les vaisseaux qu'on avait signalés au commandant en chef de l'armée anglaise étaient, en effet, sortis de Toulon pour se rendre à Brest avec le lieutenant général de Châteaurenault; voulant éviter, autant que possible, d'être aperçu, cet officier général s'était constamment tenu sur la côte d'Afrique, mais sans s'arrêter. Aussi, lorsqu'il se présenta à l'ouvert de la baie de Tétouan où il pensait trouver les Français au mouillage, le vice-amiral Killegrew vit-il ses espérances déçues; il se mit de suite à la recherche de la

division française qu'il supposa avec raison s'être dirigée vers l'Ouest, et il ne tarda pas à l'apercevoir et à la gagner, la marche des vaisseaux français étant entravée par un convoi. Bientôt les vaisseaux anglais avancés n'en furent plus qu'à 2 milles. Malgré cet avantage, la division française ne fut pas attaquée; le lieutenant général de Châteaurenault continua sa route et il arriva à Brest sans autre rencontre.

Les relations françaises disent que le lieutenant général de Châteaurenault fit prendre chasse à son convoi, se plaça derrière lui et qu'il diminua de voiles pour se maintenir dans cette position. Un auteur anglais (1) trouve cette version tellement incroyable, sinon extravagante, qu'il déclare s'abstenir de toute réflexion (2). L'expression peu mesurée de l'historien anglais doit surprendre d'autant plus, que voici comment il raconte lui-même cette rencontre « vers 1', ils (les chasseurs anglais) étaient à moins « de deux milles de la division française qui semblait fuir; « nos bâtiments mirent leurs perroquets et les chassèrent. Ce « fut sans résultat, car les vaisseaux français sortaient du « port et avaient leurs carènes propres, tandis que plusieurs « des nôtres en étaient absents depuis 17 mois; il n'est donc ‹ pas surprenant que les premiers aient pu échapper. La « chasse continua jusqu'au jour suivant: l'amiral la fit « alors lever; il n'avait avec lui que 4 vaisseaux. L'ennemi « avait douze milles d'avance; les Hollandais et un des vais« seaux anglais étaient à la même distance de l'arrière (3). »

(1) Campbell, Lives of the British admirals.

(2) There is something so very improbable, not to say extravagant in this story, that there wanted nothing but the historian's reflection to render it perfectly ridiculous. He concludes this tedious detail with observing that the very enemy themselves could not but admire the ability and intrepidity of the count de Chateaurenault. Such flourishes are so natural to these authors, that after a very few instances, I shall content myself with a bare relation of them, and leave their credit to the candid consideration of every impartial reader.

(3) About one o'clock, they were within two miles of the French squadron which appeared to be in the run, and therefore our ships set their top-gallant

Cette dispersion de l'escadre anglo-hollandaise occasionnée par une chasse en route libre explique suffisam-ment, il nous semble, pourquoi le vice-amiral Killegrew n'attaqua pas 6 vaisseaux rangés en bon ordre sur l'arrière d'un convoi. Je ne vois donc pas en quoi consiste l'extravagance dont parle l'historien Campbell. Croit-il que son amiral eût levé la chasse s'il n'avait eu que des navires de commerce devant lui (1) ?

1 vaisseau.. 8 vaisseaux.

12 vaisseaux.

BATIMENTS PRIS, DÉTRUITS OU NAUFRAGÉS
pendant l'année 1690.

FRISLAND (Vaisseau).

2 vaisseaux.

5 vaisseaux.

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sails and crowded after them, but to little purpose, for the French ship being all clean ships, just come out off port, whereas some of ours have been seventeen months off the ground; it is no wonder they got clear them. The chace were continued till the next day, when the enemy were four leagues a-head, and the Dutch and one of the English ships as much a stern. Insomuch that the admiral had with him no more than four ships, which induced him to give over the chace.

(1) On lit dans les mémoires de Tourville que l'escadre ennemie était com

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