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contre avec Tourville. Relation autographe de Châteaurenault, du 16 juin 1688, au sujet du combat livré à l'amiral espagnol Papa chin. La traduction et la lettre mentionnées n'existent malheureusement plus au dossier de Tourville; mais M. le capitaine de frégate Ortolan a pu se procurer la première, et il l'a insérée dans l'appendice du premier volume de la Diplomatie de la mer, ainsi qu'une lettre de Tourville au ministre Seignelay, sous la date du 3 juin 1688; 2o par une lettre de l'intendant de Toulon rendant compte à Seignelay, le 13 juin 1688, de l'affaire de Tourville et de Papachin. M. de Vauvré écrivait au ministre : « Je dois << vous dire que le Content ayant été armé pour la course, << n'avait point de canons de 24 et que le Solide et l'Em« porté n'en ont que de 12 en bas et de 6 à la seconde bat«terie, et que le vaisseau de Papachin a sa batterie basse « de 24 livres de balles »; 3° par le numéro du 16 au « 18 juin 1688 de la Gazette de France qui rend compte de <«< cette affaire; 4o par une lettre dans laquelle le maréchal << d'Estrées, informant le ministre de la marine des dispo«<sitions qu'il prend pour bombarder Alger, dit : « J'ai << reçu par le retour de la Tartane que M. de Tourville avait << envoyée à Toulon après le combat, les lettres que vous « m'avez fait l'honneur de m'écrire du 5 et du 7 de ce <«< mois; elles nous trouvèrent occupés à racommoder le << Content et le Solide. » Et plus loin: « Le commandant << aidera par quelques détachements de matelots l'Emporté « et le Solide faibles d'équipages et plus encore depuis «<leur combat. » Le maréchal écrivait cette lettre le 28 juin 1688, à bord du Magnifique devant Alger.

Les Algériens, qui avaient semblé écouter les remontrances qui leur avaient été faites en 1685 après le bombardement de Tripoli, ne tardèrent pas à recommencer leurs brigandages. Le maréchal d'Estrées reçut l'ordre, d'aller les châtier et, dans la dernière quinzaine du mois

de juin, 10 vaisseaux, 10 galiotes à bombes et quelques galères faisaient leurs dispositions pour obtenir du dey la réparation à laquelle la France avait le droit de prétendre. Un retard dans l'attaque, retard occasionné par la force du vent et par l'absence de 3 vaisseaux placés sous les ordres du lieutenant général de Tourville, fut pris pour de l'hésitation par les Algériens. Le maréchal d'Estrées fut averti qu'il était question de renouveler sur les Français résidant à Alger l'acte barbare qui, en 1683, avait coûté la vie au consul de France, c'est-à-dire de les attacher à la bouche d'un canon. Le maréchal fit porter sur une machine que l'on conduisit quasi à terre un escrit attaché à une planche sur du parchemin par lequel on déclarait ce que le roy avait ordonné par ses instructions pour prévenir les cruautés qui se sont exercées il y a quatre ans contre les Français (1). Le capitaine d'un navire anglais mouillé tout près de la ville fut chargé d'apporter la réponse. Cette réponse était si grossière que, le 30 juin, on fit avancer 9 galiotes et le bombardement commença. 4 chaloupes armées de canon, placées sous les ordres du sieur de Pointis, furent chargées de protéger celles qui travaillaient à porter les ancres des galiotes. Une de ces chaloupes appartenant au Modéré, capitaine Rochalar, montée par le sieur de Laguièze, fut coulée par un boulet. Cette première démonstration fut courte et presque infructueuse. Le vent, en s'élevant au N.-E., obligea de cesser le feu; presque toutes les bombes avaient éclaté en l'air. Un individu, se disant chargé de traiter de la paix, se rendit alors à bord du Magnifique, sur lequel flottait le pavillon du commandant en chef. Les propositions dont il était porteur ne furent pas agréées. Le lendemain, on recommença à jeter des bombes et le feu continua, toutes les nuits, jusqu'au 14 juillet. Malheureusement les galiotes étaient vieilles, et elles ne purent résis

(1) Lettre du maréchal d'Estrées au ministre. Archives du ministère de la marine.

ter à un tir aussi prolongé. Il avait fallu réduire successivement le nombre de celles qu'on pouvait mettre en ligne. A cette date, toutes étaient hors de service. Trompés dans leur attente d'intimidation et furieux de ne pouvoir se préserver des moyens de destruction employés contre eux, les Algériens mirent à exécution l'affreuse menace dont on avait entretenu le maréchal. Le 4 juillet, ils mirent à mort le P. Vicaire, consul de France, et 14 Français. Les officiers généraux de l'escadre, réunis en conseil, décidèrent qu'il fallait user de représailles. 16 Turcs furent passés par les armes et leurs corps, placés sur un radeau, furent portés sous les murs de la ville par les courants. Le 18, le maréchal d'Estrées fit route pour France avec l'escadre, sans avoir obtenu le redressement qu'il demandait et, grâce à la mauvaise qualité de la poudre qui avait été embarquée, sans avoir occasionné les dommages auxquels aurait dû donner lieu le jet d'une quantité considérable de bombes.

Cette expédition fut la dernière que la France dirigea de longtemps contre la régence. Ramenés à de meilleurs sentiments, les Algériens demandèrent la paix, et le traité fut signé à Paris au mois de juillet 1689.

L'état de tranquillité de la France ne se prolongea pas au delà de l'anné 1688. Louis XIV ne tarda pas à savoir que les États-Généraux étaient entrés dans la ligue d'Augsbourg. Prenant pour prétexte leur attitude hostile à l'égard du cardinal de Furstemberg, évêque de Strasbourg, qu'il voulait faire nommer archevêque de Cologne, il leur déclara la guerre le 26 novembre 1688. Peu de temps après, il fit la même déclaration à l'Empire.

Le jour même de la rupture de la paix, le 26 octobre, le capitaine Jean Bart de la frégate de 30o la Railleuse, s'empara dans la Manche, après un combat sanglant, de la flûte hollandaise le CHEVAL MARIN.

ANNÉE 1689.

J'ai dit que Guillaume de Nassau, prince d'Orange, exploitant avec habileté les mouvements qui avaient agité la Hollande en 1672, s'était fait élire stathouder. La haine qu'il portait à la France le détermina à travailler presque immédiatement à la formation d'une vaste coalition qui prit le nom de ligue d'Augsbourg. Les vues de ce prince sur le royaume d'Angleterre parurent bientôt à découvert. A la fin de l'année 1688, il publia un manifeste dans lequel il énumérait tous les griefs des Anglais contre leur gouvernement, et jetait des doutes sur la naissance du prince de Galles, que beaucoup de protestants regardaient en effet comme un enfant supposé. Le 29 octobre, le prétendant se dirigea sur l'Angleterre avec 50 vaisseaux, 20 frégates et 400 transports portant 13 à 14,000 soldats (1); le vice-amiral anglais Herbert commandait l'armée navale, mais tous les capitaines étaient Hollandais. Un coup de vent dispersa cette flotte, qui fut rejetée sur les côtes de Hollande, Guillaume remit à la voile le 11 novembre, et débarqua le 15 à Torbay. La révolution qui fit monter Guillaume de Nassau sur le trône d'Angleterre plaça toutes les forces de ce pays entre les mains du plus dangereux ennemi de la France. La GrandeBretagne se mit à la tête de la ligue d'Augsbourg.

L'accommodement auquel la cour d'Espagne fut forcée dans l'affaire de l'Indult (2) et les prétentions de la France à l'égard du salut en mer, motivèrent l'association de l'Es

(1) Martin, Hist. de France, d'après l'historien Rapin de Thoyras. (2) Il s'agissait d'obliger la cour d'Espagne d'abolir ou de réduire un impôt extraordinaire qu'elle avait mis sur les marchandises étrangères envoyées au

pagne à la ligue et, le 15 avril 1689, la France lui déclara la guerre. Un mois plus tard, le 17 mai, celle-ci essuya elle-même de Guillaume III, en qualité de roi de la GrandeBretagne et d'Irlande, une déclaration semblable. La France eut donc contre elle les trois premières puissances maritimes de l'Europe. Louis XIV ne désespéra cependant ni de sa fortune ni de celle de son protégé l'ex-roi d'Angleterre Jacques II, qui s'était réfugié en France; il accepta la guerre contre ces puissances conjurées pour détruire sa prépondérance. L'autorité du roi détrôné semblait se maintenir en Irlande. Par suite d'une convention arrêtée entre Louis XIV et lui, 7,000 hommes de troupes françaises durent être envoyés dans cette île, en échange du même nombre de troupes irlandaises qui viendraient en France, Le chef d'escadre Gabaret conduisit Jacques II en Irlande et le capitaine Duquesne Mosnier resta à ses ordres avec 3 frégates. 2 mois après, le 6 mai, une armée navale de 24 vaisseaux, 2 frégates et 6 brûlots, portant un corps de 6,000 hommes, partit de Brest sous le commandement du lieutenant général de Châteaurenault. Le 9, cette armée jeta l'ancre à quelques milles de l'entrée de la baie de Bantry. On fit passer de suite les troupes à bord des frégates et des brûlots pour les diriger du côté de la ville.

La baie de Bantry est située sur la côte S.-O. de l'Irlande; elle a plus de 3 milles de profondeur sur 8 dans sa plus grande largeur. La ville et le port de Bantry sont au fond de la baie sur la côte orientale.

Le transbordement était presque terminé lorsque, vers

Mexique, dont celles des Français faisaient la meilleure part, et d'obtenir que la répartition de l'impôt qui subsisterait, fût faite également sur les marchandises de toutes les nations, et non sur celles de France en particulier. On employa successivement les raisons et la force; on fit partir des ambassadeurs, on envoya des escadres devant Cadix pour bloquer le port et pour saisir les navires; on menaça et on se mit même en devoir de bombarder la ville. Enfin, la cour d'Espagne céda, donna mainlevée des effets saisis ou séquestrés et fit, pour une somme modique, une espèce d'accommodement avec les négociants français. Cette transaction eut lieu en 1688.

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