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tomber de la dunette sur le pont; cette chute lui avait occasionné une autre blessure à la tête.

Du côté des Français, en outre du lieutenant général d'Almeiras, les capitaines Tambonneau et de Cou avaient été tués; les capitaines de Cogolin, de Labarre et de Béthune étaient blessés. Plusieurs vaisseaux avaient de grandes avaries; il fallut donner une remorque au Lys et à l'Aimable (1). Le chevalier de Valbelle conserva le commandement de l'avant-garde et le marquis de Laporte garda le Vermandois, sur lequel il avait remplacé, pendant le combat même, le lieutenant Cyprien Serraire, qui avait pris le commandement à la mort du capitaine Tambonneau. Le chevalier de Coëtlogon fut nommé au commandement de l'Éclatant à la place du lieutenant SaintGermain, qui avait momentanément remplacé le capitaine de Cou.

Le lieutenant général Duquesne se présenta, le 25, devant Syracuse pour défier l'amiral espagnol ; celui-ci n'en tint aucun compte. Cette nuit-là même, l'armée reçut un coup de vent d'Ouest qui fit prendre au commandant en chef le parti d'aller mouiller à Agosta, où il reçut l'ordre de rentrer à Messine. Le 29, il s'approcha encore de Syracuse; l'armée hispano-batave ne bougea pas davantage. C'est que, ce jour-là, la tristesse était dans tous les cœurs et sur tous les visages, surtout à bord des bâtiments hollandais: Ruyter venait de mourir de ses blessures!

La conduite des Espagnols fut taxée de lâcheté par les Hollandais, qui seuls, pour ainsi dire, avaient combattu à la bataille d'Agosta. Cette conduite semblait, au reste, avoir été prévue par Ruyter; cet officier général avait demandé, mais inutilement, que les vaisseaux fussent tous placés dans la même escadre.

(1) Le commandant en chef écrivit qu'il était important que S. M. fût informée que tous ses vaisseaux seraient hors d'état de naviguer avant l'été suivant, à cause de la grande quantité de boulets qu'ils avaient reçus dans leurs gros mâts et grandes vergues, et qu'il y en avait qui faisaient beaucoup d'eau.

La conduite des capitaines français fut belle et exempte de blâme, dit l'enquête qui fut faite sur cette bataille; l'ordre y fut parfait et la discipline bien observée. Cependant le chef d'escadre de Valbelle avoua que, croyant pouvoir envelopper l'amiral hollandais, il avait tenté un virement de bord sans en avoir reçu l'ordre, mais qu'il n'avait pas réussi. « L'espoir d'être fait lieutenant général et la certitude d'être pardonné, écrivait-il au ministre, me firent oublier un instant mon devoir. » M. de Valbelle était coutumier du fait, si j'ai bonne mémoire.

Quelques jours après la mort de Ruyter, l'armée navale hispano-batave alla mouiller à Palerme; l'amiral général D. Diego Harra commandait en chef. Le vice-amiral de Haan avait pris le commandement des vaisseanx hollandais et, sous lui, les capitaines Kallembourg et Middelandt faisaient fonction de vice-amiral et de contre-amiral.

L'inaction dans laquelle restait le duc de Vivonne avait déterminé Louis XIV à lui écrire avec sévérité. Désireux de retourner en France, le maréchal voulut se réhabiliter dans l'opinion publique avant de quitter la Sicile, et il résolut d'aller attaquer l'armée ennemie dans le port même où elle s'était retirée. A cet effet, il appareilla de Messine, le 28 mai, et arriva, le 31, devant Palerme avec une armée dont voici la composition :

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capitaine chevalier de Béthune.

chevalier de Valbelle, chef d'escadre.

chevalier de Tourville, chef d'escadre.

maréchal duc de Vivonne.

capitaine marquis Preuilly d'Humières, chef d'escadre. chevalier de Villette--Mursay.

de Lamothe.

de Chabert.

marquis de Langeron.

Labretesche.

Ichevalier de Forbin.

chevalier de Bellefontaine.
Châteauneuf.

Gabaret (Louis), chef d'escadre.
Gravier.

marquis de Laporte.

commandeur de Lafayette.

chevalier de Cogolin.

25 galères sous les ordres des chefs d'escadre de Labrossardière et de Manse.

Palerme qui avait autrefois, avec Messine, le droit de posséder le vice-roi de Sicile pendant six mois de l'année, est placée au fond d'une baie dont l'ouverture regarde le Nord. Cette ville, d'une lieue et demie de circonférence, était à peine défendue par une muraille en mauvais état, droite, sans angles saillants ni rentrants. Son château, à quatre bastions, situé sur le bord de la mer, avait ses remparts transformés en jardins et en promenades. Le port était fermé par un môle à angle droit s'avançant d'environ 800 mètres vers l'Est et de 400 vers le Sud. Un phare et une batterie de 10 pièces étaient placés à son extrémité.

Les chefs d'escadre de Tourville et Gabaret, le capitaine de Langeron et le chevalier de Chaumont, major des vaisseaux, reçurent l'ordre d'aller reconnaître la force et la position de l'ennemi; cette reconnaissance se fit sous le feu des vaisseaux hollandais et espagnols. L'armée ennemie comptait 27 vaisseaux, 4 brûlots et 19 galères. Les vaisseaux étaient mouillés en demi-cercle à l'entrée du port, la gauche appuyée sur le môle et sa batterie, le centre couvert par le château et la droite protégée par les fortifications de la ville. Les galères étaient dans les inter

valles et sur les ailes. Il fut de suite arrêté en conseil que le chef d'escadre Preuilly d'Humières attaquerait d'abord la droite avec les vaisseaux le Saint-Michel, le Sans-Pareil, le Fortuné, l'Agréable, le Grand, le Brusque, le Sage, l'Éclatant et le Téméraire, 7 galères et 5 brûlots. Favorisé par une jolie brise de N.-E., ce chef d'escadre mouilla à moins d'une encâblure de l'ennemi et fit de suite commencer le feu. Le vent venant du large, l'effet des brûlots pouvait être considéré comme certain. Il parut, en effet, si peu douteux que, pour les éviter, les vaisseaux attaqués coupèrent leurs câbles et allèrent s'échouer au fond de la baie. Cette manoeuvre ne pouvait que favoriser l'emploi des machines incendiaires. Poussés par une brise fraîche, les brûlots les suivirent et en accrochèrent plusieurs. L'armée entière attaqua alors le corps de bataille et l'aile gauche de l'ennemi avec une vigueur telle, qu'après une heure de combat ces vaisseaux coupèrent leurs câbles pour se mettre en dedans du môle où ils s'échouèrent pêlemêle. Le maréchal de Vivonne profita de ce désordre pour faire lancer le reste des brûlots; cet ordre fut exécuté avec précision. Le feu se communiqua aux gréments de presque tous les bâtiments, et la ville de Palerme fut elle-même menacée d'être incendiée. Le vaisseau de 68 canons STEENBERG, capitaine Middelandt, fut accroché par un brûlot et, abordant lui-même la LIBERTÉ de 50, capitaine Brederode, et le LEIDE de 36, capitaine Van Abkoude, il les fit sauter avec lui. Le vaisseau amiral espagnol N. D. DEL PILLAR, de 70 canons, le SAN ANTONIO et le SAN FELIPE, de 50, le SAN SALVADOR, de 40, furent incendiés, ainsi que deux galères. Les pertes en hommes étaient considérables. L'amiral général D. Diego Harra et le viceamiral de Haan avaient été tués; le capitaine Middelandt s'était noyé. Le maréchal de Vivonne estimant ce résultat suffisamment satisfaisant, fit route, le 6 juin, pour Messine, en passant par le Sud. Chemin faisant, les galères canonnèrent le petit fort de Roca et le détruisirent.

Quelque brillante qu'eût été cette affaire, les suites pouvaient en être bien autrement désastreuses pour les ennemis de la France, si le duc de Vivonne ne s'était pas tant hâté de retourner à Messine. 7 vaisseaux hollandais ou espagnols seulement sur 27 étaient détruits; les autres étaient entassés en dedans du môle ou échoués à la côte! Mais le maréchal pensait que tous les moments enlevés aux plaisirs étaient autant d'heures perdues dans la vie, et il se souciait fort peu de l'avenir.

A quelque temps de là, le lieutenant général Duquesne fut de nouveau envoyé en France pour chercher des troupes et des vivres. Cet officier général était de retour au milieu du mois d'août.

Pendant le reste de l'année, l'armée navale fut employée à canonner quelques places du littoral, mais ces attaques ne furent jamais poussées jusqu'à une prise de possession.

Au commencement de cette année 1676, le vice-amiral d'Estrées proposa au roi de diriger une expédition contre les colonies hollandaises de l'Amérique. Son projet fut adopté, mais avant que l'exécution en eût été ordonnée, les Hollandais prirent l'initiative et, plus heureux qu'ils ne l'avaient été au mois de juillet 1674 dans une attaque dirigée par Ruyter contre la Martinique, ils enlevèrent la ville de Cayenne au mois de mars. Le vice-amiral Binkes se dirigea ensuite sur Tabago, dont il s'empara aussi, et commit toutes sortes de déprédations sur cette île. Il agit de même à l'égard des îles de Marie-Galante et de SaintDomingue. La division hollandaise fut rencontrée près de la Guadeloupe par le vaisseau français l'Apollon, capitaine marquis de Grancey. Ses vaisseaux étaient tellement encombrés des dépouilles des colonies françaises, qu'ils se laissèrent canonner pendant plusieurs heures sans riposter.

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