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Quelques fautes furent commises à cette bataille; le lieutenant général Duquesne, les chefs d'escadre Gabaret et Preuilly d'Humières les imputèrent aux capitaines, particulièrement aux capitaines des brûlots.

Toutefois, les Français montrèrent que, conduits par un chef habile, ils pouvaient lutter contre la première puissance maritime du monde. Et cependant, le lieutenant général Duquesne se plaignit au ministre de la marine du peu de connaissances tactiques que possédaient les officiers français et il lui signala leur infériorité à l'égard des Hollandais. Il demanda l'appui du roi pour réduire les capitaines et les officiers à la stricte observation de leurs devoirs.

Voici sa lettre :

« Je vous avouerai ici, Monseigneur, que les officiers et << capitaines qui n'ont servi qu'ès mers du Levant, ne sont << pas intelligents à l'observation des ordres de marche et « de bataille, comme il se doit faute de l'avoir exercée et « même, pour n'avoir pas cette expérience, ils ont peine « de l'approuver, ce que nous reconnaissons être aux Hol<< landais l'avantage qu'ils ont sur nous de naviguer pres<que de tous temps, notamment en présence de l'ennemi, <«< jour et nuit en bataille; aussi, ils évitent les abordages « entre eux, ce à quoi l'on est trop sujet parmi les vais<< seaux du roi. Si Sa Majesté me fait l'honneur de me <«< continuer le commandement de ses armées, je suis «< obligé de lui demander une forte protection pour ré<< duire ces officiers et capitaines à la stricte observa«<tion de cet exercice de marine et même, quand il es<«< chera d'être en mer l'hiver, en présence des ennemis, << d'avoir agréable que j'indique les vaisseaux et les capi«<taines propres à tels services qui seront d'autant plus

agréables à Sa Majesté, car souvent peu de vaisseaux, « même un seul, qui sera méchant à la bouline, obligera « une armée à perdre l'avantage du vent ou à l'abandon«ner; et, quoique dans le grand nombre des vaisseaux

« du roi, il ne se peut éviter qu'il y en ait de moins bons << voiliers les uns que les autres, ils ne seront pas inutiles cependant, si on les emploie à ce à quoi ils seront pro<< pres. (1) »

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Signé DUQUESNE.

Quelques mois plus tard, le 6 mai, cet officier général disait dans son rapport sur la bataille d'Agosta :

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« J'espère que dans peu, Sa Majesté aura la satisfaction « de voir sa marine en réputation, si elle a agréable de la « purger de quelques esprits brouillons et autres merce«< naires qui causent de la division dans le corps; au reste, «< il y a de très-braves gens qui commencent à avoir de l'application et de qui on doit tout espérer. Il y en a « quelques-uns accoutumés au libertinage quand ils sont « dans les rades et dans les ports et qui ne sont pas assez «< exacts à l'observation des signaux et ordres de marche « pour éviter les abordages, à moins d'une sévérité extra« ordinaire de laquelle je suis obligé de me servir avec « regret, afin d'éviter d'être contraint de donner pour << excuse un manquement à l'exécution de mes ordres dans << une occasion importante. »

Cependant l'époque fixée pour la rentrée de l'escadre des États dans les ports de Hollande était arrivée, et l'amiral espagnol restait toujours dans l'inaction. Ruyter mit sous voiles le 22 janvier; mais alors qu'il se disposait à sortir de la Méditerranée, il reçut l'avis que de nouvelles négociations étaient entamées pour la prolongation de son séjour dans ces parages, et l'autorisation de rester en Sicile. Le 20 mars, il rallia l'escadre espagnole à Palerme. Le vice-roi pour l'Espagne se décida alors à diri

(1) Ministère de la marine. Dépôt des cartes et plans.

ger contre Messine une attaque par terre et par mer. L'armée navale hispano-batave, forte de 27 bâtiments de guerre dont 10 vaisseaux espagnols, entra le 27 dans le détroit et laissa tomber l'ancre sur la côte de Calabre; l'espoir d'attirer au large les vaisseaux français dont les équipages prêtaient un grand secours aux troupes de terre, fit bientôt prendre à son commandant en chef le parti d'aller mouiller dans la baie d'Agosta. Le lendemain, il tenta, mais vainement, d'incendier la Sirène qui se trouvait dans ce port. Dès que le mouvement de l'ennemi fut connu, le duc de Vivonne ordonna au lieutenant général Duquesne de mettre sous voiles pour aller le combattre. Averti à temps, l'amiral espagnol ne l'attendit pas à l'ancre; il appareilla et, le 22 avril au matin, les deux armées se trouvèrent en présence, mais sans qu'elles pussent agir, car le vent tomba entièrement. La Sirène, qui avait immédiatement quitté son mouillage, avait pu cependant rallier la sienne. La brise, en s'élevant plus tard au S.-S.-E., plaça les Français sous le vent; ils prirent le plus près, tribord amures. A 31 l'ennemi fit la même manœuvre, mais il se maintint à grande distance. Le lieutenant-amiral général Adrianz de Ruyter commandait l'avant-garde; le vice-amiral Don Francisco Pereira Freire de la Cerda était au centre et le vice-amiral Haan à l'arrière-garde. La faiblesse de la brise empêcha les deux armées de se rapprocher assez pour commencer le combat avant 4 du soir. Voici la liste des vaisseaux français (1):

(1) M. E. Sue et après lui M. de Lapeyrouse ont publié, dans leur Histoire de la marine française, un ordre de bataille que je crois erroné: 1o Le lieutenant général d'Almeiras commandait l'avant-garde et non l'arrière-garde, ainsi qu'ils le prétendent. 2o Duquesne était au corps de bataille sur le Saint-Esprit; ils placent ce vaisseau à l'arrière-garde et le remplacent par le Sans-pareil. 3o Le Saint Michel était le matelot d'arrière du commandant en chef, et ces deux historiens donnent à ce vaisseau un poste à l'arrière-garde. 4° Enfin, ils omettent le Fidèle, et cependant le capitaine de ce vaisseau fut blessé. Tout cela est écrit dans le rapport du commandant en chef et dans l'enquête qui fut faite après la bataille.

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Quoique l'avant-garde hollandaise se fût plus rapprochée des Français que le reste de l'armée ennemie, elle commença le feu la dernière, mais le combat y devint bientôt des plus meurtriers. La canonnade fut si nourrie que Ruyter avança qu'il n'eût pas été possible de tirer plus vite avec des mousquets. Le lieutenant général d'Almeiras fut tué après une heure de lutte acharnée. Les avaries du Lys, que cet officier général montait, forcèrent le capitaine Gentet à sortir de la ligne. Le chef d'escadre de Valbelle ayant été informé de la mort du lieutenant général d'Almeiras assez tôt pour donner les instructions nécessaires au maintien de l'ordre (1), la manoeuvre du

(1) C'est à tort que Boismêlé, Hist. générale de la marine, a écrit que la mort

Lys ne fut pas imitée par les autres vaisseaux. Le Fidèle seul, dont le capitaine quoique blessé s'était fait porter sur le pont, ayant eu sa barre de gouvernail brisée, sortit de la ligne; mais il y rentra peu de temps après. Le vaisseau hollandais le MIROIR, capitaine Shey, perdit son grand mât de hune et sa vergue de misaine; il fut retiré du feu et remorqué à Syracuse par une galère; le DAMiette, capitaine Uitterwych, l'y suivit de près. Le LION, capitaine Styrum, fit aussi route pour ce port. Le lieutenant-amiral général Ruyter voulut alors rallier le corps de bataille; mais il ne put réussir à faire virer son vaisseau et masqua toutes ses voiles. Le mouvement d'acculée qui résulta de cette manœuvre le mit par le travers du corps de bataille de l'armée française dont il eut à soutenir le feu. Loin de manœuvrer pour venir en aide à son avant-garde, et quoique Ruyter lui eût envoyé un canot pour lui faire connaître sa situation, l'amiral espagnol n'avait cessé de serrer le vent et avait combattu à grande distance. Il ne se rapprocha que lorsque l'avant-garde chercha à virer de bord; il faisait presque nuit quand il rejoignit cette escadre. L'arrière-garde, en grande partie hollandaise, dut imiter la manœuvre du corps de bataille, et elle ne put engager sérieusement le combat que lorsque le commandant en chef se décida à laisser arriver. A 7h c'est-à-dire après 3 de combat, l'armée ennemie, fort maltraitée, fit route pour Syracuse. Un événement d'une haute importance, et qui ne fut connu que plus tard, avait eu lieu à l'avant-garde hollandaise. Une heure environ après le commencement de la bataille et à peu près au moment où le lieutenant général d'Almeiras perdait la vie, Ruyter avait reçu à la jambe une blessure grave qui l'avait fait

du lieutenant général d'Almeiras ne fut pas connue et que l'avant-garde resta sans direction. Le rapport officiel dit positivement que le chef d'escadre de Valbelle donna des ordres et, entre autres, celui de remplacer le capitaine du Vermandois.

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