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vent. L'archevêque de Bordeaux assembla un conseil. Il fut reconnu que la supériorité numérique de l'ennemi, jointe au manque prochain de vivres et d'eau, nécessitait le départ de l'armée. Le 25, elle était sur la côte de Provence (1).

ANNÉE 1645.

L'état de prospérité de la marine militaire de la France fut un moment interrompu par la mort de Louis XIII. Une minorité pendant laquelle le pays fut déchiré par la guerre civile, ne pouvait qu'être fatale à la marine. Mais dès que Louis XIV prit la direction des affaires, et que la tranquillité eut été rétablie dans le royaume, la marine atteignit un degré de splendeur inconnue, et la France prit sur les puissances maritimes la supériorité qu'elle avait déjà sur ses autres ennemis; elle put lutter contre les forces réunies de l'Angleterre et de la Hollande, de la Hollande et de l'Espagne.

Le premier combat naval de ce règne eut lieu peu de mois après la mort de Louis XIII. Armand de Maillé, duc de Brézé, surintendant des mers (2), commandant l'armée navale de France, forte de 20 vaisseaux, 2 frégates et 2 brûlots, attaqua le 30 juin, devant Gibraltar, l'armée d'Espagne qui comptait 20 vaisseaux et 5 galions; celle-ci fut battue après quelques heures de combat, et 6 de ses vaisseaux furent capturés (3).

Le 3 septembre de la même année, le duc de Brézé at

(1) Correspondance de M. de Sourdis.

(2) La charge d'amiral, supprimée en 1627, ne fut rétablie qu'en 1669. (3) Boismêlé, Histoire générale de la marine.

taqua de nouveau l'armée d'Espagne, à la hauteur de Carthagène, et quoique celle-ci comptât un plus grand nombre de vaisseaux, il la battit après un combat opiniâtre. Le vice-amiral fut pris à l'abordage; l'amiral de Naples et deux autres vaisseaux furent brûlés, et l'armée ennemie se sauva en désordre dans le port de Carthagène.

ANNÉE 1646.

La guerre continentale n'avait, pour ainsi dire, été portée encore qu'en Allemagne et en Flandre; le cardinal Mazarin obtint d'attaquer l'Italie. L'importance d'Orbitello, place maritime située entre la Toscane et les États du pape, ne lui avait pas échappé, et il résolut de commencer les opérations par l'occupation de cette ville. Le 20 mai, le duc de Brézé, qui commandait toujours l'armée navale, parut sur la côte de Toscane avec 35 vaisseaux, 10 galères, 70 tartanes, et débarqua 6,000 soldats dans la province inférieure de la Sienne. Le prince Thomas de Savoie, sous les ordres duquel les troupes étaient placées, mit le siége devant Orbitello, tandis que l'armée navale complétait l'investissement en bloquant ce port du côté de la mer. Les opérations étaient poussées avec vigueur, et la ville était sur le point d'être réduite lorsque, le 14 juin, 25 galions espagnols, 31 galères et plusieurs brûlots, sous les ordres du marquis de Pimentel, furent signalés au large. Le duc de Brézé n'hésita pas à les attaquer, et bientôt il eut sur eux un avantage marqué; mais après trois heures (1) de combat, alors qu'il pouvait

(1) M. de Lapeyrouse, dans son Histoire de la marine, dit trois jours. Je préfère la version de Boismêlé auquel j'emprunte ce récit.

concevoir l'espoir de rendre leur déroute complète, il fut emporté par un boulet. Sa mort ralentit l'ardeur des Français. Le vice-amiral comte du Dognon, qui prit le commandement de l'armée, ne sut pas profiter des avantages qui avaient été obtenus. Contrarié plus tard par le mauvais temps, il jugea ne pas devoir tenir la mer plus longtemps, et il retourna en France. Son départ força le prince Thomas à lever le siége d'Orbitello.

ANNÉE 1647.

Fatigués du joug sous lequel les tenait l'Espagne, les Napolitains se révoltèrent et donnèrent le commandement de leurs troupes au duc de Guise qui, ayant quelques prétentions au trône de Naples, leur avait promis l'assistance de la France. Après s'être longtemps fait attendre, le secours annoncé arriva. Le général des galères, duc de Richelieu, entra dans la baie de Naples, à la fin du mois de décembre de l'année 1647, avec 29 vaisseaux et 5 galères; 42 vaisseaux espagnols et 20 galères appareillèrent de Castellamare et se portèrent à sa rencontre. Le combat s'engagea bientôt ; il dura six heures. La nuit empêcha que la défaite de l'ennemi ne fût complète : 3 vaisseaux espagnols avaient été coulés ou brûlés. Quelques munitions furent laissées aux Napolitains, et l'armée navale de France fit route pour l'île d'Elbe (1).

(1) Boismêlé, Histoire générale de la marine.

ANNEE 1652.

Le7 septembre, quoique la France et l'Angleterre fussent en paix et que leurs rapports n'eussent donné aucun prétexte d'agression, l'amiral Blake attaqua et prit 7 vaisseaux, une frégate et un brûlot commandés par le duc de Vendôme, donnant pour raison qu'il les supposait destinés à ravitailler le port de Dunkerque. Le 17 du même mois, il prit aux Hollandais et aux Français 16 bâtiments marchands. Peu de jours après il fit encore 16 prises. D'après un auteur anglais, la cargaison de 12 de ces navires aurait eu une valeur de 4 millions de livres.

ANNÉE 1654.

La paix de Westphalie, signée le 12 octobre 1648, donna un peu de repos à la France; l'Espagne seule refusa d'y adhérer. Avant de signer, le 7 novembre 1659, le traité des Pyrénées par lequel les deux puissances se promirent amitié et alliance perpétuelles, et qui fut, on le sait, précédé du mariage du roi de France avec l'infante d'Espagne, les deux marines eurent encore une fois l'occasion de se mesurer. Le 29 septembre 1654, pendant que le prince de Condé cherchait à reprendre la Catalogne, le duc de Vendôme qui commandait l'armée navale de la Méditerranée, battit complétement les Espagnols auprès de Barcelone, après un combat de quelques heures. Une partie de l'hon

neur de cette affaire fut attribuée au commandeur Paul, l'un des officiers généraux de l'armée française. Le capitaine Forant fut aussi cité.

ANNÉE 1663.

Poussé par le désir de se distinguer, le chevalier de Malte d'Hocquincourt avait fait construire une frégate de 36 canons avec laquelle il courait contre les pirates algériens, tunisiens et tripolitains. Cruvillier, autre chevalier de Malte, qui commandait aussi une frégate, s'était adjoint à lui. Ces deux officiers avaient débuté par un brillant combat contre 4 bâtiments algériens et tripolitains et s'étaient emparés de l'un d'eux.

C'est pendant les croisières de ces officiers intrépides qu'apparaît pour la première fois la grande figure de Tourville. Cet officier fit ses premières armes sous le capitaine d'Hocquincourt.

La paix des Pyrénées permit à Louis XIV de coopérer à l'œuvre à laquelle travaillaient les particuliers. Le commandeur Paul, parti des îles d'Hyères, le 3 mars, avec 6 vaisseaux, s'empara d'abord de plusieurs navires qui étaient au mouillage sur la rade de Tunis; et après une croisière pendant laquelle il prit un grand nombre de pirates, cet officier général rentra à Toulon, à la fin du mois de juin.

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