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Je

donc suppose

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nions pour faire une révolution, soit que ce soit le peuple ou le prince qui change et détruise tout ce qui existait anparavant. Une révolution est une tempête durant laquelle il faut serrer ses voiles ou être submergé; mais après la tempête ceux qui en ont été battus comme ceux qui n'en ont pas souffert jouissent en commun de la sérénité du ciel et de l'état brillant du soleil; tout est pur et paisible sous l'horizon; ainsi après. une révolution il faut que la Constitution, si elle est bonne rallie tous les citoyens ; et il faut que tous les citoyens dans la plus parfaite sécurité puissent la trouver bonne ou mauvaise, car il n'est pas d'autre manière d'établir une Constitution raisonnable et d'échapper au despotisme ou à l'anarchie. que tous les changemens que vous avez faits dans toutes les parties de l'organisation politique conviennent à la majorité de la nation, et qu'elle soit entièrement convaincue que son bonheur et sa liberté en dépendent; la Constitution par ce seul fait triomphe de toutes les difficultés; sa stabilité n'est plus équivoque, et les moyens d'amélioration sont faciles sans recourir aux Conventions; mais pour que ce fait soit constaté il ne faut pas qu'il y ait un seul homme dans le royaume (on rit) qui puisse courir le risque de sa vie, de sa liberté en s'expliquant franchement sur la Constitution : sans cette entière sécurité il n'y a point de vœu certain, éclairé, universel; il n'y a qu'un pouvoir prédominant, prêt à changer à chaque instant de caractère, de direction et de moyens, propre à favoriser la tyrannie comme la liberté ; et inutilement vous assignez des règles, des formes et des époques. à l'exercice de ce pouvoir; ni l'expédient d'une Convention ni aucun autre n'en sera le régulateur jusqu'à ce que vous ayez séparé la Constitution et tout ce qui lui appartient des mouvemens de la révolution.

» Mais si malheureusement on vous persuade le contraire, si tout concourt à imprimer à la Constitution le caractère de la révolution, ou vous avez à craindre longtemps encore la violence de ses mouvemens, ou la Constitution périra dans l'affaissement qui succède à de longues agitations, bien avant que vous soyez parvenus à l'époque qu'on vous propose de fixer pour une réformation.

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» Ainsi, messiears, soit que vous considériez la Constitution comme excellente ou comme imparfaite, il suffit qu'elle préseute un système absolument neuf de législation et de gouvernement pour que vous soyez obligés de la soumettre à une autre épreuve que celle des Conventions nationales je vous ai démontré que dans les deux hypothèses cet expédient était dangereux ou impraticable. Lorsqu'au lieu de recueillir, de fixer, d'épurer les anciennes institutions, on a tout changé, tout détruit, appeler à certaines époques des hommes autorisés à changer encore, c'est préparer de nouveaux troubles, c'est fonder une génération éternelle de systèmes et de destructions. Passant ensuite aux circonstances qui nous environnent et qui laissent encore sur la même ligne et sous les mêmes couleurs la révolution et la Constitution, je vous ai fait voir que la stabilité de l'une était incompatible avec l'impétuosité de l'autre, et qu'alors la perspective d'une Convention prolongerait les désordres : cette considération est trop importante pour ne pas la développer, d'autant qu'elle nous conduit aux seules voies raisonnables qui puissent ramener la paix et le règne des lois dans cet empire.

» Tant que les erreurs et les vérités qui régissent les hommes conservent une grande autorité sur les esprits l'ordre ancien se maintient et le gouvernement conserve son énergie; lorsque ses appuis s'ébranlent dans l'opinion publique il se prépare une révolution : il n'appartient qu'aux hommes sages et d'un grand caractère de la prévenir ou de la diriger, mais surtout de se séparer des hommes corrompus, des méchans et des fous qui se hatent d'y prendre part; tant que cette ligne de démar cation n'est pas tracée la révolution n'est pas consommée; l'Etat est toujours en péril; les flots de la licence se roulent comme ceux de l'Océan sur une vaste étendue, et la Constitution qui s'élève sur cette mer orageuse y flotte comme un esquif sans boussole et sans voiles. (Applaudissemens. )

» Telle est, messieurs, notre position? Quelque triste que soit cette vérité elle vous presse de son évidence; voyez tous les principes de morale et de liberté que vous avez posés accueillis avec des cris de joie et des sermens redoublés, mais violés avec une audace et des fureurs inouïes!

>> C'est au moment où, pour me servir des expressions usitées, la plus sainte, la plus libre des Constitutions se proclame, que les attentats les plus horribles contre la liberté, la propriété, que dis-je! contre l'humanité et la conscience se multiplient et se prolongent!

» Comment ce contraste ne vous effraie-t-il pas! Je vais vous le dire.

Trompés vous-mêmes sur le mécanisme d'une société politique vous en avez cherché la régénération sans égard à sa dissolution, et, prenant alors les effets pour les causes, vous avez considéré comme obstacle le mécontentement des uns et comme moyen l'exaltation des autres; en ne croyant donc vous roidir que contre les obstacles, et favoriser les moyens, vous renversez journellement vos principes, et vous apprenez au peuple à les braver; vous détruisez constamment d'une main ce que vous édifiez de l'autre. C'est ainsi que prêts à vous séparer vous laissez votre constitution sans appui entre ces obstacles et ces moyens qui ne sont autres que les mouvemens convulsifs de la révolution; et pour augmenter aujourd'hui l'activité de ce tourbillon on vous propose de placer dans sa sphère un nouveau pouvoir constituant! C'est élever un édifice en en sapant les fondemens.

»Je le répète donc avec assurance et je ne crains pas qu'il y ait en Europe un bon esprit qui me démente; il n'y a de Constitution libre et durable, il n'y en a de possible, hors celle du despotisme, que celle qui termine paisiblement une révolution, et qu'on propose, qu'on accepte, qu'on exécute par des formes pures, calmes et totalement dissemblables de celles de la révolution; tout ce que l'on fait, tout ce que l'on veut avec passion avant d'être arrivé à ce point de repos, soit qu'on commande au peuple ou qu'on lui obéisse, soit qu'on yeuille le tromper ou le servir, c'est l'œuvre du délire. Messieurs, le temps nous presse; je resserre mes idées, je m'interdis tous les développemens je vous ai montré le mal; je vais en indiquer le remède ( murmures ); et si je suis interrompu par des murmures si vous rejetez mes conseils, je crains bien qu'ils ne soient justifiés par les événemens. · (Ah, ah, ah!}

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» J'ai dit que je n'entendais point vous faire réformer dans ce moment-ci votre Constitution. (Murmures. )

» C'est de l'état actuel des choses, de la nécessité des circonstances et de vos propres principes que je vais faire sortir mes propositions; et pour les rendre plus sensibles je les résume d'abord en une seule, savoir, que la Constitution ne peut avoir aucun succès permanent si elle n'est librement et paisiblement acceptée par une grande majorité de la nation et par le roi; qu'elle ne peut être utilement et paisiblement réformée qu'après un examen libre et réfléchi une nouvelle émission du vœu national.

et

>> Cette proposition ne pourrait m'être contestée qu'autant qu'on soutiendrait, contre toute évidence, que ce que je demande est déjà fait; et je ne produis cette objection que parce que je sais bien qu'on appelle vœu national tout ce que nous connaissons d'adresses, d'adhésions, de sermens, de nienaces, d'agitations et de violences. ( Longs murmures.)

>> Mais toutes mes observations tendent à vous prouver qu'il n'y a point de vœu national certain, éclairé, universel pendant le cours d'une révolution, parce qu'il n'y a de liberté et de sûreté que pour ceux qui en sont les agens ou qui s'en montrent les zélateurs ; or il est dans la nature qu'une grande portion de la société craigne les révolutions et s'abstienne d'y prendre une part ostensible, tandis qu'il n'y a point de citoyen éclairé qui ne soit très intéressé à examiner et à juger librement la constitution de son pays.

» Ma proposition reste douc inattaquable; d'où il suit :

>>

Qu'en présentant votre Constitution au roi et à la nation vous devez mettre le roi et tous les Français en état de la juger sans inquiétude et sans danger....

» Il faut donc terminer la révolution, c'est à dire commencer par anéantir toutes les dispositions, tous les actes contradictoires aux principes de votre Constitution; car il n'est aucun homme raisonnable qui prenne confiance en ce qu'elle nous promet de sûreté et de liberté individuelle, de liberté de conscience, de respect pour les propriétés, tant qu'il en verra la violation... (Murmures ; interruption.) Ainsi, messicurs, vos comités des recherches, les lois sur les émigrans,

les sermens multipliés et les violences qui les suivent, la persécution des prêtres, les emprisonnemens arbitraires; les procédures criminelles contre des accusés sans preuves, le fanatisme et la domination des clubs, tout cela doit disparaître à la présentation de la Constitution si vous voulez qu'on l'accepte librement et qu'on l'exécute.... ( ́Applaudissemens à droite, une voix à gauche : Ne faudrait-il pas aussi licencier la garde nationale?)

>> Mais ce n'est pas encore assez pour la tranquillité publiqué; la licence a fait tant de ravages, la lie de la nation (1) bouillonne si violemment.... ( Violens murmures.) Je recommence ; la lie de la nation.....(Nouveaux murmures; à l'ordre!) Je n'entends blesser personne; nous serions la première nation du monde qui prétendrait n'avoir point de lie... »

(Une voix à gauche.) « Ce sont les prêtres et les nobles. » (Applaudissemens des tribunes.)

M. Malouet. « L'insubordination effrayante des troupes, les troubles religieux, le mécontentement des colonies, qui | retentit déjà lugubrement dans les ports, l'inquiétude sur l'état des finances (murmures), qui s'accroît par toutes ces causes; tels sont les motifs qui doivent décider à adopter dès ce moment-ci des dispositions générales qui rendent le gouvernement aussi imposant, aussi réprimant qu'il l'est peu; si l'ordre ne se rétablit tout à la fois dans l'armée et dans les ports, dans l'Eglise et dans l'Etat, dans les colonies comme dans l'intérieur du royaume, l'Etat ébranlé s'agitera encore longtemps dans les convulsions de l'anarchie.

» Ces dispositions pour être efficaces doivent être obligatoires pour vos successeurs; et si vous considérez qu'en réunissant aujourd'hui tous les pouvoirs, en dirigeant l'administration comme la législation vous n'êtes cependant

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(1)« La lie de la nation... M. le président m'a dit que j'offensais les principes de l'Assemblée par cette expression; on m'a crié qu'il n'y avait point de lie dans la nation; que tout était égal... J'ose espérer que ces messieurs se trompent. » (Note de l'orateur.)

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