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faiblesse, lui a été cruellement reprochée. Le marquis de Girardin charmait les ennuis de sa solitude par la culture des lettres. Il joignait à un grand fonds d'esprit naturel, de l'instruction, et des qualités douces, qui le rendaient cher à sa famille et au petit nombre d'amis restés fidèles à son sort. Il mourut dans la retraite le 20 septembre 1808. On a de lui: I. De la composition des paysages ou des moyens d'embellir la nature près des habitations, en y joignant l'utile à l'agréable, Paris, 1777; 4. édit., 1805, in-8°.; trad. en allemand, Leipzig, 1779, in-8°., et en anglais, 1783, in-8°. Cet ouvrage est très estimé. II. Discours sur la nécessité de la ratification de la loi par la volonté générale, 1791, in-8°. W-s.

GIRARDON (FRANÇOIS), célèbre sculpteur, naquit à Troyes, en 1630 (1). Son père, Nicolas Girardon, fondeur de métaux, le destinait à la chicane, et l'avait placé dans une étude de procureur. N'y faisant aucun progrès, le jeune clerc ne cessa de solliciter la liberté de se livrer entièrement à son goût naturel pour les arts du dessin. Le talent avec lequel il modelait la cire et sculptait des figures en bois, fit conjecturer qu'il réussirait dans la ciselure. Il lui fut permis d'entrer chez un de ces menuisiers de province qui entreprennent indifféremment des panneaux pour les bibliothèques, et des figures de saints pour les chapelles. Girardon ne tarda pas à s'y distinguer par son adresse. Il étudia avec soin un certain nombre de statues qui décoraient alors les églises de Troyes; et il sculpta une figure de vierge avec tant de goût qu'il en fut parlé dans toute la ville. Conduit par son maître au château de St.-Liébault,

(1) D'autres disent en 1627.

dans lequel il y avait des bas-reliefs de bois à exécuter, il eut le bonheur d'intéresser à son sort le chancelier Séguier, seigneur du lieu; et ce fut le commencement de sa fortune. Le chancelier, après l'avoir placé à Paris, chez François Anguier, sculpteur habile, l'envoya à Rome pour s'y perfectionner, et paya les frais du voyage. Louis XIV accorda au jeune élève une pension de mille écus. De retour en France, Girardon brigua la faveur de Lebrun, alors 1er. peintre du roi, et obtint, par la protection de cet artiste, qu'il affectait de nommer son maître, une grande quantité de travaux pour les maisons royales de Versailles et de Trianon. L'académie royale de peinture et de sculpture l'admit au nombre de ses membres en 1657 : elle le nomma professeur en 1659, adjoint à recteur en 1674, et chancelier en 1695. Après la mort de Lebrun, Girardon obtint de Louis XIV l'inspection générale des ouvrages de sculpture, et en exerça, dit-on, les fonctions de manière à s'attirer justement la haine du Puget, son plus redoutable adversaire: ce fut même, ajoute la chronique, pour ne point dépendre de lui, que celui-ci se retira brusquement à Marseille. Cette dernière particularité ne mérite aucuue confiance. Girardon, comme on vient de le voir, ne fut nommé inspecteur-genéral des sculptures qu'après la mort de Lebrun: or, cette nomination ne put être la cause du départ du Puget, puisque Lebrun mourut en 1690, et que, dès l'année 1689, le Puget était reparti pour sa ville natale (Voy. PUGET). C'était plutôt à l'autorité vraiment despotique de Lebrun que le Puget avait eu le noble orgueil de se soustraire ; et l'on conçoit aisément qu'avec son imagination ardente, son génie ernemi de toute espèce d'entraves, il lui eût été

impossible de vivre dans cette dépendance, pour laquelle, au contraire, Girardon semblait être né. Ou ne saurait trop s'élever contre cet usage d'attribuer à un premier peintre et à un premier sculpteur le droit de donner, aux autres artistes, le sujet, l'ordonnance, et jusqu'au dessin des tableaux ou des statues qu'ils doivent exécuter. Il en résulte nécessairement, que tous les objets d'art de la même époque semblent être l'ouvrage du même auteur. Lebrun avait un talent admirable, sans doute; mais son goût de dessin, qui convenait si bien à la peinture et principalement au genre de tableaux qu'on appelle de grandes machines, n'était pas celui que devaient étudier de préférence, et encore moins copier servilement, les sculpteurs. Les groupes en marbre et en bronzé exécutés d'après ses dessins dans les jardins de Versailles, quoique d'un style généralement noble et correct, forment un ensemble tellement monotone, qu'il ne contribue peut-être pas médiocrement à la tristesse de ce majestueux séjour. Il est présumable, par exemple, que Girardon eût beaucoup plus varié le caractère de ses compositions, et qu'il eût donné à ses figures des formes plus sveltes, plus élégantes, s'il se fût moins scrupuleusement assujeti au goût de son exigeant protecteur. On ne peut nier, au surplus, que ce célèbre statuaire n'ait laissé de très beaux ouvrages. S'il n'a complètement justifié ni l'extrême faveur dont il a joui, ni les éloges pompeux que La Fontaine et Boileau lui ont prodigués, s'il est vrai qu'il ait manqué d'invention (idée qu'il propageait lui-même, dit-on, pour flatter l'orgueil et conserver les bontés de Lebrun), s'il négligeait quelquefois l'expression et ce que les artistes entendent le par

travail du marbre; enfin, si ses figures sont un peu courtes et ses draperies trop pesantes, il y aurait de l'injustice à ne pas louer la sage et majestueuse ordonnance de ses compositions, la correction de son dessin et le beau caractère de ses têtes. Le mausolée du cardinal de Richelieu, qui était autrefois placé dans l'église de la Sorbonne et que les révolutionnaires ont mutilé en plusieurs endroits, passe pour le chef-d'œuvre de Girardon. Il n'est pas nécessaire d'avoir long-temps étudié la manière des grands artistes pour reconnaître, au premier coupd'oeil, dans ce groupe, toutes les beautés et les défauts qui caractérisent le style de Lebrun (1). Ce célèbre mausolée, restauré après la révolution du 9 thermidor an II (27 juillet 1794), par les soins de M. A. Lenoir, conservateur des monuments français, sera, selon toute apparence, rendu à sa première destination. La figure principale a six pieds; celles de la Religion et de la Science, représentées auprès du cardinal, ne sont que de grandeur naturelle. Après cette composition, d'un ordre vraiment supérieur, on cite, de Girardon, les quatre figures des bains d'Apollon à Versailles. Elles lui valurent un prix d'honneur, consistant en une bourse de 300 louis, qu'il reçut des mains mêmes de Louis XIV. Ce fut encore à la protection de Lebrun que Girardon dut cette glorieuse récompense. Les frères Marsy, qui avaient aussi exécuté pour les bains d'Apollon, un groupe admirable, méritaient au moins de partager le prix avec le favori du premier peintre. La statue équestre de Louis XIV, érigée sur la place Vendôme et exécutée par Girardon, a été renversée et brisée par les auteurs de la funeste

(1) Ce peintre en avait effectivement fourni les dessins.

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révolution du 10 août. Elle avait 21 pieds de haut; et elle passait pour la première pièce de cette dimension qu'on eût osé fondre d'un seul jet. Des curieux ont conservé le pied gauche du cheval. Ce fragment est déposé au Musée des Petits-Augustius, où l'on voit aussi un petit modèle en bronze de cette même statue équestre; modèle d'autant plus précieux qu'il a été terminé avec soin par Girardon, et qu'il donne une idée parfaitement exacte du beau monument dont les agents de la terreur ont à jamais privé la capitale. Il serait trop long de donmer ici une liste complète des autres productions de Girardon. Nous indiquerons seulement, comme plus particulièrement dignes de remarque, l'enlèvement de Proserpine, la fontaine de Saturne, celle du Nord, la figure de l'Hiver sous la forme d'un vieillard, et une immense quantité de bas-reliefs dans les jardins de Versailles, de beaux groupes d'enfants à Trianon; des figures d'ornement dans l'intérieur du château des Tuileries; une première statue équestre de Louis XIV, qui ayant été trouvée trop petite pour la place Vendôme, fut cédée à la ville de Beauvais; les tombeaux de la princesse de Conti, de Louvois et des Castellans, enfin, plusieurs portraits, tant en ronde-bosse, qu'en bas-relief, parmi lesquels on distingue les bustes de Louis XIV, d'Antoine Arnauld, et de Boileau. Ce fut pour ce dernier portrait que l'auteur de l'Art poétique composa cette inscription si connue :

Grâce au Phidias de notre âge,
Me voilà sûr de vivre autant que l'univers;
Et ne connat-on plus ni mon nom ni mes vers,
Dans ce marbre fameux taillé sur mon visage,
De Girardon toujours on vantera l'ouvrage.

Cet habile sculpteur mourut à Paris, le 1er. septembre 1715 (le même jour que la France perdit Louis XIV). Catherine Duchemin, son épouse,

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avait aussi cultivé les beaux-arts; elle peignait, avec succès, les fruits et les fleurs. Cette dame, reçue membre de l'académie royale de peinture et sculpture, était morte en 1698, dans la 69. année de son âge. Girardon lui fit elever un mausolée en marbre, dont il voulut composer lui même les dessins, et dans lequel, suivant ses intentions testamentaires, il fut inhumé à son tour. Ce tombeau, exécuté par Nourrisson et Le Lorrain (ses élèves), existait encore, dans l'église de SaintLandri, en 1792. C'était un monument fort simple, représentant une longue croix nue, et Notre Seigneur mort aux pieds de la Sainte-Vierge. La composition en était mesquine, et autorisait les ennemis de Girardou à dire qu'il n'avait pas le génie de l'invention: mais personne ne put nier, du moins, que la douleur de la Vierge ne fût savamment exprimée. F.P.-T.

GIRARDOT (JEAN), sieur de Beauchemin, né à Nozeroy, petite ville de Franche-Comté, vers 1590, exerça la profession d'avocat, et fut ensuite pourvu d'une charge de conseiller au parlement de Dole. Il était membre du conseil supérieur chargé de la défense de la province, en 1636; et il se distingua dans cette campagne par sa prudence et sa fermeté. Un jour il s'opposa à l'exécution d'une mesure qui venait d'être résolue, en s'appuyant de l'exemple du grand Scipion; et la suite prouva qu'il avait bien jugé l'événement. Depuis ce moment, les offi ciers eurent plus de considération pour Girardot; et dans les occasions difficiles, ils lui demandaient s'il avait encore quelques scipionades. Il mourut, vice-président du parlement, Dole, au mois de janvier 1651. On a de ce magistrat : 1. Deux mémoires en faveur de Henri Boutechoux, recteur des salines, accusé de malver

di

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sations; le premier, imprimé à Lyon, 1615, et le second, à Anvers, 1619, in-8°. Ils sont encore recherchés de quelques curieux, à raison des détails qu'on y donne sur l'administra tion des salines, et sur l'esprit des habitants de la province à cette époque. II. Le chemin d'honneur de la noblesse catholique dans le monde, Dole, 1627, in-8°. On pent, dit M. Grappin, assurer qu'il a suivi constamment la route qu'il cherchait à frayer aux autres. III. Oratorium matutinum viri christiani in republica agentis, ibid., 1639, in-12. C'est un recueil de passages des livres saints, et de réflexions pieuses à l'usage des magistrats. IV. La Bourgodélivrée. Cet ouvrage cité dans la Lettre de Louis Petrey, sur le siége de Dole en 1636, n'est peut-être que la Relation sommaire de la guerre du comté de Bourgogne, par Girardot, dont le manuscrit original fut adressé au chancelier, après la réunion de la province à la France. W- -S.

gne

GIRAUD (CLAUDE-MARIE ), médecin et littérateur, né en 1711 à Lons-le-Saunier, fit ses études à l'université de Besançon, et après y avoir pris ses grades, se rendit à Paris, où il fut attaché pendant quelque temps à l'Hôtel-Dieu. Il avait annoncé, dès son enfance, un goût très vif pour la poésie; et malgré son peu de fortune, qui l'obligeait à chercher des ressources dans l'exercice d'une profession lucrative, il ne laissait pas de consacrer une partie de ses loisirs à la lecture des auteurs anciens. Quelques petites pièces de vers l'avaient fait connaître comme homme d'esprit, et lui avaient mérité des encouragements. Son séjour à Paris accrut encore son goût pour la littérature: il s'en éloigna momentanément pour vi siter l'Italie et les provinces méridio

nales de la France; et à son retour, il reprit avec empressement ses deux occupations habituelles, la pratique de son art et la culture des lettres. Giraud, fortement attaché aux principes religieux, prit souvent la plume pour leur défense; mais sa conduite ne fut point la suite d'un calcul comme celle de tant d'autres écrivains de la même époque : il ne chercha jamais la fortune ni la réputation. Il ne sollicita qu'une seule place, celle de censeur royal; et il se consola facilement de n'avoir pas pu l'obtenir. Il n'a mis son nom à aucun de ses ouvrages, u'a été membre d'aucune académie; et désabusé même des illusions littéraires, il est mort presque inconun, à Paris, vers 1780. On connaît de lui les ouvrages suivants : I. La Peyronie aux enfers, ou arrêt de Pluton contre la faculté de médecine; chez Minos, 1742, in-12, en vers. Cette pièce a trait à la dispute qui s'était élevée entre les médecins et les chirurgiens pour la prééminence de leur art. II. Diabotanus, ou l'orvietan de Salins, poème (en prose) traduit du languedocien, Paris, 1749, in-12. Il a reparu sous ce titre : La Theriacade, ou l'orvietan de Leodon (1), poème héroï-comique, suivi de la Diabotanogamie, ou les noces dé Diabotanus, Genève (Paris), 1 769, 2 vol. in-12. Dans la préface, qui est bien écrite, l'auteur passe en revue les poèmes épiques de toutes les nations, et établit plaisamment la supé riorité du sien, non seulement sur tous les poèmes modernes, mais même sur ceux d'Homère et de Virgile. La conduite de son ouvrage est régulière, etily fait un emploi assez ingénieux des fables de la mythologie; mais on lui a reproché le défaut d'invention, et

(1) Léodon, de Ledonum, nom latin de la ville de Lous-le-Saulnier..

un style trop surchargé d'épithètes. Le titre seul de ces poèmes, dit l'abbé Sabatier, est capable d'effrayer: il faut néanmoins avouer que l'auteur a su y répandre des traits d'esprit, de la morale, et quelques saillies d'une imagination pleine d'enjouement. L'épisode de Solemnus (dans la Diabotanogamie) est comme un tableau de l'Albane. III. La Procopade, ou l'Apothéose du docteur Procope, poème en six chants, Londres (Paris), 1754, in-12. La poésie, dit le même critique, y parle le langage du docteur Diafoirus, mais avec assez d'esprit et de talent pour faire regretter que le poète ait choisi des sujets si bizarres. IV. Epitre (en vers) sur les ecclésiastiques, adressée à l'abbé Lambert, Paris, 1759, in-12. V. Epitre du Diable à M. de Voltaire, 1 760, in8°., réimprimée séparément un grand nombre de fois, et insérée dans le Recueil des satiriques du XVIII. siècle. Les traits en sont ingénieux et piquants; et l'on trouva que le Diable n'avait pas mal choisi son secrétaire. VI. Vision de Sylvius Grypha letes, ou le Temple de mémoire, Londres, 1767, 2 vol. in-12. Le second volume contient des Lettres mêlées de vers; le Temple de l'hymen, en prose et en vers; des Epitres, des Stances, des Odes, des Epigrammes, La Peyronie aux enfers et la Procopade. Le premier volume a été réimprimé, avec des correctious, sous ce titre: Le Temple de mémoire, ou Visions d'un solitaire, Paris, 1775, in-8°. L'auteur, dit encore Sabatier, eût mérité d'y avoir une place distingué, s'il l'eût construit avec un peu plus de soin et plus de goût. On y trouve quelques traits agréables: mais ses jugements sont durs et parfois injustes; et l'ouvrage n'est réellement qu'une très faible imitation du Tem

pour

ple du goût, de Voltaire. VII. Hymne le jour de la Pentecôte, couronnée par l'académie de la Conception de Rouen, en 1778. VIII. Une Traduction de l'ouvrage latin de Meilleur, sur le scorbut, Paris, 1778, in12.1X. Des Poésies fugitives dans les Almanachs des Muses, et dans d'autres recueils du même genre. On lui attribue la Préface de l'Esprit de l'abbé Desfontaines. Il avait commencé une Traduction de Plaute; et l'on ignore ce qu'est devenu son manuscrit (1). W—s.

GIRAUD (BRUNO), chirurgien en second de l'hôtel-dieu de Paris, puis premier chirurgien du roi de Hollande, était né à Dompierre, département de la Maïenne; il est mort à Paris le 15 janvier 1811. Très habile praticien, il ne consacrait qu'une faible partie de son temps aux travaux du cabinet, pour lesquels, d'ailleurs, il avait moins d'aptitude. La dissertation qu'il soutint, en 1803, pour obtenir le doctorat, est une simple série de propositions chirurgicales. Il avait entrepris un Traité de clinique externe, dont il n'a publié qu'un fragment. Il s'était particulièrement occupé des maladies des yeux; et on lui doit un petit instrument destiné à porter le fil qui doit servir à placer le séton à l'intérieur du canal nasal, dans l'opération de la fistule lacrymale.

C.

GIRAUDEAU BONAVENTURE), jésuite, né au bourg de Saint-Vincent sur Jard, diocèse de Luçon, en Bas-Poitou, célèbre humaniste, enseigna long-temps la rhétorique à la Rochelle, et consacra quatorze années de sa vie à l'instruction des jeunes ecclésiastiques élevés dans le séminaire de cette ville. A la culture des belles

(1) Il y a un Essai sur une traduction libre des comédies de Plaute par un M. Giraud, Paris, 1761, in-89.

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