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rait des pouvoirs suffisants pour dissoudre cette ligue redoutable; et les Pisans se virent réduits à nommer capitaine-généralde leur ville l'homme dont ils se défiaient le plus. Le comte de la Gherardesca réussit en effet à rompre l'alliance formée contre sa patrie: on assure qu'il gagna par des présents considérables les chefs de la ligue guelfe; il se fit imposer par eux les conditions qui lui étaient le plus favorables à lui-même. Les Florentins exigèrent que tous les ennemis du comte et tous les chefs des Gibelins fussent exilés de Pise: ils se firent livrer plusieurs châteaux; et, en étendant leur territoire, ils se mirent en même temps à portée de protéger Ugolin. Celui-ci desirait aussi ouvrir aux Guelfes de Lucques une route pour marcher à son secours dès qu'il serait menacé: mais les magistrats s'étant refusés à faire aux ennemis de l'état la concession d'aucune forteresse, Ugolin fournit aux Lucquois les moyens de surprendre tous les châteaux qu'il voulait leur céder; en sorte que les Guelfes avaient le chemin libre jusqu'aux portes de Pise, et que cette république ne possédait plus d'autres forteresses que Mutrone, Vico Pisano et Piombino. Ugolin ne fit point la paix avec les Génois; il craignait trop le retour des citoyens faits prisonniers à la Meloria: mais il évita de mettre un seul vaisseau en mer, tellement qu'il n'eut plus d'occasion de les combattre. Cependant il affermissait son autorité dans Pise; il écrasait ses ennemis, dont il faisait raser les maisons, et il s'élevait rapidement au pouvoir tyrannique qu'il s'était proposé d'obtenir. Nino de Gallura, quoique son neveu, ne put sans indignation le voir détruire la constitution de sa patrie: il réunit les Guelfes amis de la liberté, à ceux

des Gibelins qui avaient échappé à la proscription. Les Gualandi, Sismondi et Lanfranchi cntrèrent dans son alliance; et tous ensemble ils s'efforcèrent de mettre des bornes au pouvoir du comte, de terminer la guerre avec les Génois, et de remettre en liberté onze mille citoyens retenus prisonniers à Gènes. Près de trois années furent employées à cette lutte; mais Ugolin, consommé dans l'art des intrigues, réussit à dissoudre la nouvelle ligue formée contre lui. Il employa l'archevêque de Pise, Roger de' Ubaldini, pour regagner les Gibelins. Il promit à ce prélat de partager avec lui l'autorité suprême; et s'étant réconcilié avec les Gualandi, les Sismondi et les Lanfranchi, il chassa de Pise Nino de Gallura avec tous les Guelfes. Mais Ugolin, demeuré vainqueur, manqua effrontément aux conditions arrêtées avec l'archevêque; il refusa de partager avec lui son pouvoir, le fit sortir du palais public où une élection populaire l'avait fait entrer, et exerça un pouvoir absolu sur une ville qui n'était point encore assouplie pour l'esclavage. La violence de son caractère se développait aussitôt qu'il rencontrait quelque résistance à ses volontés. Les murmures du peuple, causés par la cessation du commerce et la cherté des blés, aigrissaient ses passions; la moindre représentation le mettait en fureur: il voulut frapper d'un poignard son propre neveu, qui lui donnait quelque conseil; et un neveu de l'archevêque Roger s'étant jeté entre eux pour l'arrêter, il l'étendit mort à ses pieds. Il combla ainsi la mesure des outrages que Roger pouvait supporter; et dès-lors celui-ci prépara tout pour sa vengeance. Non moins ambitieux et non moins cruel que le comte, l'archevêque Roger était plus

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dissimulé que lui. Il ne laissa point percer son ressentiment, jusqu'à ce que tout le parti gibelin se fût associé de nouveau à ses intérêts: alors profitant de ce que le comte refusait de faire la paix avec les Génois, il fit crier aux armes le 1er juillet 1288, et sonner le tocsin au palais du peuple, à la sortie du conseil où cette paix avait été discutée. Les Gualandi, les Sismondi et les Lanfranchi attaquèrent avec fureur le comte Ugolin; ils l'assiégèrent dans le palais du peuple, où le comte, avec deux de ses fils, deux de ses petits- fils et quelquesuns de ses partisans, se défendit jusqu'au soir. Les Gibelius y pénétrèrent enfin au milieu des flammes qu'ils avaient allumées, et ils firent prisonniers le comte Ugolin, les plus jeunes de ses fils, Gaddo et Uguccione, Nino, dit le Brigata, fils d'un de ses fils nommé Guelfo, qui était mort, et Aurel. Nuncio, fils d'un autre de ses fils nommé Lotto, qui était absent. Ce sont là les cinq personnages dont le Dante a rendu si célèbre la mort déplorable. L'archevêque Roger, après les avoir fait enfermer dans la tour des Gualandi aux sept chemins, jeta, au bout de quelques mois, les clefs de cette tour dans l'Arno, et laissa mourir de faim les prisonniers. La poésie italienne n'a rien dans le genre terrible qui puisse être comparé à l'admirable discours que le Dante prête au comte Ugolin, lorsque ce tyran qu'il rencontre aux enfers, où il ronge dans le séjour des traîtres le crâne de l'archevêque Roger son ennemi, lui raconte la dernière agonie de ses enfants et de luimême dans la Tour de la faim. Les peintres et les sculpteurs d'Italie ont cherché, à leur tour, à représenter ces horribles moments. L'art du graveur en a multiplié l'image; et tout le monde

connaît l'horrible supplice d'Ugolin, tandis que ses crimes sont universellement oubliés. S.S-I.,

GHERARDESCA (MANFRED), général des Pisans en Sardaigne, était fils naturel du comte Rieri ou Renier de Donoratico, qui gouverna Pise de 1320 à 1326. 11 fut chargé par son père et sa patrie de défendre la Sardaigue contre Alfonse IV d'Aragon, fils du roi Jacques II. Malgré l'extrême infériorité de ses forces, Manfred soutint longtemps le siége de Cagliari: le 28 février 1324, il livra aux Aragonois à Luco-Cisterna, une bataille que sa valeur rendit douteuse, quoique sa petite troupe fût accablée par le nombre des ennemis. Il se renferma de nouveau dans Cagliari; et cette place ne fut prise qu'après que Manfred eut péri, par suite des blessures qu'il avait reçues dans une sortie.

S.S-I.

GHERARDESCA (Fazio ou BoNIFACE), chef de la république à Pise, de 1329 à 1340, avait été nommé capitaine de Pise en 1329, lorsque cette république secoua le joug de Castruccio, et de l'empereur Louis de Bavière. Par la sagesse de son administration il se concilia l'estime et le respect de ses concitoyens, et de toute la Toscane, et fit faire aux Pisans une paix honorable avec la ligue guelfe. Eu butte, en 1335, à une conjuration des gentilshommes, il prévint leurs menées, les vainquit dans un combat, et les contraignit à sortir de la ville. Il mourut de la peste le 22 décembre 1340. Ses compatriotes le pleurèrent amèrement; et par une suite de l'affection qu'ils lui portaient, ils lui donnèrent pour successeur dans la charge de capitaine du peuple, son fils Renier, quoique celui-ci fût âgé seulement de onze ans. Ce fut ce dernier qui s'attacha André Gambacorta,

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GHERARDESCA (PHILIPPE ), musicien et compositeur italien, naquit à Pistoie en 1730. Etant jeune encore, il passa a Bologne, où il devint un des plus habiles élèves du célèbre P. Martini. En 1766, il composa un petit opéra bouffon, qui fut joué sur le théâtre Marsili de cette ville et qui eut un brillant succès. De retour en Toscane, il fut engagé à Florence successivement pour le théâtre Nuovo et pour celui del Cocomero; et les opéras qu'il y donna, méritèrent également les suffrages du public. Celui qu'il composa à l'occasion des trois mois d'automne que le grand duc Léopold vint, selon son usage, passer à Pise en 1770, fut très applaudi, et plut singulièrement au grand-duc, qui était un excellent musicien. Ce prince le nomma aussitôt maître de musique de sa cour; et de puis cette époque, il paraît que Gherardesca cessa de travailler pour le théâtre. Ce maître avait aussi un grand talent sur le piano-forté. Il réunissait tout, précision, force, ensemble, etc.; et il exécutait, impromptu, les sonates et les œuvres les plus difficiles de Haydn, Stebelt, Clementi, etc. Il était spécialement chargé, par Léopold, de diriger les concerts que ce prince donnait presque tous les jours dans ses appartemens, où n'assistaient cependant que le grand-duc, la grandeduchesse et les aînés des princes leurs fils. C'est dans ces concerts que Léopold, doué d'une excellente voix de

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basse-taille, ne dédaignait pas de chanter avec les musiciens de sa chapelle, qui étaient tous des artistes renommés. Le grand duc voulait que tous ses enfants fussent bons musiciens; et Gherardesca ne négligeait aucun soin pour remplir ce but. Il avait à enseigner à dix élèves (Léopold a eu quatorze enfants). Ce prince ayant été appelé à la couronne impériale par la inort de son frère Joseph II, Gherardesca resta attaché à Ferdinand III, fils de Léopold; et, lors du départ de celui-ci, il entra au service de Louis I de Bourbon, roi d'Étrurie. Ce jeune monarque, grand musicien, et compositeur lui-même, sut, mieux encore que ses prédécesseurs, apprécier les talents de Gherardesca, en augmentant, presque du double, ses appointements, qui, jusqu'alors, n'avaient été que très modiques. En 1782, Gherardesca avait publié six Sonates pour piano et violon: elles sont très estimées. Mais ce qui lui fit le plus d'honneur, ce fut la Messe de requiem qu'il composa pour la mort du roi d'Etruric (1803), et qui passe pour un chef-d'œuvre dans ce genre. Cependant elle n'a pas encore été gravée. Quelque temps après, ce compositeur se retira à Pise, où il est mort en janvier 1808, âgé de soixante-dix ans ; âge remarquable dans un homme contrefait, et qui n'avait jamais joui d'une bonne santé.

B-s.

GHERARDI ( ÉVARISTE), né à Prato en Toscane, de Jean Gherardi, connu au Théâtre-Italien sous le nom de Flautin, fit ses études à Paris, au college de la Marche. Il venait d'y achever son cours de philosophie, lorsque le 1er. octobre 1689, il débuta par le rôle d'arlequin, vacant depuis la mort de Dominique. (Voyez DOMINIQUE, XI, 523.) Le Divorce,

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comédie dans laquelle Gherardi prit ce rôle, n'avait pas réussi en 1688, du vivant de Dominique; il obtint du succès en 1689. La carrière théâtrale de Gherardi fut très agréable pour lui; mais elle ne fut pas longue. En 1697, le Théâtre-Italien fut fermé, parce que dans une comédie (la Prude), que l'on y annonçait, on crut reconnaître d'avance madame de Maintenon. Gherardi espéra par ses protections faire révoquer l'ordre fatal; mais ses sollicitations furent vaines. Il s'occupa alors de recueillir les meilleures pièces ou scènes françaises qui avaient paru au Théâtre-Italien; et ce recueil vit le jour sous le titre de Theatre italien (sans nom d'auteur), Bruxelles, 1691 et 1697, 3 vol. iu-12; et avec le nom de Gherardi, Paris, 1700, six vol. in-12 (recueil amusant, réimprimé plusieurs fois, et que nous avons cité aux articles BRUGUIÈRE de BARENTE, FATOUVILLE, etc.) Quelques mois avant sa publication, Gherardi avait fait une chute sur la tête, dans un divertissement joué à Saint-Maur avec la Thorillière et Poisson: il négligea cet accident; et le 31 août 1700, comme il revenait de Versailles où il était allé présenter son Théatre italien au Dauphin, il se trouva mal et mourut subitement. Il était à la fleur de son âge. On n'a de lui qu'une seule pièce, le Retour de la foire de Bezons, comédie jouée en 1695, et qu'il a insérée dans son Recueil. A. B-T.

GHESQUIÈRE DE RAEMSDONK (JOSEPH DE), jésuite, né à Courtrai vers 1736, fut un des Bollandistes (Voy. BOLLANDUS). Il se chargea d'extraire, de la vaste compilation à faquelle il travaillait, les Vies des Saints de la Belgique, qu'il publia sous ce titre : Acta Sanctorum Belgü, 1783-94, 6 vol. in-4°., avec des commentaires et des notes criti

ques, historiques, géographiques, etc. On ne sait où a passé le cabinet des Bollandistes, qui avait été transféré d'Anvers, lors de la suppression des jésuites, à l'abbaye de Tongerloo, supprimée elle-même vers la fin du xvIII. siècle. On a encore de l'abbé Ghesquière: I. Mémoires sur trois points intéressants de l'histoire des Pays-Bas, avec les figures de plusieurs monnaies belgiques, frappées avant l'année 1459, Bruxelles, 1786, in-8°. 11. Dissertation sur les différents genres de médailles antiques, ou Examen critique des Nouvelles recherches de M. Poinsinet de Sivry, Nivelle, 1779. III. Reflexions sur deux pièces relatives à l'histoire de l'imprimerie, Nivelle, 1780. IV. Catalogus numismatum nummorumque Caroli Alexandri ducis Lotharingia, Bruxelles, 1781, in8°. V. La vraie notion des dimes, 1785, in-8°. VI. Observations historiques et critiques sur (l'ouvrage de M. Massez, intitulé ): Examen de la question si les décimateurs ont l'intention fondée en droit à la perception de la dîme des fruits insolites, 1780, in-12. VII. Lettres historiques et critiques pour servir de réponse à l'Essai historique sur l'origine des dimes (Voy. OUTREPONT), Utrecht, 1784, in-8°. VIII. David propheta, doctor, hymnographus, historiographus, Duisbourg, 1800, in-8°. IX. Dissertation sur l'auteur du livre intitulé: De l'Imitation de J. C., 1775, in-12. Mercier de S. Léger, éditeur de cette brochure y ajouta un avertissement et des notes. L'abbé Ghesquière, dans cette Dissertation, répondait, avec Eusèbe Amort, aux nouveaux parti sans de Gersen, en leur opposant des arguments puisés dans la Deductio critica et dans la Moralis certitudo

du doyen de Polling. (Voy. AMORT.) Son objet était en même temps de faire connaître un manuscrit de l'Imitation qui, selon lui et l'abbé Mercier de S. Léger, portait le nom de Kempis, avec une date antérieure à celle de tout autre manuscrit sous ce nom, et annonçait un texte original. Mais le tout s'est réduit à une note marginale, plus récente que l'écriture peu ancienne du manuscrit; et cette note qui mentionne simplement une date et un nom, est elle-même sans nom et sans date. De plus, un texte fréquemment vicieux a achevé de démentir le caractère d'originalité qu'il semblait offrir. Aussi l'abbé Ghesquière n'en a-t-il point donné d'édition, quoique celle de Bollandus (Anvers 1630), revue d'après Rosweyde sur la copie manuscrite de 1441, eût pu faire desirer une édition d'un manuscrit daté de 1425. Au reste, ce manuscrit a été acquis par M. Van-Hultem, à Gand, en 1810, à la vente des livres de l'abbé Ghesquière. A l'entrée des troupes françaises, en 1794, Ghesquière avait quitté les provinces belgiques, et s'était retiré en Allemagne, où il mourut dans les premières années du XIXe siècle. G-CE.

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GHEYN (JACQUES DE), ou Ghein le vieux, peintre, dessinateur et graveur, naquit à Anvers en 1565. II apprit les éléments du dessin et de la peinture, de son père, peintre sur verre, assez habile: Goltzius lui enseigna ceux de la gravure; il fit d'assez rapides progrès dans l'école de cet artiste, et se voua particulièrement à la pratique de cet art. Sa manière de faire est assez brillante son burin a même de la fermeté ; mais on pourrait lui reprocher un peu de sécheresse, comme à tous les graveurs des Pays-Bas et de l'Allemagne, ses con

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temporains. On a de lui près de cent quatre-vingts morceaux. De Gheyn peignait les fleurs et la miniature; il a peint aussi l'histoire : on montrait de lui, avant la révolution, dans l'église des dominicains de Bruges, un tableau qui représentait Sainte-Hélène avec la vraie croix. Ce tableau, peint en 1601, quoiqu'un peu sec, offrait de belles parties. Gheyn a gravé quelques portraits, tels que ceux de Cosme de Médicis, de Tycho-Brahé, d'Abraham Gokevius, de Grotius, etc. Outre plusieurs collections et différents sujets de sa composition, parmi lesquels on distingue la suite des Masques en 10 feuilles, les 12 premiers Empereurs, un Lion couché, il a aussi dessiné et gravé la statue du Laocoon, B. Dolendo a gravé d'après lui un Christ d'une très belle composition. On a encore de ce maître, l'Enfant prodigue, la Confusion des langues, la dispute d'Apollon et de Pan, d'après Karl Van - Mander; Jésus crucifié entre les deux larrons, d'après Crispin Van-den-Broeck; les quatre Evangélistes, d'après Goltzius; l'empire de Neptune, une suite de douze estampes représentant des soldats de la garde de l'empereur Rodolphe, d'après le même; l'Annonciation et le Repos pendant la fuite en Égypte, d'après Bloemart. Il a gravé concurremment avec Dolendo, une suite de la Passion en 14 feuilles, d'après Karl Van-Mander. De Gheyn est mort en 1615.-Jacques DE GHEYN le jeune, dessinateur et graveur, né vers 1610, à Anvers, a voyagé en Italie, où il a gravé d'après Tempesta; on croit même qu'il fut son élève. On connaît de lui une partie des huit planches représentant divers sujets de la vie de Charles-Quint, et dont Coryn Boël fait l'autre partie. - Guillaume DE GREYN, dessinateur et graveur, est

a

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