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Laissons le débat s'établir entre ces deux savants. Du choc des opinions nait la lumière, et félicitons-nous d'assister comme juges à cette discussion honorable et scientifique.

A un autre correspondant qui également prend son titre au sérieux, M. PERREAU, membre de l'Académie d'Archéologie de Belgique, nous devons les diverses brochures suivantes : Les Tingri ou Tongrois;

Recherches sur l'organisation municipale de la ville de Tongres;

Recherches sur les tumuli;

Note sur une trouvaille Archéologique à Tongres;

Une Médaille Montoise inédite;

Numismatique Limbourgeoise les sires de Bongart et leurs

monnaies.

:

M. HERVAL vous offrit l'analyse de ces différents Mémoires et n'eut que des éloges à leur adresser.

Les recherches sur les tumuli excitèrent surtout son attention. On trouve des tumuli dans toutes les parties du monde; ce sont les plus anciens monuments. L'auteur les divise en tumuli funéraires, tumuli temples, tumuli fortifications, tumuli limites, tumuli à signaux, et fait la description de chacun d'eux. Selon M. MARIE, les plus anciens monuments ne sont point les tumuli; dans les temps reculés, le désir de perpétuer le souvenir de grands événements a porté les hommes à construire certains monuments. Ainsi, après le passage de la Mer Rouge, l'Ecriture nous dit que les Hébreux élevèrent par l'ordre du Seigneur, douze pierres en commémoration de leur délivrance.

M. BORELY pense qu'il faudrait faire une autre classification des tumuli, en raison de la disposition des pierres qui les composent. Les plus anciens tumuli présentent ces pierres

dans une position verticale; ce n'est que dans des temples récents qu'il ont affecté une position horizontale.

Dans le dernier volume de vos publications, on lit avec le plus grand intérêt une Etude historique des Médailles Romaines, par notre collègue, M. l'Abbé HERVAL. Ce n'est que de cette année que M. MILLET SAINT-PIERRE nous a fait le Rapport sur ce Mémoire. Le rapporteur ne partage point tout à fait l'opinion de l'auteur à propos de certaines de nos Médailles modernes, jugées par lui comme manquant d'animation. Il pense que les artistes modernes produisent des œuvres aussi remarquables que celles de l'antiquité. Les jugements physiognomoniques sur les Médailles Romaines portés par M. HERVAL lui semblent trop absolus. Il est bien rare, dit M. MILLET SAINT-PIERRE, qu'à l'aide d'une Médaille et sans consulter l'histoire, on se fasse une idée vraie du caractère d'un personnage. Ce n'est point seulement à la gravure antique que nous devons l'origine de notre gloire et de notre renommée dans les arts, c'est à l'héritage tout entier des chefs-d'œuvre en tous genres que nous a légués l'antiquité.

Une discussion éclairée s'engage alors sur l'influence de l'art antique sur le développement de l'art moderne. L'art payen, dit M. BORELY eut été incapable à lui seul d'enfanter les chefsd'œuvre dont s'honorent les temps modernes. Le paganisme représentait surtout la beauté physique, le christianisme seul a pu exiger de l'artiste qu'en dehors de la forme corporelle, il s'attachât à rendre la beauté morale, l'idée et le sentiment.

A l'occasion de ce Rapport, la Société d'Études Diverses se ressouvint que c'est au zèle et à la bienveillance éclairée de M. l'Abbé HERVAL qu'elle doit la plus grande partie de la

collection numismatique qui orne les salles du Musée. (') Aussi la Société s'empressa-t-elle de lui en voter des remercîments bien sincères. Les villes de Nantes, de Caen, de Montpellier, de Rouen doivent à la munificence de bons citoyens, les unes des collections très rares de tableaux, les autres des bibliothèques très riches. Que la libéralité de notre collègue, M. HERVAL, trouve des imitateurs, et que notre Musée de tableaux, notre collection d'histoire naturelle, notre bibliothèque publique ne restent pas longtemps indignes de l'importance de notre cité.

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La Littérature et la Poésie sont toujours la partie la plus légère de notre bagage. C'est qu'autour de nous, dans cette ville d'activité commerciale, la littérature ne peut qu'à grand'peine trouver une toute petite place. En second lieu, la littérature se plaît sous le manteau de la cheminée, il lui faut des lecteurs, de préférence à des auditeurs. Elle recherche moins l'abri des Académies qu'affectionne surtout la science qui, elle, vivant d'interprétations diverses, aime la lutte, recherche la controverse, s'attache à la discussion. Néanmoins de temps en temps, quelques morceaux de littérature viennent un peu rompre le trop grand sérieux de nos séances. C'est M. DAUDRÉ qui, sous le titre modeste de Petit Voyage en train de Plaisir, nous raconte des scènes de mœurs et sait les accompagner de réflexions philosophiques et d'aperçus ingénieux sur la littérature; Ce sont des Stances à la Vierge, lues par M. MILLET SAINT PIERRE, dans lesquelles marchent d'ac

(1) N'oublions pas de dire que la première idée d'un Musée Numismatique au Havre, vient de M. MORLENT, Bibliothécaire de la ville.

cord l'harmonie et le sentiment. En pouvait-il être autrement? L'amour paternel dirigeait la plume de notre collègue. Il écrivait pour sa fille.

C'est au milieu du concours et je pourrais dire dans le choc de ces différents travaux que s'est écoulée pour la Société d'Études Diverses l'année 1855. Son vœu le plus ardent a toujours été d'appeler à elle quelques nouveaux membres qui comprissent son but et ses efforts. Elle trouva dans un artiste distingué, dans un infatigable voyageur, qui, de nombreuses impressions recueillies dans presque toutes les contrées de l'Europe, en France, en Ecosse, en Irlande, en Suisse, et dans l'Italie, a composé un Album qui sera comme un monument pour ceux qni viendront après lui, et ferait à lui seul l'ornement d'un Musée; elle trouva, dis-je, un nouveau collaborateur, M. DOUSSEAU.

La mort d'un homme, jeune encore, d'un savant aussi modeste que distingué, M. QUÉVENNE, pharmacien en chef de la Charité, à Paris, votre correspondant, est venue vous impressionner péniblement. Le vide qu'il laissait, à cause de ses importants travaux, dans les rangs de vos correspondants, vous avez cherché à le combler, en choisissant pour le remplacer M. LEROY d'ETIOLLES, cet habile opérateur, cet ingénieux chirurgien qui, des instruments qu'il a inventés ou perfectionnés, a composé un véritable arsenal: M. Léon FALLUE, cet archéologue distingué, l'auteur d'ouvrages pleins d'intérêt, qui déjà a su orner vos séances de la lecture de quelques unes de ses nouvelles productions, et M. Edmond COURNAULT, le fils d'un de nos anciens membres résidants, alors colonel du Génie du Havre, dont plusieurs d'entre vous n'ont point oublié l'instruction pleine d'aménité.

M. Edmond CoURNAULT, notre nouveau correspondant, ancien fonctionnaire, utilise les loisirs que lui laisse son défaut d'emploi, à des éculubrations philosophiques. Déjà il nous a

adressé un gros volume sur l'âme. Nous attendons avec impatience le Rapport de notre collègue, M. MAIRE, Sur cet ouvrage.

Le plus fructueux et naturel exercice de notre esprit, » c'est à mon gré la conférence, disait Montaigne. J'en ⚫ trouve l'usage plus doux que d'aucune autre action de nostre vie. A ceux, s'il en est encore, qui refusent leur grand avantage aux réunions d'hommes qui aiment à s'éclairer, je leur adresserai la lecture du chapitre entier de notre vieux penseur. Ces dissidents, qu'il me soit permis de les conduire au sein de nos séances, au milieu de nos fructueuses discussions, de les faire assister à la lecture de nos productions. Indubitablement, leur opposition peu fondée s'effacera.

Continuons donc, Messieurs, à marcher dans la voie que nous avons suivie jusqu'ici; et que nos descendants, en recueillant dans la série de nos travaux, des idées utiles, de bonnes conceptions, des aperçus profitables, nous gardent un peu de gratitude pour notre amour de la science, pour le culte que nous portons tous au progrès et à la vérité, pour cette éminente qualité qui nous distingue... la persévérance, vertu souvent rare parmi les hommes, et cependant bien puissante, puisque nous l'avons vue, de nos jours, percer les montagnes.

12 Février 1856.

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