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Dans le partage de la succession de Louise de la Barre, la terre de Villeprouvaire échut à deux de ses filles, Louise - Jacquette et Marie-Anne de la Guéritaude. Elles la vendirent, avec l'assistance de leur frère René de la Barre, par contrat du 7 avril 17491, à Charles de Benhard d'Arville, chevalier, seigneur de Villegager, ancien capitaine au régiment de Quercy, qui était aussi de la famille de Maillé, et à Marie Héritte, son épouse. Mais une inexactitude dans la rédaction de l'acte, qui portait à tort vente des droits de haute, moyenne et basse justice, tandis que la dernière seule appartenait réellement à la terre de Villeprouvaire, fut la cause d'une protestation de la part du bailli2 du marquisat de Querhoënt (nom que portait alors Montoire), lorsque le nouvel acquéreur voulut, à la date du 6 août 1551, faire offre de foy et hommage suivant les termes de son contrat à messire Louis-Joseph, marquis de Querhoënt, brigadier des armées du roi et chef de brigade de gendarmerie.

Une autre difficulté du même genre s'éleva peu d'années après entre la veuve de M. de Benhart et messire Alexandre-Jean-François de Taillevis, qui, sous prétexte qu'il ignorait être son vassal, refusait de lui porter hommage pour la terre de la Perrine; mais il y fut condamné par sentence du 17 mai 1755, et rendit son aveu le 17 juin suivant.

Mademoiselle Marie-Madeleine de Benhart d'Arville, fille de Charles de Benhart et de Marie Héritte, qui habitait les Vaux, vendit en 1765 la terre de Villeprouvaire à Melchior Conterot des Ormes, écuyer, valet de chambre de Madame la Dauphine. Celui-ci la revendit en 1772 à Messire Charles-Joseph de Trémault, chevalier mousquetaire de la garde du roi en sa deuxième compagnie.

1 A cette date, le manoir était complétement ruiné.

Philippe Fredureau de Villedrouin, seigneur de Fleurigny, Lapommeraie et Vaubuisson, qui portait tierce en bande de sinople de geules et d'or.

NOTRE-DAME DE VILLETHIOU

(DIOCÈSE DE BLOIS),

PAR M. E. Landau, curé de Chousy1.

Compte rendu par M. C. B.

Il y a quelques années, un jeune prêtre, agenouillé aux pieds de Notre-Dame de Villethiou, lui faisait vou << dans le secret de son âme » d'écrire l'histoire de ce pieux pèlerinage. Ce vou, il vient de l'accomplir; un petit volume d'environ 200 pages nous retrace aujourd'hui l'origine et les vicissitudes de la sainte chapelle. On aurait pu craindre que l'auteur, sous cette influence mystique, n'eût songé qu'à composer un livre édifiant. C'eût été mal connaître cette généreuse nature, où plus d'une tendance se fait jour, où la piété se mêle à l'érudition, les pensers affectueux à la curiosité du passé, et qui se délasse de ses prédications éloquentes par le déchiffrement des vieux parchemins. M. l'abbé Landau s'est donc proposé, comme il nous l'apprend lui-même, un double but: édifier les âmes fidèles, intéresser les antiquaires. On nous permettra, dans un Bulletin archéologique, de ne considérer que ce dernier point de vue et de laisser à de plus compétents l'appréciation de la partie purement religieuse.

Et d'abord rendons justice aux vastes, recherches de l'auteur. Il n'a rien épargné, ni lectures, ni démarches, ni voyages. Registres de l'état civil, registres de fabrique,

1 Tours, Mame. 1863. In-8o. Se vend au profit de la chapelle. Nous sommes bien en retard pour rendre compte de cet ouvrage; mais diverses circonstances n'ont pas permis de publier plus tôt ce travail, qui était terminé depuis longtemps. On sait que M. Landau, ancien vicaire de la Madeleine, est membre de notre Société Archéologique.

archives et bibliothèques, à Vendôme, à Blois, à Orléans, à Chartres, à Paris, tout a été consulté. Jamais plus humble sujet n'a inspiré tant de zèle et d'efforts. C'est que M. Landau ne se fait pas une médiocre idée, croyez-le, des devoirs de l'historien. Ecoutez ce qu'il en pense: « Les << notes sont prodiguées: on se l'expliquera, si l'on con«sidère qu'à notre époque sévère, inflexible à l'endroit « des sources, les plus humbles annales ne doivent « s'écrire qu'avec des chiffres, algébriquement en quel<< que sorte, c'est-à-dire pièces en regard; sans quoi tout «<est nié. L'on ne croit plus à rien, pas même à l'hon<< nêteté naturelle d'un auteur, et il semble qu'il invente, << à moins qu'il ne prouve1. » Nous sommes loin, comme vous voyez, du genre mystique, et l'on ne pouvait mieux entrer dans l'esprit de la critique moderne. Ne vous semble-t-il pas même que ce nerveux passage rappelle, si j'ose le dire, la manière de Tacite?

Toutefois, il serait bon de s'entendre sur cette rigueur mathématique ; ce ne sont pas seulement les monuments écrits ni les monuments de pierre qui démontrent, ce sont encore les usages, les traditions, les légendes, le langage, lorsqu'une saine critique sait les interroger et les comprendre. Ainsi l'auteur, ayant à rechercher l'origine de Villethiou, s'adresse d'abord tout naturellement aux témoignages écrits, qui lui répondent qu'il est mention de cette église dès l'an 1454. Au delà, il ne trouve plus rien. Que fait-il? Il se souvient qu'avant l'oratoire actuel il en existait un autre, dont le style devait accuser l'âge. Et en effet, le rapport de l'architecte chargé de la construction atteste que l'ancienne chapelle offrait les caractères évidents du XIe siècle 2. Mais là s'arrête M. Landau; il n'ose aller plus loin. Restait cependant encore la légende, cette gracieuse légende que nous connaissons tous, et qui est en même temps l'une des plus

1 Préface, p. 2.

2 Nous regrettons qu'il n'en ait pas été conservé un dessin. Aucun monument ne devrait être démoli sans cette mesure préalable.

claires et des plus significatives'. Malheureusement l'auteur, l'ayant prise au sens littéral, n'en pouvait tirer aucune démonstration. Nous craignons qu'en cela il n'ait trop obéi à cet esprit de rigueur algébrique qu'il proclame au début de son œuvre, ou qu'il n'ait poussé trop loin le scrupule à l'égard d'un fait merveilleux. Une légende n'est point un article de foi, et l'on nous accordera de traiter celle-ci avec plus de liberté. Quel en est donc le sens? Que veut dire cette petite statuette trouvée dans le lit de la fontaine, et qui, successivement installée dans les diverses églises des environs, revient toujours à sa source favorite, toujours se replonge au fond des claires eaux, jusqu'à ce qu'enfin on lui ait construit un sanctuaire particulier non loin de son bassin primitif? Il n'est pas besoin d'être bien familier avec l'interprétation des légendes, pour reconnaître dans celle-ci les traces d'un culte druidique, d'une dévotion persistante, obstinée, qui, malgré tous les efforts du christianisme pour en détourner le cours, revient sans cesse aux lieux de l'antique vénération. Il fallut donner le change, pour ainsi dire, au sentiment religieux et conserver ses habitudes tout en offrant un nouvel objet à son amour. Encore aujourd'hui, après tant de siècles, le pèlerin qui vient implorer la Vierge sur son autel, ne manque point d'aller ensuite visiter son berceau natal, je veux dire cette mystérieuse fontaine de la Coudre, et de lui faire son offrande sous la forme d'une épingle ou d'une menue pièce de monnaie, dernier reste de l'ancien usage celtique.

Doutez-vous encore que tel soit le sens de la légende ? Permettez-nous alors de vous en raconter une autre, qui va singulièrement éclaircir celle-ci. Dans le département de la Sarthe, près de la petite ville de Sablé, est un pèlerinage non moins célèbre que celui de Villethiou et connu sous le nom de Notre-Dame-du-Chêne. Or voici quelle en est l'origine; nous l'empruntons, en l'abrégeant, à une petite brochure que nous avons là sous les yeux, et

1 Elle a été racontée avec beaucoup de charme par M. Blanchard, ancien juge de paix à St-Amand, dans une notice manuscrite sur ce canton. V. p. 58-60 de l'ouvrage de M. Landau.

qui est consacrée à l'histoire de ce saint lieu'. Autrefois, dans des temps reculés, « de jeunes pâtres, conduisant <«<leurs troupeaux à travers une vaste lande désolée, « trouvèrent une petite statue de la sainte Vierge sur le «tronc d'un chêne, qui se nommait alors le chêne de «la Jarriage. Ils la prirent dévotement, et la portèrent « à l'église paroissiale de Vion, pour qu'elle occupât une << place plus digne. Mais le lendemain la statue était reve<< nue en son premier lieu. Ne sachant à quoi attribuer ce

retour extraordinaire, ils firent une nouvelle tentative, <«< qui eut le même résultat. Le bruit s'en répandit bien« tôt, et l'on crut à un miracle. Les pieux habitants de «Vion pensèrent interpréter la volonté divine en portant <<< solennellement la statuette à l'église du village. Mais << Marie avait choisi le lieu où elle voulait être honorée, <«et son image fut retrouvée au chêne de la Jarriaye. Cet << endroit devint de bonne heure un pèlerinage célèbre

dans le pays; on y établit un tronc pour recevoir les <«< aumônes, que multiplia la piété des fidèles. Les res«sources de ce tronc, recueillies avec soin, permirent « plus tard de construire un petit oratoire (1515)... &ć. » (PP. 14-15, 23-24.)

Je le demande, est-il possible de rencontrer une analogie plus frappante, et ne démontre-t-elle pas clairement la similitude des procédés de l'esprit humain dans la formation des mythes religieux? Tout se retrouve dans celui-ci, jusqu'à ce nom de la Jarriaye, qui est celui d'un ancien fief de Villethiou, situé à 600 pas de la chapelle. Seulement, à Villethiou, c'était une fontaine; à Sablé, ún chêne qu'on adorait. Mais on sait que l'un et l'autre objét étaient adorés chez les Gaulois.

1 Pèlerinage à Notre-Dame-du-Chêné (Sarthe). Choisnet-Chaumouillé, 1847. Pet. in-18.

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2 La notice que nous suivons ne fait remonter le fait qu'à la fin du XVe siècle. C'est une erreur évidentë.

5 Ce nom est tiré de la basse latinité: Jarria paraît avoir signifié au moyen âge une terre inculte, un lieu couvert de broussailles (V. Ducange); Jarrige, dans le vieux français, avait le même sens; Garrigues se dit encore, nous croyons, dans le Languedoc. Comparer notre mot Jachère.

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