Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

lacs. Par un progrès considérable, les peuples chasseurs avaient été remplacés par des peuples pasteurs.

Ces habitations lacustres ne sont pas, au surplus, particulières à la Suisse dès 1836, on avait signalé en Irlande des cranoges ou îlots de bois, qui se rapprochent peut-être davantage des îles flottantes qu'on peut voir aujourd'hui encore en Chine'; et il est probable que des fouilles conduites avec persévérance dans le lit de nos grands fleuves nous offriraient quelque chose d'analogue.

Si les Celtes, dans notre patrie, ne nous ont livré, jusqu'à présent, aucune trace de leurs habitations, ils nous ont transmis, en revanche, tous ces monuments que nous avons baptisés druidiques : ces menhirs, ces dolmens, ces pierres levées, dont la Bretagne surtout nous offre des échantillons si curieux. C'est un point sur lequel j'appellerai tout spécialement l'attention de mes savants collègues, car ces pierres ne nous ont encore fait connaître aucun de leurs secrets, et leur destination est restée inconnue. Nous savons seulement qu'ils étaient bien vieux lors de l'invasion de César, et que les Gaulois, pour qui ils étaient l'objet d'un respect superstitieux, ignoraient, comme nous, leur origine.

A quelle époque l'âge de la pierre fut-il remplacé par l'âge de bronze? Ici aussi, dans l'état actuel de la science, nous sommes réduits aux conjectures. Ce qui paraît certain, c'est que toutes ou du moins presque toutes les habitations lacustres avaient été abandonnées avant l'apparition du bronze. Parmi les nombreux objets de pierre que chaque fouille a produits, c'est seulement à Meilen et à Concise qu'on a trouvé quelques instruments de bronze, et encore en très-petit nombre. Le même fait se reproduit dans les sépultures scandinaves, qui ont fourni un nombre immense d'antiquités intéressantes. Très-peu d'objets de bronze se trouvent mêlés aux silex. Dans toute l'Europe, la division que nous avons indiquée est nettement établie. Pour les objets en bronze, un autre fait

2

1 Wylie. Lake Dwellings of the early period.

2 Canton de Vaud.

plus curieux encore mérite d'être signalé. Nulle part on n'a retrouvé les traces d'un premier essai, des alliages autres que celui du cuivre et de l'étain'. Les vases, les casques, les outils de bronze, même ceux qui ont été trouvés dans les gisements les plus anciens, témoignent, par leur travail et la perfection de leurs formes, d'un progrès marqué. Notons aussi que les mêmes formes, les mêmes progrès se trouvent en Suède et en Danemark comme en Suisse. Ne serons-nous pas en droit de conclure que l'âge de la pierre prit fin par l'invasion de conquérants, qui, venus de l'Orient, traversèrent la Germanie, l'Helvétie, les Gaules, et ne s'arrêtèrent qu'aux limites extrêmes de la Scandinavie? Les habitants grossiers et sauvages ne surent pas résister à des vainqueurs qui leur apportaient, comme compensation de leur défaite, avec la connaissance des métaux, une civilisation plus avancée. N'est-ce pas là l'histoire de l'humanité tout entière? La conquête et la destruction sont souvent les moyens dont Dieu se sert, dans ses impénétrables desseins, pour amener le progrès.

Ici se termine ma tâche. Je voulais, Messieurs, vous retracer la partie historique de ces immenses questions, constater devant vous les progrès pour ainsi dire quotidiens de la science, et applaudir avec vous une des gloires les plus pures de l'humanité. Je ne me permets aucun jugement, aucune assertion; je connais trop mon incompétence à cet égard. Pour chaque fait que j'ai avancé, je vous ai cité les autorités sur lesquelles je m'appuyais. A vous de juger, de contrôler, d'examiner, car je suis assuré d'avance que notre Société du Vendomois ne voudra rester étrangère à aucune des grandes questions qui agitent si puissamment les esprits.

Les instruments en cuivre sont excessivement rares, on n'en cite guère que deux ou trois.

VIE D'HILDEBERT

PAR

M. DE DÉSERVILLERS.

CHAPITRE I

[ocr errors]

Lavardin. Naissance d'Hildebert. Position sociale de sa Hildebert a-t-il été moine? A-t-il été disciple de Vie et schisme de Bérenger. Hildebert est

famille. Bérenger?

fait scolastique.

- Son enseignement. — Il est fait archidiacre.

Il est acclamé évêque.

Il est un lieu du Vendomois, privilégié par excellence, où les grands souvenirs s'unissent aux splendeurs de la nature et aux magnificences de l'art, où le présent et le passé agissent puissamment sur l'âme.

Ce lieu, c'est Lavardin.

Il existe peu de ruines plus belles et plus poétiques que celles du château de Lavardin; ce noble débris des vieux temps nous en a transmis la grâce et l'élégance en même temps que la majesté. Il semble, quand on en approche, que l'on vient saluer une de ces puissantes existences des temps féodaux, qui, autrefois, protégaient bien réellement le pays; on se sent presque intimidé.

C'est surtout du côté du plateau qu'elle domine que cette belle ruine produit un magique effet. Quand on arrive de Sasnières par la route de Saint-Amand à Montoire, on aperçoit de loin le château, qui s'élève majestueusement au bout de la plaine: la ligne de l'horizon qui finit brusquement, la profondeur du ciel indiquent que le vide est de l'autre côté. Est-ce la mer? et,

comme le Mont-Saint-Michel, le château de Lavardin at-il ses pieds baignés par les flots? Non; c'est la riante vallée du Loir qu'il domine comme un souverain, et quand, en suivant le contour de la route, elle apparaît subitement, on ne regrette aucun des rêves qu'on a pu faire, ni la mer ni les abîmes, le plus riant et le plus beau paysage se déroule sous les yeux. Le Loir semble s'arracher avec peine de ces rives, qu'il enlace avec amour et auxquelles il communique une délicieuse fraîcheur; Trôo s'échelonne snr la colline en face pour fermer l'horizon, et Montoire, avec les gracieuses habitations qui le précèdent et qui le suivent, indique que la population se presse sur ces rives enchantées. A peine si, au milieu de ces magnificences, on remarque, en le traversant, le village de Lavardin, modestement serré contre la colline. Eh bien, là, sous ces vieux ombrages, autour de cette antique église, gît un souvenir plus grand que les ruines qui vous dominent et bien plus ancien qu'elles; un souvenir dont l'horizon est plus vaste et plus poétique que celui qu'on a devant les yeux. Ce souvenir est celui d'Hildebert, grand et saint prélat du XIIe siècle, poëte, orateur, philosophe et moraliste, que saint Bernard appelait un homme digne des plus grands respects; un grand évêque; un magnifique orateur; une colonne de l'Eglise.

Hildebert naquit dans la petite place forte de Lavardin, in Lavarzino castro, en 1057, et non en 1054, comme quelques auteurs l'ont prétendu. La date de son épiscopat donne celle de sa naissance : les Actes des Evêques du Mans disent qu'il fut promu dans sa 40e année, en 1097. La position sociale de sa famille a été aussi contestée. Lacroix du Maine, savant généalogiste, dans l'intention sans doute d'unir un grand souvenir à un grand nom, dit « qu'il étoit de cette maison de La<< vardin, coutumière de produire des hommes doctes « de toute ancienneté. » Bayle, au contraire, qui est coutumier d'amoindrir tout ce qui est grand, dit que « c'étoit un homme de beaucoup de savoir, de beaucoup « de mérite, mais de nulle naissance. » Ni l'un ni l'autre

ne sont dans le vrai. Lacroix du Maine a confondu le nom du lieu de sa naissance avec le nom de sa famille. Bayle a parlé sur la faible autorité du Menagiana. Une charte découverte par Etienne Baluze, jette un grand jour sur la position de la famille d'Hildebert. C'est un acte de donation fait par le père d'Hildebert, consenti par sa femme Hersende, par notre Hildebert et par ses frères Salomon et Drogon, au monastère de Marmoutiers, lors de l'entrée de son frère Geoffroy dans le monastère. Voici la traduction de cette pièce, non moins curieuse par le fond que par la forme1:

<«< Un habitant du château fort de Lavardin, nommé Hildebert, agens in rebus, employé dans les affaires publiques, offrit à Dieu un de ses fils, dans le grand monastère, et le consacra à la vie monastique, afin qu'au

Quidam de Lavarzino castro vir in rebus agens, Hildebertus nomine, unum filiorum suorum Deo apud majus monasterium monastica disciplinæ mancipandum obtulit, et ad cœlestem militiam, ut tanto liberius pro parentum salute precaretur quanto nullis mundanarum, quibus ipsi tenebantur impliciti, curarum vinculis vincirentur. Susceptus est autem puer nomine Gaudfridus à Domno Abbate Alberto et cæteris fratribus propter Dei potiùs amorem et ipsius salutem et patris familiaritatem probatosque in Dei timore mores, quàm pro alicujus temporalis emolumento. Dedit tamen præfatus vir Sancto Martino in conventu fratrum terram in varenna Vindocinensi consistentem unius carraca proscissioni sufficientem, duos de censu solidos in festivitate Sancti Martini æstivali Salomoni de Lavarzino solventem. Quæ ut rata foret in perpetuum firmaque donatio, Salomon, de quo ipse Hildebertus et comes Tetbaldus, de quo Salomon ipsam tenebant terram, gratanter annuerunt. Addidit et unum agripennum terræ arabilis ad Melchim, de fevo suprà taxati Salomonis, ipso identidem assentiente. Tribuit adhuc jam dictus Hildebertus majoris monasterii fratribus duodecim denarios census de uno agripenno Archamberti consanguinei sui ut sicut in censum istum idem Archambertus, quotannis, id solemnitate supralata reddebat eodem Sancti Martini tenore ipsa eadem celebritate solvat. Hæc omnia uxor ejus Hersindis nomine et filii Hildebertus videlicet, Salomon et Drogo libenter satis auctoraverunt. Et qui largitioni huic interfuerunt pro testimonio, si necesse fuerit, subnotati sunt: Guarnerius Major, Rotgerius-Hildrimus, Gislebertus, Raynaldus. Stephani Baluzii Miscellaneorum, t. VII, p. 209.

« ZurückWeiter »