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de l'étude, et même de l'expérience et de la doctrine. Je n'y trouve qu'une proposition sur laquelle j'appelle l'attention de l'auteur, et qui, dans son énoncé litté ral, me paroît dure, et même fausse. Les saints, dit-il, pag. 33, craignoient plus les graces de Dieu que leurs propres péchés. Je vois bien dans quel sens il le dit; mais sa pensée auroit pu être plus nettement expriméc. Les saints redoutoient l'abus des grâces, et non les grâces mêmes, puisque toutes leurs prières tendoient à en obtenir de la bonté de Dieu.

On ne peut bien apprécier un tel ouvrage qu'en en voyant l'ensemble. Toutefois le lecteur pourra s'en faire une première idée par le morceau suivant, que nous n'avons pas choisi, et qui seul n'offre rien de saillant; mais où nous croyons voir néanmoins, et cet enchaînement d'idées, et cet heureux emploi de l'Ecriture, et cette bonne facture de style que nous avons louée dans l'auteur:

« Nos jugemens, quoique sans appel sur la terre, seront examinés avec rigueur au tribunal du souverain Juge; et Dieu veuille que nos sentences d'absolution ne soient pas la matière de notre condamnation! Les fautes que l'habitude, la précipitation, l'oubli des vraies règles nous auront fait faire, y seront sévèrement punies. Parmi ce grand nombre de décisions que nous avons données, souvent sans examen, et toujours avec assurance, parce que nous les donnions dans le secret, n'y en a-t-il pas eu de contraires aux lois de Dieu,

donné une autre forme; que j'avois un peu déguisé l'emprunt, et que j'y avois cousu quelques figures de rhétorique, et quelques morceaux que je trouvois éclatans, Un ecclésiastique d'un mérite très-distingué, aujourd'hui curé dans la capitale, assistoit à ce discours. Il prenoit intérêt à moi, et voulut bien me donner quelques conseils, que je jugeai peut-être alors trop sévères. Aujourd'hui je n'y verrois qu'une extrême indulgence. J'ai parcouru depuis mon travail; c'étoit celui d'un écolier qui a un peu lu, mais qui n'a ou le temps de se former, ni le jugement, ni le style.

que nous n'avons pas dû ignorer, encore moins oublier? N'avons-nous jamais, comme ces faux prophètes de l'aucien Testament, annoncé la paix là où elle ne pouvoit se trouver: Dicentes, pax, pax, et non erat pax? Au lieu d'avoir recours aux lumières de la foi, aux principes de la droite raison et aux règles de la saine morale, n'avons-nous pas endormi, dans une fausse sécurité, ceux qui étoient dans le chemin de la perdition? N'avons-nous jamais trahi notre ministère par lâcheté, par crainte, par respect humain? Avons-nous prescrit au pécheur les moyens les plus propres à le faire sortir de son péché? Lui avons-nous, suivant le décret du saint concile de Trente, imposé des pénitences qui fussent en même temps la punition de ses péchés passés et un préservatif contre les chutes à venir? N'avonsnous pas mérité que Dieu lance contre nous, au jour de ses vengeances, la malédiction dont le prophète Ezechiel menace de sa part ceux qui mettent des coussins sous chaque bras du pécheur; c'est-à-dire, qui le flattent dans son péché? Après s'être approché souvent du tribunal sacré, il est toujours le même, toujours esclave des mêmes habitudes vicieuses, commettant les mêmes péchés: aussi, direz-vous, ne l'ai-je pas absous; s'il meurt dans son péché, il doit se l'imputer à lui-même : mais Dieu ne l'imputera-t-il pas à ce lâche médecin qui s'est contenté d'entendre le récit des maux de son malade, sans employer toutes ses connoissances et tous ses soins à le guérir? Dieu ne condamnera-t-il pas ce prêtre indifférent au malheur éternel de ses frères? Où est le zèle qui fait abandonner au bon pasteur dans le désert les quatre-vingt-dix-neuf brebis qui y sont en sûreté, pour courir, avec le plus grand empressement, après celle qui s'est égarée, jusqu'à ce qu'il l'ait trouvée et ramenée dans le bercail? Est-ce là ce zèle qui faisoit désirer à un saint Paul d'être anathême pour ses frères, à un Moïse d'être effacé du livre de vie, plutôt que de voir périr ceux dont Dieu lui avoit confié la conduite »>?

L'auteur, dans une très-courte préface, regrette, comme nous, l'usage des retraites ecclésiastiques. Les séminaires où se réunissoient alors les pasteurs, dit-il avec raison, leur rappeloient ces temps heureux où

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leurs ames neuves, quoique dans l'âge des passions, s'étoient pénétrées de la connoissance et de l'amour des devoirs augustes de l'état le plus saint et le plus sublime, et avoient pris les résolutions les plus sincères et les plus fermes de les remplir avec le zèle et l'exactitude que Dieu demande d'eux. Mais si le clergé est aujourd'hui privé de ces secours, et si les circonstances ne permettent pas encore le rétablissement d'une pratique si propre à maintenir l'esprit sacerdotal, des Discours du genre de celui que nous annonçons offrent du moins une sorte de dédommagement. L'auteur prévient qu'il en a en porte-feuille dix autres destinés pour des ecclésiastiques, et de plus une trentaine de sermons de morale, et huit sur les mystères. Les premiers pourroient former un volume de six à sept cents pages, de même format que celui qui est déjà imprimé. Les Sermons sur la morale et les mystères feroient quatre volumes. L'auteur propose donc une double souscription, pour les Discours ecclésiastiques et pour les autres. Elle seroit de 5 fr. par volume, sans compter les remises ordinaires de 10 pour 100, et du treizième exemplaire. Il croit que ces Discours pourroient être particulièrement utiles aux jeunes ecclésiastiques qui se destinent à la chaire; et si l'on doit juger du mérite de tous ces Sermons par celui que nous avons sous les yeux, nous penserions en effet que leur publication seroit un service rendu au clergé, et entr'autres aux prêtres ordonnés depuis la révolution, et dont l'éducation ecclésiastique a été quelquefois un peu hâtée par la nécessité des circonstances. Ceux qui auroient éprouvé cet inconvénient, le répareront par la lecture des bons livres et l'étude des bons modèles.

Nous en possédons déjà à la vérité plusieurs de colte sorte; mais si les Discours et Sermons annoncés ici en augmentoient le nombre, ce seroit une acquisition précieuse. Les mauvais livres se multiplient tous. les jours d'une manière effrayante, et au milieu de ce débordement, c'est du moins une consolation de voir paroître des écrits solides, et qui peuvent avoir une heureuse influence sur quelques personnes bien disposées.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Le jour de la fête, S. M. a entendu, à huit heures du matin, une première messe, dite par M. le grand aumônier, et elle y a communié. A midi, toute la cour a assisté à une grand'messe, célébrée par un autre prélat, et le soir aux vêpres. M. l'abbé LegrisDuval a ouvert la station de l'Avent par un sermon sur l'Espérance, qui a semblé fort goûté de son auguste auditoire.

dans

-Le dimanche 3 novembre, S. M. et la famille royale se sont rendues à Notre-Dame, comme il avoit élé annoncé. Un nombreux état-major précédoit des détachemens de la garde nationale et de la garde royale. Le cortége royal étoit composé de quinze voitures, la dernière desquelles étoit S. M., ayant MADAME à sa gauche, et sur le devant S. A. R. MONSIEUR, en habit de colonel général des gardes nationales, et Mgr. le duc d'Angoulême, en uniforme de grand amiral. Mgr. le duc de Berry et Mme, la duchesse étoient arrivés un peu auparavant. La foule s'est portée partout sur le passage du Roi, et de vives acclamations se sont fait entendre. On avoit pratiqué en avant de l'église métropolitaineune espèce de portique où S. M. pat descendre. Elle y est arrivée à midi, et a été reçue par le chapitre; et

M. l'abbé Jalabert, après avoir fait baiser à S. M. un morceau de la vraie croix, et lui avoir présenté l'eau béuite et l'encens, l'a haranguée en ces termes :

« Sire, la majesté royale, toujours si haute, le paroît bien davantage dans le temple du Seigneur. Les peuples, voyant le souverain, devant qui tout s'incline, s'incliner lui-même et s'anéantir devant Dieu, élèvent plus que jamais leurs pensées jusqu'au trône du Roi des rois. De ce point de vue, ils voient descendre sur le monarque un fleuve de majesté. Une voix d'en haut, semblable à celle qui se fit entendre au peuple d'Israël assemblé au pied du mont Sinaï; une voix d'en haut, c'est la voix de la religion, proclame cette loi suprême: la puissance du Roi vient de Dieu. Tel est, Sire, le profond sentiment de respect avec lequel le chapitre métropolitain reçoit aujourd'ui le Roi de France, venant dans la maison de prière, au milieu des Princes de son auguste famille, des grands de son royaume et des députés des départemens. Avec la majesté, la sagesse, la justice, la bonté reposent en vous. Si vous fûtes de tous les rois le plus désiré, ✦ous êtes le plus aimé. Nous connoissons, Sire, la prière que vous allez adresser au Dieu tout-puissant. Aurions-nous oublié ces mémorables et religieuses paroles de V. M. au clergé de votre capitale et à nous-mêmes : « Cette belle prière du » psaume, Achevez, Seigneur, l'ouvrage que vous avez com» mencé, est ma prière; elle doit aussi être la vôtre ». Vous êtes exaucé, Sire; vous le serez de jour en jour. Le vase de grand prix dont l'Ecriture a parlé, qui, dégradé par là rouille, reprend, par l'habileté de l'artiste, sa première beauté, est, Sire, l'emblême de la France redevenue l'objet de la prédilection divine, et confiée par la sagesse de Dieu à sagesse de son Roi »>.

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S. M. a répondu :

« Je suis sensible aux sentimens que le chapitre métropolitain m'exprime par votre organe. Je l'invite d'unir ses prières aux miennes pour obtenir, par l'intercession de la sainte Vierge, que l'Esprit saint répande ses lumières sur moi et sur les chambres qui vont s'occuper des destinées de mon royaume ».

Le Roi s'est ensuite avancé vers le choeur, sons le dais

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