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les mers, braveroient tous les dangers pour se rendre dans les pays les plus éloignés et les plus mal sains. Il ont donc besoin de fonds. Il leur faut une maison; la leur a été aliénée au commencement de la révolution.

Le gouvernement prend un grand intérêt à cette congrégation, et a même des vues étendues sur elle, et il fera sûrement quelque chose en sa faveur; mais l'état actuel des finances mettra des bornes à sa bonne volonté.

Dans des circonstances aussi difficiles, on s'appuie sur la divine Providence; elle n'a jamais manqué au séminaire du Saint-Esprit, qui étoit véritablement une maison de Providence, puisqu'avec de très-médiocres fonds, on entretenoit, chaque année, environ quatre-vingt-dix personnes, tant directeurs qu'élèves. Ses ressources provenoient, comme on l'a dit plus haut, de la libéralité de nos Princes et de celle du clergé, et de la charité des ames pieuses. Pourquoi ne compteroit-on pas encore aujourd'hui sur les mêmes moyens?

Le bras du Seigneur n'est pas raccourci. Il tourne les cœurs comme il veut. On a donc lieu d'espérer que les anciens bienfaiteurs renouvelleront leurs aumônes; que les ames qui ont à cœur la gloire de Dieu, le salut des ames et le bien de la patrie contribueront à cette bonne œuvre qui n'a pas d'autre but. Les élèves, qui sont répandus en France et dans toutes les parties du monde, se souviendront qu'ils doivent leur éducation ecclésiastique à ce séminaire, et ils ne feront pas diffieulté d'offrir le denier de la veuve. Déjà un de leurs confrères, qui réside à Sainte-Croix, île danoise, dans l'Amérique, écrit au supérieur qu'il est prêt de sacrifier tout ce qu'il pour contribuer au rachat de la maison. Ce noble exemple aura sans doute des imitateurs. Mais ce ne sont pas seulement des secours pécuniaires dont on a besoin en ce moment, ce sont des ouvriers évangéliques. Toutes nos colonies sont dans une disette extrême des secours spirituels. Il y a un déficit de près de quatre-vingts prêtres. On engage donc les ec clésiastiques pieux et instruits à écouter la voix du Seigneur, si elle se fait entendre à leur coeur, et d'aller au secours de leurs frères malheureux.

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N. B. Les personnes qui désireront faire quelque chose en faveur du séminaire du Saint-Esprit, et les prêtres qui voudroient aller au secours de nos colonies, pourront s'adresser à M. le supérieur dudit séminaire, rue du Bac, no. 120. On est prié d'affranchir les leures.

Discours pour les obsèques de M. l'abbé Lévis, par M. Boulard,

Pour ceux qui ne connoissent que ce qui frappe les sens; pour ceux qui sont même éblouis, comme on doit naturellement l'être, par les prodiges des arts, des lettres et des sciences, Paris est un objet d'admiration. Mais ce qui lui attire à cet égard de justes hommages, n'est point ce qui touche le plus les ames sensibles, Paris doit encore moins se glorifier des chefs-d'œuvre qui en font l'ornement, que du vénérable corps de ces pasteurs qui, comme les Léger, curé de Saint-Andrédes-Arts; les Languet, curé de Saint-Sulpice, et tant d'autres qu'il seroit trop long de nommer, ont été les pères des pauvres, les consolateurs de tous les gepres d'infortunes, et ont d'autant plus mérité la gloire, qu'ils ont cherché à cacher le bien qu'ils faisoient. Dans cette longue suite de pasteurs, peut-être trop peu connus, qui sont aujourd'hui si bien remplacés, on comptera toujours le vénérable curé à qui nous rendons maintenant les derniers devoirs. Prudence, sagesse, modération, piété douce et éclairée, amour de ses paroissiens, esprit doux et conciliant, dévouement pour les malheureux, tels ont été les principaux traits du caractère de M. Lévis, curé de Saint-Germaindes-Pres. L'union touchante qui a toujours régné entre lui, MM. ses vicaires, et ses coopérateurs, est digne de servir de modèle. Sa générosité envers sa paroisse, dont il a restauré l'église, et à laquelle il a laissé encore une dernière preuve de sa bienveillance dans son testament, ses lumières, sa modestie, sa bienfaisance envers les pauvres, l'ont rendu digne de présider à une paroisse où l'on conservera toujours le souvenir des Montfaucon, des Ruinart et des Mabillon, Les regrets de tous les jeunes gens den: il a soigné l'éducation chrétienne, les larmes des pauvres et de tous ceux qui l'ont connu, sont le plus touchant éloge de ses vertus. Espérons qu'elles sont maintenant récompensées. Souhaitons-lui le repos et le bonheur qu'il s'est toujours efforcé de nous procurer, et que tant d'infortunés lui ont dâu.

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(Mercredi 6 novembre 1816.)

(No. 234).

Discours ecclésiastique prononcé dans une retraite pas torale, par un directeur de séminaire (1).

C'étoit autrefois l'usage dans les diocèses bien réglés de réunir dans des retraites annuelles les curés et vicaires, qui venoient s'y ranimer dans l'esprit de leur vocation, s'interroger eux-mêmes sur leur conduite dans l'exercice du ministère, et méditer sur le compte qu'ils auront à en rendre un jour. Ceue coutume avoit été établie autrefois, ou du moins remise en honneur, et soigneusement recommandée par saint Vincent de Paule, qui s'appliqua avec tant de zèle à la sanctification du clergé, et qui, sur ce point comme sur plusieurs autres, donna une heureuse impulsion à son siècle, et fut en quelque sorte le restaurateur de la discipline ecclésiastique, comme il fut le héros de la charité, et le protecteur de tous les genres d'infortune. Ce grand homme, car notre siècle même lui a accordé ce titre, et une philosophie dédaigneuse a bien voulu inscrire son nom parmi les plus illustres bienfaiteurs de l'humanité; ce grand homme donnoit fréquemment, dans sa maison de Saint-Lazare, retraites et des conférences pour les ecclésiastiques, qui y accouroient de toutes parts afin d'entendre d'une bouche si saiute les paroles du salut, et d'admirer de plus près une si haute vertu. La congrégation qu'il établit mit les retraites au nombre

des

(1) Brochure in-8°.; prix, 1 fr. 25 c. et 1 fr. 50 c. franc de port. A Paris, au bureau du Journal. Bb

Tome IX. L'Ami de la Religion et du Roi.

des bonnes œuvres auxquelles elle se consacróit, et les autres congrégations instituées à cette même époque adoptèrent aussi une pratique si utile, et la propagèrent dans les différens diocèses. De pieux évêques l'encouragèrent de tout leur pouvoir, et ils aimoient à se mêler, dans ces occasions, à leur clergé, et à se retirer pendant quelques jours du monde et des affaires, pour méditer sur le fardeau dont ils étoient chargés, et sur les devoirs d'un redoutable ministère. C'est pour de semblables circonstances que Massillon composa ces Conférences que les connoisseurs mettent à côté de ses plus beaux sermons, et dans lesquelles il retrace si éloquemment à ses prê tres les obligations que leur impose leur caractère. Nous avons de lui, dans ce genre, et ses Conférences comme directeur au séminaire de Saint-Magloire, et celles qu'il fit depuis dans son diocèse, et ses Exhortations dans les synodes auxquels il assistoit régulièrement. Le but de tous ces Discours, qui remplissent trois volumes, est d'inspirer aux prêtres une haute idée de la sainteté de leur état et des devoirs qu'ils ont à remplir, et de renouveler dans eux le zèle, la piété, la charité et l'esprit d'humilité et de désintéressement, qui rendent leur ministère aussi fructueux qu'honorable.

C'est aussi dans le même but qu'a travaillé l'auteur du Discours que nous aunonçons. Autrefois directeur dans un séminaire, il composa pour des retraites plusieurs Discours, dont celui-ci est le premier. Le sujet en est effrayant par lui-même; c'est le jugement des prêtres au tribunal de Dieu; jugement terrible, dit l'auteur, par le compte que les prêtres auront à rendre d'eux-mêmes, et par celui qu'ils auront à rendre

des autres. Telle est la division de ce Discours, ou la solidité des pensées nous a semblé relevée par un style correct et soutenu. L'auteur ne vise point à l'esprit, ne déclame pas, ne sort pas de son sujet. Il suit les prêtres dans le détail de leurs fonctions, et dans les défauts qui peuvent s'y mêler. Il les interroge avec une sévérité qui n'est qu'apparente, puisqu'elle tend à leur faire éviter un jugement bien autrement effrayant. Il se montre nourri de la lecture des livres saints, soit qu'il en cite quelques passages, ce qui arrive fréquemment, soit qu'il les fonde dans sa composition, à l'exemple de nos meilleurs orateurs. Enfin, un plan bien rempli, la liaison des idées, la connoissance du sujet, la sagesse des réflexions, la mesure observée dans les détails, telles sont les qualités que nous avons cru remarquer dans le fond de ce Discours, en même temps que nous y, avons reconnu le mérite d'un style fait, coulant, précis éloigné de l'enflure comme d'une extrême simplicité, assorti à la gravité de la matière, et manquant peulêtre seulement de mouvement et de chaleur. Ce qui nous paroîtroit le plus étonnant, c'est que l'auteur eût ainsi prononcé ce Discours en 1772, c'est-à-dire, lorsqu'il devoit être encore fort jeune, et qu'il étoit difficile que son goût fût bien sûr et son style formé. Les compositions, du moins du commun des jeunes gens, ne sont le plus souvent que des réminiscences plus ou moins heureuses ou des plagiats plus ou moins bien déguisés (1). Or, ce Discours suppose de la réflexion,

(1) Je puis sans vanité me citer ici pour exemple. Chargé, à vingt-un ans, de prêcher dans une maison d'éducation, je fis un sermon où il y avoit de ma part beaucoup plus d'efforts de mémoire que d'invenLion. J'avois pris çà et là des idées que je crus à moi, parce que j'y avois

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